PREMIER TRIMESTRE 1998 "La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?"   

 Numéro 11

              

Michel Drucker, l'entrevue. 

 

Nous ignorons s’il vaut mieux s’offusquer, être agacé ou tout bonnement rire de ce dossier ubuesque.

Quoi qu’il en soit, le message que 1’A.FR.AV. a essayé de diffuser avec les moyens (modestes) qui sont les siens, a dû, pour arriver à toucher son destinataire, parcourir un chemin long et difficile ; message pour un meilleur rayonnement de la langue, de la culture française et de la Francophonie.

De nos jours, parler du français, en France, à certains décideurs et médias, s’apparente pour eux à un “mauvais passe-temps” et colle mal à la dynamique de l’époque.

Sûrement est-ce pour cette raison, que M. Michel Drucker, a tout d’abord traité le sujet avec indifférence, puis avec mépris, ensuite condescendance et maintenant très certainement avec lucidité.

Comme beaucoup, il laisse pourrir la situation, et cela donne à l’arrivée des réactions qui lui paraissent disproportionnées par rapport à l’enjeu (notre distribution de tracts à Eygalières).

Après plus d’une année de silence et beaucoup de lettres envoyées aux personnes “autorisées”, nous remercions donc M. le Président de France Télévision de lui avoir transmis notre missive, car comme par hasard, M. Drucker na jamais reçu la moindre lettre de l’Association durant cette période*.

Et puis, le non-respect de la clause 4 du cahier des charges et des missions de France Télévision, le non-respect de la loi sur la langue française sont des sujets mineurs selon lui.., pourquoi nous prenons-nous la tête ainsi ?

Un monsieur qui donne rendez-vous à 1’A.FR.AV. à 20 heures, le 15 janvier 98, sachant pertinemment qu’il est sur le plateau d’enregistrement jusqu’à 20h15, et qui de surcroît fixe une autre entrevue à 20h15 à un reporteur de Radio- France... c’est sans commentaire.

On dit que la langue française véhicule avec elle un certain art de vivre, mais les anglomaniaques ont hélas, nous croyons désormais le savoir, choisi l’incorrection.

M. Drucker est un homme public, peut-être estimait-il que l’on “s’était tout dit” au cours d’un (bref) entretien téléphonique ?
De toute évidence, nous n’étions qu’une obligation pédante...

Depuis le temps que nous militons en Francophonie, rares sont nos interlocuteurs à se sentir comme “obligés” de discourir sur notre Langue commune, mais preuve qu’il en existe encore...

Enfin, nous découvrons un homme public, bien sûr, affable, au demeurant, outre son plaisir (évident ?) de nous “voir” il se dit profondément choqué par nos méthodes, forme de “terrorisme intel­lectuel”.

Outre son droit à l’image, que nous ne sommes pas autorisés à reproduire, il nous faut remercier le ciel que notre interlocuteur ne soit pas procédurier, car il lui semblait préférable de débattre avec courtoisie d’un problème qui n’en était pas un pour lui.

Cependant, comment agir avec des gens qui cautionnent un sabir anglo-états­unien et qui vous chantent un “happy birthday” sans respecter la moindre règle du cahier des charges ? 

 

 

* La première lettre de I’A.FR.AV. envoyée à M. Drucker date du 25 /09/96.

 

 

À moins d’être, comme eux, au-dessus des lois, ou complètement “je-m’en-foutistes”, il faut bien les rappeler à l’ordre, même si les procédés ne relèvent pas (à la longue) de la bienséance.

Nous avons parlé d’abord à M. Drucker de la Francophonie et de son rôle d’homme public. Nous lui avons rappelé que la langue française appartient à 250 millions de locuteurs, et que c’est une façon de voir le monde, de lire, d’écrire, de chanter, de penser et de consommer en FRANÇAIS.

Que son charabia à l’antenne contribue à la colonisation des esprits, à une uniformisation du monde et des genres, car en dépit de ce que l’on veut nous faire croire, le monde reste pluriel.

Nous avons informé l’intéressé que le Québec avait une politique linguistique et que nous-mêmes n’étions ni linguistes ni puristes et encore moins académiciens, seulement attachés à une langue précise, juste et belle.

Que l’emploi de mots nouveaux n’est qu’une affaire de bonne volonté et que rien n’est ringard sachant que les modes se font et se défont.

Enfin, si celui-ci reconnaît qu’il faut acquérir une forme d’automatisme, autrement dit “une autre façon de penser” pour les mots nouveaux, il a maintenant conscience aussi de cautionner le nivellement culturel et d’y contribuer.

L’A.FR.AV. devra lui soumettre dans les semaines à venir des mots susceptibles de remplacer les “prime time”, les “medley”, “les best of...”, car M. Drucker veut nous prouver sa bonne volonté.

Désormais, puisque cela ne lui coûte pas grand-chose et nous fait plaisir, on chantera des “joyeux anniversaires”.., sur son plateau, et il nous a assuré de sa vigilance pour l’appellation de ses émissions futures.

Nous verrons bien lors de la mise en place de la nouvelle grille... il nous faut donc attendre encore un peu pour voir les “and Co” disparaître.

Rassurons-nous cependant, cet animateur aime la chanson française et le Québec. Il a encouragé à sa manière, dans ses émissions, des artistes québécois tels que Céline Dion, Claude Léveillé ou Jean-Pierre Ferland. On peut toujours espérer un sursaut.

Non, notre action n’a pas été un coup d’épée dans l’eau... et qu’importe l’inélégance, le principe est de témoigner que la Langue Française,  la Francophonie reste la seule voie possible dans un monde du tout consommation, du tout anglais.

Si le message semble être passé, nous appelons tous les adhérents à la vigilance. Que les fautifs se nomment Drucker,  Foucault ou Nagui... il faut les interpeller sans cesse, au besoin, comme s’ils étaient de vilains garçons, leur tirer les oreilles au nom de ceux qui ont choisi de parler le français et de partager un monde ouvert et pluriculturel.

 

 

 

Mme Maryline At-Chée 

Pour 1’A.FR.AV. et par délégation

 

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