Manduel, le 3 septembre 2001
A.FR.AV.
Vos références : Chef cab n° 4912
Monsieur
le Ministre,
Je
vous remercie d'avoir répondu à ma lettre du 8 février 2001.
Je lis dans cette lettre que vous êtes attaché au respect de
la diversité culturelle et linguistique et que la préservation
de cette diversité passe par la maîtrise de plusieurs langues
vivantes pour tous, ce qui permettra - je vous cite toujours -
de répondre à la demande des familles de connaissance de
l'anglais.
Bref, si j'en crois cette dernière assertion, votre politique
dans l'enseignement des langues n'est pas d'aller contre le tout
anglais, mais d'accompagner le tout anglais en y adjoignant,
comme pour le camoufler, d'autres langues autour. Vos propos qui
dénonçaient l'ultradominance de l'anglais dans notre système
éducatif se trouvent du coup contredits et nous en sommes bien
déçus. « Répondre à la demande des familles de connaissance
de l'anglais », cela s'appelle en terme commercial faire de la
mercatique. Ne seriez-vous alors qu'un marchand de tapis dont
l'action est moins d'avoir des idées pour l'intérêt
supérieur de la Nation que de répondre aux besoins de
colonisation linguistique d'une partie de la population. Un
homme politique, un vrai, a avant tout des perspectives, des
projets pour son pays. Il n'a pas pour mission d'accompagner une
mode ni encore moins de s'accommoder d'une hégémonie. Si les
gens ont un besoin d'anglais pour leurs enfants, l'homme
politique, le vrai, fera le nécessaire alors pour que ce besoin
s'atténue , puis disparaisse. Il trouvera des idées en cela.
Un autre point également, dans votre politique dite
linguistique, a attiré notre courroux, c'est le fait
d'introduire peu à peu l'enseignement des langues régionales
dans nos écoles. De quel droit obligeriez-vous mes enfants à
apprendre l'occitan ? Les partisans des langues régionales
proclament à cor et à cri que c'est pour apprendre la langue
de nos ancêtres. Et si je revendiquais moi, mes racines
linguistiques aux parlers des Gaulois, qui, avant la
colonisation romaine, que je sache, ne parlaient pas l'occitan.
En fait, tout est relatif et il ne faudrait peut-être pas
perdre de vue que si nous sommes tous des colonisés
linguistiquement parlant, nos ancêtres l'étaient tout autant
que nous.
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lettre
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N'en
déplaise aux Régionalistes, toutes les langues sont issues du
colonialisme, et, pour prendre un exemple, les Corses qui
revendiquent le corse, ne font que revendiquer la langue de
leurs anciens colonisateurs, les princes de Gênes en Italie. En
quoi cette langue, issue d'un dialecte de Gênes, serait-elle
plus émancipatrice en Corse que le français ? Les Génois
n'ont-ils pas imposé, à un moment donné, leur langue à la
population autochtone qui ne la parlait pas. Quelle était donc
la langue que les Corses parlaient avant cette colonisation ?
Certainement pas la même langue que revendiquent les Talamoni
et compagnie.
En fait, les ethno-régionalistes ne mènent pas un combat
identitaire, ils mènent un combat contre la République. Ils
s'appuient en cela sur le processus de mondialisation de
l'économie, processus qui exige la destruction des nations et
des grandes langues qui s'y rapportent. Ils sont bien aises de
collaborer à cette destruction, ne voyant pour le cas que de
l'impérialisme dans l'État français et rien, comme c'est
bizarre, sur la mainmise du monde par les Anglo-Américains. L'Union européenne, telle qu'elle est devenue aujourd'hui et
dont la devise pourrait être «
Régionalisation et
anglicisation », sert de Cheval de Troie à cette politique.
Enfin, nous constatons aussi, que lorsqu'on parle de la Charte
Européenne des langues régionales ou minoritaires, on oublie
bien volontiers de parler des «
langues minoritaires », or,
en France la première langue minoritaire, c'est l'arabe, bien
loin devant les langues régionales. Allez-vous envoyer les
petits Maghrébins de Nîmes, pour ne citer que ceux-là,
apprendre l'occitan en leur disant que leurs ancêtres parlaient
cette langue ou, au contraire, allez-vous créer pour eux des
écoles communautaires où l'enseignement se fera en langue
arabe ? Allez-vous créer alors la séparation des jeunes gens
de notre pays en castes ethnolinguistiques, méthode digne de
l'époque nazie, s'il en est, et instituer du coup la carte
d'identité indiquant l'origine de chaque Français. Cette
façon de voir les choses, bien évidemment, est indigne de la
France, contraire aux fondements de la République. D'ailleurs,
le Conseil Constitutionnel ne s'y est pas trompé, car il a
déclaré anticonstitutionnelle la Charte européenne des
langues régionales ou minoritaires. Pourquoi alors vous
obstinez-vous à contourner la décision du Conseil, à
contourner la loi ? Seriez-vous aussi, en plus d'être un adepte
de la mercatique, un manipulé des sectes ethno-régionalistes ?
Recevez, Monsieur le Ministre, l'expression de ma haute
considération.
Régis
Ravat
Président de l'A.FR.AV.
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