C’est
bizarre, tout de même, dans la guerre civile qui sévit actuellement en
Syrie, le président Hollande et son gouvernement, avec notamment son
ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ont tous été, et le
sont encore, sans la moindre hésitation, du côté des rebelles.
Soit, le président de la Syrie, Bachar el-Assad,
n’est pas un ange, loin de là, un personnage que l’on pourrait certes
classer dans la catégorie des dictateurs, mais les rebelles, infiltrés à
plus de 80 % par les terroristes d’Al-Qaïda, en quoi seraient-ils moins
dangereux pour la stabilité de la région et en quoi seraient-ils garants
de plus de démocratie pour le pays que le dictateur en place ?
François Hollande et son équipe ont-ils entendu les cris
de ralliement des chrétiens de Syrie à Assad, préférant le dictateur en
place aux soi-disant libérateurs ?
Une attaque au gaz chimique cet été, dans un quartier de
Damas, et voilà que François Hollande se transforme aussitôt en un sosie
de George Doublevé Bush, l’ancien président sanguinaire et guerrier des
États-Unis d’Amérique, Hollande prêt, illico presto, à aller déboulonner
Assad en son palais, et cela sans aucune autre forme de procès, alors
qu’après tout, il y a une forte probabilité que ce soit Al Quaïda qui
ait monté l’opération pour pousser les Occidentaux à éliminer le
dictateur à leur place.
Dans ce triste épisode, la similitude de Hollande avec
Bush me parut assez inquiétante. Préoccupant, en effet, de ressembler à
un président qui a décidé pour le monde qu’il y aurait l’axe du bien
d’un côté et l’axe du mal de l’autre, l’axe du bien étant formé de ceux
qui épousent le mode de vie et de pensée anglo-américain, et l’axe du
mal de tous ceux, le reste du monde, qui préfèrent épouser un autre
modèle.
Cet alignement de pensée, est-il un signe que ceux qui
nous gouvernent désormais ont perdu l’esprit humaniste des Lumières qui
animait nos politiciens et décideurs jusqu’à maintenant ? Sommes-nous en
train de passer, tout simplement, de peuple gallo-romain à peuple
gallo-ricain ?
Nous le savons tous, les cours massifs d’anglais dans
nos écoles, vont forcément aider à ce passage, car l’enseignement
précoce et obligatoire de l’anglais va changer l’esprit, le
raisonnement, la pensée, le mode de vie de nos enfants et donc des
futures générations.
Déjà, ne voyons-nous pas des jeunes travailleurs
manifester dans la rue, non pas pour exiger des améliorations de leurs
conditions de travail, comme leurs aïeux l’ont fait jusqu’à maintenant,
mais pour réclamer le droit de travailler davantage, le droit de
travailler la nuit, les jours fériés et les dimanches. Apparemment
donc, plus notre société s’anglicise, plus la pensée qui était la nôtre
issue des Lumières s’éteint pour faire place à la pensée dite
libérale, celle du culte de la personnalité, de la réussite
individuelle, du fric, du paraître et de la violence économique, pour
ne pas dire de la violence, tout court.
Si notre cher Président Hollande est prêt à sortir les
canons pour aller aider les rebelles de Syrie à renverser le dictateur
Assad, force est de constater qu’on ne l’entend guère parler de deux
pays d’Afrique francophone où pourtant les massacres de civils vont bon
train également : La Centrafrique et la Répu-blique Démocratique
du Congo, la RDC. Dans ce dernier pays, la guerre qui sévit depuis plus
de dix ans, a fait près de six millions de morts, c’est-à-dire 50 fois
plus qu’en Syrie, et pourtant, ni Obama, ni Hollande, ni l’ONU, ni les
médias en général, et donc ni l’opinion publique, ne semblent se
préoccuper de cette situation dramatique. Il y a là-bas des crimes de
guerre aussi odieux qu’en Syrie, puisque le massacre des populations
civiles y est systématique, ainsi que le viol des femmes jusqu’à ce
qu’elles soient, suprême supplice, engrossées par leurs bourreaux. Là
encore, le Président Hollande et son gouvernement préfèrent lancer des
invectives au président de RDC, Joseph Kabila, ne le trouvant pas assez
« bien élu » - ce qui est peut-être vrai -, mais oubliant du coup
l’urgence de la situation : arrêter les massacres engendrés par les
rebelles du Nord-est du pays et rétablir les frontières, ainsi que
l’état de droit, sur tout le territoire de la RDC.
Mais pourquoi donc notre Président, aux idées si
belliqueuses pour tenter de résoudre les problèmes de la Syrie, est-il
si timoré lorsqu’il s’agit d’aider à résoudre ceux d’un grand pays
francophone comme la RDC, un pays stratégiquement parlant, très
important pour l’avenir de la langue française puisque, en superficie,
c’est le plus grands pays d’Afrique noire et que sa forte démographie
le placera bientôt comme le premier état du monde en nombre de
locuteurs francophones ?
En fait, notre pauvre Président semble être pris entre
deux feux : il ne peut pas aider le président Kabila, car il ne cesse de
le dénigrer comme étant un pseudo dictateur et il ne peut pas trop
dénoncer les rebelles, car ils sont aux ordres de l’anglosphère,
l’anglosphère à laquelle il rêve d’assujettir la France via la
politique du tout-anglais actuellement en vigueur et via, cerise sur le
gâteau, l’accord transat-lantique en préparation, alors, forcément, dans
ces conditions, lorsqu’on n’aspire plus qu’à devenir le caniche des
Étatsuniens, les intérêts de la France, de la Francophonie et de la
langue française passent bien après l’intérêt de recevoir sa pâtée.
Régis
Ravat, Président de l’A.FR.AV