QUATRIÈME TRIMESTRE 1998 « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?»   

 Numéro 14

              

L'entaché culturel.

 

Il faut beaucoup de persévérance, de courage et de foi pour survivre dans le désert francophone qu'est actuellement la Grèce. Pourtant la Grèce avait une tradition francophone, voire francophile, jusqu'au milieu des années 60.

Depuis, cette tradition s'est progressivement éteinte, l'impérialisme culturel américain est passé par là et n'a laissé derrière lui qu'un champ de ruines...       Du coup, le pays a perdu son identité, et les problèmes identitaires avec leur cortège de fanatismes, de faux nationalismes, d'intégrismes religieux et orthodoxes surgissent.

Et ne reprochons pas à l'État grec d'avoir laissé faire : il n'existe pas d'État dans ce pays, l'état de droit n'en parlons pas, la classe politique est déclassée, les structures étatiques périclitent, etc. Le pays est une arrière-cour américaine et les jeunes grecs peuplant cette colonie sont des clones d'outre-Atlantique.

Ce qui est déplorable, c'est que la France, pourtant bien présente en Grèce par le biais de très nombreuses entreprises implantées dans le pays, n'ait rien fait pour préserver le vieux fonds francophone de ce pays. Les expatriés français travaillant ici dissimulent comme une honte et une tare leur propre langue, et leurs entreprises, française à 100 %, utilisent le seul anglais pour communiquer au sein de leurs propres structures. Le français serait « ringard », pas assez jeune.

Quant à la France officielle, elle dispose en Grèce d'un attaché culturel qui a sous sa juridiction, l'Institut Français d'Athènes chargé de promouvoir en Grèce la culture française et la francophonie.

 

Il fut un temps, pas si lointain, disons il y a 40 ans, l'Institut Français d'Athènes était la pépinière intellectuelle du pays. Sous la houlette de directeurs missionnaires, tels Octave Merlier et Roger Milliex, les plus grands écrivains grecs ont pris leur envol, dont certains, comme Kazanzaki, ont écrit leurs premiers ouvrages en français.

Je suis moi-même auteur (poète) d'expression française. J'avais demandé récemment à l'Institut de m'aider à la promotion de mon dernier recueil en français, en le mentionnant, par exemple, dans son bulletin (sous la rubrique « vient de paraître »), de m'aider à faire connaître mon œuvre dans la communauté francophone d'Athènes et en France. J'avais le tort de penser que l'attaché culturel de l'ambassade de France à Athènes avait pour mission entre autres choses, de stimuler la création francophone en Grèce.

Il me fut répondu - oh, très poliment, il s'agit bien de diplomates - que le service de l'action culturelle ne pouvait rien pour moi, sauf « si nous en avons la possibilité »(sic), « nous le mentionnerons (mon recueil), dans le bulletin de l'Institut. » Jamais mon recueil n'y a été mentionné, jamais ce bulletin ne m'a été envoyé...

Pourtant la France a pu récompenser mon ouvrage. L'Académie des Jeux Floraux de Toulouse (plusieurs fois centenaire) m'a accordé la médaille de vermeil - les attendus de la décision m'ont profondément touché - et la ville de Marseille son premier prix international du recueil en 98. J'ai écrit à nouveau le 19 mai dernier à l'Institut qui ne m'a jamais répondu.


M. Théo Crassas
14510 Kifissia (Grèce)
 
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