F r a t e r n i p h o n i e
Le journal de l'Association FRancophonie AVenir - A.FR.AV.
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TROISIÈME TRIMESTRE 1998 | « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?» | Numéro 13 |
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Le Conseil de l'Europe a adopté en 1992 la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Comme nous l'avons dit dans le Fraterniphonie No 8, cette charte, par certaines de ses dispositions, propose carrément de remplacer la langue nationale par la langue régionale, notamment dans le domaine de l'enseignement où, dès le premier cycle, tout est prévu pour se faire exclusivement en langue régionale. Dans le domaine administratif, il est prévu que les assemblées locales puissent se tenir dans la langue régionale. Enfin, dans le domaine politique, la charte stipule que les collectivités régionales pourront se servir, dans les débats des assemblées, de la langue locale. Bref, vous l'aurez compris, c'en serait fini de l'unité linguistique de la France, et de la France tout court. Certains Eurorégionalistes proposent tout simplement la création de grandes régions européennes, dépassant le cadre des pays. Par exemple, la grande Catalogne engloberait la Catalogne espagnole et la Catalogne française. Le catalan, bien sûr, y serait de rigueur. À Bruxelles imaginons maintenant un peu quelle langue ces gens-là parleraient ? Pas le français pour ne pas vexer le côté espagnol, pas l'espagnol pour ne pas vexer le côté français, donc tout simplement l'anglais qui pour eux sera, de facto, une langue neutre par excellence. Ainsi, l'Europe des Régions basculera peu à peu vers une bilinguisation langue régionale-anglais. N'ayez crainte, tous ceux qui s'opposeront à la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires seront traités de sales jacobins rétrogrades et seront méprisés autant que les anglomanes méprisent ceux qui s'insurgent contre le tout anglais. Nicole Péry, chargée par le Premier ministre de faire un rapport sur la situation des langues régionales en France, a passé le relais à M. Poignant. Celui-ci, favorable à cette ratification, bien sûr, dit qu' « il paraît paradoxal de défendre les droits du français menacé par l'anglais, alors qu'on ne respecte pas les droits de ses propres langues minoritaires en zone francophone ». Que veut-il dire par zone francophone ? L'Espace francophone peut-être, mais M. Poignant sait-il alors que chaque pays qui compose cet Espace est libre de mener la politique linguistique de son choix? Par exemple, la Côte d'Ivoire a quatre langues nationales : le baoulé, le bété, le dioula, le sénoufo, et le français comme langue officielle ; certains pays comme l'Algérie ont préféré ne pas entrer dans cet Espace, un autre comme l'ex-Zaïre a préféré en sortir et certains comme l'Égypte ne sont francophones que sur le papier. À voir cela, peut-on dire que l'Espace francophone soit un Espace de non-respect des identités nationales et de dictature du français ? Veut-il dire alors par zone francophone : la France ? Dans ce cas, met-il sur un même pied d'égalité le combat des régionalistes pour leurs idiomes et le combat pour le français face au tout anglais ? Le combat des régionalistes est un combat égoïste, n'en déplaise à certains, un repli sur soi, un refus de partage et de fraternité avec les autres Français. Ce ne sont pas les Savoisiens, qui, avec leur meneur M. Abeille, me diront le contraire, eux qui se piquent de vouloir l'indépendance de la Savoie, au seul motif qu'ils se sentent assez riches et n'ont pas envie, ce faisant, que leurs impôts profitent aux moins nantis de France, les Lozériens ou les Bretons par exemple. Belle mentalité n'est-ce pas, anti-républicaine, ô combien ! Savent-ils cependant, nos chers Savoisiens, qu'il suffirait que les Français n'aillent plus skier chez eux pour qu'ils se retrouvent à quémander l'argent de la République ? Mme Péry, M. Poignant et toute la clique des Eurorégionalistes ont le droit de contester l'Édit de Villers-Cotterêts de 1539, la décision de la Constituante de 1792 et l'article 2 de notre Constitution de 1958 qui disent tous que le français est la langue de France ; ils prendront le droit, je suppose aussi, de se faire amnistier, tout comme leurs collègues de l'affaire du sang contaminé, lorsqu'ils auront été jugés coupables d'avoir cassé notre État-Nation.
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M. Poignant continue son discours en disant qu'il suffirait, pour être en conformité avec la Charte européenne, de rajouter à l'article 2 de la Constitution que “l'on reconnaît les langues historiques du peuple de France, comme formant avec le français son patrimoine linguistique”. Tiens donc, M. Poignant nous parle de peuple de France ! Sait-il au moins que ses amis socialistes ont reconnu en 1982, le peuple Corse ? Dans peuple de France y a t-il le peuple Corse ? Dans un peuple peut-il y avoir un autre peuple ? Bien confus tout cela ! Enfin, il nous dit que les associations qui défendent la Francophonie pourraient être « favorables à la ratification de cette Charte étant donné qu'il est difficile d'exiger à l'extérieur pour le français ce que l'on refuse à l'intérieur aux autres langues ». Je rappelle que le combat pour la langue française est un combat
généreux, humaniste, de dialogues pays riches / pays pauvres, de
coopération et d'entraide entre ces pays, de respect des identités
nationales et des politiques linguistiques de chaque état pour peu que
le français y ait une place de choix (statut de langue nationale ou
statut de langue officielle ou 1re langue étrangère enseignée). C'est
un combat également de salut planétaire pour éviter, dans le cadre de
la mondialisation, de tous finir dans un Mac Donald à jacter amerloque. Par ces propos, je demande à l'A.FR.AV. et donc à tous ses adhérents, de se prononcer contre le fait que la France signe la Charte européenne des langues régionales et minoritaires et d'en faire écho.
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