FRATERNIPHONIE

LE JOURNAL DE L’ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR - A.FR.AV

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TROIXIÈME TRIMESTRE 2010

« La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ? »   

 Numéro 61

              

101, oui ; 103, bonjour les dégâts !

 Résumé de la situation.

  Un an après l’arrivée au pouvoir de René Lévesque en 1976, — René Lévesque était le chef du Parti Québécois (PQ), un parti indépendantiste —, le Québec se dote d’une loi pour arrêter l’anglicisation du pays et assurer sa refrancisation dans les domaines gagnés par l’anglais. Cette loi a eu pour nom LOI 101 ou Charte de la langue française.

  Dans le texte, cette loi définit les droits linguistiques de tous les citoyens du Québec, qu’ils soient d’origine autochtone,  française, britannique ou issus de l’immigration récente, en faisant du français, qui est la langue de la majorité (90% de la population), la langue officielle de l'État québécois. Comme la loi stipulait que la langue de travail au Québec était le français, des campagnes de francisation furent lancées pour aider les entreprises dont la langue de fonctionnement était l’anglais, à passer au français. La loi a exigé aussi que tout affichage et toute communication  au Québec soient en français. Au niveau de l’enseignement, l'obligation fut faite pour la majorité des enfants du Québec de fréquenter l'école publique française ; une dérogation fut cependant accordée à la minorité anglophone qui obtint le droit, elle, de fréquenter     une école publique en anglais. Ainsi, les francophones, les autochtones  francophones, les allophones (immigrés récents qui n’ont ni l’anglais ni le français pour langue maternelle), sont priés d’aller à l’école publique francophone.

Ces mesures importantes redonnent à la majorité francophone, si longtemps dominée et méprisée par la minorité anglophone, l'impression d'être chez elle, au Québec.

Le problème dans cette affaire, c’est que le Québec n’étant pas encore un pays indépendant, un organe des instances fédérales — le Canada est une confédération de 10 provinces et de 3 territoires —, la Cour Suprême du Canada, pour la nommer, vient constamment rogner les avancées de la loi 101 sous prétexte que cette loi est antinomique avec la Charte canadienne des Droits et des Libertés. Autrement dit, parce que le renard anglophone n’est pas content qu’on lui ait fermé le poulailler québécois francophone, il est allé se plaindre auprès de ses amis d’Ottawa (capitale fédérale du Canada) pour que ceux-ci lui redonnent la liberté de continuer d’aller faire à sa guise ses  déprédations dans le poulailler francophone. Ainsi, de fil en aiguille — plus de 200 amendements en 30 ans — est arrivée la loi 103, une loi qui permettra à un non-anglophone au Québec d’accéder à l’école publique anglaise. Comment ? Par les écoles dites « passerelles ». Ce sont des écoles privées, payantes et non subventionnées où l’enseignement est dispensé en anglais.   Selon la loi 103, il suffira alors de passer 2 ou 3 ans consécutifs dans ces écoles, pour avoir ensuite le droit d’intégrer l’école publique anglaise. De plus, un enfant baigné dans ce type d’école donnera le droit à ses frères et à ses sœurs, ainsi qu'à sa descendance de fréquenter à leur tour le réseau public anglophone. Bref, il en sera fini de l’obligation d’aller à l’école française au Québec et le français risque alors, bien sûr, de suivre la pente inexorable du déclin.

Pour faire un parallèle avec ce qui se passe en France, nous pourrions comparer la Cour Suprême du Canada, qui est un organe supranational pour le Québec, à la Cour de Justice européenne qui est un organe supranational pour la France. Mine de rien, mais les Français le savent-ils, la Cour de Justice européenne empêche l’application pleine et entière de la loi Toubon sur le français. En effet, chaque fois que nous écrivons à une DGCCRF (les Fraudes) pour demander le respect de la langue française à travers la loi Toubon, immanquablement cet organisme s’appuie sur un arrêté de la CJE pour classer l’affaire.

Hélas, au train où va l’anglicisation, on peut facilement      imaginer que demain, en France,  il y aura des écoles publiques et privées qui enseigneront en anglais, Sciences Po à Reims en est un exemple frappant, et vu l’engouement que l’anglais     suscite auprès de la population, nous pouvons prévoir que,    comme au Québec, les Français seront nombreux à vouloir   mettre leurs enfants dans de telles écoles.  Qui va protester, et sur quelle base pourra-t-on protester, alors que les lois françaises, et même la Constitution protégeant notre langue, seront court-circuitées par des juridictions supranationales ?

On le voit donc, le problème qu’a actuellement le Québec avec la loi 103, est un problème de fond qui touche au droit des Peuples, au droit des Nations, de vivre, de travailler et de scolariser leurs enfants dans la langue même de la Nation.

Mais que faire, si le peuple, abruti par des décennies et des décennies d’anglicisation, est demandeur d’anglais, et qu’il est  même prêt  à accepter le basculement linguistique ?

Au 18e siècle, les révolutionnaires pensaient que le peuple était tellement aliéné par des siècles et des siècles de soumission, qu’il était incapable par lui-même de se libérer et qu’il fallait, par conséquent, pour le sortir de ses préjugés, lui imposer la  dictature des idées révolutionnaires porteuses de sa libération.    

Faudra-t-il demain, sur le même canevas, imposer aux peuples la dictature de leurs propres langues pour éviter qu’ils se laissent aller à accepter l’anglais colonisateur des mondialistes angliciseurs ?

Régis Ravat

 

 
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