PREMIER TRIMESTRE 2006 « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?»   

 Numéro 43

              

Francophonie, contre pouvoir ! 

 

L’émission Capital du dimanche 8 janvier 2006, nous a permis de nous rendre compte d’une réalité qui se passait dans les îles du Vanuatu, dans le Pacifique du Sud.

    En préambule, le journaliste et présentateur de l’émission nous annonce l’existence d’un ambassadeur perdu au bout du monde, dans un archipel peuplé d’à peine 200 000 habitants.

    Bien sûr, le commun des mortels va dire, à quoi bon dépenser de l’argent public pour entretenir une ambassade si loin, pour un pays si peu peuplé.

    En fait, le reportage nous a montré très clairement qu’il y a dans ce pays deux rivalités, deux influences : l’influence anglophone menée par les Australiens et l’influence francophone menée par les Français.

    Comme souvent, hélas, lorsqu’il s’agit de la France et de la Francophonie, les moyens financiers sont petits et les hommes employés à cette cause peu nombreux.

    Nous apprenons alors que le budget de l’ambassade de France est de 3 millions d’euros par an, tandis que celui de l’Australie dépasse les 20 millions, qu’il y a 10 fois plus de personnels du côté australien que du côté français. Nous apprenons aussi que l’ambassade anglophone croulant sous les activités, projette de s’agrandir dans un nouvel édifice, plus grand, plus moderne, plus luxueux  qui sera construit, lui, près du Parlement du pays.

     Dans le cadre de l’émission, un micro-trottoir est réalisé dans les rues de la capitale, Port Vila. Malheureusement, force est de constater que presque personne ne parle français, tandis que tout le monde, au contraire, baragouine l’anglais.

M. Pierre Mayaudon,

ambassadeur de la Francophonie au Vanuatu.

Cependant, la faiblesse de la France dans cette affaire pourrait peut-être servir d’argument positif auprès des autorités de ce pays et d’ailleurs. Dire simplement, que s’allier sans compter avec les géants du monde anglo-saxon, c’est risquer de disparaître dans leur ombre. On a vu récemment, dans l’aire francophone, des Canaques de Nouvelle-Calédonie discuter d’égal à égal avec une multinationale canadienne pour organiser l’exploitation du nickel de leur sol. A-t-on vu, dans l’aire anglophone, des aborigènes d’Australie ou de Nouvelle-Zélande discuter d’égal à égal avec une quelconque multinationale pour prendre en main la destinée de leur pays ?

La présence française au Vanuatu, loin donc de représenter une présence impérialiste, est plutôt, à mon sens, une présence de contre-pouvoir, un gage de liberté et d’indépendance pour ce peuple.

Très explicite sur la rivalité qu’il y a entre anglophonie et francophonie, ce reportage ne devrait-il pas être montré dans nos écoles, à titre d’information, au corps enseignant, aux parents d’élèves et aux élèves eux-mêmes ?

Peut-être, susciterait-il alors quelques réactions, quelques prises de conscience, et amènerait-il certains à se poser des questions sur la prétendue neutralité de se donner à  l’anglais sans compter ?

 

M. Jean-Pierre Martinez

(13) Marseille

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