TROISIÈME TRIMESTRE 2001 « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?»   

 Numéro 25

              

Langue de Blois ! 

 

Papa, ça me gave mortel :

j'ai une rédac en occitan à faire... si tu pouvais m'aider, ça serait hyper cool !

 

Pas maintenant, Mike,
je suis surbooké, en ce moment c'est hyper-hard au boulot.
Mais ce soir après mon jogging, c'est Okay.

Tu verras, à nous deux, la langue de nos ancêtres ne mourra pas !

 

 

Manduel, le 3 septembre 2001

 

A.FR.AV.  

Vos références : Chef cab n° 4912

 

Monsieur le Ministre,

 

Je vous remercie d'avoir répondu à ma lettre du 8 février 2001. Je lis dans cette lettre que vous êtes attaché au respect de la diversité culturelle et linguistique et que la préservation de cette diversité passe par la maîtrise de plusieurs langues vivantes pour tous, ce qui permettra - je vous cite toujours - de répondre à la demande des familles de connaissance de l'anglais.

Bref, si j'en crois cette dernière assertion, votre politique dans l'enseignement des langues n'est pas d'aller contre le tout anglais, mais d'accompagner le tout anglais en y adjoignant, comme pour le camoufler, d'autres langues autour. Vos propos qui dénonçaient l'ultradominance de l'anglais dans notre système éducatif se trouvent du coup contredits et nous en sommes bien déçus. « Répondre à la demande des familles de connaissance de l'anglais », cela s'appelle en terme commercial faire de la mercatique. Ne seriez-vous alors qu'un marchand de tapis dont l'action est moins d'avoir des idées pour l'intérêt supérieur de la Nation que de répondre aux besoins de colonisation linguistique d'une partie de la population. Un homme politique, un vrai, a avant tout des perspectives, des projets pour son pays. Il n'a pas pour mission d'accompagner une mode ni encore moins de s'accommoder d'une hégémonie. Si les gens ont un besoin d'anglais pour leurs enfants, l'homme politique, le vrai, fera le nécessaire alors pour que ce besoin s'atténue , puis disparaisse. Il trouvera des idées en cela.

Un autre point également, dans votre politique dite linguistique, a attiré notre courroux, c'est le fait d'introduire peu à peu l'enseignement des langues régionales dans nos écoles. De quel droit obligeriez-vous mes enfants à apprendre l'occitan ? Les partisans des langues régionales proclament à cor et à cri que c'est pour apprendre la langue de nos ancêtres. Et si je revendiquais moi, mes racines linguistiques aux parlers des Gaulois, qui, avant la colonisation romaine, que je sache, ne parlaient pas l'occitan.

En fait, tout est relatif et il ne faudrait peut-être pas perdre de vue que si nous sommes tous des colonisés linguistiquement parlant, nos ancêtres l'étaient tout autant que nous. 

 

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N'en déplaise aux Régionalistes, toutes les langues sont issues du colonialisme, et, pour prendre un exemple, les Corses qui revendiquent le corse, ne font que revendiquer la langue de leurs anciens colonisateurs, les princes de Gênes en Italie. En quoi cette langue, issue d'un dialecte de Gênes, serait-elle plus émancipatrice en Corse que le français ? Les Génois n'ont-ils pas imposé, à un moment donné, leur langue à la population autochtone qui ne la parlait pas. Quelle était donc la langue que les Corses parlaient avant cette colonisation ? Certainement pas la même langue que revendiquent les Talamoni et compagnie.

En fait, les ethno-régionalistes ne mènent pas un combat identitaire, ils mènent un combat contre la République. Ils s'appuient en cela sur le processus de mondialisation de l'économie, processus qui exige la destruction des nations et des grandes langues qui s'y rapportent. Ils sont bien aises de collaborer à cette destruction, ne voyant pour le cas que de l'impérialisme dans l'État français et rien, comme c'est bizarre, sur la mainmise du monde par les Anglo-Américains. L'Union européenne, telle qu'elle est devenue aujourd'hui et dont la devise pourrait être « Régionalisation et anglicisation », sert de Cheval de Troie à cette politique.

Enfin, nous constatons aussi, que lorsqu'on parle de la Charte Européenne des langues régionales ou minoritaires, on oublie bien volontiers de parler des « langues minoritaires », or, en France la première langue minoritaire, c'est l'arabe, bien loin devant les langues régionales. Allez-vous envoyer les petits Maghrébins de Nîmes, pour ne citer que ceux-là, apprendre l'occitan en leur disant que leurs ancêtres parlaient cette langue ou, au contraire, allez-vous créer pour eux des écoles communautaires où l'enseignement se fera en langue arabe ? Allez-vous créer alors la séparation des jeunes gens de notre pays en castes ethnolinguistiques, méthode digne de l'époque nazie, s'il en est, et instituer du coup la carte d'identité indiquant l'origine de chaque Français. Cette façon de voir les choses, bien évidemment, est indigne de la France, contraire aux fondements de la République. D'ailleurs, le Conseil Constitutionnel ne s'y est pas trompé, car il a déclaré anticonstitutionnelle la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Pourquoi alors vous obstinez-vous à contourner la décision du Conseil, à contourner la loi ? Seriez-vous aussi, en plus d'être un adepte de la mercatique, un manipulé des sectes ethno-régionalistes ?

Recevez, Monsieur le Ministre, l'expression de ma haute considération.

 

 

                                                     Régis Ravat
      Président de l'A.FR.AV.

 

 

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