DEUXIÈME TRIMESTRE 1999 « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?»   

 Numéro 16

              

Des nouvelles du pays de Louis Riel.  

 

Au collège, cette année, j'ai fait la connaissance d'un étudiant venant d'un pays francophone d'Afrique. On se parle toujours en français quand on se rencontre dans le corridor, même si ça le gêne un peu, étant donné que nous sommes entourés d'anglophones.

Il y a quelques jours de cela, dans la cour du collège, je l'entendis parler avec un autre Africain, et en français ! Soudain, je reconnus cet Africain avec qui il parlait. « Quoi ? », me dis-je, « cet homme connaît le français, mais il ne m'a jamais parlé en français ! On se rencontrait de temps en temps, et il m'a toujours parlé en anglais. Je ne savais même pas qu'il était francophone ».

Plus tard, j'exprime ma surprise et ma déception à cet homme et lui demande pourquoi il ne parle jamais en français. Il m'avoue que depuis son arrivée au Canada, il y a de cela quelques années à peine, il a appris que les gens dans l'Ouest canadien n'aimaient pas entendre les gens parler français. Il ajoute qu'il a peur car il pense que si ses professeurs l'entendaient parler français, ceux-ci le feraient échouer !
Sa peur est exagérée un peu certes, mais il m'est arrivé d'autres incidents de ce type avec d'autres immigrants francophones et même avec des Canadiens français. Le tout témoigne bien d'une certaine crainte à converser en français.

Cette anecdote est révélatrice : aux yeux des immigrants francophones, le Canada est un pays anglophone et doit le demeurer.

 

Bien des gens protesteraient contre ma conclusion en me rappelant qu'il y a bien le Québec français, preuve que les Canadiens aiment le français.

Croyez-moi. Que le Québec soit français, c'est purement par accident de parcours dans l'histoire canadienne. Seule sa large population concentrée a sauvé jusqu'à ce jour le Québec de l'assimilation, et rien d'autre. Les gouvernements fédéraux et provinciaux anglais n'ont jamais planifié une promotion du français au Québec, tout au contraire ! Pour se justifier, ces gouvernements promeuvent plutôt le français au Canada anglais, en sachant pertinemment que cela n'entraînera aucun changement dans le rapport de force linguistique français/anglais dans ces zones. Par contre, et ils le savent, cela fera bonne impression auprès de l'opinion publique canadienne, opinion qui croira du coup à une vraie politique d'égalité des langues français/anglais.

Le cas des Québécois est le même pour les Acadiens : ils résistent à l'assimilation tant bien que mal, sans appui des anglophones.

            

            M. Jean Corriveau
            (Professeur de collège dans l'Ouest canadien)
            Moose Jaw
            Saskatchewan.
            Courriel : corriveau@siast.sk.ca
 

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