A.FR.AV.

Association FRancophonie AVenir

 

Ministère de la Culture

À l’attention de Monsieur le Ministre,

Monsieur Renaud Donnedieu de Vabres

3, rue de Valois

75033  Paris  Cedex 01

 

 

 

 

Lettre recommandée avec accusé de réception numéro : RA 4519 5716 2FR

Objet : Lutte contre le tout anglais

           

 

  Manduel, le 17 mai 2005

   

 

 Monsieur le Ministre,

 

Nous venons de recevoir votre  « Lettre d’information » n° 125 et nous vous en remercions.

Dans cette lettre, et notamment dans son supplément, vous vous faites l’apôtre de la diversité culturelle européenne, et voulez doter en ce sens l’Europe de la culture d’une ambition politique.

Vous faites le souhait aussi de valoriser l’héritage commun de l’Europe en proposant un label européen du patrimoine qui permettra à chacun de mieux connaître les racines de ses voisins.

Bref, tout cela est plein de bonnes intentions, tout cela est très bien, bravo !

Mais, car il y a un « mais », nous, qui sommes sur le terrain, près d’une réalité bien palpable, nous constatons qu’en guise de diversité culturelle, en guise d’ouverture sur les racines de nos voisins, nous avons surtout droit à l’anglais à toutes les sauces.

Pour vous citer un exemple, dans les écoles de Manduel, il y a de cela 3 ou 4 ans, on a introduit l’anglais dans les classes de CM2, puis ce fut le tour des classes de CM1, et cette année ce sont les CE2 qui ont été touchés.

Ainsi, nous constatons que l’initiation aux langues étrangères promises dans le primaire, s’est transformée en initiation au profit du seul anglais.

Cette propagation de l’anglais se continuera, car le collège qui est en construction à Manduel et qui va ouvrir ses portes en septembre 2005 , n’offrira en sixième, dans l’état actuel des choses, que l’anglais.

N’y a-t-il pas là, dans cette affaire, une profonde contradiction avec tout ce que vous dites sur le respect des langues et sur le respect de la diversité ?

Ouvrir en 2005 un collège tout neuf avec l’anglais pour seule langue (LV1) en sixième, alors que, comme vous le dites et l’écrivez si justement, il faut préserver la diversité culturelle européenne et ouvrir nos enfants sur la connaissance des racines et du patrimoine de nos voisins immédiats (pour Manduel-Redessan, nos voisins immédiats sont les Espagnols et les Italiens), n’est-ce pas une aberration ?

Cette mise en place du seul anglais en sixième à Manduel a été orchestrée d’une main de maître par M. Quintana, chargé d’élaborer les programmes scolaires du futur collège, M. Quintana qui n’a eu de cesse de vanter l’anglais auprès des instituteurs des CM2 et auprès des directeurs des différentes écoles de la zone concernée afin que les élèves des CM2 demandent tous l’anglais pour la sixième. Certains élèves ayant coché l’espagnol dans le formulaire donné, ont même été contraints de gommer cette option pour mettre l’anglais à la place, le maître leur rappelant qu’il n’y aurait que l’anglais en sixième et que c’était l’anglais obligatoire. Bien sûr, nous avons les preuves de tout ce que nous avançons.

Ainsi dit, rien n’a été fait à Manduel-Redessan pour mettre l’espagnol en sixième, alors qu’il suffisait seulement d’avoir, sur les 5 classes de CM2 de la zone concernée, que 4 élèves pour l’espagnol dans chacune de ces classes pour faire une section de 20 hispanisants en 6e dans le futur collège. Qui va nous dire que cela n’était pas possible ?

Comme vous pouvez le constater, cette affaire est proprement scandaleuse.

Nous nous tournons donc vers vous, Monsieur le Ministre, pour vous demander de bien vouloir intervenir auprès de l’académie du Gard afin qu’au plus vite soit reproposé un questionnaire sur le choix de la langue étrangère à prendre en sixième,  pour que cette fois-ci les enfants des CM2, avec leurs parents, puissent, librement et sans contrainte, cocher l’espagnol s’ils le désirent.

Votre action, en la matière, servira  à réparer l’injustice qu’a créé l’anglomanie de M. Quintana et illustrera d’une façon brillante tout ce que vous dites sur votre politique culturelle d’ouverture vers les autres.

Dans l’attente, recevez, Monsieur le Ministre, l’expression de notre très haute considération.

 

 Régis Ravat,

Président de l’A.FR.AV.