Je rapporte, ci-dessous, le contenu d'une note que m'adresse, scandalisé, un coopérant français que je connais bien et dont je témoigne du sérieux, dans un établissement d'enseignement supérieur d'un des pays de l'ancienne Indochine. Cela me rappelle l'attitude de la représentation des Nations-Unies à Bangkok lorsqu'en 1993 j'avais participé à notre mission MAE pour relancer la coopération éducative et autre avec le Cambodge : on y contraignait alors nos gendarmes français expatriés à former en anglais, seulement, des homologues cambodgiens qui eussent au moins aussi bien compris le français ! Notre gouvernement d'alors n'avait pas cru bon de protester et de rappeler que le français était une des langues officielles et de travail de l'ONU, que l'on était dans un pays qui venait de (ré)adhérer à la Francophonie, et que l'aide fournie était payée essentiellement par le contribuable français!...
Puis-je vous suggérer de diffuser cette information au maximum et de presser nos "autorités" concernées de se ressaisir et de renverser la situation?
Albert Salon, ancien Ambassadeur, Président du FFI-France.
Je cite mon correspondant :
Le
but de cette note est de vous rapporter mes observations récentes
concernant la politique linguistique de la Commission européenne dans
mon pays de résidence, membre de la Francophonie, ancien pays associé
de la France en Asie du Sud-Est. L'établissement d'enseignement supérieur, principalement francophone pour lequel je travaille est en contact avec la Commission pour obtenir des financements. Notre
correspondant était à Bangkok jusqu'à récemment. Mais la
Commission a réorganisé ses services à l'étranger et nous bénéficions
désormais d'interlocuteurs sur place. Le problème de la politique
linguistique de la Commission ici et ailleurs a été abordé et ce
que j'ai appris mérite certainement d'être rapporté bien qu'il soit
possible que vous ayez déjà connaissance, tout au moins en partie,
des directives imposées par la Commission en ce qui concerne la
communication à l'extérieur de l'UE. En
effet, point n'est besoin, sans doute, de vous préciser que les
formulaires de demandes de fonds sont exclusivement disponibles en
anglais, que les cartes de visite du personnel de la Commission
stationné ici, qu'il soit fonctionnaire ou contractuel, sont en
anglais (et en langue locale au verso), que la langue imposée
dans toute correspondance est l'anglais exclusivement, que les
standardistes locales de la délégation répondent aux appels téléphoniques
uniquement en anglais et que l'anglais EST, apparemment, LA SEULE
LANGUE REPRÉSENTATIVE DE L'EUROPE dans ce pays. Jusqu'à
récemment, notre seul et unique correspondant était un Anglais
stationné à Bangkok mais, depuis la mise en place de la politique de
régionalisation de la Commission, nous avons enfin à faire à des
francophones, luxembourgeois, français ou belges. Depuis très peu de
temps donc, nos contacts sont en français à l'oral mais toujours en
anglais à l'écrit. Ces employés francophones nous ont récemment
fourni des informations précises sur le fonctionnement de la
Commission dans la zone Asie-Pacifique. La
Commission a, d'après ce qu'on nous a dit, divisé le monde en trois
zones, une zone de langue française, en Afrique, une zone de langue
espagnole, en Amérique latine, et une zone plus ou moins continue de
langue anglaise pour LE RESTE DU MONDE. Cela veut dire que, tandis que
le français peut être utilisé dans certains pays francophones
d'Afrique dans les délégations de la Commission et qu'il en est de même
avec l'espagnol en Amérique latine, partout ailleurs CONSIGNE A ÉTÉ
DONNÉE d'utiliser exclusivement l'anglais ! Récemment, l'employé
francophone à qui nous avons parlé a été sévèrement réprimandé
parce qu'il avait adressé un message à un correspondant ÉGALEMENT
FRANCOPHONE À PARIS. La réprimande était basée sur le fait qu'un
autre employé de la Commission, qui pourrait par la suite se saisir
du dossier, pouvait ne pas être francophone et, par conséquent, n'être
pas en mesure d'en saisir tous les détails. Il
ressort de notre conversation EN FRANCAIS avec nos contacts
francophones à la délégation de la Commission ici que les
directives auxquelles ils doivent se soumettre viennent DE HAUT. Les
objectifs sont on-ne-peut plus clairs. Il s'agit d'imposer l'usage de
l'anglais comme seule langue représentative de l'Europe EN EUROPE et
avec l'essentiel du reste du monde. On peut en déduire aussi que la
prétendue volonté d'imposer aux employés de la Commission une ou
deux langues étrangères (français et/ou allemand et/ou etc.) EST
TOTALEMENT FACTICE, car ON INTERDIT RIGOUREUSEMENT LA CONSTITUTION DE
DOSSIERS QUI POURRAIENT ÊTRE naturellement constitués dans une
langue autre que l'anglais ou bilingues. Il en ressort aussi que les
prétendues déclarations pour une diversité linguistique, même
limitées, au sein des institutions européennes sont totalement
creuses, absentes de substance et qu'il s'agit de PURS ET SIMPLES
MENSONGES. Toute
action correctrice ne pourra être efficace que si elle est effectuée
PAR LES GOUVERNEMENTS MEMBRES de l'UE qui, jusqu'à présent, sont
totalement COMPLICES de la situation effarante et absurde à laquelle
nous avons abouti. Il
est totalement clair dans mon esprit que la mise en place de la
politique linguistique de la Commission n'a pas d'autre but que de
GAGNER ET ASSURER L'HÉGÉMONIE TOTALE ET ABSOLUE de l'anglais. Reste
à savoir si les complicités des non anglophones sont actives ou
simplement passives. Ce que nous voyons est de toute évidence le résultat
du travail des Neil Kinnock et consorts, mais les gouvernements
membres de la Commission ont-ils voulu une telle situation ou bien
leur passéisme et leur lâcheté sont-ils seuls responsables ? Cela
reste à déterminer... La
période est à l'action ! Les preuves sont là, tangibles. Nous
sommes bien au-delà de la phase diplomatique. Comment peut-on tolérer
une telle atteinte aux droits des peuples et à la diversité européenne
? Comment peut-on tolérer que les impôts des Français, des
Italiens, des Allemands, des Espagnols, servent ainsi les intérêts
exclusifs des Anglo-Saxons ? Comment une telle mafia exclusivement
anglicisante et anglo-américanophile a-t-elle pu être agréée par
les gouvernements membres de l'UE ? Ce à quoi nous assistons est
proprement impensable. Les Anglo-saxons, accompagnés de leurs affidés,
de leurs stipendiés, et de leurs "collabos" ont réussi à
confisquer le système de la Commission pour le transformer en simple
relais des pays anglophones. Comment, dans les gouvernements des pays
membres peut-on être aussi aveugle, borné ou inconscient, au point
qu'une fraude aussi gigantesque a pu passer presque inaperçue ?
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