Patricia Russo, so british à Alcatel Par Nathalie BENSAHEL QUOTIDIEN : jeudi 30 novembre 2006
Demain, Patricia Russo sera nommée directrice générale du nouvel ensemble Alcatel-Lucent, alors que Serge Tchuruk, ex-PDG d'Alcatel, en sera le président du conseil d'administration. Patricia Russo, ancienne PDG de Lucent, devient donc la première femme à diriger une société du CAC 40. Avant même d'avoir pris ses fonctions, la dame de 54 ans lance une petite polémique de bon ton : elle a déclaré qu'elle n'envisageait pas d'apprendre le français. Réaction outrée du sénateur Jacques Legendre : « Je trouve cela choquant, si je travaillais aux États-Unis je parlerais anglais ». Patricia Russo n'a pas vraiment d'états d'âme sur le sujet : « Toutes nos réunions se déroulent en anglais et tous nos mails sont écrits en anglais ! » De fait, même si Alcatel est l'une des plus grosses compagnies françaises, sa langue officielle est celle de Shakespeare depuis fort longtemps. Source : http://www.liberation.fr/actualite/economie/220241.FR.php
Mme Patricia Russo, directrice générale du nouvel ensemble Alcatel-Lucent,
La question que l'on pourrait se poser serait de savoir comment il se fait que cette dame, diplômée de deux prestigieuses universités, ne connaissent pas le français. Nos étudiants de Sciences-Po, de l'ENA et Cie ont-ils eu leur diplôme, eux, en ignorant l'anglais ? Que doit-on penser de ce « deux poids, deux mesures » ?
Réponse d'Alcatel-Lucent : de : Caroline.Guillaumin@alcatel-lucent.com - Claire.Pedini@alcatel-lucent.com
Monsieur Marceau Déchamps, Vous avez écrit une lettre diffusée actuellement sur Internet concernant les déclarations qu'auraient faites madame Patricia Russo, Directrice Générale d'Alcatel-Lucent sur la langue française. Je tiens à vous signaler que ces déclarations sont totalement erronées malgré la couverture presse qui en a été faite (dépêche Reuters modifiée ensuite. En effet, Patricia Russo a dit à plusieurs occasions et l'a encore répété le 1er décembre dernier à la conférence de presse de lancement d'Alcatel-Lucent que le français était une langue qu'elle avait étudiée au cours de ses études et qu'elle aimait particulièrement. Patricia Russo a de plus déclaré à plusieurs occasions qu'elle avait bien l'intention de prendre des cours de français afin de rafraîchir son français et de pouvoir le pratiquer. Je tiens de plus à ajouter que le groupe Alcatel-Lucent est un Groupe international qui a des collaborateurs répartis dans le monde entier. Sur un plan opérationnel, la langue anglaise est le seul outil commun permettant à un Chinois, un Sud-Américain, un Canadien, un Russe et un Français de communiquer. C'est la raison pour laquelle nous avons maintenu l'anglais comme langue officielle du groupe Alcatel-Lucent. En France, les documents nécessaires à la bonne exécution du travail de chaque salarié sont, en règle générale, établis en français. Vous voudrez bien, puisque vous avez pris la peine de mettre mon adresse courriel sur votre courrier, rectifier votre lettre avec les éléments que je vous ai fournis.
Meilleures salutations Caroline Guillaumin Directrice de la Communication Alcatel-Lucent
Réponse de M. Marceau Déchamps : De : secretariat@langue-francaise.org
Madame,
Nous
sommes heureux de votre démenti concernant les compétences en français
de Mme Russo et son intention de prendre des cours de français. Nous
espérons que nous aurons l’occasion de l’entendre s’exprimer en
français lors de déclarations publiques.
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Vous nous confirmez que la langue officielle du groupe Alcatel-Lucent
est l’anglais. Cela veut dire qu’à Paris et ailleurs en France, de
la direction générale jusqu’à un échelon certainement étendu de
la hiérarchie, l’anglais sera la langue imposée. Sa maîtrise sera,
par la force des choses, une condition sine qua non de promotion,
favorisant ainsi les collaborateurs anglophones de naissance et créant,
de facto, une ségrégation par l’origine ethnique.
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De proche en proche cette obligation de la pratique de l’anglais
s’imposera à tous les salariés français.
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L’anglais n’est pas la seule langue d’échange international. Je
vous rappelle que l’on peut parler français sur les cinq continents
et que 50 pays de l’Organisation internationale de la Francophonie ont
le français en partage.
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Vous précisez que « les documents nécessaires à la bonne exécution du
travail de chaque salarié, sont, en règle générale, établis en français ».
Ce « en règle général » n’est pas satisfaisant car il
ouvre la porte à toutes les dérives.
En
conclusion, nous contestons votre raisonnement qui justifie l’emploi
exclusif de l’anglais au nom de la communication internationale. Avec
de tels arguments, vous appelez la disparition de la diversité
linguistique et l’hégémonie totale de la langue anglaise.
Pour
ce qui concerne la France, nous ne pouvons, bien entendu, accepter cette
perspective et nous userons de tous nos moyens de droit et de citoyens
pour garder à notre langue la première place qui doit être la sienne
dans nos écoles, dans nos magasins, dans nos laboratoires, dans nos
entreprises.
Marceau
Déchamps Vice-président de Défense de la Langue Française (DLF)
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