Au début du mois de janvier, force a été de constater
que les médias nous ont servi à toutes les sauces, dans tous les
journaux, qu’ils soient télévisés ou sur papier, la très rocambolesque
histoire de Gérard Depardieu, ce grand comédien français qui veut
changer de nationalité.
En effet, celui qui a si admirablement joué, entre
autres rôles, les Misérables et incarné Obélix, l’irréductible Gaulois
au cinéma, menace de quitter la France pour ne plus y subir son système
fiscal.
Dans la foulée, Brigitte Bardot, égérie du cinéma
français des années 60-70, qui représenta même Marianne, symbole de la
République, dans certaines mairies de France, menace, elle, de fuir le
pays si deux éléphantes malades, actuellement hébergées dans un zoo de
Lyon, étaient abattues.
Bref, à la lueur de ces exemples, il semblerait que pour
un oui, pour un non, on soit prêt aujourd’hui à changer de pays, la
question n’étant plus, apparemment, d’essayer d’améliorer les choses
de l’intérieur, mais de fuir lâchement, de quitter le navire, pour aller
prendre ailleurs ce qu’il y a de meilleur. Ce phénomène de
non-consistance, de fuite en avant, d’égoïsme, même, concerne, bien
évidemment aussi, les Français et leur langue.
En effet, si Gérard Depardieu et Brigitte Bardot ont
fait les unes des médias parce qu’ils menaçaient de quitter la France,
Jean-Claude Trichet, Christine Lagarde, Dominique Strauss Kahn, Pascal
Lamy et bien d’autres, auraient très bien pu faire, eux aussi, les unes
des journaux par leur abandon caractérisé de la langue française, leur
langue, dans leur représentation à l’échelon européen ou mondial.
Oui, il sont nombreux, hélas, les Français à se livrer à
l’anglais, à quitter leur langue, à paraître plus intéressés de ce qui
se passe dans l’anglosphère que de ce qui se fait dans le monde de la
Francophonie.
Où est la France qui dit « NON », la France qui résiste,
la France qui refuse le diktat des empires ?
Ainsi, jamais dans son histoire, la langue française n’a
été autant bafouée, et bafouée par des Français, eux-mêmes.
Gérard Depardieu et Brigitte Bardot qui veulent quitter
la France et une bonne partie des Français qui s’abandonnent à
l’anglais, voilà de beaux exemples d’infidélité, de désamour et donc de
séparation à venir.
Pourtant quand on aime, on ne quitte pas, et, tout comme
on ne divorce pas de sa mère, on ne divorce pas de son pays ni de la
langue qui le fait.
Les difficultés actuelles de la langue française
seraient-elles alors tout simplement dues à un problème d’amour, un
amour de la langue que les Français auraient moins fort aujourd’hui
qu’hier ?
En effet, peut-on dire que l’on aime sa langue, alors
que l’on accepte, sans sourciller le moins du monde, que l’anglais
vienne partager le lit conjugal dans un bilinguisme quasi officiel au
niveau du pays tout entier ? Peut-on dire que l’on aime sa langue, alors
que l’on est fier que son enfant apprenne l’anglais dès le berceau,
presque comme le français, presque comme la langue maternelle ? Peut-on
dire que l’on aime sa langue lorsqu’on applaudit à deux mains un
chanteur « français » qui chante en anglais ? Etc.
Oui, le problème de la langue française semble plutôt
être un problème d’amour de la langue française et la question à se
poser serait alors de savoir pourquoi ce désamour, pourquoi cette perte
de confiance ?
Aurait-on insufflé sur la France un gaz anesthésiant,
tout en ayant l’air de ne pas y toucher ? Un gaz qui aurait endormi les
Français, qui les aurait même hypnotisés au point de les transformer en
robots obéissants et serviles. Ce gaz ne serait-il pas parti de films et
de chansons émanant d’un cheval de Troie plus communément appelé
Accords Blum-Byrnes ? Ne serait-il pas parti du Congrès pour la Liberté
de la Culture, un organisme d’après-guerre financé par la CIA2,
et qui avait pour but, afin que l’Europe de l’Ouest ne bascule pas dans
le camp communiste, d’aider et de financer les milieux artistiques et
intellectuels de l’Europe occidentale, Raymond Aron, philosophe,
sociologue, politologue, historien et journaliste, côté français,
étant l’exemple type de cette collaboration.
Soit, nous ne sommes pas tombés sous l’emprise du bloc
soviétique, mais devions-nous, pour autant, tomber sous l’emprise
étatsunienne ? Soit, nous n’avons pas eu l’enseignement obligatoire du
russe dans nos écoles, mais est-ce bien un signe de liberté que d’avoir
la langue de la CIA imposée à tous nos enfants dès la maternelle ?
Oui, plus que jamais notre combat est un combat pour la
liberté. Rassemblons-nous et battons-nous pour l’amour de notre langue,
c’est notre liberté de penser, d’exister que nous défendons à travers
elle !
Le Président de l’A.FR.AV
1 - Visitez le
site : http://quebecfrancais.org/
2 - Agence de
renseignement chargée de veiller aux intérêts étatsuniens à travers le
monde, quitte, pour cela, à tuer des opposants politiques et à mettre
des hommes à leur solde à la tête de certains pays.