FRATERNIPHONIE

LE JOURNAL DE L’ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR - A.FR.AV

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QUATRIÈME TRIMESTRE 2012

« La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ? »   

 Numéro 70

 Se battre pour le respect de notre alphabet

L’année 2012 s’est finie sous le signe de l’ail, un ail venu d’outre-Atlantique, lui-même provenant des produits au logo de la Pomme, une marque en pointe actuellement dans le domaine de la haute technologie.

  - « Une pomme qui rappelle l’ail, voilà bien un assemblage digne de la cuisine de pays anglo-saxons », pourrait-on se dire, « un mélange contre nature que nos palais francophones ne sauraient apprécier. »

 

Ainsi, travaillant dans un hypermarché, j’ai vendu de l’ail en grande quantité le dernier trimestre de 2012, de l’ail sous  forme de téléphones avec l’Iphone 4 et 5, de l’ail sous forme de tablettes tactiles avec les Ipad 2 et 3, de l’ail sous forme de  baladeurs avec les Ipod mini et Cie.

Pour ceux qui n’auraient pas encore compris la subtilité de mon propos, sachez que le « I » de Iphone, Ipad et Ipod doit se prononcer, selon la volonté du constructeur, des publicitaires et des grands médias, à l’américaine, c’est-à- dire « ail ». Bien sûr, dans cette affaire, on n’a pas demandé l’avis des francophones, et  encore moins de l’Académie française, on nous a imposé cette prononciation à grands renforts de matraquages publicitaires. Comme dirait l’autre, la démocratie, c’est bien, surtout lorsque l’on dispose de la finance pour manipuler l’opinion et ainsi faire dire au bon peuple, ce que l’on a envie qu’il dise.

Force est d’ajouter cependant que, étant né et vivant au pays de l’ailloli, je n’ai pas du tout apprécié cette sauce à l’ail de la Pomme qu’on me demandait de consommer. De plus, fidèle gourmet  servant de Madame la langue française, contre vents et marées, contre rires    sournois et soupirs dédaigneux, voyant un « i » à l’entête de tous ces  produits, j’ai mis un point d’honneur à prononcer cette lettre de l’alphabet, tout simplement, comme elle se prononce encore dans l’alphabet français, c’est-à-dire « i » et non « ail ».

Bien sûr, un bon nombre de clients se firent un plaisir de me reprendre en   m’expliquant comment il fallait prononcer le « i » de la Pomme, et moi, alors, bien évidemment, je me fis un  devoir de leur faire une leçon de morale sur la langue  française, les priant - pour   qu’elle ne tombe pas dans les pommes au risque de ne plus se relever -, de ne pas participer à l’anglicisation ambiante, de réagir face aux médias faiseurs d’opinions et pollueurs de langue. Certes, la manœuvre était délicate, car au pays des colonisés, le résistant militant, et fier de l’être, risque fort de passer pour un  lourdingue dans son combat d’émancipation et de liberté.

Alors que je me battais sur le front de la voyelle « i » pour qu’elle ne bascule pas dans le camp anglais, en guise de renfort, je fus attaqué sur mon flanc par un pseudo ministre de la République qui, sous prétexte de faire acheter aux Français des produits fabriqués en France, leur parla en anglais en se faisant le VRP, c’est-à-dire le représentant, de l’expression "Made in France", une expression où la voyelle « a » est prononcée à l’anglaise « eï », comme elle l’est d’ailleurs dans Apple, la marque à la Pomme.

Ainsi donc, en plein combat pour la conservation de la prononciation française de la voyelle « i », je fus obligé, par un courrier circonstancié d’aller mettre les points sur les « i » à ce ministre inconscient à l’égard de la langue française.

Voilà donc où nous en sommes dans ce pauvre pays qu’est devenu la France, où un pauvre et simple vendeur de supermarché se bat pour la langue française, tandis qu’un ministre bourgeois, grassement payé par l’argent de nos impôts, se permet en public, et en toute impunité, de violer notre langue, en infraction totale avec l’article II de notre Constitution et avec la loi n°94-665.

- « Que faire ? », allez-vous me dire.  Que faire contre les multinationales richissimes qui jouent à fond la carte de l’anglais et contre ses politiciens sans vergogne qui bafouent les intérêts      linguistiques du peuple qu’ils sont censés défendre ?

Eh bien, comme David et Goliath, comme la souris qui fait peur à l’éléphant, comme le grain de sable qui peut à lui seul dérégler la plus perfectionnée des machines, il nous faut trouver ce qui dérèglera la spirale infernale de l’anglicisation, ce qui empêchera tous ces  angliciseurs d’angliciser en rond.

Nos David, nos souris, nos grains de sable sont nos tracts, nos autocollants, nos envois sans timbrer, notre présence sur les forums de la Toile, notre journal, notre site, nos vidéos et bientôt nos    procès dans les Tribunaux administratifs. Non, rien n’est perdu, l’histoire excitante de la défense de la langue française, et, avec elle, celle de la lutte contre l’imposition de la langue et de la pensée uniques,  ne fait que commencer.

 

Le Président de l’A.FR.AV

 

 

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