Réflexions sur les langues régionales :

Henriette Walter : Des grands-parents qui parlent le breton peuvent avoir du mal à comprendre celui que leurs petits-enfants ont appris à l'école ou à l'université. Mais il faut enseigner une forme unifiée permettant aux jeunes de s'y mettre. Ensuite, ils apprennent les variantes locales que connaissent leurs grands-parents."
 
Jérémie : Tout le problème est là : il ne s'agit pas toujours de faire apprendre le parler local traditionnel, mais une "langue unifiée" et artificielle. Pourquoi ? Parce qu'on ne cherche pas du tout, en fait, à renouer avec ce qui existe ou a existé, l'authenticité, mais à créer de toute pièce une France et une Histoire qui soient plus conformes à nos projections d'aliénés : il ne s'agit pas du tout de sauver les patois, mais de propulser des "langues régionales", versions mutantes agressives et prétentieuses des humbles et authentiques parlers locaux : cela change tout, c'est un projet politique séduisant et subversif. Et les jeunes sont priés de s'y mettre, et de gronder papi quand il s'étonne que "la langue que tu apprends en prétendant sauver le breton n'est pas du tout mon patois breton !" : les patois, papi, c'est un gros mot très vilain, c'est ringard, c'est pour les humbles c'est à dire les soumis, c'est l'intériorisation d'une hiérarchie (Bourdieu n'est pas encore mort...), tais-toi, tu ne comprends rien, laisse-moi réécrire en paix notre Histoire linguistique (et le reste suivra) à la sauce régionale, heu pardon je voulais dire sauver les langues de France ! 
Vive les "langues régionales", ces machins, qui achèveront de nous débarrasser des patois et des Jacobins (les deux vont ensemble) ! Vive l'aliénation de la France ! ...
 
Gintautas Kaminskas : Jérémie, lorsque vous délirez au sujet de la « menace à l'unité nationale » prétendument posée par les langues régionales, vous parlez comme un Anglo-Canadien au sujet de la « menace à l'unité nationale » prétendument posée par le français au Québec et comment le français devrait donc être éradiqué. Ou si vous préférez, vous parlez comme un chauviniste moscovite en déplorant le fait que « des langues étrangères continuent à être parlées dans les provinces ». Eh bien, ces langues peuvent être « étrangères » à un moscovite (ou parisien), mais elles ne le sont pas à ceux qui les parlent et les aiment. Elles font partie de leur identité personnelle et ces gens ont le droit de les utiliser. Vous êtes coupable d'un double standard. Vous déplorez les tactiques d'intimidation et de la domination de l'anglais au monde, mais vous êtes heureux de voir que la même chose se produit à l'échelle nationale, quand la langue de la capitale  écrase les parlers régionaux. Quelle est la prochaine étape: déclarer que la France est un pays catholique, et que toutes les autres religions devrait être interdites ?

 

Denis GRIESMAR : Non ! Non et Non !

La France n'est pas un pays de l'Europe de l'Est !!! Cela n'a rien à voir ! Jamais les "Français" n'ont déraciné, expulsé, exterminé, une population régionale en tant que telle. Il y a eu certes, dans l'Histoire de France, des guerres civiles, des épisodes sanglants, comme la Vendée, mais cela n'a rien à voir !

Depuis l'adhésion des PECO à l' "Union européenne" (sic), nous sommes abreuvés de comparaisons de ce type, qui renforcent l'action souterraine de certaines forces douteuses en Allemagne, d'une part, et les efforts sournois des Anglo-Saxons, avec leur point de vue "communautariste", d'autre part, pour abattre l'unité française, et le contre-modèle qu'elle propose. 

La France ne s'est tout simplement pas construite comme cela. Encore une fois, personne ne dit "Moi je suis Gaulois, lui il est Franc, l'autre, là, est Burgonde ; nous ne pouvons pas nous entendre". Cela n'aurait aucun sens.

La chose est certes difficile à comprendre, car lorsqu'on va vers l'Europe de l'Est, et vers l'Orient, on se trouve face à des gens hospitaliers ... mais qui se détestent entre eux ! Tout est prétexte à classer dans une "communauté". Le pompon étant le Liban.

Eh bien, pour la France, la "libanisation", non, merci ! Encore une fois, la France a une très, très, très, très longue histoire en tant que nation. 

La Lituanie, elle, n'est devenue chrétienne qu'au XVème siècle... Plus tard, le Grand Duché de Lituanie était tout sauf une construction nationale, regroupant des Polonais, des Biélorusses, des Russes, des Roumains, des Ukrainiens, des Tziganes, des Hongrois, des Gagaouzes, des Cosaques, etc.

Puis le pays n'est redevenu indépendant qu'en 1920... Rien à voir. Rien à voir !

La situation au Canada est toute différente également. Il y a là deux Nations face à face, dont l'une a conquis l'autre par la force à la fin du XVIIIe siècle, et n'a cessé de vouloir l'éradiquer, par divers moyens, y compris par des "plantations" (d'où "Sherbrooke", "Thetford Mines", etc.).

Ces deux nations se sont toujours ressenties comme telles, et dépassent de loin tout point de vue tribal !

Quand vous parlez de "double standard" (standard étant un anglicisme), vous oubliez joyeusement, vous sautez à pieds joints par dessus, le nœud essentiel : la notion de CITOYENNETE.

C'est ainsi : en France, personne n'est marqué au fer rouge, comme du bétail de "race" normande, frisonne ou limousine.

Dernier point : la religion. Et là, justement, justement, justement !!! C'est en France qu'après les guerres de religion du XVIème siècle, et l'épisode malheureux des prêtres jurés à la Révolution, fut inventée la laïcité moderne !

Et je persiste à penser que le monde entier aurait intérêt à s'en inspirer ! Que ce serait un gage de paix !

Rappel, encore : René Pleven était Breton, Pierre Pflimlin Alsacien, De Gaulle Nordiste, Pompidou et Giscard Auvergnats, Gaston Monnerville (longtemps Président du Sénat, 2ème personnage de l'Etat, bien avant Obama) Guyanais, Mitterrand Charentais : et alors ?

Léon Blum était juif (écrit avec une minuscule, pour le terme se référant à la religion) ; de même Mendès-France, et Fabius. Rocard et Jospin protestants : Et alors ? Quel rapport avec la choucroute ?

Rappelons également qu'il y a plus d'un siècle, l'Affaire Dreyfus, où un capitaine de l'Armée française fut injustement accusé de trahison, en partie parce que juif, se termina par la réhabilitation de l'intéressé. Certes, lui, et sa famille, en souffrirent énormément, mais il faut rappeler qu'à la même époque, en Europe de l'Est, des pogroms faisaient des dizains de milliers de morts...

Apparemment, tout cela est difficile à comprendre, mais avant de juger de ces choses, il faut apprendre l'Histoire de France. Par exemple en lisant Jacques Bainville...

Dangereux ! Parce que s'efforçant désespérément de détruire la France !

Dangereux simplement parce que, dans notre époque d'extrême confusion mentale, non innocente, à la remorque des conceptions anglo-saxonnes, le but est de déboussoler complètement les gens, afin de les rendre malléables pour les multinationales... George Orwell était un précurseur ...

Alors que, justement, l'air de liberté que l'on respire encore en France ...  (... malgré l'actuel résident de l'Elysée, qui, lui, ne connaît rien à la France, n'a rien compris... à moins que ce ne soit pire ...)

(Il faut dire que, pour lui et sa famille, la France n'était qu'un moindre mal, l'idéal étant l'Amérique...) ... tient à cette absence d'obsession de référent ethnique.

(Et aucune réponse à mon courriel !) J'ai des origines alsaciennes, champenoises, orléanaises (avec même une pointe de Luxembourgeois)... et un ancêtre suédois, venu en Alsace pendant la Guerre de Trente Ans...

J'ai un gamin. Sa mère est mi-Auvergnate, mi-Angevine (comme si, d'ailleurs, ces désignations avaient un quelconque sens ETHNIQUE en France ! ) Alors, mon gamin, il est QUOI ? Et que faut-il lui tatouer sur l'oreille gauche ?

Cela rappelle, sinistrement, les comptabilités du régime de Vichy (1/2 Juif, 1/4 de Juif ?)

Tout cela est in-sup-por-table.

1) La France n'est pas un pays de l'Europe de l'Est : simplement, la nation française est BEAUCOUP plus ancienne.

Et toutes ces histoires de "minorités" dans les traités "européens" viennent des PECO ... et des obsessions allemandes dans ladite "Mitteleuropa".

Et ne sont pas applicables en France. C'est ainsi. La référence à Solidarnosc était, naturellement, couronnée d'un point d'ironie. 

Ach, pour les ethnicistes enrachés, il faut expliquer l'humour ...

2) A côté de la question.   Il n'y a pas en France, par exemple, d'ethnie franque qui s'opposerait à une ethnie burgonde. Les diverses oppositions qui existent ne recoupent aucune division tranchée, linguistique ou autre... quoique certains, ici, semblent le regretter !

Quant à l'antisémitisme, plaie, comme tout racisme, des périodes de crise, je rappelle l'Affaire Dreyfus, en parallèle avec les POGROMS d'Europe de l'Est.

Le régime de Vichy s'est installé dans les fourgons de l'armée allemande. (Je préfère lire Romain Gary - l' "Ode à l'homme qui fut la France").

Les hommes sont partout faillibles. Mais la France, de ce point de vue, est encore l'un des moins mal lotis.

Quoique, évidemment, tout équilibre soit menacé... aujourd'hui par la mirifique "globalization", qui nous mène où l'on voit...

3) LA CITOYENNETE, justement ! Antoine Courban (professeur à l'université St Joseph de Beyrouth) mettait en garde contre l'apparition d'une notion de "citoyenneté différenciée"..;

4) Il n'y a aucune arrogance, ni aucun mépris, dans le fait de dire qu'avant de juger la France, il faut connaître son Histoire.

Je procède de même avec la Turquie, dont j'étudie la langue.

Rappelons tout de même l'empreinte française sur les grands siècles de la civilisation européenne (n'en déplaise aux ricanements), le "désir de France" qui existe un peu partout dans le monde (et l'accueil fait à Dominique de Villepin lors de la courageuse attitude de la France dans l'affaire d'Irak)...

... et le fait que tant d'étrangers écrivent en français : le dernier prix Goncourt, Atiq Rahimi (Afghan), François Cheng (Chinois), Hector Bianciotti (Argentin), Jonathan Littell (Américain), Andreï Makine (Russe), Beckett (Irlandais), Ionesco (Roumain), Eduardo Manet (Cubain)... et tous les autres, Turcs, Kurdes, j'en passe...

Lire, à ce propos, de Pascale Casanova, "La République mondiale des lettres" (éd. Gallimard). 

Sans être aveugle sur les défauts de la France, qui existent, et que l'on peut cherche à corriger, il est absurde - et non innocent - de vouloir qu'elle, et elle seule, se couvre en permanence la tête de cendres. 

C'est la paille et la poutre, avec certains...

Pour conclure, il serait temps que les petits bobos qui cherchent désespérément une "cause" à leur "rébellion" de cybercafé trouvent un meilleur emploi de leurs facultés...

 

Jérémie : (Gintautas a dit : Jérémie, lorsque vous délirez au sujet de la « menace à l'unité nationale » prétendument posée par les langues régionales, )
 
Je ne délire pas, au contraire, je constate benoîtement : si les "langues régionales" n'étaient pas inspirées par des visées politiques régionalistes, elles auraient gardé leur nom authentique de patois, qui n'est un gros mot que pour les gens déracinés ou politisés.
 
(Gintautas a dit : vous parlez comme un Anglo-Canadien au sujet de la « menace à l'unité nationale » prétendument posée par le français au Québec et comment le français devrait donc être éradiqué.)
 
Mais les Canadiens forment-ils une seule et même nation ? Si oui, alors le français sera progressivement et mécaniquement relégué au rang de patois et l'anglais sera la langue nationale partagée par tous. C'est ce qui s'est passé en France avec le français, sans heurts puisqu'elle est composée d'une seule et même nation depuis très très longtemps, comme l'a rappelé Denis. Si non, alors le pays devrait se partager, ce serait plus sain : les États multinationaux ne tiennent jamais la route bien longtemps : ils éclatent (Autriche-Hongrie, Tchéquoslovaquie, Belgique ?) ou fusionnent en une seule nation au fil du temps (Pologne ?). La langue est liée à la nation, la Suisse étant l'exception qui confirme la règle, sans doute parce qu'être isolé au milieu d'une Europe perpétuellement en guerre pendant des siècles, cela rapproche malgré les différences de langues...
 
(Gintautas a dit : Ou si vous préférez, vous parlez comme un chauviniste moscovite en déplorant le fait que « des langues étrangères continuent à être parlées dans les provinces ».)
 
Ou comme des générations d'hommes d'Etat qui, pendant des siècles, ont construit l'unité de la France, de l'Espagne (moins solidement), et de beaucoup d'autres pays où c'est l'Etat qui a créé la nation. Je rappelle d'ailleurs que l'Allemagne ou l'Italie sont, à l'inverse, des nations qui ont (tardivement) crée leur Etat. Ca change tout : chez eux, c'est la nation qui est forte (pas de régionalismes séparatistes, des dialectes locaux rares, discrets ou sans prétentions politiques), chez nous c'est l'Etat qui doit l'être pour cela tienne : quand l'Etat lâche trop de leste, les séparatismes menacent rapidement (Catalogne, Pays basque). L'Allemagne peut être fédérale sans problème (l'Etat n'a pas besoin d'être fort puisque la nation tient toute seule) ; l'Espagne, à peine régionalisée, commence déjà à menacer de se défaire. Ce serait plus long en France (poids des habitudes d'une plus forte centralisation) mais le résultat serait le même qu'en Espagne, en bout de compte, parce que nous sommes du même type d'Etat.
 
 (Gintautas a dit : Eh bien, ces langues peuvent être « étrangères » à un moscovite (ou parisien), mais elles ne le sont pas à ceux qui les parlent et les aiment. Elles font partie de leur identité personnelle et ces gens ont le droit de les utiliser.)
 
D'abord, non : en France, la colère et les projets de certains viennent justement du fait que les parlers locaux ont cessé d'être une composante essentielle de l'identité personnelle, ce qui semble créer un vide que l'on veut combler en instituant les "langues régionales", avatars modernistes et politisés des tranquilles patois.
Ensuite, oui, les gens ont le droit d'utiliser la langue qu'ils veulent, dans la sphère privée. Mais les institutions nationales (école, justice, administrations, etc.) ont le devoir d'utiliser le français, justement parce qu'elles sont nationales.
 
(Gintautas a dit : Vous êtes coupable d'un double standard. Vous déplorez les tactiques d'intimidation et de la domination de l'anglais au monde, mais vous êtes heureux de voir que la même chose se produit à l'échelle nationale, quand la langue de la capitale  écrase les parlers régionaux.)
 
La domination de l'anglais est inacceptable justement parce qu'elle n'a pas lieu au niveau national : il n'est pas illégitime que l'anglais domine aux Etats-Unis ou en Australie (c'est la définition d'une nation), mais ça l'est dans les relations internationales de tout type.
 
 (Gintautas a dit : Quelle est la prochaine étape: déclarer que la France est un pays catholique, et que toutes les autres religions devrait être interdites?)

Toutes les religions sont déjà interdites dans l'espace public (de la même manière que les patois) : c'est cela la laïcité. Cette laïcité est venue spontanément aux Français parce qu'elle n'est que la transposition en matière religieuse d'une certaine tradition : refouler dans l'espace privé tout ce qui est source de division (donc de guerre civile) et unifier la sphère publique à l'échelle nationale. En matière linguistique, on ne peut être complètement radical : il faut bien au moins une langue pour s'exprimer dans l'espace public. En France, on a donc une seule langue (le minimum possible), pour unifier l'espace national et éviter les "ferments de dispersion" dont parlait De Gaulle.
 
Petit aparté :
Je suis allé voir "la Journée de la Jupe" (film iconoclaste avec Isabelle Adjani) au cinéma. A un moment, le professeur (Isabelle Adjani donc) se défend de je ne sais plus quelle protestation de ses élèves de banlieue en disant : "l'école est laïque". Alors, un élève musulman lui demande agressivement, pour la pousser à bout et la mettre à l'épreuve de ses imprécisions (et de celles de la société) : "Alors pourquoi est-ce qu'on a des vacances à Noël et à Pâques, si l'école elle est laïque ?" (question bien connue) Et la prof ne sait quoi répondre... Elle se rabat sur "silence, j'en ai assez de vos questions" ou quelque chose comme ça, ce qui évidemment sonne comme une pitoyable dérobade, et ne fait que déconstruire un peu plus l'image du "modèle français" que les adultes sont censés transmettre alors qu'ils ne peuvent même pas le justifier, parce que ça leur "arracherait la gueule" de dire que la France a des racines chrétiennes dont on ne peut pas se défaire comme d'un manteau. Ils ne font plus bien la différence entre "laïcité" et "laïcisme".
 
La réponse, donc, la voici (c'est là que je voulais en venir) : si en France nous avons nos vacances à Noël, c'est parce que la France est un pays certes laïc mais aux racines éternellement chrétiennes (on ne peut changer de racines sans faire pousser un autre arbre). Sinon, comment défendrait-on le fait que les cloches des églises peuvent sonner à travers le pays tandis qu'on interdit aux mosquées de faire retentir le muezzin ? Doit-on penser que si un jour une majorité de Français sont musulmans, on intervertira, et que cela ne changera rien ? Non : la France n'est plus la France sans ses racines chrétiennes, qu'on le veuille ou non.

 

(Denis a écrit :

Alors que, justement, l'air de liberté que l'on respire encore en France ...

... tient à cette absence d'obsession de référent ethnique.)

 

Oui, et c'est aussi vrai pour beaucoup de pays d'Europe occidentale. Deux remarques cependant :

 - Cette absence de "référent ethnique" peut être elle-même assez obsessionnelle : Eric Zemmour a provoqué un tollé en parlant sur Arte des "races" noires et blanches, alors que ce mot ne devrait pas faire polémique : la Constitution française énonce bien que "la République assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion", et l'utilisation du mot "race" n'a pas fait débat, n'a gêné personne. Il est synonyme d'"ethnie" et non d'"espèce".

- Cette absence de "référent ethnique" a été rendu possible en France et dans certains autres pays par le fait que la population de ces pays n'était pas multi-ethnique : si les Etats-Unis, par exemple, parlent traditionnellement plus des "ethnies" que nous, ce n'est par choix mais parce que leur nation a toujours été pluri-ethnique. Et si aujourd'hui nous en parlons de plus en plus en France (discrimination positive, "diversité", etc.) c'est justement parce que la forte immigration depuis les années 70 a remis en cause le caractère "monoethnique" de notre nation (et des autres)

 

Charles Durand : Je pense que l'on doit effectivement se garder de faire des comparaisons hâtives de pays qui ont des histoires fort différentes. Pour ma part, je me bornerai uniquement à ce que je connais bien.

Depuis 1997, je participe à des forums sur les langues et je dois avouer que, souvent, les discussions se focalisent sur des sujets déjà traités et sur des conclusions déjà tirées et qui ne peuvent guère plus être remises en question.

Sur la question des langues régionales de France, je ne peux parler avec autorité qu'à propos du provençal et de sa variante niçoise qui s'appelle le nissart.

J'ai une ascendance provençale par ma grand-mère maternelle qui était issue d'un village situé à 18 km de Nice sur la rive EST du Var (qui était donc français bien avant que Nice ne le devienne). Elle parlait et comprenait le provençal qu'elle utilisait tous les jours. Ma mère le comprenait mais ne le parlait pas et, personnellement, je ne le parle pas et ne le comprends pas à l'exception des termes qui constituent un argot strictement niçois que l'on ne comprend même pas à Marseille. Dans la famille de ma grand-mère, toutefois, ce que l'on appelait effectivement "le patois" n'était qu'à usage strictement oral. Comme en atteste toute la correspondance personnelle ou à caractère professionnel que j'ai pu retrouver dans une maison de famille vieille de plusieurs siècles, tout se faisait en français depuis fort longtemps. Même au début du XIXe siècle, aucune circulaire municipale, aucun prospectus, aucun manuel destiné aux agriculteurs et aux viticulteurs n'était rédigé en patois mais uniquement en français. 

Lorsque Nice, ma ville natale, est devenue française en 1860, une politique de grands travaux a été immédiatement lancée. Les plus grandes infrastructures de transport ont alors été créées. Construction du chemin de fer, construction de routes fort intelligemment dessinées permettant une mise en valeur immédiate de la Côte d'Azur, tout-à-l'égout, assèchement des marécages qui jouxtaient la baie des Anges, sources de malaria, alimentation en eau potable, afflux de capitaux, démultiplication du commerce, etc... Tout comme les anciens Gaulois qui se sont très vite accomodés de l'occupant romain, les Niçois se sont accomodés immédiatement des Français qui leur apportaient un mode de vie, des techniques et une culture nettement supérieurs aux leurs. Le sous-développement chronique du Comté de Nice s'est vite estompé, les communications améliorées ont diminué la consanguinité qui rongeait de nombreux villages. L'école de la République a certes imposé le français mais la population n'a pas eu le sentiment d'y perdre au change. Le français n'a pas été imposé. Il s'est imposé de lui-même car les Niçois ne pouvaient en rien le concurrencer par ce qu'il leur apportait.

Enfant de Nice, la culture niçoise sous-tendue par le patois ne m'a quasiment rien apportée (flut, j'ai oublié quelques jurons bien niçois...) alors que celle sous-tendue par le français m'a tout apporté. Je me sens chez moi à Nice mais, à l'étranger, il ne me viendrait pas à l'idée de me présenter autrement que comme un Français. C'est cette identité collective dont je me réclame car le fait que je sois un authentique Provençal et un authentique Niçois n'a strictement rien apporté à mon développement personnel.

J'ai vécu dans plusieurs régions françaises et les résurgences régionalistes sont pour moi un phénomène totalement artificiel et qui a été bien évidemment créé de toute pièce dans des buts sur lesquels on peut naturellement faire quelques hypothèses qui ne sont probablement guère éloignées de la réalité. Ce qui est sûr, c'est que la France n'est pas l'Espagne. Les comportements sont totalement différents. Barcelone n'est pas Nice et vice-versa.

 

Denis GRIESMAR : Il n'y a ni arrogance extrême, ni racisme ( !!! ) à rappeler l'ancienneté de la construction nationale de la France !

Il n'y a là aucune, AUCUNE, attaque "ad hominem" ! Ni aucun mensonge, ni aucun dénigrement d'aucune origine nationale !!!

Si les nations modernes sont apparues dans l'aire maritime plus tôt que dans l'aire continentale, où elles ont eu du mal à se dégager des empires, c'est là un fait de l'Histoire. Rien d'autre.  

Cette position est au contraire extrêmement logique. Elle repose sur la différence entre la Nation et l'Empire. L'Autriche, puis Autriche-Hongrie, était un empire .... donc moins durable qu'une nation. Et les nations qui ont pris sa place ont eu du mal à se dégager d'une notion ethnique de la nation, car l'Empire avait duré plusieurs siècles. Signalons tout de même (exception qui confirme la règle ?) le référendum par lequel la ville de Sopron (Ödenburg) décida, quoique germanophone,  de se rattacher à la Hongrie.

Rappelons qu'il est très difficile de faire comprendre les concepts français de nation et de citoyenneté à des personnes de tradition germanique, qui raisonnent "Volk" et non "peuple"... Et ce n'est pas la même chose ! C'est ainsi que je possède un "Diercke Weltatlas", où l'on trouve une page sur les "Völker von Europa" ... où les Bretonen, les Basken, ... figurent au même titre que les Franzosen. Les Alsaciens et les Mosellans, eux, étant rattachés au peuple allemand... Il est clair que sur ce point il ne peut y avoir aucun compromis possible.

Cela dit, les nostalgiques des temps mérovingiens, de l'aimable époque où Frédégonde et Brunehaut s'entretuaient, feraient sourire ... s'ils ne correspondaient à une décadence de la culture générale, et à un redoublement d'efforts de l'Empire actuellement déclinant pour conserver son hégémonie sur ses vassaux, par l'intermédiaire d'institutions comme l'OTAN...

En tous cas, le souci principal ici devrait être de conforter les langues nationales face à la dernière vague de "tout anglais" portée par la trahison ou la veulerie des "élites"...

... comme le montre l'affaire de "Lyon Airports", bien plus profonde et ramifiée qu'on ne le croit...

 

Vous avez raison, mais il faut, je crois, souligner l'importance du facteur "temps".

Et la notion d' "ethnicité" peut s'entendre différemment. En fait, d'un certain point de vue, la France est bien "multi-ethnique" depuis le début (avec lente intégration, et non expulsion des précédents...). La lecture d'Emmanuel Todd confirme bien la coexistence de grandes régions anthropologiques (en gros : Champs ouverts-Grand Est, Bocage-Ouest, Région méditerranéenne).

C'est à partir de cette diversité que la monarchie française a aidé à parfaire la fusion d'aujourd'hui. Evidemment, maintenant, la "globalization" détruisant tout sur son passage (tout ce qui n'est pas la logique marchande la plus immédiate), le facteur temps ne peut plus jouer.

 

DG : Rappelons que cette discussion est venue d'une accusation de "double standard", autrement dit de félonie, adressée à notre colistier Jérémie.

Et cette accusation révélait une telle ignorance des réalités françaises qu'il était nécessaire de mettre les points sur les "i". 

D'autant que l'on connaît les forces qui sont à l'oeuvre dans le vaste monde pour essayer de pérenniser l'Empire saxon.

On lira avec profit les ouvrages d'Yvonne Bollmann (La bataille des langues en Europe, Ce que veut l'Allemagne) et de Pierre Hillard (La décomposition des nations européennes, La marche irrésistible du nouvel ordre mondial).

Sur la "pluie" des révélations, inutile de jouer sur les mots. Depuis les chevaliers teutoniques et le Drang nach Osten, toute l'Europe de l'Est connaît ces colonies germaniques installés un peu partout... et finalement jusqu'à la Volga.

L'obsession du statut des "minorités" vient de là, et est bien germanique.

"Déclarer que les gens..." : je n'ai jamais dit cela. Mais ceux qui les instrumentalisent, oui.

Nous pouvons nous arrêter là.

 

DG : Il n'est pire sourd que celui qui ne veut entendre.

Je n'ai jamais dit qu'il fallait tout homogénéiser, mais que les langues régionales, ou plutôt les patois locaux, étaient une richesse, et qu'en elles-mêmes, elles n'étaient pas un obstacle à l'unité nationale.

D'autant que, comme l'ont montré des gens comme Gaston Roupnel ou Emmanuel Todd, elles ne se recoupent pas avec d'autres distinctions, comme celles des types de régions agricoles.

Un drame qui n'est pas si éloigné, comme la guerre de Vendée, n'a eu aucun caractère linguistique... mais, à la base, une incompréhension qui aurait pu être évitée si la notion de laïcité avait été élaborée à l'époque comme elle le fut dans la Loi de 1905.

En revanche, ceux qui cherchent à instrumentaliser l'existence de cette variété linguistique en parlant de "minorités", au sens où, précisément, en Europe de l'Est, on a pu parler de "Deutsche Minderheiten", se trompent totalement.

Et cette "erreur" n'est peut-être pas totalement innocente. 

On ne peut pas plaquer sur la France une analyse faite sur des pays entièrement différents.

Et, dans l'Histoire, la distinction entre Nation et Empire est capitale.

C'est exactement ce que j'ai dit, et pas autre chose. Il serait malhonnête de le prétendre.

 

Brigitte Laval :

Lors de certains forums, je suis consternée de voir des Français ou Francophones haïr la langue française, leur langue, et souhaiter ouvertement sa mort et son remplacement par l'anglais, langue de l'avenir et de la modernité, selon eux ! Quand la discussion se prolonge (rarement avec moi actuellement, j'ai de plus en plus de mal à les supporter !) on peut lire tout d'un coup au milieu de leur délire que la langue française a ce qu'elle mérite vu qu'elle a pris la place du (ou même tué) le breton et les autres langues régionales ! Pour ces personnes, l'anglais serait-il le sauveur du breton (la langue) qui enfin règnera sur le monde à ses côtés ?

 Ce problème, cette guerre entre le français et les langues régionales de France est -elle récente ? Existait-elle il y a 50 ans quand l'hégémonie de l'anglais n'était pas encore un problème ?

 Je ne le sais pas vraiment, mais je pense que la réponse est non !

 Diviser pour mieux régner ! Les "maîtres" anglophones, les "native speakers", ceux à qui sont réservées les places de choix sont experts en la matière, il me semble ! On monte les Français (et d'autres peuples comme les Espagnols, par exemple) les uns contre les autres sur la légitimité de leur langue nationale, on les divise ! Et au lieu de 63 millions de personnes unies derrière leur langue, leur culture, leur identité, fortes pour résister à la tentative de destruction de leur identité, on obtient un peuple divisé dont certains rêvent de voir leur pays éclaté en régions, régions d'une Europe sans âme, une Europe non plus à 23 langues, mais à une centaine ou plus, donc une Europe que plus rien n'empêchera de proclamer l'anglais langue unique officielle ... et plus tard de se débarrasser de ces gênants patois inutiles ! Et ils sont spécialistes en la matière, demandez aux Irlandais, par exemple, ce qu'ils en pensent !

 Certains de ces bêleurs haineux (je ne pense pas à des personnes de de-linguis qui sont tous des gens bien, je pense à des parasites que l'on rencontre souvent sur agoravox par exemple - j'ai la rancune tenace !) vous diraient que ce serait bien, qu'ainsi nous serions tous (enfin, nos descendants) des "native speakers", des promis aux salaires dodus ! Ils se trompent, en plus, l'anglophone d'origine trouverait encore bien un moyen de s'auto-privilégier !

 Mais nous n'en sommes pas là et j'espère quez nous n'y serons jamais !

 Alors, réfléchissez à ceci : sur une génération, nous avons 2 ascendants (nos parents) ; sur 2 générations, 4 ascendants (nos grands-parents) ; donc, à 5 générations, 32 ascendants ! Nos 32 arrière-arrière-arrière  grands-parents qui sont nés environ  125 ans avant nous (j'ai compté 25 ans pour une génération !). Combien peuvent prétendre que  ses 32 aïeux sont tous issus de la même région ? Donc, combien peuvent se prétendre purement Bretons ou Parisiens ou Normands, etc... ? Et donc combien peuvent prétendre que la France ne les concernent pas, qu'ils n'ont aucune attache avec ce pays, mais juste avec la région où ils vivent ? 

 Rajoutons à cela que le français, notre langue, s'est créé petit à petit au fur et à mesure que notre pays prenait la forme que nous lui connaissons ! Ainsi, notre langue est un judicieux mélange de latin bien sur, mais aussi de langue franque ( ce qui en fait la plus germanique des latines), du gaulois, et des patois oraux des peuples qui se mélangeaient (intercompréhension déjà il y a quelque mille ans) afin de former le peuple français, nos ancêtres  !   Et cette langue fut défendue par le roi François 1er qui l'imposa comme langue officielle de notre pays, pas contre les patois régionaux (dont elle s'était formée en grande partie) mais contre le latin parlé et écrit seulement par quelques notables (tiens, ça fait penser à une certaine langue de nos jours) et qui était alors "la" langue officielle et hégémonique  de l'Europe !

 Alors, n'oublions pas ce pour quoi il faut se battre à tout prix : la langue française ... et la diversité linguistique, c'est à dire les autres langues de l'UE, le véritable anglais de Grande-Bretagne y compris ! 

 

DG : Voilà une contribution de bon sens ! Merci !

Mais j'ajouterai que la volonté de certains de créer une Europe fédérale, si elle prolonge les tendances naturelles de l'Allemagne, qui n'y voit qu'une réincarnation du Saint-Empire Romain Germanique, signifierait la fin de la France, et de la langue française.

Alors ouvrons les yeux. Le monde est plus grand que l' "Europe", laquelle nous précipite dans la crise...

Mais il y a là une discussion économique et monétaire qui dépasse le cadre du présent Forum.

 

DG : Oui, et ils sont nombreux ceux qui, aujourd'hui, sont punis parce qu'ils parlent français ...

... même s'ils parlent d'autres langues, et sont ouverts à toutes sortes de cultures...

... et parce qu'ils veulent en vivre. Voir l'affaire de l'hôpital d'Epinal - et d'autres hôpitaux - où le tout anglais a fait des morts ...

... voir la mise au chômage des traducteurs dans l'affaire du Protocole de Londres

... voir le scandale de "Lyon Airports" ...

... voir le scandale permanent de Bruxelles, avec ses emplois réservés aux "native speakers" de l'anglais..

... voir les brimades de plus nombreuses réservées aux non-Anglophones dans les entreprises françaises en France...

... comme l'a révélé la journée du 9 mars 2009 à l'Assemblée Nationale avec les syndicats...

... Voilà la réalité d'aujourd'hui. Voilà la problème principal à ne pas occulte.

 

 

DG : Merci. Excellent !

Pour préciser ce que j'ai dit antérieurement, il ne serait pas mauvais de jeter un oeil sur le livre de Michel Korinman, "Quand l'Allemagne pensait le monde. Grandeur et décadence d'une géopolitique" ...

... Surtout quand on entend un Joschka Fischer dire que l' "Europe" permet à l'Allemagne d'obtenir ce qu'elle a échoué à obtenir par deux fois (la première, avec le sympathique Guillaume II - réduit à griffonner sur un plat le célèbre "Je n'ai pas voulu cela" - la deuxième, avec un certain Adolf Hitler...)

Surtout quand on sait à quel point les traités "européens" sont marqués par le "lobbying" de la Föderation Europäischer Volksgruppen, sise à Kiel...

Lire également à ce sujet  John Laughland, "The Tainted Source" ("La Liberté des Nations") et Pierre Manent ("La Raison des nations").

Pour préciser encore ce qui a été mal compris : 

Je n'ai jamais mis en doute l'ancienneté de la nation lituanienne, ni de sa langue, et j'ai le plus grand respect pour l'une et l'autre.

En revanche, je doute fort de la "lituanité" des rives de la mer Noire aux environs d'Odessa, à une quelconque période de l'Histoire.

Nous avons là, comme pour l'empire ottoman, comme pour l'Autriche-Hongrie, une construction de type impérial.

De même, le Saint-Empire regroupait bien d'autres nations que l'allemande. D'où le problème...

De même, l'empire napoléonien, dont l'étendue n'était motivée que par la lutte du "Blocus continental" contre l'Angleterre.

En résumé, pour tout Français qui connaît son pays, et l'Histoire de son pays :

La France, c'est le Royaume... c'est-à-dire la République.

Mais la France, ce n'est pas l'Empire.

L'Empire, ce n'est pas notre truc.

Le fédéralisme, ce n'est pas notre truc.

Et attention : "Volk" a des connotations bien autres que "peuple", et "völkisch" évoque tout autre chose que "populaire" (le "Völkischer Beobachter" était l'organe du parti nazi...)

La naïveté en politique a toujours des conséquences terribles.

La France n'est pas le Mecklembourg-Poméranie, et l'on ne peut lui appliquer le principe "Bundesrecht bricht Landesrecht" au nom d'une souveraineté européenne qui n'existe pas, d'un peuple européen qui n'existe pas.

C'est précisément sur la reconnaissance de cette différence que peuvent se nouer entre nations voisines des relations saines et dépourvues d'arrière-pensées.

Donc, en France, point de conflits de nationalités, ni de "minorités nationales".

En France, comme au Québec, les immigrants doivent apprendre la langue nationale.

A côté de cela existe la liberté d'association, et le droit d'apprendre et d'enseigner les langues locales, s'il en existe.

Mais pas celui d'éduquer les petits Français comme des étrangers les uns aux autres, en excluant la langue française, comme prétendent le faire les écoles Diwan...

On consultera avec profit la position de l'association Avenir de la Langue française, parfaitement équilibrée sur le sujet.

Cela dit, et il fallait le dire, le problème d'aujourd'hui est celui de l'équilibre, face à la tentative plus ou moins sournoise d'imposer le tout-anglais, entre le français, l'allemand, l'italien... , langues fort maltraitées aujourd'hui par les "institutions européennes", au nom d'un soi-disant "principe de pragmatisme" qui nierait le droit des gens.

Et le problème n'est pas seulement celui de la pression directe du monde anglo-saxon, mais bien celui des "collabos linguistiques" qui "en rajoutent".

Encore une fois, l'affaire de Lyon Airports, qui n'est pas terminée (et que l'on peut suivre sur le site www.imperatif-francais.org ) est exemplaire.

(Et les réactions du public, hors du microcosme parisien, sont encourageantes).

Naturellement, certaines professions, en première ligne dans les tranchées, comme les traducteurs, y sont (ou devraient y être) particulièrement sensibles.

Les journalistes, en particulier... s'ils ne se comportaient pas, trop souvent, comme les "chiens de garde" dont parle Serge Halimi...

Mais la question déborde sur la totalité du monde du travail. Et, enfin, certains syndicats commencent à s'emparer de la question.

Cette prise de conscience n'est pas facilitée par la confusion mentale qui règne autour de la question (et dont se plaignait déjà Ferdinand de Saussure ... ;-)

Ni par la démission des universitaires (à quelques exceptions près, dont Claude Hagège), cela pour revenir à notre point de départ.

 

DG : Henriette Water, elle, enseigne en français, et n'a jamais craint pour le lendemain.

Avant de confier un enseignement quelconque à ce genre de personne, il serait bon de lui faire faire un stage (non payé) de vendeur de frites au coin de la rue...

Un auteur québécois (J. Godbout) en a tiré le merveilleux "Salut, Galarneau" ... ;-)

Le problème est bien celui de l'irresponsabilité de certains "intellectuels" (Quidam docti, comme disait Cicéron ... ;-)

D'autres, tout aussi diplômés, sont en première ligne, et en prennent plein la g ... à chaque fois qu'un irresponsable propose d'angliciser (brevets, Lyon Airports, etc... )

Il faut également cesser de considérer que l'enseignement, et lui seul, confère une aura qui passe pour compétence universelle...

Combien de fois, en tant que traducteur, cherchant un mot que l'on a sur le bout de la langue, ne peste-t-on pas contre les dictionnaires, faits par des enseignants qui ne sont jamais sortis de l'école ? ...

Et les traducteurs, pour parler d'eux, sont comme les pêcheurs, qui sont les premiers exposés à la pollution des rivières ...

Mais voilà, dans notre beau pays, et peut-être ailleurs, certains sont estampillés compétents à vie, et en profitent pour dire n'importe quoi, et pour se faire l'écho du babil idéologique ambiant...

 

A : christian.le-meut@wanadoo.fr

 

Bonsoir,

Pour faire suite à votre courriel, je vous dirais que l'UNESCO, avant de s'occuper des prétendues langues régionales de France en danger, ferait mieux de s'occuper de l'anglais qui menace de mort toutes les langues de l'humanité.

Dans la foulée, elle serait bien inspirée aussi de demander à M. Yann Arthus-Bertrand, membre de l'Académie française censé défendre la langue française,  pourquoi il a appelé son dernier film en anglais "Home". Le silence des journalistes et des médias sur cette énième trahison linguistique serait plus intéressant à traiter, me semble-t-il, que les divagations ethno-régionalistes de Mme Walter.

Oui, nous défendons la diversité linguistique, mais la diversité linguistique au niveau de la communication internationale. La politique mondialiste des langues (et la politique européenne des langues avec la fameuse Charte des langues régionales et minoritaires) qui consiste à promouvoir les langues ethniques pour mieux imposer l'anglais, ne nous convient pas.

Tout le monde le sait, à moins d'être dupes, l'engouement récent des langues régionales est voulu et orchestré par les partisans de l'Europe des Régions, ceux qui veulent détruire les Nations, pour imposer les Euro-régions et , in fine, un bilinguisme langue ethnique-anglais.

Bref, plus on développera l'enseignement des langues ethniques, plus la langue de la République s'effacera et plus l'anglais s'imposera.

Tout cela, c'est de la politique, rien que de la politique, mais les angliciseurs sont malins, ils jouent sur la corde sensible du culturel, du patrimoine, de l'identité perdue, des vilains jacobins, etc. pour diviser, et mieux régner, pardi !

Quai nouveau

Jean-Pierre Colinaro

 

 

Bonsoir,

Vos quatre grands-parents parlaient breton, dites-vous, serait-ce à penser que vous ne vous êtes jamais mélangés à d'autres Français ! Attention, alors à la dégénérescence ! À la Réunion, où j'ai des amis, le mariage entre cousins à créer une génération de tarés.

De plus, le breton, c'est comme l'occitan que je connais mieux, il y a divers dialectes, diverses variantes. Celui enseigné dans les universités est un breton unifié qui n'est certainement pas celui que parlaient vos ancêtres. Au niveau de l'occitan, c'est pareil, celui enseigné dans les écoles, n'est pas celui que parlait Mistral ou Bigot. Il ne lui ressemble ni en graphie ni en prononciation. Ma grand-mère, native du Mazel en Lozère, ne comprenait pas l'occitan enseigné sur le campus de Montpellier. Bref, nos ancêtres parlaient des langues qui ne sont pas les langues unifiées qu'on leur présente aujourd'hui.

Mais si vous revendiquez le breton parce que vos ancêtres le parlaient, pourquoi, à y être, ne revendiquez-vous pas plutôt la langue que parlait les ancêtres de vos ancêtres ? C'est ce que je dis aux Occitanistes lorsqu'ils viennent me titiller. Je leur dis, moi, je revendique la langue de nos ancêtres les Gaulois, je suis plus « racinien » que vous !

Cela dit, je ne suis pas paranoïaque contrairement à ce que vous dites, car les faits parlent pour moi : la résurgence des langues régionales est voulue non pas par la volonté des populations de nos régions, mais pas la volonté de groupes de pression allemands, tel  la FUEV (föderalistische union europäischer volksgruppen), qui veulent, comme je vous l'ai dit précédemment, faire l'Europe des Régions. Si vous ouvrez un peu les yeux, vous verrez qu'il y a des projets d'Euro-régions : Catalognes française et espagnole réunies, Flandres belge et française, etc. dans tous les cas de figure l'anglais a une bonne place. C'est connu, un catalan de Barcelone, n'aime pas parler castillan (espagnol) aux Français qui les visitent, alors l'anglais fait très bien l'affaire.

Paranoïaque, dites-vous, mais vous êtes-vous posé la question pourquoi dans tous les pays européens, comme par hasard, et sans qu'il y ait eu une loi officielle pour le dire,  l'anglais est désormais enseigné en priorité dans toutes les écoles primaires ? Darcos a cette année enfoncé le clou en mettant l'anglais obligatoire dès le CE1 (7 ans, pour nos enfants). Qu'attendez-vous, en bon journaliste que vous êtes peut-être, pour écrire un article afin de dénoncer cette imposture ? Et le "Home" d'Arthus-Bertrand, un écologiste qui nous fait la leçon pour protéger notre planète, mais un écologiste qui choisi  l'anglais pour nommer son film, la langue de deux des puissances qui ont donné au monde entier le plus mauvais exemple de conduite par rapport aux ressources épuisables et non renouvelables, des pays qui continuent d'influencer, au moyen de l'anglais, la façon de penser de l'humanité tout entière, la manière de regarder la monde, des pays qui ont le plus contribué et continuent de contribuer à la destruction de notre planète.

Quant au fait de reproduire un texte sans autorisation, que voulez-vous que je vous réponde ? Que nous fermons le site et notre gueule par la même occasion ? Si vous ne voulez pas être lu, il ne faut ni écrire ni diffuser sur Internet.

Caniveau

JPC

 

 

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