Le français, de plus en plus rare
L'INSERM
vient de lancer Orphanet
Journal of Rare Diseases, premier journal en ligne consacré aux
maladies rares. Une excellente initiative, à première vue. Oui mais
voilà, il n'est accessible qu'en langue anglaise. Pourtant
la loi
Toubon n° 94-665 du 4 août 1994 « relative à l'emploi
de la langue française » est on ne peut plus claire. « Les
publications, revues et communications diffusées en France (...)
doivent, lorsqu'elles sont rédigées en langue étrangère, comporter
au moins un résumé en français (article 7) «. Or sur l'Orphanet
Journal, il n'en est rien.
« Vous
savez, la plupart des publications scientifiques sont en langue
internationale (comprenez, en anglais, n.d.l.r.) », nous explique
Camille Cochet, chargée de communication de la plate forme maladies
rares à l'INSERM. « En plus, l'Orphanet Journal of Rare
Diseases est un projet, une publication européenne. Même si c'est
vrai, nous recevons des fonds français ».
Eh oui... et dans ces conditions, « sacrifier la langue française
sur l'autel de la connaissance scientifique est tout simplement interdit
»,
précise André Catillon chargé de mission au ministère de la Culture,
pour l'emploi du français dans la communauté scientifique. « Mais
bon, les amendes prévues par la loi pourraient prêter à sourire ».
En effet, elles ne dépassent pas les 800 euros... Selon
le Dr
André Prost, ancien Directeur de l'OMS en charge des Relations avec
les Gouvernements et le Secteur privé et ancien représentant du
directeur général de l'OMS auprès de l'Union
européenne, « il faut être plus nuancé. L'emploi de la
langue anglaise est systématique dans le monde pour tout ce qui touche
aux maladies rares. En revanche, la navigation sur le site devrait évidemment
se faire en français. Sinon le grand public ne s'y retrouvera pas ».
Or justement, l'Orphanet Journal of Rare diseases est
officiellement destiné aux malades, et non pas aux collègues
chercheurs ! Sa conception même, sous ce format monolingue, en fait en
quelque sorte un véhicule universel d'inégalités sociales. Sources:
INSERM, ministère de la culture, interview d'André Prost, 24 mars 2006
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