Sujet : Dialogue sur l'École
Date : 04/04/2005
De :   Benoit Calmels (Toulouse) 


le 14/03/05

Bonjour,

Ce que je trouve extrêmement regrettable dans la construction européenne, c'est qu'elle ne propose pas une politique linguistique satisfaisante, c'est-à-dire équitable et efficace. La politique officiellement affichée - le multilinguisme - est une bonne chose lorsqu'elle est effectivement applicable (par exemple, le texte de la constitution européenne est diffusée dans toutes les langues de l'Union ce qui est entièrement satisfaisant). Mais il est de multiples situations où une langue commune unique est nécessaire et dans ce cas, c'est l'anglais qui est le plus souvent utilisé, non pas parce qu'elle aurait des qualités particulières, mais parce que c'est la langue de la puissance dominante, les États-Unis. Nous sommes donc dans la situation aberrante où nous construisons l'Europe pour être autonomes à l'égard des États-Unis d'Amérique, mais où nous utilisons leur langue ; et nous sommes dans un cercle vicieux où l'anglais est la langue la plus apprise parce que la plus utilisée et elle est la plus utilisée parce que la plus apprise.

Les pays européens devraient donc se saisir urgemment de cette question et y apporter une réponse satisfaisante.

 

Je vois deux possibilités pour cela :

 - la première serait d'adopter le français comme langue commune européenne ; c'est une grande langue internationale, parlée dans plusieurs pays européens, qui est claire et précise ; elle pourrait être enseignée comme première langue étrangère dans tous les pays européens ce qui en ferait la langue commune de l'Europe ;

 - la deuxième possibilité serait d'adopter l'espéranto comme langue commune européenne ; c'est une langue neutre qui met tout le monde à égalité ; elle des qualités exceptionnelles qui rend son apprentissage très rapide et très agréable et qui lui confère des vertus propédeutiques pour une meilleure maîtrise de la langue maternelle et l'acquisition d'autres langues étrangères ; elle pourrait être enseignée comme première langue étrangère dans tous les pays européens ce qui en ferait la langue commune de l'Europe (dans un premier temps mais on aurait toutes les chances de la voir se diffuser pour devenir la langue commune mondiale).

Je vous prie d'agréer l'expression de ma considération distinguée.

Benoît Calmels

 

 

 

Le 15/03/05

Merci pour votre message dont nous prenons connaissance avec intérêt.

Le projet de loi d'orientation sur l'avenir de l'école définit ainsi le « socle commun » des connaissances :
- la maîtrise de la langue française ;
- la maîtrise des principaux éléments de mathématiques ;
- une culture humaniste et scientifique permettant l'exercice libre de la citoyenneté ;
- la pratique d'au moins une langue vivante étrangère ;
- la maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication.
Comme vous pouvez le constater, l'apprentissage de la langue française et des bases des mathématiques demeure prioritaire.

Par ailleurs, la pratique des langues étrangères apparaît aujourd'hui comme étant fondamentale pour accompagner le développement de l'Union Européenne. L'objectif premier de l'Union, assurer la paix sur le continent européen, implique que les Européens puissent se connaître et s'apprécier mutuellement. Or la langue est un élément primordial d'une culture : l'apprentissage des langues étrangères à l'école vise donc à la fois à aider à la communication, mais aussi à découvrir un peuple : son histoire, sa littérature, etc. C'est la raison pour laquelle l'apprentissage de l'espéranto n'est pas retenu. En effet, même s'il était largement parlé, il ne permettrait pas d'accéder à la connaissance des différents peuples européens.

Ensuite, la découverte des nouvelles technologies de l'information et de la communication est primordiale aujourd'hui, étant donné la place essentielle que ces techniques occupent aujourd'hui, tant dans la vie sociale que dans la vie professionnelle des Français. Ne pas découvrir ces techniques à l'école serait un vecteur d'inégalité important entre les enfants. Ceux qui n'utiliseraient pas ces techniques au sein de leur famille n'auraient aucun moyen de se familiariser avec elles.

Cordialement,

La rédaction du site www.loi.ecole.gouv.fr

 

 

 

 

Le 15/03/05

Bonjour,

Merci pour votre réponse. Je suis entièrement d'accord avec vous quand vous dites que "la langue est un élément primordial d'une culture : l'apprentissage des langues étrangères à l'école vise donc à la fois à aider à la communication, mais aussi à découvrir un peuple : son histoire, sa littérature, etc".

Mais c'est bien un des problèmes posés par le système actuel ! En effet, du fait de la domination américaine sur tous les plans, la langue des États-Unis, l'anglais, est la langue la plus utilisée dans les communications internationales et la plus apprise en tant que première langue étrangère. L'Europe ne déroge pas à cela et nous avons donc une situation linguistique injuste et inefficace où les enfants de tous les pays européens apprennent l'anglais et découvrent la culture anglo-saxonne. C'est vraiment l'Europe que vous souhaitez ?

L'espéranto au contraire, loin d'ouvrir sur UNE culture - celle du pays dominant ! - ouvre sur TOUTES les cultures et met toutes les cultures et tous les peuples à égalité, ce qui me semble bien plus cohérent avec la vision du monde prônée par la France.

Je ne comprends donc toujours pas les raisons qui poussent l'Éducation Nationale à s'obstiner dans cette voie et je désapprouve la loi Fillon sur ce point.

Je vous prie d'agréer l'expression de ma considération distinguée.


Benoît Calmels

 

 

 

Le 18/03/05

Bonjour et merci pour votre nouveau message.

Nous tenons à souligner que le projet de loi d'orientation pour l'avenir de l'Ecole, actuellement débattu au Sénat, vise à la diversité des langues étrangères apprises par les élèves français.

Tout d'abord, il est prévu qu'au cours de la scolarité obligatoire, chaque élève suive un enseignement de deux langues vivantes étrangères. Ensuite, pour garantir la diversité des langues étrangères étudiées en France, le projet tend à favoriser, en priorité, l'apprentissage de la langue européenne de proximité. Il vise par exemple à ce que la proportion d'élèves apprenant l'allemand augmente de 20 % d'ici à 2010.

 

Cordialement,

 

La rédaction du site www.loi.ecole.gouv.fr

 

 


Le 23/03/05

Bonjour,

Que voulez-vous dire par "le projet tend à favoriser, en priorité, l'apprentissage de la langue européenne de proximité" ? Voulez-vous vraiment obtenir que la première langue étrangère apprise par les élèves français soit la langue européenne de proximité et non pas l'anglais ? Allez-vous donc vraiment remplacer les cours d'anglais actuellement dispensés en 6ème et 5ème, au primaire  - hélas ! -et même parfois en maternelle - hélas !!! - par des cours d'espagnol, d'allemand ou d'italien selon les régions ? J'en serais vraiment ravi !

 

D'autre part "viser à la diversité des langues étrangères" est une idée attrayante, mais totalement irréaliste pour la plupart des élèves, c'est-à-dire pour ceux qui ont déjà du mal à maîtriser le français et pour ceux qui ont du mal à apprendre une langue étrangère. Tenter d'apprendre deux langues étrangères à ceux-là, c'est dépenser de l'argent en pure perte, leur faire perdre leur temps et les enfoncer un peu plus dans les difficultés et l'échec. Leur permettre d'apprendre l'espéranto les mettrait au contraire dans une situation de réussite qui les ferait également progresser en français et leur permettrait d'envisager d'apprendre une autre langue étrangère avec plus de chances de réussite.

 

Cordialement

Benoît Calmels

 

     CONCLUSION (04/04/05):

 - la plupart des Français n'ont pas besoin de connaître une langue étrangère, que ce soit dans leur vie privée ou pour leur travail ; mettre l'apprentissage d'une langue étrangère dans le socle de connaissances me semble donc inapproprié ;

 - on entend parfois dire que les Français sont mauvais en langues, mais mauvais par rapport à qui ? Nous sommes en tout cas bien meilleurs que les anglophones qui ne connaissent bien souvent aucune langue étrangère (et cela n'a pas l'air de les inquiéter ni de les pénaliser !) ;

 - rendre de plus en plus précoce l'apprentissage d'une langue étrangère, comme c'est la mode actuellement, conduit à un coût linguistique toujours plus démesuré (coût en efforts et en temps pour nos enfants et en argent pour le contribuable) sans obtenir de meilleurs résultats au baccalauréat et au détriment de matières plus importantes (l'échec sur la lecture et l'écriture ne serait-il pas lié en partie à cet introduction prématuré de l'apprentissage d'une langue étrangère ?) ;

 - l'anglais est prédominant dans le monde comme langue de communication internationale, non du fait de ses qualités linguistiques (c'est au contraire une langue irrégulière et difficile), mais du fait de l'hyper puissance américaine ; faut-il alors dire oui à une construction européenne qui ne fait que renforcer la langue américaine ? ;

 - il existe une langue internationale équitable et régulière qui est expérimentée avec succès depuis 120 ans, principalement par le milieu associatif ; à l'heure de la mondialisation et de la construction européenne, il est temps que les États s'en saisissent et l'introduisent dans leur programme d'enseignement ; que proposez-vous à ce sujet ?


Cordialement

Benoît Calmels