Printemps
après printemps, année après année, notre Ligue wallonne arrive à son
100e anniversaire. Cent ans : un rien à l'égard de l'histoire des
hommes, un presque tout à l'égard d'une vie. La vie des groupes étant
plus longue que celle des individus, il importe de veiller à
l’enchaînement des maillons, au déroulement de la trame, à la reprise du
thème par d'autres.
Ainsi, pour
aborder allègrement un deuxième siècle, la Ligue wallonne doit « se
renouveler sans se renier ». Les Wallons venus s'installer à Bruxelles
en 1913 ont contribué à faire de Bruxelles ce qu'elle est, ils ont
généralement fait souche, engendrant des générations de « mutants » :
Bruxellois fidèles à leurs origines wallonnes, attachés à la langue et à
la culture françaises, mais de plus en plus éloignés de la terre
d'origine où ils n'ont plus de parenté.
Le combat pour la défense du français ne concerne plus seulement les
Wallons « déracinés », mais tous les Bruxellois francophones, y compris
les nouveaux Bruxellois.
Quel rôle reste-t-il à la Ligue wallonne ?
Dénoncer, résister, continuer.
Dénoncer, nous le
faisons fréquemment : avancées arbitraires de l’État flamand ;
faiblesses et démissions des politiciens francophones ; grignotages
sournois ou ostentatoires de l’espace francophone à Bruxelles, qu’il
s'agisse des transports en commun, de la publicité, des soins de santé
ou de l'affichage tant bruxellois qu'européen.
Résister.
Poursuivre l'affirmation de la communauté de destin entre Bruxelles et
la Wallonie. Nos moyens ne sont pas énormes. Notre principal outil de
résistance est notre journal. Il est le vôtre. Diffusez-le. Soutenez-le
par vos dons. Aidez-nous à le réaliser
Continuer.
Si la défense du français à Bruxelles comporte un volet politique, au
sens large du terme ; nous avons surtout à mettre en valeur, défendre
et enrichir, le patrimoine culturel dont nous sommes héritiers. Il
serait vain de lutter pour la survie d'une langue vidée de sa sève. Le
danger existe. Je prendrai un exemple dans un domaine que je connais
bien : celui de la chanson. La chanson « à contenu », bien écrite et
chantée par des interprètes de qualité, est complètement occultée par
des émissions de téléréalité génératrices de grosses recettes
publicitaires :
The Voice, la Starac, la Nouvelle star,
sans compter
l'inusable
Eurovision.
Peut-être des
talents y éclosent-ils, mais c'est généralement en chantant en anglais
ou, si c’est en français, des textes indigents. Pourtant, à l'écart du
tapage médiatique, de nombreux chanteurs-poètes, toutes générations
confondues, perpétuent la tradition des trouvères et des troubadours.
S'ils pouvaient se faire entendre un peu plus !
Soyons vigilants ! Aimons
notre culture, respectons notre langue, faisons-la vivre.
Marie-Claire DALOZE-Williquet, Présidente de la Ligue wallonne -
Courriel :
mcdaloze@skynet.be