TROISIÈME TRIMESTRE 2009 « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?»   

 Numéro 57

              

Pour ne pas tomber 

 

Se retrouver par terre, horizontal, le maillot mouillé sur le sol asséché, les pieds en avant au niveau de la tête, voilà ce qui est arrivé au Président Sarkozy, le 26 juillet dernier au parc du Château de Versailles.

Mine de rien, cette simple anecdote nous a montré d’une façon flagrante que celui qui est censé diriger la France, n’a pas su, pour le coup, se diriger lui-même.

En effet, faire de la course à pied en plein été sous le soleil de 13 heures, juste après le repas qu’on a voulu léger pour garder la ligne, avoir 50 ans passés et mener la vie d’un jeune affairiste excité, bref, il ne fallait pas être grand clerc pour prévoir que tout cela pouvait mener à faire un malaise, à se trouver mal au point de quitter les hautes sphères, pour finir au ras des pâquerettes, à contempler la France d’en bas.

Si gouverner, c’est prévoir, comme dit l’adage, ne pas prévoir, ce n’est pas gouverner, pourrait dire le sage. Alors si Sarkozy, le Coureur, n’a pas vu venir le malaise qui allait le mettre à terre, comment ne pas douter des capacités de Sarkozy, le Politicien, qui nous a promis de nous sortir d’affaire ?

Dans un domaine que nous connaissons bien, celui de la langue, nous avons l’impression  —  comme c’est bizarre —, de retrouver le même Sarkozy du Parc de Versailles, tout aussi inconscient, en train de mener, avec l’équipe de  sbires qu’il commande,  une course effrénée, mais une course, cette fois-ci, à l’anglicisation générale.

Et vas-y l’anglais obligatoire dès l’âge de 7 ans pour nos enfants à l’école ; des stages en immersion chez l’habitants anglophones ; des visioconférences pour organiser la déportation linguistique de nos chères têtes blondes et brunes au pays de la langue élue ; des cours donnés en anglais de nos universités jusqu’à la plus petite  école de Commerce, etc.

Et continuent les médias de traiter les Français de « nuls » en angliche ; de parler « langues étrangères » en ne citant que la langue de Shakespeare ; de faire la publicité, de reportage en reportage, de l’anglais triomphant ; de comparer le suédois, langue régionale, avec le français, langue internationale ; bref, d’être autant pro-anglais que peuvent l’être en la matière le British Council, la CIA et les Wall Street Institute réunis.

Dans cette course folle à l’anglais partout, dans ce pari insensé à vouloir faire, à tout prix, des Français bilingues français-anglais, c’est la langue française, hélas, qui va mettre pied à terre.

Et là encore, force est de constater, que M. Sarkozy et les ministres de sa cour qui l’accompagnent, se montrent totalement incapables d’anticiper les conséquences de leurs mesures anglicisantes. Ils n’ont pas compris apparemment, ou ne veulent pas comprendre, que lorsque les Français parleront tous anglais, lorsqu’en France toutes les inscriptions seront données en anglais parallèlement au français, les étrangers non-francophones n’auront plus envie, ou ne ressentiront plus l’utilité — sauf quelques passionnés de littérature bien sûr —, d’apprendre le français.

Cela se passe déjà pour l’allemand que plus personne, ou presque,  ne veut apprendre en France, tant l’anglais est parlé massivement par les Allemands eux-mêmes. Eh oui, comme nous avons pu le constater cet été à Manduel,  où fut reçue une délégation d’Allemands — Manduel étant  jumelée avec la ville de Bischofsheim  en Allemagne —, plus de 80% des échanges qui se sont faits entre les deux communautés linguistiques ont été en anglais ! Conclusion : À quoi bon apprendre l’allemand, vous disent parents et enfants, puisque les Allemands, dans leur très grande majorité,  parlent et comprennent l’anglais.

Répétons donc encore une fois que si gouverner, c’est prévoir, ne pas prévoir, ce n’est pas gouverner. Et en l’occurrence, ne pas prévoir que si demain tout le monde parle anglais en France via le bilinguisme français-anglais généralisé, cela va entraîner la désaffection des cours de  français partout dans le monde, et par voie de conséquence, la fin du statut international de notre langue, la fin de la francophonie, la fin du combat pour l’exception culturelle et linguistique, bref, ne pas prévoir tout cela, c’est montré que l’on est, à la fois, totalement insouciant, inconscient et incompétent.

Puissent alors nos politiciens ne plus faire de la politique en courant, et prendre plutôt le temps de réfléchir aux conséquences à moyen et à long terme des mesures qu’ils prennent pour le pays, cela nous éviterait, à l’instar du sportif imprudent ou mal préparé, de tomber au bord de la route, d’être disqualifiés et, in fine, d’être jugés inaptes à jouer dans la cour des Grands. 

 

Le Président de l’AFR.AV

 

 

 

 

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