Sujet : On se trompe souvent
Date : 15/02/2007
De : Étienne Parize   (courriel : etienne.parize(chez)wanadoo.fr)     Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez "chez" par "@"

 

CHRONIQUE D’ÉTIENNE PARIZE :

ON SE TROMPE SOUVENT

 

Vous savez tout l’amour que je porte à la langue française, et comment j’essaie de la défendre quand cela est nécessaire. Bien que ses défenseurs soient nombreux, ils seront toujours en nombre insuffisant pour lutter contre ses adversaires, plus nombreux encore, en France même. J’en veux pour preuve l’articulet que j’ai lu il y a quelques jours dans les pages du n° 222 de la revue Défense de la langue française.

Avant d’aller plus avant dans cette chronique, il convient de soulever un point du comportement de nos « élites » : ministres, chroniqueurs de télévision ou de radio, philosophes, etc., point qui me semble étonnant, relevé chez ceux qui devraient être des modèles pour nous, « agents du bas peuple ». Ils prononcent, en effet, de moins en moins le mot : « France », un peu comme s’ils redoutaient de la nommer, comme s’ils en avaient honte. Ils disent : « ce pays », « dans ce pays », « dans notre pays ». Ils ne sont visiblement plus fiers de leur pays : la France. Hélas !

Donc, je lisais Défense de la langue française, et dans la rubrique « Tableau d’horreurs », l’on y parlait de Bernard Kouchner. J’avais beaucoup de respect et d’admiration pour cet homme, qui fut ministre et tint de hautes fonctions en divers endroits de la planète. Après quatre ou cinq lignes de lecture, mon admiration retomba soudainement et je me rendis compte que je m’étais trompé sur l’homme. La qualité de son action humanitaire est incontestable, on ne peut nier cela. Mais sa philosophie linguistique est calamiteuse, très méprisante à l’égard de tous les francophones et francophiles du monde entier. En effet. Dans « L’anglais avenir de la francophonie », titre d’un chapitre de son livre « Deux ou trois choses que je sais de nous », paru en septembre 2006, Kouchner écrit : « … nouvellement venu dans le gouvernement, j’avais été étonné, en 1988, que l’on insistât sur l’usage obligatoire du français pour les ministres » et « Après tout, même riche d’incomparables potentiels, la langue française n’est pas indispensable : le monde a bien vécu avant elle. Si elle devait céder la place, ce serait précisément à des langues mieux adaptées aux besoins réels et immédiats de ceux qui la délaisseront. » On tombe de haut, devant tant de désinvolture, tant de haine envers sa langue, tant de soumission aux dominants du moment, chez un homme qui parle un anglais de bazar.

Ce n’est pas avec de tels hommes, adeptes de l’abandon de notre patrimoine linguistique, des reniements et du mépris, que la France retrouvera un jour la place qui fut la sienne, quand les Français étaient fiers de l’être et qu’ils manifestaient à l’égard de leur langue un amour qui avantageait sa diffusion. Ce n’est pas grâce à de tels hommes que la poésie française, en manque d’écoute chez les non-poètes, s’aventurera sur d’autres terres que la sienne avec sa propre forme.

Bref ! il est heureux que la candidature de Kouchner à l’OMS n’ait pas été retenue, car la France n’a rien à attendre de lui, sinon des désillusions et des trahisons.

 

 (23.01.2007)

Chronique publiée par le CÉNACLE DU DOUAYEUL pour FEUILLES DE POÉMIER, qui a son siège à Douai, dans le Nord.