FRATERNIPHONIE

LE JOURNAL DE L’ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR - A.FR.AV

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TROISIÈME TRIMESTRE 2012

« La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ? »   

 Numéro 69

 Soyons des indignés linguistiques !

  Le début de l’été a bien commencé pour la cause que nous défendons, puisque, le 22 juin,  lors d’un discours que le Président François Hollande a prononcé à Rome devant la représentation française de cette ville, nous avons eu le  plaisir de l’entendre s’exprimer favorablement pour la langue  française. Voici quelques phrases extraites de ce discours, des  phrases qui mériteraient, à n’en pas douter, d’être gravées dans le marbre de la République et sur les frontons de  nos écoles :

« (…) Je considère que c'est une bataille, la langue française, non pas une bataille pour la France, une bataille pour la diversité culturelle, une bataille pour le pluralisme.

 (…) cela ne me fait pas plaisir quand je participe… à des conférences internationales et que je constate que la langue française est  aussi peu utilisée et parfois même par des Français. Chaque Français doit  parler la langue française, où qu'il se situe. Cela ne veut pas dire, qu'on ne doive pas connaître d'autres langues, d'Europe et du monde, mais nous devons défendre notre langue. ».

Après ces belles paroles qui ne peuvent que nous réconforter dans la lutte que nous menons contre l’effacement de   notre langue au profit de l’anglais-roi, nous eûmes la joie de voir se dérouler à Québec, au début du mois de juillet, le premier Forum mondial de la langue  française.

M. Abdou Diouf, président* de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), y fit un discours que l’on pourrait qualifier d’historique, tant il  sortait des discours consensuels et académiques que l’on a l’habitude d’entendre dans ce genre de grands-messes. Des phrases comme « … nous refusons la ségrégation linguistique et le darwinisme culturel. », « Nous ne sommes pas prêts à nous satisfaire d’un français culturellement amoindri, parce qu’exclu de certains champs de l’activité humaine. », « Nous devons être des indignés linguistiques ! » ou « nous  devons avoir, dès maintenant, l’ambition de tout dire sur tout, en français, sous  peine que la langue française, un jour, ne dise plus rien sur rien. », vinrent réchauffer nos cœurs de militants francophonophiles.

Claude Hagège, également présent à ce Forum, fit, quant à lui, un vibrant plaidoyer contre l’enseignement intensif de l’anglais dès le plus jeune âge au Québec, « une  violation de la loi 101 », a-t-il dit, et de rajouter : « l’une des raisons principales de la loi 101, c’est l’intégration des immigrés. Si les immigrés sont maintenant anglicisés, alors la loi 101 perd tout contenu. ».  Dans un discours lumineux, ponctué de quelques phrases en chinois, en arabe et en peul, Claude Hagège a interpellé les participants du Forum pour rompre avec ce qu’il a nommé les « ronrons consensuels permanents » ou les « assises mondaines » de la Francophonie. Pour le linguiste polyglotte, la Francophonie est ni plus ni moins « en guerre », non pas contre l’anglais, mais contre  l’américanisation qui veut imposer une langue unique à l’ensemble de la     planète sous couvert de mondialisation.  

Bref, toutes ces bonnes paroles eurent de quoi nous donner, une fois encore, du  baume au cœur, des bonnes paroles accompagnées de bien d’autres, car il y eut  beaucoup d’intervenants, bien sûr, qui   dirent leur amour du français durant les cinq  jours que dura ce Forum.

Puis, la fin de l’été fut marquée par du  français venant du Liban, du français de sa Sainteté, le Pape Benoit XVI, en visite  officielle dans ce pays les 15, 16 et 17 septembre. Le Pape nous rappela, pour le coup, que le Liban francophone était   encore debout et que, vaille que vaille, la langue française se maintenait dans cette partie du monde.

Si ces trois événements ont mis en  exergue notre langue et ont eu de quoi nous rassurer quelque peu sur ses perspectives d’avenir, une question  subsiste tout de même : pourquoi ces trois événements sont-ils passés quasiment inaperçus dans nos grands médias ?

En effet, qui a entendu les passages du discours de François Hollande prononcé à Rome, le 22 juin, relatifs à la langue   française ?

Qui a entendu parler du Forum mondial de la langue française de Québec et du discours du Président* Abdou Diouf ?

Qui a entendu le Pape s’exprimer en français au Liban devant les 350 000  fidèles réunis à Beyrouth ?

- Peu de personnes, des initiés, peut-être, mais certainement pas la grande masse de la population française, certainement pas tous ces jeunes que nous   envoyons dans notre école dite de la  République où, désormais, ils sont conditionnés à l’anglais précoce et obligatoire. Une école qui les convaincra, ce faisant, qu’il n’y a pas de vie sans anglais ; que, s’ils doivent faire carrière dans la      chanson, c’est en anglais qu’ils devront chanter ; que, s’ils créent une entreprise, une boutique ou un produit, c’est en anglais qu’ils devront les nommer, etc.  tout cela,  alors que la plupart d’entre eux ignorent jusqu’à l’existence même du mot francophonie.

À n’en pas douter, nos politiciens et les grands médias sont coupables de cette rétention d’informations, de ce déni linguistique par omission, de ce lavage des cerveaux.

Pour prendre un exemple frappant de l’existence de cette organisation du crime linguistique, il n’y a qu’à regarder les actualités de 20 heures, sur France 2. On  constate alors aisément, qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’il soit diffusé un reportage sur les bienfaits de l’enseignement de l’anglais précoce, sans qu’il soit dit que les Français sont nuls en   langues étrangères (sous-entendu, en anglais), sans qu’il soit ressassé que les touristes sont mal accueillis en France parce que les Français ne parlent pas anglais, sans qu’il soit fait une « pub » du dernier film états-unien sorti, de la dernière chanson en vogue aux États-Unis ou du prochain concert à Paris d’une vedette anglophone. Il est facile de constater aussi que lorsqu'un journaliste de France 2 interroge un étranger pour les besoins d'un reportage, dans la plupart des cas, nous avons droit alors à un témoin qui parle en anglais. Le samedi 9 juin, nous eûmes même la désagréable surprise d'entendre un chef de la police de Montréal, au nom très français, parler en anglais.

 

Si entre le 2 et le 6 juillet 2012 a bien eu lieu le premier Forum mondial de la langue française à Québec, pourtant, force est de constater, que durant cette période, aucun reportage,   aucun commentaire n'a été accordé à cet événement majeur pour notre langue, sur France 2, aux journaux de 20 heures.

Comment se fait-il que cette chaîne publique, dont une des missions - cela est inscrit dans le cahier des charges de la     chaîne -, est de veiller à la promotion, à la diffusion et à la     défense de la langue française, fasse ainsi la sourde oreille    lorsqu'il s'agit de mettre en avant nos intérêts linguistiques ?

Alors que se déroulait ce Forum mondial, et pour prendre un exemple du haut degré de trahison linguistique qui règne sur France 2, au journal de 20 heures,  le mardi 3 juillet 2012, on nous parla de l'Allemagne qui recrutait des immigrants en anglais, d'Airbus à Toulouse qui présentait ses avions en anglais à des visiteurs. De plus, le 8 juillet, nous eûmes droit à un énième reportage pour apprendre l'anglais en séjour linguistique en Angleterre. Bref, il y aurait un complot sur France 2 contre la langue française et contre la Francophonie au profit de l'anglais-roi que cela ne serait pas étonnant.

Tout concorde donc pour dire que France 2, joue à fond la carte de l'anglais et se moque comme d'une guigne de la promotion de notre langue.

Notre chaîne publique suivrait-elle des consignes : promouvoir l'anglais, faire voir aux téléspectateurs que le monde entier parle anglais (même au Québec) ? France 2 ferait-elle pour l’anglais, ce qu’elle fait pour les minorités dites « visibles » ?  En effet, s’il est facile de constater qu’à travers de nombreux reportages, les    journalistes du journal de 20 heures de France 2 donnent la parole très fréquemment à des personnes issues des minorités                  « visibles », comment ne pas se poser la question à savoir s’il n’y aurait pas la même stratégie pour mettre l’anglais en avant.

Si faire de la discrimination positive a été plus ou moins validé par la classe politique en général, est-ce que l'anglicisation, en catimini, l'aurait été également ? Qui aurait décidé alors que, au nom de notre bien-être, de notre intérêt supérieur, de la liberté et de l'équité, il faut bourrer le cerveau des téléspectateurs de la   langue de Mickey.

Oui, plus que jamais, face à cet ennemi de l’ombre, soyons des indignés linguistiques, comme l’a dit si justement, le Président* Abdou Diouf, et plus que jamais préparons-nous à la révolte des langues !

 

Le Président de l’A.FR.AV

 

* Le titre exact de M. Abdou Diouf est  : Secrétaire général de l’OIF

 

 

 

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