F r a t e r n i p h o n i e
Le journal de l'Association FRancophonie AVenir - A.FR.AV.
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PREMIER TRIMESTRE 1997 | « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?» | Numéro 07 |
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Vous
vous souvenez peut-être qu’au mois de juillet 96. 1’A.FR.AV. a tenté
une opération de sensibilisation à la langue française à Avignon.
profitant du festival. Nous pensions que les touristes et habitants
présents dans cette cité seraient sensibles à la langue puisque
intéressés par le théâtre. 3 réponses ont été reçues : 1 d’une personne du Havre 1 d’une personne de Paris 1 d’une personne de Wigan (Grande-Bretagne), certainement un Anglais qui voulait savoir comment les Français vivaient leur anglomanie et assimilation prochaine. Aucune adhésion à ce jour n'a été enregistrée. L’après-midi, alors que M. Louis Viannet, Secrétaire général du syndicat CGT venait à Avignon dans le cadre de la journée culturelle de la C.G.T. qui avait lieu ce jour-là, nous sommes allés à sa rencontre, profitant de l’occasion, et nous lui avons fait part de nos préoccupations sur la situation de la langue française et sur la politique actuellement menée du tout anglais. M. Viannet nous a aimablement écouté et semblait acquiescer à nos remarques. Profitant de notre passage dans ce milieu cégétiste, nous avons distribué 200 à 300 tracts aux congressistes présents dans la salle. Aucune réponse n‘a été enregistrée à ce Jour. Début août, par lettre, nous rappelions à M. Louis Viannet notre entrevue d’Avignon et lui demandions ce qu’il comptait faire, lui et son syndicat, pour lutter contre la politique actuelle du tout anglais. À ce jour nous n‘avons toujours pas eu de réponse.
Réflexions sur tout cela : *Quand on nous dit que 97 % des français aiment leur langue, on ne peut qu’être étonné du peu d’intérêt qu’ont ceux-ci à vouloir adhérer à une association qui prône sa défense, alors que le français, c’est peu de le dire, est attaqué de toutes parts et ne cesse de péricliter. Serait-ce alors un sondage « intox » ou alors un sondage du genre aimez-vous le français ou préférez-vous l’arabe ?
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* Quand on voit que sur 300 tracts distribués à des gens membres de la C.G.T. nous n’avons eu aucune réponse, l’on peut se demander pourquoi des personnes théoriquement de sensibilité de gauche ne comprennent pas qu’avec la langue anglaise omniprésente dans notre vie de tous les jours, il y a aussi le mode de vie et de pensée anglo-saxon qui suit. Un mot anglais entraîne forcément un concept, un concept anglo-saxon bien entendu, un concept lié à l’ultralibéralisme à la déréglementation, aux désengagement de l’État, à la flexibilité, la précarisation. etc. S’il fallait résumer, je me hasarderais à dire que si la
C.G.T.. en
particulier et la gauche, par voie de conséquence, ne veulent pas
afficher clairement leur intention de défendre le français face à l’anglais,
c’est qu’ils veulent avant tout défendre leur image de marque,
celle de l’éternel étudiant philosophico-humaniste, celle qui montre
le preux chevalier qui défend le faible du fort, celle qui défend les
minorités opprimées contre les majorités autoritaires. Ces images et
ces attitudes sont certes louables, mais gênantes lorsque pour eux l’opprimé
en France ce n’est pas le français face à l’anglais, mais plutôt
les identités régionales face à l'État français centralisateur
républicain et jacobin. Ils en sont restés apparemment à la vision
franco-française du problème comme si, à l’heure de la
mondialisation de l’économie, le français n’était pas minoritaire
dans le monde et que l’intervention des preux chevaliers n’était
pas nécessaire pour le sauver. La France n’invente plus de concepts -- il est loin le siècle des Lumières -- elle copie et plagie le monde et donne l'impression de n’avoir plus rien à lui proposer sinon que de se mettre à l’anglais pour gagner les marchés. Bref, ni la gauche, ni la droite ne semble intéressées par le
français et, comme l’Afrique en son temps, j’ai l’impression qu’on
ne va pas tarder à le laisser crever.., lui aussi.
Pour I’A.FR.AV. M. Mustafa Bensima (30) Saint-Gilles
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