C’est fou comme on
parle anglais dans les pays de l’Est, du moins à en croire les médias
occidentaux qui ne se sont pas privés, à l’occasion de la crise
ukrainienne, de nous faire entendre de « bons » Ukrainiens parler en
anglais et qui ne se sont pas privés de nous faire voir, parmi les
manifestants, des pancartes et des slogans écrits dans cette langue.
C’est fou, car, il y a peu, c’est le russe qui servait de langue
véhiculaire dans cette partie-là de l’Europe, et c’est fou de penser
qu’il aurait suffi d’à peine une génération pour que l’anglais l’ait
supplanté.
Si tel était bien le cas, il serait
intéressant alors de savoir comment ce basculement s’est opéré, et
pourquoi il s’est opéré en faveur de l’anglo-américain. Bien évidemment,
nos chers journalistes, peu curieux d’ordinaire sur les questions liées
à la langue, et plus préoccupés, pour la plupart d’entre eux, d’obtenir
une mission en pays anglophone dans l’espoir d’aller y perfectionner
leur anglais, ne se sont pas posé la question.
Ils auraient pu se demander, tout de
même, ce que venaient faire à Kiev, dans les manifestations, ces
panneaux en anglais assimilant Vladimir Poutine à Adolph Hitler. Ils
auraient pu chercher à savoir alors qui les avait imprimés et avec quel
argent. Mais, non, apparemment, ils ne se sont pas posé de questions, et
c’est bien dommage, car comment peut-on croire un seul instant que des
Ukrainiens aient pu écrire cela, alors que, comme tout le monde le sait,
le passé collaborationniste de l’Ukraine avec le régime nazi n’est plus
à prouver. Oui, tandis que les Soviétiques donnaient 26 millions des
leurs pour vaincre l’armée hitlérienne, les Ukrainiens donnaient, eux,
des divisions SS au dictateur, dont la fameuse 14e Division SS
« Galicie », formée d’Ukrainiens de l’Ouest. Les Ukrainiens savent cela,
bien sûr, les Russes et les autres Européens aussi, sauf peut-être les
gens qui ont payé les panneaux, des gens qui, forcément, ne doivent être
ni Ukrainiens ni Russes ni Européens !
Nos braves journalistes auraient pu
aussi avoir l’idée de demander aux grand-mères ukrainiennes qui
manifestaient, un bandeau sur le front marqué « HELP », pourquoi elles
demandaient de l’aide en américain. Ont-ils cherché à savoir si ce
n’était pas John Cia, par exemple, qui leur aurait offert ce bandana
publicitaire ?
Nos journaleux auraient pu aller voir
également ces étudiants qui disaient, en anglais, avoir besoin du
système éducatif européen. Aller les voir pour leur demander s’ils
connaissaient le sort des étudiants grecs, espagnols et portugais dont
les pays, ruinés par la politique ultralibérale et pro-étatsunienne de
l’UE, étaient dans l’incapacité de leur donner du travail. Intéressant
aurait été alors de leur dire que l’anglais, massivement installé dans
le système éducatif de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal, donnait
surtout l’occasion à un bon nombre d’étudiants de ces pays, d’aller
immigrer en direction de l’anglosphère, participant, comble de tout, à
fortifier encore un peu plus le système qui a contribué à les pousser
hors de chez eux.
Cela dit, nous savons que
l’Union européenne n’est pas neutre dans cette opération massive
d’anglicisation-américanisation, loin de là, puisque dès 2001, elle
exigeait des pays de l’Europe de l’Est désireux d’entrer dans l’UE, de
remplir leur dossier d’adhésion en anglais, et en anglais uniquement.
Même la Roumanie, très francophone et très francophile, fut contrainte
de passer par l’anglais pour adresser sa demande ! Ainsi, les
technocrates de Bruxelles ont envoyé un message fort, clair et net à
toute l’Europe de l’Est, à savoir que pour devenir membre de l’Union
européenne, l’anglais était obligatoire.
Cette volonté de l’UE à vouloir imposer
l’anglais partout, dans tous les domaines, est une preuve irréfutable
qu’elle est sous l’influence des Anglo-Américains. Une preuve
irréfutable qu’en servant leur langue avec autant de zèle, elle ne
fait que trahir son penchant pro-atlantiste dont l’aboutissement sera
réalisé par son annexion à l’empire étatsunien via le traité
transatlantique, un traité négocié en ce moment dans le plus grand
secret et en anglais, évidemment.
Dans ces conditions, comment Vladimir
Poutine pouvait-il voir les révoltés de la place Maïdan, à Kiev,
autrement que comme des gens manipulés, des gens manipulés par
l’appareil anglo-américanisé de l’UE, véritable machine à répandre la
langue et la culture de l’Oncle Sam, à soumettre l’économie du vieux
continent à la mode anglo-ricaine et à placer les armées européennes
sous le commandement étatsunien, via leur intégration à l’Otan. Comment
s’étonner, dès lors, que Vladimir Poutine n’ait pas envie de voir ces
pseudo-européens s’installer aux portes de son pays avec les missiles,
les drones et tout l’arsenal d’écoute et d’espionnage des États-Unis
d’Amérique ? En son temps, les Étatsuniens ont-ils accepté que les
Soviétiques usent du même stratagème pour s’installer à Cuba, à deux
pas des côtes de Floride ?
Dans cette affaire, mine de
rien, Vladimir Poutine, a rappelé aux Européens que l’Europe n’était pas
un prolongement des États-Unis d’Amérique et que l’Ukraine avait plus
pour vocation de promouvoir l’Europe de Brest à l’Oural que de
Washington à Kiev.
Un rappel pour nous dire aussi que
demain, la Russie, comme la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique
francophone, auront leur mot à dire dans les affaires du monde, et pas
forcément, comme le fait actuellement l’UE, en anglais, dans le sillage
et au service de Washington !
Le Président de l’A.FR.AV