Europe
et Francophonie
Entrant immédiatement dans le vif du sujet, Olivier Maingain reconnaît
que le rayonnement de la langue française est menacé par son érosion
constante dans les institutions européennes. Cela rend la défense du
français à Bruxelles encore plus cruciale.
Or, certains milieux politiques, académiques et des affaires
préconisent d'accorder à l'anglais le statut de troisième langue
officielle bruxelloise (notamment le ministre régional bruxellois
VANHENGEL - du parti politique, Open VLD,
Libéraux et Démocrates flamands -
et
le cercle Marnix...). Un tel choix pourrait changer le visage de
Bruxelles en une génération.
Toutefois, faisant état de son expérience de bourgmestre d'une commune
qui compte de très nombreux ressortissants(2)
d'autres pays de l'Union européenne, M.
Maingain indique que plus de 90 % des intéressés s'adressent
spontanément en français à l'administration, alors que 8 % souhaitent
utiliser l'anglais.
Il
faut refuser un statut officiel à l'anglais au nom du rejet de
l'hégémonie - argument qui devrait sensibiliser une jeunesse
indifférente - mais aussi parce que le Royaume-Uni est l'État le plus
hostile à la construction européenne.
Il est regrettable aussi que l'importance du débat sur
les langues soit minimisée, alors que la politique linguistique est au
cœur de l'État et touche à la conception même que l'on se fait de
l'Europe. Pour l'illustrer, Olivier Maingain rappelle, entre autres
choses, les directives de Dominique de Villepin, alors ministre français
des Affaires Étrangères, recommandant, par exemple, d'affirmer la
position du français en tant que langue officielle et langue de travail,
de refuser de se prononcer sur des documents tant qu'une version
française n'est pas disponible, de donner la préférence au français dans
les contacts bilatéraux ou, si possible, à la langue de son
interlocuteur, plutôt qu'à l'anglais, etc.
À
cet égard, Olivier Maingain exprime son inquiétude quant à l'attitude
des représentants de la Belgique, notamment à l'aune des recommandations
de l'organisation Internationale de la Francophonie
(O.I.F).
Il souligne aussi l'opportunité d'actions pratiques, propres à assurer
le rayonnement de notre langue : la collaboration de la France, de la
fédération Wallonie-Bruxelles et de
l’O.I.F,
pour offrir des formations aux nouveaux fonctionnaires européens, ainsi
que l'accueil d'étudiants étrangers, qui deviendront ensuite les
meilleurs ambassadeurs du français lors de leur retour au pays.
Bruxelles
Saluant la mémoire des anciens hommes d'État (Jean Gol et Guy Spitaels),
Olivier
Maingain fait part de son inquiétude pour l'avenir de Bruxelles. Il
stigmatise le retour du « bi-communautarisme », la proposition de créer
un réseau fédéral d'écoles bilingues, l'hostilité ou le mépris de
certains à l'égard de la Wallonie, la séduction qu'exerce le programme
néo-libéral de la N-VA(3)
sur les principaux milieux d'affaires de la capitale.
S'y ajoutent la naïveté de certains Francophones à propos de la
Flandre, le relativisme de la jeunesse, et le (bas) calcul économique de
certains… Ainsi, il met en garde contre la
concurrence que la Flandre pourrait imposer, tant de
l'extérieur que de l'intérieur, en cas de confédéralisme à deux, lequel
contraindrait les Bruxellois à opter pour une sous-nationalité (aux
régimes fiscaux et sociaux différents).
Les Bruxellois doivent savoir qu'il n'y
aura pas de voie du milieu entre une relation privilégiée avec la
Wallonie et le protectorat flamand, sous couvert de « confédéralisme
».
Il faut construire un projet politique commun avec la
Wallonie, et être conscient que la place du français dans les
institutions européennes dépendra aussi de sa situation dans la Région
qui les héberge.
Cet exposé fut suivi d'un débat où
différents avis furent exprimés en appui de ce qu'avait exposé
l'orateur.
En
commentaires, celui-ci souligna notamment qu'il ne croit pas à une
volonté d'indépendance totale de la Flandre qui préférera, avoir, grâce
au « confédéralisme », deux États (la Région flamande et la Belgique) à
son service.
Par
ailleurs, on ne peut nier le redressement wallon, bien au contraire.
Mais, il n'est pas assez rapide ; en plus, la Région n'offre pas une
masse critique suffisante…
L’État Wallonie-Bruxelles qui est recommandé n'est pas une
recentralisation, mais une mise en commun de projets.
(1)
BMF est une organisation pluraliste attachée notamment à
la promotion de l'identité culturelle française de Bruxelles et à la
communauté de destin de Bruxelles avec la Wallonie.
(2)
Dans ce but,
Woluwé-Saint-Lambert
accorde une prime linguistique aux agents communaux qui maîtrisent une
des principales langues européennes (allemand, espagnol, anglais,
etc.). Woluwé-Saint-Lambert est une des 19 communes de la Région de
Bruxelles-Capitale et elle est officiellement bilingue français-flamand,
comme les autres communes de Bruxelles)
(3)
Parti indépendantiste flamand de droite libérale et pro-UE de
Maastricht.
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La Ligue wallonne
Site :
http://www.liguewallonnebruxelles.be