A.FR.AV.

Association FRancophonie AVenir

 

 

Mairie de Manduel

À l’attention de M. Jean-Claude Camélio,

Premier adjoint

Place de la Mairie

30129 Manduel

 

 

Lettre recommandée avec accusé de réception numéro : RA 3662 4279 6FR

Objet : Lutte contre le tout anglais

           

 

 

Manduel, le 23 mai 2005

 

 

Monsieur le Premier adjoint,  

 

J’ai constaté avec tristesse qu’aucun représentant de la Mairie de Manduel n’a répondu à l’invitation que je leur avais faite, par votre entremise, pour venir soutenir notre action pour la Liberté d’avoir le choix entre un minimum de deux langues étrangères vivantes à apprendre en sixième.

Il s’agissait pour le cas, comme j’ai pu vous le dire lors de notre entretien, le vendredi 13 mai 2005, de se réunir pour faire une photo de groupe devant le collège en construction, afin de montrer, face aux médias — en l’occurrence Midi Libre — que nous ne trouvions pas normal qu’en 2005, on ouvre un collège tout neuf et qu’il n’y ait qu’une seule langue vivante étrangère (LV1) proposée en 6e.

Une seule langue, alors qu’avec la construction de l’Union européenne, on ne cesse de nous parler de la richesse de la diversité culturelle de l’Europe, du respect des langues et des identités, de promotion des patrimoines, etc.

Je considère qu’il n’est guère glorieux de la part d’élus du peuple de laisser, sans rien dire, s’installer chez nous le monopole de l’anglais, vecteur, s’il en est, de la pensée unique et synonyme d’intolérance, voire de discrimination, à l’égard des autres langues et cultures du monde.

Avec cette affaire, la fameuse phrase « Tout le monde sait, mais tout le monde se tait », semble resurgir des tréfonds les plus sombres de notre histoire.

En effet, tout le monde sait que le formulaire donné aux parents des élèves des CM2, afin qu’ils choisissent la langue étrangère que leur enfant apprendra en 6e, faisait la part belle à l’anglais, mais tout le monde se tait.

Tout le monde sait que le corps enseignant, dans sa très grande majorité, s’est fait endormir par l’idéologie du tout anglais, mais tout le monde se tait.

Tout le monde sait que M. Quintana, chargé d’élaborer les programmes scolaires du futur collège, a agi en vrai dictateur, sans consulter les associations de parents d’élèves de Manduel, sans faire de réunions publiques préalables afin de discuter avec les parents, mais tout le monde se tait.

J’aurais cru de Madame le Maire, si prompte à s’habiller en arlésienne pour fêter le patrimoine, si prompte à assister à la messe lorsqu’elle est dite en provençal, si prompte à chanter les Félibres au point de consacrer à l’un d’eux une plaque commémorative, j’aurais cru d’elle plus de compréhension et de soutien à l’égard du combat que nous menons, nous, à l’A.FR.AV, pour le respect de la diversité, pour le respect des langues. 

Certes, il est peut-être plus facile de parler du patrimoine passé, que d’oser affronter les impérialismes d’aujourd’hui. Force est de constater cependant, que nos ancêtres n’ont pas su se battre pour éviter d’être francisés  ; que cela, au moins, nous serve de leçon : évitons aujourd’hui, selon le même principe, de nous faire angliciser !

Puisqu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, puisque les combats perdus sont souvent ceux que l’on n’a pas osé mener, j’ai l’honneur, Monsieur Camélio, Monsieur le Premier-adjoint, de vous demander, par la présente, de bien vouloir faire voter, lors du prochain Conseil municipal, une motion en faveur de la pluralité dans le choix des langues étrangères à apprendre en sixième.

Cette motion devra stipuler noir sur blanc que le Conseil ne trouve pas normal qu’en 2005, dans un collège tout neuf, on ne propose qu’une seule langue étrangère vivante (LV1) en sixième, alors que nous sommes à l’heure de l’Europe et que l’ouverture sur 25 pays implique, en toute logique, l’ouverture sur les langues, aussi.

Le Conseil fera part de cette motion à Monsieur François Fillon, Ministre de l’Éducation nationale, à Monsieur Christian Nique, Recteur d’académie, à Monsieur Jacky Raymond, Inspecteur d’académie, ainsi qu’à toute personne capable, au mieux et au plus vite, d’apporter une solution à ce problème.

En vous remerciant de votre attention et dans l’espoir d’avoir été entendu de votre part, et dans l’attente que vous me donniez une réponse à cette lettre, je vous prie, Monsieur le Premier-adjoint, d’agréer l’expression de toute ma considération.  

 

Régis Ravat,

Président de l’A.FR.AV.