Réflexions sur les alphabets :

 

L'idée est que nous n’avons pas à craindre d'affirmer que la domination de l'anglais touche à sa fin avec l'émergence de la Chine. Le répéter sans cesse est nécessaire pour marquer les cerveaux.

Cela aussi veut dire qu'il est grand temps d'aider la Chine à ne pas matraquer l'alphabet latin avec des phonèmes très éloignés des phonèmes habituellement accordés aux lettres.

Patrice Bersac

 

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En réalité, il y a un problème de transcription du chinois. Et il me semble (ayant fait très peu de chinois, il y a longtemps), que la romanisation existante n'est pas satisfaisante. D'autant plus qu'il s'agit d'une langue à tons (d'où signes diacritiques ... )  Et il faut savoir que les Chinois ne sont pas enthousiastes parce que cela ferait immédiatement apparaître qu'il n'y a pas UN, mais PLUSIEURS chinois d'où le problème de l'unité politique de la Chine (mandarin de Pékin, cantonais - ah, je riz ! ... ;-) ), hakka, etc.

En revanche, pour les langues turques, comme le ouïghour, pas de problème. Je n'étais pas d'accord avec ma prof de ouïghour, qui préférait le graphisme dérivé de l'arabe (avec des signes supplémentaires pour les voyelles). Très difficile, plutôt une sténographie qu'un alphabet, les liaisons ayant, à la limite, plus d'importance que les "graphèmes" (les lettres), lesdites lettres ne se différenciant pas suffisamment les unes des autres ... Et puis, c'est incohérent : un point au-dessus d'un signe ne désigne pas toujours une sourde plutôt qu'une sonore, ou l'inverse ... (Mais il est vrai que, sur une mosquée du XIVe siècle, c'est magnifique ...)

Et puis, il est faux dire que la romanisation serait une "occidentalisation" : l'alphabet latin dérive de l'alphabet grec, lequel dérive de l'alphabet phénicien ... Les Phéniciens étaient des Orientaux, qui parlaient une langue sémitique ...

Simplement, c'étaient des commerçants, et ils avaient l'esprit pratique. Tandis que l'écriture arabe demande un effort disproportionné, qui pourrait être consacré à l'apprentissage de la langue.

En revanche, les chiffres romains, également très beaux sur les inscriptions, sont terriblement malcommodes pour faire des opérations : Essayez de calculer XVII x XLIII ? ... ;-) Les chiffres arabes sont infiniment plus pratiques, mais les caractères chinois ont surtout leur justification conceptuelle ...

C'est là, cependant un trop vaste sujet

J'arrête le cours de linguistique ...

Denis Griesmar

 

 

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Durant la guerre du Vietnam, les éditions en langue étrangères de Hanoï avaient diffusé de nombreux livres en espéranto, et j'avais pu lire les avantages et bienfaits qu'avait apporté la latinisation de l'alphabet — en particulier pour l'alphabétisation — alors qu'auparavant c'était le système chinois d'écriture.

On peut voir plus de détails à ce sujet sur l-alphabet-vietnamien---le-quoc-ngu.php

Ce qui est frappant, c'est le nombre d'accents qu'a exigé la transcription (bien plus que le turc).

Dans un sens c'était un progrèsn comparable à celui des chiffres arabes, en fait originaires de l'Inde.

Curieusement, justement hier, j'ai trouvé cette illustration sur Facebook :

L'humanité a eu besoin de plus d'un millier d'années pour accepter les chiffres arabes.
Combien de temps sera nécessaire à l'humanité pour accepter l'espéranto ?

Curieusement, ce n'est pas Radio France Internationale, mais la BBC, qui a diffusé ce clip :

News in Esperanto - BBC World News Headlines (27/10/2012)

www.youtube.com

Content : News report. Text/Video/Voice: by Maximiliano Catania. Language: Esperanto. === ITALIO: SILVIOBERLUSCONI KONDAMNITA PRO IMPOSTFRAŬDO La milana juĝe...

À méditer.

HM

 

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J'ai visité le site indiqué et pris copie du texte sur l'écriture vietnamienne, avec intérêt puisque je parraine une étudiante vietnamienne.

Parmi les linguistes de ce groupe de discussion, y en a-t-il au moins un qui aurait le temps de constituer un tableau des signes de base de l'alphabet latin et de leurs dérivés dans différentes langues en mettant en évidence les variations de prononciation ? Et, également, montrer l'apport de l'espéranto en la matière.

Je persiste à penser que nous avons intérêt à travailler pour créer un alphabet réellement universel.
Toutes les langues du monde ont des sons objectivement significatifs en commun qui doivent constituer une base phonétique et scripturale. Je suppose que leurs combinaisons doivent pouvoir produire des lettres et des milliers de mots. Ensuite, il y a des sons (ou tonalités je ne sais) plus ou moins significatifs (un r roulé, un r guttural etc.). Ces sons sont-ils si différents par leur signification qu'ils faille en faire des lettres ou des signes diacritiques. Quant aux lettres, qu'elle soient simples. Il n'est pas recommandé de conserver des écritures où le temps de lecture pour décrypter les signes est bien plus long que pour d'autres.

Pour la prononciation, je suppose qu'il faudra toujours prendre le temps, en parlant, de couper la succession des sons pour rendre les groupements suffisamment intelligibles sans avoir à jongler sur un nombre trop important de tonalités qui se révélera toujours difficile à gérer (fini l'écriture et la prononciation induite du onkrakrikru rondotono). Le gosier humain ne saurait produire une infinité de sons de base ; il faut laisser à chacun le soin d'avoir son accent plus ou moins lié à sa culture et au caractère unique de ses cordes vocales ; cela sans imposer à tous des tonalités qui ne relèvent normalement que de l'individu ou d'un groupe d'individus et qui permettent une reconnaissance d'appartenance mais pas de signification.

Nous prenons certainement à la suite de bien d'autres chercheurs que je ne connais pas, et doivent s'y ajouter des spécialistes de l'audition et du traitement par le cerveau des signaux sonores, de leur lien avec les signes visuels. Cela suppose une interdisciplinarité.

Je ne rêve plus d'une harmonisation mondiale prochaine mais, s'il faut mille ans pour y arriver, on peut continuer le travail déjà accompli en ce sens.

Patrice Bersac

 

 

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Je ne suis pas certain que l'alphabet latin soit le plus apte à rendre les sons que l'homme peut produire.

Par exemple, le Hangul, créé il y a quelque 400 ans par le roi Sejong qui voulait lutter contre l'illettrisme, est facile à retenir car des sons similaires y sont transcrits de façon semblable.

Le Hangul groupe par exemple d, t, n, ainsi que b, p, m, h. Leurs graphismes sont fort semblables, donc très rapidement assimilables. On peut en quelques heures assimiler la structure de l'écriture coréenne, et sans doute en quelques semaines lire assez couramment.

En tout état de cause, bien que plus de 300 ans aient dû passer avant que les intellectuels coréens veuillent bien accepter cette écriture, désormais l´illettrisme en Corée est pratiquement tombé à zéro.

En comparaison, par exemple, les hiraganas et katakanas du japonais regroupent bien d et t, ainsi que b, p, et h, mais ne font pas la correspondance avec n et m.

Cela dit j'avais un jour discuté avec une Coréenne vivant aux États-Unis, qui trouvait que l'écriture de sa langue était moins pratique que l'alphabet latin.

Un alphabet idéal pourrait être créé, qui tirerait profit des propriétés "ergonomiques" du Hangul, et de la facilité de reconnaissance des lettres latines (bien que cela soit subjectif dans mon cas). Il faudrait bien entendu inclure les sons que nous ne connaissons pas ou peu, par exemple notamment la jota espagnole et de nombreuses consonnes de la langue arabe ou russe, ainsi que les voyelles. Il faudrait aussi bien faire la discrimination entre r et l, qui n'est pas bien faite dans la plupart des langues orientales. Par ailleurs la longueur des syllables est dans de nombreuses langues est un autre paramètre essentiel.

Voilà donc quelques idées de règles à établir avant de constituer un tableau.

Yves Maniette

 

 

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Pour ce qui est de l'alphabet de l'espéranto :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alphabet_de_l%27espéranto

La recherche que vous proposez exigerait trop de temps de ma part, et je préférerais que quelqu'un qui "baigne" dans le sujet s'en charge; mais je signale un ouvrage fort intéressant écrit par un ancien fonctionnaire de l'Onu, un très grand polyglotte puisque, durant sa carrière, il a été amené à parler, écrire et traduire pas moins de cinquante langues dont l'espéranto. Il s'agit de Georges Kersaudy qui a écrit "Langues sans frontières". J'avais d'ailleurs écrit un article à ce sujet lors de sa parution : http://www.esperanto-sat.info/article444.html

L'auteur y présente 29 langues de l'Europe, y compris l'espéranto, avec des cartes, des tableaux des alphabets.

Un autre ouvrage est "Les langages de l'humanité" de Michel Malherbe (Robert Laffont, 443 p.)

En outre, une recherche avec "alphabets systèmes écriture" livre 568 000 résultats.

Parmi les plus grands spécialistes de la langue coréenne, il y eut l'ambassadeur finlandais Gustav Ramstedt dont la Wikipédia en français ne parle pas.

Il fit sept voyages de recherches autour des langues de Corée, de Mongolie, de Chine et du Japon (où il fut en poste comme ambassadeur de Finlande pour le Japon et la Chine). Il contribua d'ailleurs à la diffusion de l'espéranto dans cette vaste région du monde. On peut trouver des articles et des titres d'ouvrages de lui sur Internet.

HM

 

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Je crois qu'il y a maldonne, et je dis cela en tant que linguiste : Dans le continuum des sons (qui est l'objet de la phonétique), chaque langue choisit, en gros, une trentaine de phonèmes distinctifs qui sont l'objet de la phonologie. Certaines distinctions, dans toute langue, ne sont pas pertinentes (n'entraînent pas de différence de sens), mais sont perçues comme des variantes combinatoires, ou des régionalismes ...

Par conséquent, je ne crois pas du tout à un alphabet universel. Il y faudrait traîner, dans toutes les langues, des multitudes de signes diacritiques n'ayant aucune espèce de pertinence dans la langue en question.

Et ce serait sans fin ! C'est même par définition impossible : c'est la différence entre le continu et le discret.

Chaque langue possède sa matrice de traits distinctifs et de phonèmes, élément fondamental de sa structure. En revanche, ce qui est possible, c'est de se baser, à chaque fois, sur un alphabet latin adapté (c'est ce que font les linguistes lorsqu'ils transcrivent une nouvelle langue inconnue).

Cela facilitant l'apprentissage ... Mais une adaptation à un nouveau système est indispensable à chaque fois.

Autrement dit, noter les tons en français n'est pas pertinent. Leur transcription reviendrait à encombrer la graphie, pour noter des sentiments, des choses qui ne relèvent absolument pas de la double articulation du langage ...

... Et pour cela, il faut - mais c'est un tout autre apprentissage - apprendre à lire entre les lignes ...

... Par exemple, s'entraîner avec des textes de théâtre - Marivaux étant exceptionnel pour cela ...

Autre exemple : pour l'arabe, il suffit de 3 signes vocaliques. En revanche, en français, il y a 16 phonèmes vocaliques.

C'est tout l'apport, théorique et pratique, du structuralisme ...

« Et si vous voulez en savoir plus, lisez Saussure »

Denis Griesmar

 

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La latinisation du vietnamien écrit est le fait d'Alexandre de Rhodes, missionaire jésuite français du XVIIe siècle et originaire de la région d'Avignon. Le système qu'il a proposé a dû, je pense, subir quelques adaptations jusqu'à ce qu'il soit adopté au début du XXe siècle par les intellectuels vietnamiens eux-mêmes, encouragés for probablement par l'administration coloniale française. Jusque là, les caractères chinois étaient utilisés pour écrire le vietnamien qui est une langue monosyllabique à tons, comme le chinois.

Alors que le taux d'analphabétisme était très élevé avant l'introduction de ce système, il est quasiment nul à l'heure actuelle et même les représentants des classes les plus défavorisées vietnamiennes savent lire. Bien entendu, la plupart des citoyens vietnamiens ne sont pas au courant des origines françaises de ce système d'écriture et il est politiquement incorrect de l'évoquer auprès des Vietnamiens quand on est étranger sans risquer d'égratigner leur fierté nationale. Je ne suis pas romain mais ça ne me gêne pas du tout lorsqu'on me dit que j'utilise l'alphabet latin alors que les Vietnamiens semblent perdre la face lorsqu'on leur souligne l'origine française de leur système d'écriture.

Toujours est-il qu'il faut noter qu'il n'y a pas d'accent en vietnamien mais des tons qui se trouvent être représentés par des signes que nous utilisons en français comme accents mais qui n'en sont pas en vietnamien. Puisqu'il y a 6 tons en vietnamien, y compris le ton neutre, il y a donc 5 signes pour les autres. Quant aux caractères, certains paraissent accentués (comme "â" par exemple) mais il s'agit en fait de caractères à part entière et non d'accents au sens où nous l'entendons.

Il est cependant difficile de jeter la pierre sur les caractères chinois. Je n'ai jamais étudié le chinois mais on m'a expliqué que les jeunes Chinois développent très vite des méthodes mnémotechniques pour apprendre les caractères à partir des radicaux qui les composent et les enfants chinois n'affichent pas de retard significatif dans l'apprentissage de la langue écrite par rapport à leurs homologues utilisant des alphabets de par le monde (Cas particulier : celui du Japon où, malgré le taux d'alphabétisation officiellement très élevé du pays, les caractères chinois ne sont manifestement pas adaptés au japonais).

Même remarque en ce qui concerne les caractères arabes dont la forme varie en fonction de leur position dans le mot (début, milieu, fin) et qui ne représentent que des consonnes mais, apparemment, les enfants élevés en arabe n'éprouvent aucune difficulté particulière alors que ce système est très rebutant pour les locuteurs des langues occidentales qui apprennent l'arabe en tant que langue étrangère.

Lors de mon séjour au Vietnam, j'avais eu l'occasion de rencontrer un érudit qui avait participé, après 1954, à la modernisation et à l'enrichissement de la langue vietnamienne par la création de milliers de nouveaux mots, essentiellement dans le domaine des sciences et techniques. Pour cela, son équipe prenait le mot occidental à traduire, elle le décomposait pour en trouver les racines (gréco-latines la plupart du temps) et, après, recomposait le caractère chinois correspondant à partir duquel elle en dérivait la translittération vietnamienne en utilisant la prononciation vietnamienne de ce caractère.

A de rares exceptions (le japonais en est une), chaque système de communication présente une forte cohérence interne qui fait que les locuteurs s'y retrouvent parfaitement mais aucun de ces systèmes n'a été conçu pour faciliter son apprentissage par des entités extérieures. Seul l'espéranto a été conçu dans ce but précis d'un apprentissage rapide tout en conservant une flexibilité parfaite quant à l'expressivité qu'il permet.

Partant de cette forte cohérence interne, certains peuples ont tendance à voir les systèmes de communication utilisés par les autres comme inadéquats et donc inférieurs et c'est typiquement le cas des Etasuniens tel que le confirme cette contribution récente d'Henri Masson qui évoque cet échange avec ce sénateur étasunien pour lequel il existe 5999 langues de trop ! Dans le cas des Etasuniens, plus précisément, cela se traduit par le sentiment que l'anglais serait de catégorie supérieure en offrant des facilités n'existant pas dans d'autres langues alors que l'anglais est une espèce de langue fourre-tout bourrée d'exceptions de toutes sortes. Dans le cas des Etasuniens, ce sentiment de supériorité est doublé d'une ignorance crasse vis-à-vis de l'étranger : ignorance des langues vivantes bien sûr excepté chez une poignée d'intellos qui ne sont pas forcément admis dans les cercles élitistes, ignorance géographique, ignorance historique, ignorance des techniques mises au point ailleurs. Toutefois, on est obligé de reconnaître que cette attitude et ces ignorances confèrent aux anglo-saxons une confiance en eux que l'on ne trouve plus chez les Européens continentaux : confiance dans leurs produits même s'ils sont mal conçus ou fabriqués, aisance d'expression même si le message est creux et sans valeur, clarté des opinions, souvent exprimées à l'emporte-pièce et simplistes...

Enfin, sur les 6000 langues évoquées, il y en a je crois environ 70 qui ont une littérature. Dans ce cas, la langue est codifiée ce qui n'est pas le cas pour la plupart des créoles. On pourrait donc soutenir qu'à ce niveau là, il y a une hiérarchie des langues mais on pourrait aller plus loin dans cet examen. Dans l'antiquité, d'après Jacqueline de Romilly, la clarté des écrits grecs contrastait fortement avec les textes sémitiques que l'on pouvait un peu interpréter comme on voulait. En bout de course, on est donc obligé de s'intéresser au peuple qui a créé la langue pour essayer d'y voir plus clair. Il y a de toute évidence une boucle rétroactive entre les capacités que confère la langue et le peuple qui la crée et la modifie avec le temps.

Charles Durand

 

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