Sujet : Eramus, pièges à ions !
Date : 25/03/2007
De : Charles Durand   (courriel : charles.durand(chez)hotmail.fr)     Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez "chez" par "@"

 

 Je voudrais braquer le projecteur sur un secteur dont nous n'avons que peu ou pas parlé. C'est le secteur de l'éducation et surtout le secteur de l'enseignement supérieur qui comprend essentiellement les universités et les écoles d'ingénieur. Or, dans ce secteur, la Commission européenne est très active. Elle pratique une politique d'anglicisation à outrance sans l'annoncer explicitement, un endoctrinement au tout-anglais qui ne semble pas avoir d'équivalent nulle part, par le biais des échanges universitaires financés par des programmes tels qu'Erasmus, par exemple.

Dans le principe, Erasmus est conçu pour favoriser les échanges universitaires. Dans la pratique, Erasmus finance des stages d'étude de 6 mois à un an dans un autre pays de l'UE pour les étudiants qui postulent au programme. Théoriquement et contrairement aux dispositions de la DG XIII qui impose explicitement l'anglais dans le cadre de toutes les demandes de financement, Erasmus n'impose nullement l'anglais, mais se sert des petits pays ou ceux dont la langue n’a aucune diffusion internationale, pour faire de l'anglais le seul choix possible pour l'étudiant qui s'y rend, en invitant ces pays à offrir des cours en anglais.

Par exemple, pour « promouvoir » une mobilité vers la Hongrie, les universités hongroises offrent des cours en anglais. C'est déjà le cas depuis longtemps avec des pays tels que la Suède, la Finlande, le Danemark ou la Hollande (seul pays qui, jusque dans les années 50, avait encore une langue à diffusion internationale). Pour ne pas être en reste, les autres grands pays ont ainsi tendance à suivre. C’est le cas de l’Allemagne, l’Italie, et la France. D'autre part, des petits pays, tels que le Luxembourg, où l'on fonctionnait traditionnellement en français ou en allemand, utilisent maintenant l'anglais dans le cadre de tous leurs échanges universitaires avec l'extérieur. Le Luxembourg a, depuis quelques années, créé sa propre université nationale et semble avoir recruté, principalement au sein des départements scientifiques, des anglophiles notoires, qui imposent même l'anglais comme langue de rédaction des thèses aux étudiants étrangers, même ceux qui viennent pourtant du monde francophone !

Même topo en Suisse aussi, à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Même chose en Belgique, avec l'exemple de l'Université catholique de Louvain (l'UCL de Louvain-la-Neuve), bien que ces deux universités soient des MEMBRES À PART ENTIÈRE de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et que, en plus, dans le cas de l'UCL, le président soit souvent mandaté par l'AUF pour effectuer un certain nombre de missions pour l'agence...

L’offre de cours en anglais a débuté, comme je le disais, dans des pays dont les langues n’ont aucune diffusion internationale mais, de proche en proche, la pratique s’est communiquée aux grands pays de l’Europe continentale ! C’est ainsi que des Alsaciens vont faire des stages en Allemagne en anglais ! Que des Italiens de San Remo viennent faire des stages à Sophia-Antipolis en anglais, à 20km de Nice ! Et que des Vietnamiens francophones doivent rédiger leur thèse en anglais au département d'informatique de l’université catholique de Louvain !

Il faut absolument casser cette machine universitaire, européiste et atlantiste qui essaye d'imprimer dans le cerveau des jeunes que la mobilité en Europe n'est possible que grâce à l'anglais. Évidemment, on ne trouve guère de jeunes Italiens, Allemands ou Français qui parlent le hongrois mais il faut démolir une fois pour toutes la croyance que l'on peut sérieusement découvrir et s'intéresser à un pays (sauf pour y faire du tourisme) sans avoir à appréhender sa langue, surtout pour y faire des études ! Il faut tordre le cou à cette promesse « d'enrichissement culturel » et de « découverte » par le biais d’un séjour qui se fait au détriment des intérêts du pays d’accueil et au détriment des intérêts du visiteur, mais au plein bénéfice des seuls pays anglophones !

Indirectement, les valeurs promues par des programmes comme « Erasmus » sont le mépris des cultures nationales, le mépris des langues et de leur diversité, l’illusion que l’on peut bâtir des relations durables avec un peuple sans qu’on lui montre la politesse élémentaire d’apprendre sa langue quand on est chez lui, l’illusion que les jeunes peuvent vraiment se mêler à d’autres jeunes en parlant une langue qu’aucun ne maîtrise vraiment et que l’environnement dans lequel ils sont ne pourra pas, avec le temps, les aider à surmonter cet handicap.

La Hongrie est intéressante par son caractère hongrois tout comme l’Italie l’est pour son caractère italien. Si je me déplace pour retrouver la même chose ailleurs, QUEL EST ALORS L’INTÉRÊT DE ME DÉPLACER ?

Nous devons dénoncer auprès des jeunes cette immense imposture qui est de leur faire croire qu’il faut aplanir les différences en les faisant passer au rouleau compresseur du tout-anglais ! Autant rester chez soi si on n’est pas vraiment intéressé par les différences. Nous nous déconsidérons à envoyer dans divers pays des jeunes qui refusent d’apprendre la langue des gens auxquels ils sont censés s’intéresser. L’anglais lingua franca est un concept qui a été lancé par les anglo-saxons, au seul bénéfice des anglo-saxons. C’est une monstrueuse imposture et nous devons, de toute urgence, la dénoncer comme telle et s’attaquer à la démolir.

La machine européenne est une machine à la solde des anglo-saxons et des États-Unis et qui utilise nos propres ressources et nos impôts dans un SENS CONTRAIRE A NOS INTÉRÊTS.

Éveiller la conscience générale, c’est bien mais je pense que nous devons aussi porter notre attention vers les jeunes qui sont, en général, assez sensibles aux principes de justice et de liberté et combattre sans relâche l’intoxication à laquelle ils sont soumis.

Il faut aussi dénoncer les valets de l’impérialisme linguistique anglo-saxons, à savoir les présidents des universités qui acceptent non seulement des situations inacceptables mais qui, en plus, les encouragent et qui, de surcroît, quelquefois, le font en contradiction complète avec leurs engagements dans des organismes à but culturel et linguistique tels que l’AUF (exemples du recteur Marcel Crochet à l’UCL et de Patrick Aebischer à l’EPFL).

En agissant ainsi sur la jeunesse de nos divers pays européens, en les biberonnant d’anglais (selon l’expression de Jean-Loup Cuisiniez) dès le
plus jeune âge, la commission européenne, avec le concours des autorités éducatives des divers pays d’Europe continentale tentent de créer une situation où la colonisation mentale et la conquête des esprits serait triomphante et irréversible.

En résumé, je pense que le volet « Éducation » doit être pris en compte dans nos priorités. Reste à définir comment il nous faut agir dans ce domaine.
 

 


Charles Durand

 

Réaction :

 

 

M. Charles Durand a tout à fait raison la question des jeunes et de l’éducation est fondamentale, si nous arrivons à régler cela il y aura très vite une renversement de la tendance, le problème est de quel biais prendre l’affaire. Il faut se confronter avec la Commission, mais la Commission se défile, elle utilise une sorte de charabia qui cache le but véritable de ses actions en mettant de l’avant des faux-semblants.

 Il y a encore plus grave, la Commission a constitué un « Groupe d’experts indépendants de haut niveaux » pour la conseiller sur la question linguistique, ces « experts » qui ne sont ni experts, ni indépendants mais, pour la plus part, des simples linguistes anglophiles, vont remettre leur rapport à l’automne et l’on pourrait parier, dès à présent, qu’ils vont conseiller à la Commission d’être « efficace » et « respectueuse de l’argent du contribuable » et de mettre en place une quelconque tarte qui va encore plus accentuer et justifier le tout anglais.

 Nous avons écrit des lettres au Commissaire Figel à ce sujet sans aucun succès, Jan Figel a été remplacé par Leonard Orban, le nouveau Commissaire roumain. Il devient urgent de s’inventer quelque chose pour se faire écouter par Leonard Orban.

 

 

Anna Maria Campogrande