PREMIER TRIMESTRE 2006 « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?»   

 Numéro 43

              

Le collège de Manduel (suite) 

 

    Lors de la traditionnelle cérémonie des vœux, le Maire de Manduel, Mme Marie-Louise Sabatier, a déclaré que l’année 2005 restera l’année de l’inauguration du collège, un plus pour les enfants et les parents qui profitent d’un service de proximité (sic).

    Force est donc de constater que le problème soulevé par les parents d’élèves qui voulaient l’espagnol au futur collège en 1ère langue vivante étrangère en 6e et qui n’ont obtenu en guise de réponse que des autocars pour organiser la déportation de leur progéniture vers un village voisin, force est de constater que cela n’a pas fortement ébranlé notre brave mairesse. À lire son discours, il n’y a pas eu de problème avec ces parents d’élèves-là ni avec ceux, aussi, qui ne voulaient pas du tout anglais en 6e au futur collège, apparemment, Mme le Maire ne les a pas vus, ne les a pas entendus, ils n’ont pas déposé une motion par lettre avec accusé de réception au Conseil municipal, ils n’ont pas distribué des milliers de tracts pour alerter la population, il n’y a pas eu d’affiches « Non au tout anglais » aux portes du village, pas d’article dans le Midi Libre, rien, il ne s’est rien passé. Bravo ! Mais que faut-il donc faire pour être entendu par Mme Sabatier ?  Rejoindre les Régionalistes de la « Lengo nostro », les anglocamés de Liberty Cop’s ou les associations d’anciens résistants qui parlent de Résistance au passé ?

Quoi qu’il en soit, il y avait avant, l’ouverture du collège de Manduel, une dizaine d’enfants par année scolaire qui prenaient l’espagnol en 6e, malgré la propagande ambiante pour l’anglais. Maintenant, tout le monde prendra l’anglais, il n’y a plus le choix, tout le monde a été convié à rejoindre le troupeau, ou alors, c’est la déportation vers Bouillargues, le village voisin où se situe un collège avec l’espagnol en 6e.

Cela dit, pardonnez-nous, Mme le maire, de ne pas penser comme vous : pour nous, l’année 2005 sera l’année de la honte à Manduel où un collège fut ouvert en s’enfermant dans l’anglais, incontournable et obligatoire en 6e, excluant les hispanisants, 1ère langue vivante, les condamnant à s’exiler  et à terme à disparaître. Il n’y a pas vraiment de quoi, selon nous, être fier.

Dans la foulée, nous avons appris, par l’intermédiaire du journal Midi Libre, qu’il existait à Redessan    village près de Manduel concerné également par l’ouverture du nouveau collège    un comité de jumelage avec le village espagnol de Benifairo de la Valldigna. Nous sommes restés cois devant cette nouvelle, car comment comprendre le silence  des membres de ce comité, alors que nous avons distribué des milliers de tracts à Redessan en mai et en juin 2005 pour appeler la population à la mobilisation pour l’espagnol en 6e au nouveau collège, alors qu’un article dans Midi Libre parlant de notre combat est paru, alors que des affiches aux portes du village annonçaient l’injustice qui se tramait ?

Comment se fait-il que personne de ce comité n’ait pris contact avec nous pour, qu’ensemble, nous menions la lutte pour l’espagnol en 6e ?

    Plus loin dans l’article, il est question du président de ce comité, M. José Gomez. Au résumé du rapport moral qu’il donne, nous apprenons que l’évènement principal du comité, c’est un concours de paellas qui réunit chaque fois près de 200 personnes. Apparemment M. Gomez semble plus intéressé à organiser la fête que les revendications. Il est vrai, à son corps défendant, qu’il est plus facile de réunir des personnes autour d’une bouffe qu’autour d’un collège pour manifester contre le tout anglais qui nous colonise.

Au fil de l’article, nous apprenons aussi que des membres du comité espagnol de jumelage sont venus en visite à Redessan en juillet 2005. Nous ne l’avons pas su, bien évidemment, mais nous nous rappelons, en cela, avoir écrit (en espagnol) au maire de Benifairo de la Valldigna au mois d’août 2005 pour lui demander son appui pour l’espagnol en 6e au futur collège et que cette lettre est restée sans réponse depuis.

Pourquoi alors tout ce silence ? Serait-ce parce que  Benifairo de la Valldigna se situant près de Valencia, on doit y parler le valencian et non le castillan (l’espagnol) et que ces gens-là sont alors plus attachés à leur langue régionale qu’à l’intérêt de défendre l’espagnol pour lutter contre le tout anglais ? Peut-être. Et ce serait alors bien là la preuve que les luttes ethno-régionalistes font le jeu du tout anglais.  (à suivre)

 

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