F r a t e r n i p h o n i e
Le journal de l'Association FRancophonie AVenir - A.FR.AV.
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DEUXIÈME TRIMESTRE 2006 | « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?» | Numéro 44 |
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Parmi
LES PLUS ÉCLATANTS PHARES DE L’ESPRIT, LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR, Prince
de l’Expression Française ET PÈRE FONDATEUR DE LA FRANCOPHONIE, par la
Pureté de sa Poésie, la PERTINENCE de son Action, l’Exemplarité de
son existence, la Haute Dignité qui fut toujours la sienne, en ART comme
en POLITIQUE, est de ceux, très rares, qui Honorent plus encore qu’ils
ne sont honorés, les honneurs qui leurs sont dus. Fils
de DIOGOYE LE LION VERT, ce noble Sérère voit le jour, il y a 100 ans,
à Joal l’Ombreuse, Joal la Portugaise, ainsi qu’il nous
l’affirme. Enfant
particulièrement doué : il acquiert le savoir et il conforte son
jugement à l’admirable enseignement des prêtres du Saint-Esprit, nom décidément
prédestiné ; ses études sont si brillantes, avec de tels maîtres,
qu’il se trouve naturellement destiné pour le plus haut enseignement.
L’ÉCOLE
NORMALE SUPÉRIEURE, L’AGRÉGATION DE GRAMMAIRE en sont l'aboutissement mérité. Le
voici premier agrégé africain de l’enseignement français, titre dont
il peut être fier, bien légitimement, n’ayant bénéficié d’aucun
appui particulier.
Toutefois, ces promotions studieuses, à la différence d’autres normaliens supérieurs, ne lui montent pas trop à la tête ! Sa modestie évidente et sa dignité, sa bonté profonde et son esprit de charité l’écartent des égarements, du «canular». SENGHOR est heureusement sérieux, très respectueux des autres, pour abuser de sa supériorité intellectuelle aux dépens de son prochain. Déjà sa bienveillance instinctive, son attention permanente, sa volonté de comprendre et d’instruire le possèdent pleinement ; ce jeune professeur, à l’intelligence lumineuse, est désireux de n’écraser personne du poids de son savoir ; il s’adresse avec courtoisie à tous ceux qui l’entourent et tous ceux qu’il rencontrent ou viennent à lui ; aucun mépris, nulle condescendance, ironie insidieuse de sa part ; le plus disgracié des êtres n’est jamais traité par lui avec dédain ; la simplicité de son maintien, la voix douce, mélodieuse, le prononcé impeccable, l’écoute patiente, le conseil judicieux mettent l'interlocuteur à l’aise et le correspondant est gratifié chaque fois d’une aimable réponse. Pareille
sollicitude, disponibilité, méritoires envers chacun, désir sincère de
mettre ses dons de pédagogue au service d’autrui prédisposent
l’enseignant SENGHOR à l’action politique en ce qu’elle a de plus
noble. Plutôt
que de se consacrer, seulement, à ses chères études, à l’écriture
poétique avec l’Amour des Amis qui le ravissent et pourraient le
combler, il ne craint pas d’exposer sa constitution physique délicate
au service de tous. Tour
à tour parlementaire, ministre, attaché au respect de la négritude,
hostile au colonialisme souvent inhumain malgré l’action bienfaisante
des missionnaires et du personnel de santé, providentiel, il sait ce que
la France, en dépit de ses erreurs, a pu et peut encore apporter à son
pays devenu indépendant de façon démocratique, avec la caution de son
autorité. Enfin
SENGHOR Le Sage. l’incorruptible, le juste, l’irréprochable SENGHOR
accède à la PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
DU SÉNEGAL LIBRE, couronnement suprême de son itinéraire d’Homme d’État
modèle, à la différence de tant de ses collègues africains, si souvent
enclins à la dictature et parfois à la prévarication. |
Jamais SENGHOR, Homme d’autorité, ne déviera dans l’AUTORITARISME, ni ne le permettra à quiconque parce qu’intègre de nature ; GUIDE DÉMOCRATE de son peuple, il saura résoudre toute crise de façon chaque fois équitable avec la plus sincère humanité. Non grisé, à l’excès, par un pouvoir qui, paraît-il, rend fou au moins certains insensés qui l’exercent : le sage, l’équilibré, le raisonnable SENGHOR saura, lui, sans autre obligation que sa haute conscience, renoncer, librement, volontairement, après vingt ans d’exercice continu de la FONCTION CAPITALE, à poursuivre son rôle, achevant, ainsi, d’une façon encore exemplaire, bien que très peu suivie, hélas, sa carrière politique, sans regret de sa part, détachement, combien mérité, dont on ne connaît peu d’émules.
C’est que SENGHOR, avant d’être un politique, au-dessus du
commun, est d’abord un POÈTE. POÈTE
MAJEUR, MAGICIEN DU VERBE : il illumine, ennoblit tout ce qu’il touche
! Un style harmonieux, mélodieux, enchanteur séduit l’œil et
l’oreille, attendrit le cœur, charme l’entendement, excite tout ce
qui peut se trouver de meilleur dans la nature humaine et pareille
fonction console, aisément, de tout retrait politique.
Salubre, tonique, émouvant, exaltant, poète incontestable, MAÎTRE
en poésie, par tout ce que son noble africanisme apporte à la poésie
francophone et française. De toute cette francophonie dont il est, plus
qu’un autre, le premier PÈRE, il ne cessera
jamais d’être aussi l’APÔTRE, l’AVOCAT, malgré l’insuffisant
écho chez trop de francophones angloRICANISÉS qui ne croient plus en
la France et ni même en leur langue. D’abord,
membre de l’INSTITUT, puis, enfin, de l’ACADÉMIE FRANÇAISE,
retraité de la haute politique, mais toujours actif Académicien, le Président
SENGHOR voulut terminer sa vie en France. PAYS DE SON LANGAGE ET DE SON
ÉPOUSE si dévouée, dont les soins éclairés et affectueux contribuèrent
à prolonger ses jours au-delà de sa quatre-vingt-quinzième année, en
dépit des soucis, des combats, des douleurs et des DEUILS qui ne lui
furent pas épargnés. Avec
la mort, en 2001, de son plus prestigieux protecteur, la grande cause de
la FRANCOPHONIE perd un de ses soutiens et de ses garants dans le monde,
alors qu’elle est de plus on plus menacée, autant à l’étranger
qu’en la France elle-même. Il
faudra, pour celui qui s’efforcera de compenser sa perte, bien des
qualités et des efforts pour y parvenir et beaucoup d’audace et de MÉRITE
à son successeur ACADÉMIQUE... Outrageant, en effet, pour sa mémoire,
est tout candidat retenu, moins élu pour sa valeur que par ses
relations efficaces. Ce
défunt, respecté, parce qu’au plus haut point RESPECTABLE, mérite
un de ses pairs dans l’ordre de l’esprit. Qui donc aura le front de s’en prétendre digne ? La
magnifique, solennelle, UNANIME célébration du grand disparu, orchestrée
en l’église Saint-Germain-des-Prés, à Paris, corrige un peu
d’inexcusables ABSENCES à ses obsèques au SÉNÉGAL. Cette si émouvante
réunion atteste de la place éminente qu’il occupait dans nos Lettres
et dans nos cœurs. IL
FAUT BIEN DES VERTUS POUR ÊTRE SANS REPROCHE. Puisse la postérité conserver l’éclat de ce nom par
la survie de son œuvre impérissable, intarissable source de fraîcheur,
d’harmonie limpide et d’une grâce dont la haute qualité témoigne
du haut degré auquel peut accéder un homme.
POÉTIQUE
ET POLITIQUE
Senghor a démontré à sa propre façon, Mieux qu’aucun autre auteur, avant lui, dans ce cas, Qu’un bon poète peut être un grand politique, En cela surpassant Chateaubriand, Hugo, Par son verbe, son cœur et son intelligence, Un sens de la mesure, un esprit d’équité. Une hauteur de vue, une intégrité pleine : Il fut Homme d’État en demeurant Poète. René
BONNET DE MURLIVE Lauréat
de l’Académie française
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