PREMIER TRIMESTRE 1998 « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?»   

 Numéro 11

              

L'anglais, allègrement ! 

 

« Ma patrie, c'est la langue française », a écrit Albert Camus. Ainsi dit, et pour celui qui adhère à cette idée, toute atteinte à notre langue est un crime de lèse-majesté. Ce crime est désormais monnaie courante dans sa vie quotidienne, et, dans 99% des cas, restera impuni.

Pour preuve, M. Claude Allègre, ministre de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, prétendant, lors de l'Université d'été du Parti socialiste, que désormais il ne fallait plus considérer l'anglais comme une langue étrangère, ne fut nullement inquiété par la Haute Justice pour de tels propos.

Pourtant, une pareille soumission, même le Maréchal Pétain ne l'avait pas montrée, puisqu'il n'a jamais dit, que je sache, sous l'occupation allemande, que les Français devaient cesser de considérer l'allemand comme une langue étrangère. Allègre, plus collaborateur que Pétain (et qui plus est en plein procès Papon), cela est passé comme une lettre à la poste ! Allez comprendre !

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Claude Allègre, Sinistre de la République, 

assassin du français international et haut-collaborateur du tout anglais en France.

 

Accusés de crime de lèse-majesté aussi, nos députés (1) dont aucun n'a eu le courage ou la grandeur d'esprit de refuser le traité d'Amsterdam tel qu'il lui été présenté, c'est-à-dire bourré de fautes d'orthographe et d'inexactitudes, et stipulant, ô ultime affront, que c'est la version anglaise du texte qui prime.

Faut-il en conclure que la défense de la langue de la République n'intéresse pas nos élus républicains, ni le respect des lois républicaines d'ailleurs, puisqu'en l'occurrence la loi Toubon piétinée au sol ne les a pas émus outre mesure ? Lâcheté, laxisme, manque d'envergure, voilà ce que l'on peut dire de nos députés après cette affaire.

À se demander alors, si leur objectif premier n'est pas plus d'éblouir l'électeur que de faire une France éblouissante. La défense de la langue française ne les concerne pas, c'est un fait. Elle semble même les gêner dans l'Europe qu'ils veulent construire, une Europe ultra-libérale calquée sur le modèle américain, une Europe des régions aussi où chacune d'elles développerait sa langue et où l'anglais serait fédérateur, une Europe anglophone, en somme, prolongement naturel de l'empire États-Unien.

Que dire d'un M. Allègre qui affirmait - pour reprendre son discours de l'été dernier - que le français n'est plus qu'une langue régionale comme l'auvergnat ou le serbo-croate ? Que dire d'une Mme Trautmann, ministre de la Culture, silencieuse au sujet des propos pro-anglais et anti-français de M. Allègre, silencieuse sur le dernier Sommet de la Francophonie, silencieuse dans l'affaire du Traité d'Amsterdam, mais qui retrouve la voix, lors de son voyage en Corse, à la fin du mois de novembre, pour rassurer les insulaires sur l'avenir de leur idiome gênoisant.

Devant de tels ministres, dont l'un fait la promotion de l'anglais et l'autre celle des langues régionales, que doit-on penser de l'avenir de la République et de la langue qui va avec elle ?
Le français doit-il faire ses valises ou se vendre ?

Se vendre alors peut-être à la manière d'Orangina dont le fondateur disait, l'autre jour, qu'il était fier de voir sa boisson se faire avaler par Coca-Cola : “C'est un peu comme un curé de campagne qui irait rejoindre le Vatican”, ajouta-t-il.
Eh oui ! au lieu de se battre, de résister pour rester soi-même, de ne pas capituler, mais au contraire relever le gant en ne succombant pas à la loi du plus fort, nos compatriotes préfèrent désormais, dans leur immense majorité, se laisser assimiler tout crus par la puissance dominante du moment.

Bien évidemment, le combat pour résister n'est pas le combat de l'éternel mécontent ou de l'insatisfait chronique, mais c'est le combat, tout simplement, de celui qui ne veut pas disparaître, fondu dans un moule normalisateur de vie et de pensée, c'est le combat de celui qui rejette la langue unique pour ne pas risquer de n'entendre qu'une seule voix dans le monde, enfin, c'est le combat de celui qui refuse, tout comme il refuse le clonage humain, le clonage linguistique et culturel.

Que ceux qui veulent nous cloner au tout anglais, sachent que la résistance va s'organiser.

 

 

                                                                                                              Régis Ravat,

                                                                                                              Président de l'A.FR.AV

 

 

 

(1) Sauf  M. Philippe de Villiers (M.P.F) qui semblerait être le seul, parmi eux, à s'être indigné du caractère pro-anglais du Traité d'Amsterdam

 

 

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