FRATERNIPHONIE

LE JOURNAL DE L’ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR - A.FR.AV

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PREMIER TRIMESTRE 2010

« La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ? »   

 Numéro 59

              

Le Canada et le bilinguisme

   La place misérable réservée à la langue française lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Vancouver en février dernier, a confirmé ce que nous savions déjà : le Canada est un pays anglais. Si le Canada, une confédération formée de dix provinces et de deux territoires, a donné de lui une image anglaise, il est pourtant un pays officiellement bilingue français-anglais, adhérant tout à la fois au Commonwealth britannique et à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).

   Rappelons, tout de même, que le bilinguisme canadien n’est pas dû au hasard et qu’il n’est pas dû, non plus, à un cadeau généreux que le Canada anglais ferait  à la langue française, il repose sur le fait que les deux peuples fondateurs de cette entité sont issus de la France et de l’Angleterre, la France ayant été la première nation à coloniser et à organiser ce territoire durant plus d’un siècle et demi sous le drapeau de la Nouvelle-France, puis sous le drapeau des Canadiens français qui, depuis 1763, sous occupation anglaise, ont maintenu seuls, contre vents et marées, et héroïquement, la flamme de leurs ancêtres francophones.

Si la reconnaissance officielle du français au même titre que l’anglais aurait dû être la règle dans ce pays aux deux nations fondatrices — ce qui aurait permis  au français de se développer sur le même pied d’égalité que l’anglais —, ce n’est pourtant que dans les années mille neuf cent soixante-dix, sous l’impulsion du Premier ministre de l’époque, M. Pierre Elliott Trudeau, que le Canada devint officiellement un pays bi-lingue français-anglais. Quarante ans après cette officialisation, la réalité du bilinguisme canadien « ad mari usque ad mare », devise en latin du Canada, qui signifie « d’une mer à l’autre », pour dire que le Canada s’étend de la côte Atlantique à la côte Pacifique — ils ont pendu Louis Riel pour ça ! —, eh bien, quarante ans après la loi sur le bilinguisme, la seule chose que l’on puisse constater, c’est que la proportion des francophones au Canada, et même au Québec, province où ils sont largement majoritaires, n’a cessé de diminuer. En effet, tous les sondages le montrent : la langue française, au Canada, perd du terrain année après année. La réalité est donc là : le Canada anglicise, il anglicise ses immigrants, grossissant ainsi toujours davantage la masse des anglophones, il assimile à l’anglais les minorités francophones dispersées partout dans le pays, et, comble de tout, il mène un travail de sape contre les francophones majoritaires du Québec, les obligeant à être toujours sur la défensive pour le respect plein et entier de leur droit linguistique.

Arrivée trop tard, somme toute, l’officialisation du français au niveau fédéral n’a donc pas permis à la langue française au Canada de croître et de se développer. Le bilinguisme étant un rapport de force entre deux langues, entre deux groupes de locuteurs, pouvait-il être réellement équitable, dans ces conditions, pour les francophones ? Il est bien clair qu’instaurer un tel système dans cette partie-là de l’Amérique où les anglophones sont proches des 300 millions de locuteurs, tandis que les francophones n’en représentent plus qu’à peine 10, risquait de tourner, inévitablement, en faveur des anglophones. M. Trudeau savait forcément cela, son bilinguisme institutionnalisé était donc en fait un cadeau empoisonné à destination  des Canadiens français leur faisant croire qu’on s’occupait en haut lieu de l’avenir de leur langue, tandis que pour travailler, vivre et prospérer,  on leur demandait, au nom du bilinguisme, de basculer dans l’autre langue. Bref, un bon bilingue au Canada, est vite devenu synonyme d’un bon francophone qui parle anglais !

Que faire alors pour ne pas céder à la pression assimilatrice, pour ne pas baisser les bras, pour ne pas se jeter avec sa langue dans le trou noir de l’anglosphère ?

Partant du principe que l’avenir d’une langue est dans la possibilité qu’elle nous offre de pouvoir, à travers elle, vivre, travailler et prospérer, il semble donc évident que pour pouvoir vivre, travailler et prospérer en français, aujourd’hui et demain, il faut d’abord, et avant tout, côtoyer des francophones. Il faut donc se débrouiller pour trouver un terreau favorable à la langue française, un endroit où le français sera majoritaire, ou du moins respecté, et non noyé dans un océan de locuteurs plus ou moins hostiles. La solution paraît donc se situer, tout simplement, dans la Francophonie, un ensemble, rappelons-le, de plus de 55 pays, ayant en partage la langue française, un ensemble qui, selon l’ONU, pourrait atteindre 600 millions de locuteurs d’ici 2050, bref, un ensemble, qui dans le contexte actuel de la mondialisation de l’économie et des échanges, semble être parfaitement adapté.

  Si le jeu de ceux qui veulent angliciser le monde est de tourner systématiquement les populations vers tout ce qui est anglo-saxon pour les persuader ensuite que sans anglais rien n’est possible, alors le jeu de ceux qui ne sont pas d’accord avec cette façon de voir les choses, sera d’informer ces mêmes populations qu’il y a d’autres mondes, et notamment, pour nous, francophones, celui de la francophonie.

 Si la clique des fédéralistes canadiens, comme la clique des européistes français,  préfère imbiber d’anglais la population francophone par le biais d’un bilinguisme à sens unique plutôt que de lui ouvrir les portes de l’Espace francophone qui lui permettrait de voir le monde autrement qu’en anglais, alors à nous de travailler pour que cette porte s’ouvre. Oui, à nous de travailler pour sortir la Francophonie de l’ombre dans laquelle les angliciseurs ont tout intérêt à la maintenir, à nous de dire, haut et fort, et partout, que l’avenir de notre langue réside dans la Francophonie, et non dans un bilinguisme de type colonial, comme au Canada, où, dans les faits, seul l’anglais serait obligatoire.

 

Le Président de l’A.FR.AV

 

 

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