PREMIER TRIMESTRE 2005 « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?»   

 Numéro 39

              

NON à la CROCOnstitution européenne  !

 

Voilà de cela un peu plus de trois ans, le franc, notre monnaie nationale, disparaissait au profit de l’euro, la monnaie européenne.

À l’époque, pour nous faire accepter cet abandon, on nous avait rebattu les oreilles en nous disant qu’avec la nouvelle monnaie tout irait mieux : que notre économie serait plus compétitive et que nos chômeurs seraient moins nombreux.

Force est de constater aujourd’hui qu’il n’en a rien été, et qu’au contraire, nos industries ne se sont jamais autant délocalisées et que les pauvres n’ont jamais été aussi nombreux.

Au passage à l’euro, on se rappelle aussi toute l’histoire qu’avait faite M. Chirac quant au fait que Jean-Claude Trichet, gouverneur de la Banque de France, n’ait pas été nommé pour l’occasion gouverneur de la Banque Centrale Européenne. Une histoire qui laissait à penser qu’il suffisait pour M. Chirac de nommer un Français à la Banque européenne pour compenser le préjudice d’avoir perdu notre monnaie. Autrement dit, tant pis si je dois être fusillé, pourvu que les balles soient françaises !

Et quel Français, ce Trichet ! Un Français qui, quelques années plus tard, passant enfin gouverneur de la Banque Centrale Européenne, s’empressait de dire aux journalistes qui l’interrogeaient : "I am not a French-man (sic)" (je ne suis plus français) et qui travaille en anglais à longueur de journée dans sa banque forteresse à Francfort en Allemagne. À la vue de ce qu’est en définitive M. Trichet, c’est-à-dire un suppôt de la finance internationale, nous serions bien en droit de demander des explications à M. Chirac, son parrain, sur le comment et  le pourquoi de ce parrainage. Était-ce de sa part une diversion, un amusement, une erreur ?  

Dans la série, je te divertis à tribord pour t’engloutir à bâbord, il y a aussi les récents événements estudiantins, ces jeunes qui manifestent dans la rue contre la réforme de l’enseignement voulue par le ministre François Fillon. Par dizaines de milliers, ils ont protesté contre la réforme du baccalauréat, contre la suppression des TPE (Travaux Personnels Encadrés), contre le manque de professeurs, etc., mais nul mot sur la politique du tout anglais qui est en train de se mettre officiellement en place  dans le système éducatif de notre pays. De notre pays et ailleurs en Europe, puisque, au Portugal, comme par hasard, on parle là-bas aussi de rendre l’anglais obligatoire dès le primaire. À se demander, soit dit en passant, s’il n’y aurait pas, in fine, des directives européennes occultes pour mettre en place l’anglais partout en Europe ?

En bref, en gros et en large, les syndicats d’enseignement, les associations de parents d’élèves, et les étudiants eux-mêmes sont contre un système éducatif à l’américaine, où, pour prendre un exemple, les diplômes auraient une valeur différente selon l’école où ils ont été passés,  mais ne sont pas contre la généralisation de l’anglais, c’est-à-dire contre la langue cheval de Troie du système qui génère ces dérives. Paradoxal, non ?

En fait, les tenants de la politique mondialiste et euro-atlantiste qui ont la main actuellement en France, n’ont nullement été perturbés par la colère estudiantine, car ils ont gagné sur l’essentiel : l’anglais. Ils savent pertinemment qu’avec l’anglais dès le CE1, c’est-à-dire dès l’âge de 8 ans, il suffira d’une ou de deux générations pour que demain la jeunesse raisonne autrement, selon des préceptes anglo-américains, bien évidemment, et pour qu’elle accepte finalement ce qui, aujourd’hui, lui paraît injuste et abject.

Après la monnaie et la langue, il faut maintenant, pour achever la bête, lui casser la colonne vertébrale, autrement dit, l’épine dorsale qui lui permet de se tenir debout, sa Constitution.

Voilà donc qu’arrive une nouvelle Constitution, la Constitution européenne, en attendant, somme toute demain, une Constitution mondiale !

Jusqu’à maintenant une Constitution était un ensemble d’articles de loi régissant une nation, un ensemble de lois qui permettaient le fonctionnement et l’existence d’une population ayant le maximum de points communs tels que historiques,  géographiques, culturels et linguistiques. Cela dit, l’Europe est-elle une nation pour qu’il faille lui donner une Constitution, pourrait-on se demander en préalable ? Y a-t-il en Europe une unité historique, géographique, culturelle et linguistique pour la considérer comme un seul bloc, comme un seul peuple ? Dire oui, c’est, par exemple, trouver normal d’allumer  ses phares de voiture en plein jour au mois d’août, alors qu’on est dans le Midi de la France, c’est gommer d’un trait et ne plus voir la différence  entre les brumes d’Écosse et la clarté étincelante de la  garrigue méditerranéenne. C’est grave ! Au-delà de cette anecdote,  et pour parler de démocratie, puisque ce mot est tant à la mode aujourd’hui, ne faudrait-il pas préciser que c’est à travers le cocon d’une nation que s’exerce et doit s’exercer la démocratie ? En effet, dans le cas contraire, que vaudra notre avis, si la démocratie, c’est-à-dire la loi de la majorité sur la minorité, s’exerce désormais à l’échelon européen et non plus national ?

Quel poids aura une voix francophone dans l’Europe américanisée de demain qui se prépare ? — Certainement moins qu’une voix québécoise au sein de la Confédération canadienne. Déjà, au parlement européen, il y a plus de députés allemands que de députés français, rien ne dit que demain une majorité pro-atlantiste n’y soit majoritaire et n’y impose ses vues au reste de l’Europe ; bonjour alors la guerre aux côtés de Bush !

Il serait bon de se rappeler aussi que la Constitution française, pilier de notre Nation, a signé la mort des particularismes de nos régions. Forts de cet exemple, ne serions-nous pas en droit de craindre que la Constitution européenne fasse de même, mais cette fois-ci en signant la mort des particularismes des nations qui composent l’Europe (voir en cela la Charte européenne des langues régionales et minoritaires),  transformant le citoyen libre et ouvert des nations, en individu prisonnier de son ethnie. Sur le cadavre de l’Europe des Nations apparaîtra alors, bien évidemment, l’Europe des régions où le bilinguisme langue éthique-anglais sera de mise et où le français aura perdu son statut de langue nationale et internationale.

L’A.FR.AV menant le combat contre la langue unique, contre la pensée unique, se doit de mener aujourd’hui le combat contre la Constitution unique. L’Europe n’a pas besoin de Constitution, car elle n’est pas une nation, elle est un ensemble de nations qui doivent chacune garder leur propre Constitution. Certes, pour fonctionner entre elles, elles ont besoin de règles communes, mais règles communes n’entraînent pas règles uniques, comme objectifs communs n’entraînent pas nécessairement  moyens uniques pour y parvenir. Tous les chemins mènent à Rome, dit un proverbe, et ce serait une dictature que de les barrer tous  pour n’en laisser qu’un seul en service. L’union européenne doit rester une union de Nations, de nations coopérant pour la paix et le développement et non travaillant entre elles pour leur disparition, le tout aux services de la finance internationale et des intérêts mondialistes. L’Europe doit rester un diamant aux mille facettes et non devenir une pierre polie uniforme que la lumière ne traversera plus jamais.

Comme pour le franc et Trichet, comme pour l’anglais obligatoire dès  8 ans pour nos enfants et la réforme du baccalauréat, ne nous laissons pas berner par des contre-feux. Pour cela, face à la Constitution européenne qu’on nous propose par voie référendaire, il ne s’agit pas de dire que ses articles sont bons ou pas bons pour nous, il s’agit seulement de dire « NON MERCI », nous avons déjà une Constitution.

Le Président de l’A.FR.AV

 

 
Haut de page