TROISIÈME TRIMESTRE 2000 « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?»   

 Numéro 21

              

Gardons la raison..., gardons le français.

 

 Le 16 mars 2000, nous étions quatre de l'A.FR.AV. à distribuer sur Alès les quelque 3000 tracts que nous avions soigneusement confectionnés pour dénoncer l'anglomanie de M. Thérond dans l'affaire “Alès Jump Indoor”.
   Nous avons eu quelques réactions, en voici une :

- Pourquoi pas l'anglais dites-vous ? Parce que je suis fier, parce que je ne suis pas soumis, parce que j'aime ma mère, la langue française et que je ne veux pas en changer, parce que je ne suis ni Anglais ni Américain, tout simplement.
Mon grand-père a combattu dans la Résistance pour que nous ne soyons pas Allemands, pour que nous soyons libres et fiers de ce que nous sommes, il n'a pas combattu pour que son petit-fils finisse Américain.

... Quelques mots au sujet de votre tract récupéré sur mon pare-brise hier à Alès : Une langue, même si ce n'est pas notre langue, qui permettrait à tous les peuples de communiquer, c'est à mon avis une évidente nécessité !
   Pourquoi pas l'anglais ? Sa grammaire et sa syntaxe sont simples (bien plus que le français).
   L'avenir est au bilinguisme (ou plus si affinités).
   Enfin, SVP, un soupçon de cohérence : votre provider (fournisseur d'accès) est “aol” ce qui n'est, si je ne m'abuse, certainement pas l'abréviation de “Alès Œuvre pour les Langues”.
   Pour terminer, j'aimerais connaître vos réels objectifs.

Cordialement .

                  M. Jean-François Collot
                  Courriel : inmedia2@wanadoo.fr

 

P.-S. : L'échange entre les peuples est une magnifique pensée, je la soutiens et participe à ma façon en pratiquant l'étude (pour mon plus grand plaisir) de la langue anglaise, mais aussi de l'italien (mon épouse est d'origine italienne), de l'arabe et bientôt (si mon emploi du temps me le permet) du persan.

- L'anglais est simple, le français est compliqué. Bien sûr ! Bonjour l'idée toute faite, simpliste et politiquement très correcte. À force de dire cela, on va finir par le croire, surtout les jeunes qui ne se posent plus trop de questions. Pour ma part, moi qui ai vécu plusieurs années aux États-Unis, je puis vous dire que vous ne parlerez jamais anglais si vous ne pratiquez pas l'immersion linguistique, ce qui par contre pour le français peut s'éviter. Sachez que l'alphabet anglais n'est pas phonétique (46 phonèmes, 20 voyelles) que sa prononciation est chaotique, insaisissable, car il y a impossibilité de fixer une norme. L'accent tonique est indéfinissable, fixé par l'usage, aucune norme ne peut être établie. En anglais il y a tout de même 150 verbes irréguliers avec 652 terminaisons différentes. L'identification de la fonction grammaticale est confuse et il y a de nombreuses relations grammaticales inexpliquées. Les idiotismes sont innombrables et les homonymes, contrairement à ce que l'on croit, très nombreux. Enfin, si l'apprentissage de l'anglais était si facile que cela, pourquoi les jeunes , que l'on pique à l'anglais dès le plus jeune âge, arrivent-ils pour la plupart au Bac avec un niveau très très médiocre ?

- Non le bilinguisme n'est pas l'avenir. En tout temps le bilinguisme a été une marque de colonisation , de mise sous tutelle. Il y a un rapport de force qui s'établit entre les deux langues, jusqu'à ce que la plus forte (économiquement) fasse disparaître l'autre. L'exemple canadien est flagrant. Le bilinguisme a permis l'assimilation à l'anglais des Canadiens français du Manitoba, de l'Alberta, autrement dit de tout l'Ouest canadien. Seuls résistent encore les Québécois, mais pour combien de temps, alors que le gouvernement fédéral s'empresse d'en faire de parfaits bilingues ?

 

Réponse de MM. Colinaro et Ravat.

 

Monsieur,

 

Je vous remercie de nous avoir fait part de vos remarques au sujet de notre tract “Alès Jump Indoor”. Certes, comme vous le dites si bien, apprendre les langues étrangères est une belle chose. Apprendre une langue, c'est entrer dans une autre culture, percevoir d'autres sensibilités, ressentir d'autres émotions.

Le problème, c'est qu'en France, on n'apprend plus les langues étrangères : on apprend l'anglais. On vient de proposer l'anglais à ma fille qui est en classe de CE2. Le directeur de l'école à qui j'ai fait la remarque que j'aurais préféré qu'elle apprenne l'espagnol, m'a fait comprendre que je n'avais pas le choix, que de toute façon tout le monde demandait l'anglais, bref, avec mon espagnol j'étais aux yeux de ce monsieur un marginal, un timbré. Il est évident que nous sommes dans un pays de grande démocratie, mais imbibé de pensée unique et tout naturellement cette pensée unique issue du mondialisme à l'anglo-saxonne veut nous imposer la langue unique : l'anglais. Plus de 95% des enfants qui entrent en 6e prennent l'anglais comme première langue vivante, cette situation est-elle normale, alors que notre région est ouverte aux vents d'Espagne, d'Italie et d'Afrique du Nord ? Que vient faire l'anglais là-dedans, si ce n'est nous montrer notre état de colonisation ?


 

.../...

 

- Sur votre courriel, à nous adressé, vous faites une allusion quelque peu sarcastique au sujet de notre fournisseur d'accès AOL (American On Line). Oui, nous avons préféré l'Américain à France Télécom. Pourquoi ? Parce que France Télécom avec son Oie Nadoue et son nouveau logo méprise notre langue - “Wanadoo” devrait s'écrire en français « Ouanadou », comme les Africains francophones ont écrit « Ouagadougou » la capitale du Burkina Faso. Wanadoo vient en fait de l'expression anglophone “I Want to do” (je veux faire) - Quant au nouveau logo de France Télécom, il est empreint également de la graphie anglo-saxonne : pas de majuscules, pas d'accents. Ainsi, subliminalement, mais sûrement, nous sommes imbibés d'anglais « pour notre plus grand plaisir », comme vous dites. À l'Américain qui parle anglais, au Français qui trahit sa langue, nous avons préféré écarter le Kollaborateur. Voilà pourquoi nous avons choisi AOL.

- Votre femme est d'origine italienne, permettez alors que je vous donne l'adresse d'un professeur italien qui reçoit du courrier en anglais de ses collègues français de Paris, alors que ce cher professeur, maîtrise parfaitement notre langue et qu'il s'offusque du tout anglais pratiqué dans les sciences, la recherche et les congrès internationaux. Bien sûr, ses collègues français, vendus à l'anglais, le prennent pour un Don Quichotte dépassé.

- À l'A.FR.AV. nos objectifs réels sont d'essayer de réveiller les consciences endormies de nos concitoyens pour qu'après la malbouffe, on ne sombre pas dans le “Bad and Broken English”.

 

  Distinti saluti.

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