Sujet : Quelle langue pour l'Europe ?
Date : 17/01/2005
De :   Francis Bernard (fmbernard@wanadoo.fr)


 

Aujourd'hui 17-01-2005, la "Lettre de la Coordination des Comités de Résistance pour une École Républicaine" a publié ma dissertation qui avait obtenu le "Grand Prix" de l'Académie Littéraire de Provence avec pour sujet : disserter sur le thème "Quelle langue pour l'Europe ?"

Ci-joint ma dissertation.

 

Francis BERNARD

 

 

L'Europe commence son unité après des siècles de guerres. Aujourd'hui, quinze pays forment l'Union européenne et plusieurs autres sont sur une liste d'attente. Et chaque pays, ou presque, possède sa propre langue. Comment ces peuples peuvent-ils se comprendre ?

Les dirigeants politiques pensent que l'étude d'au moins deux langues étrangères à l'école permettra à tous les Européens de se comprendre. Mais je constate que "les dés sont pipés d'avance" : comment un Français ayant appris l'espagnol et l'italien pourra-t-il comprendre un Allemand ayant appris l'anglais et le polonais ? Sans doute partent-ils du principe qu'une des deux langues sera obligatoirement l'anglais.

Car la tendance, depuis cinquante ans, est d'apprendre surtout l'anglais. Ce qui est contraire à l'idée d'égalité des langues européennes. Par contre, ceux dont la langue maternelle est l'anglais sont favorisés ! D'autre part, nos élus européens ont besoin de traducteurs et l'on constate qu'avec la multiplication des langues dans les instances internationales européennes, les langues minoritaires reçoivent leurs traductions avec des retards inadmissibles et souvent préjudiciables. De plus, on s'aperçoit que la puissance anglo-saxonne s'approprie chaque jour davantage les postes de direction dans les entreprises européennes ainsi qu'au parlement européen où les Anglais détiennent la majorité des postes à la Commission européenne. Les Allemands, les Français, les Espagnols et autres peuples de la Communauté européenne protestent plus ou moins contre les abus des Anglais qui ne respectent pas l'égalité proclamée entre toutes les langues. En réalité, la commission européenne nous impose l'anglais qui n'est réellement bien compris que par ceux qui l'ont appris dès leur naissance. Ce qui est une injustice criante dans une communauté qui se veut "démocratique". En fait, la langue anglaise s'imposant, détruirait toutes les autres langues à l'exemple de la langue française qui a presque entièrement éliminé les langues régionales, si l'on ne trouve pas une autre solution qui soit juste pour chaque pays européen.

Certains pensent revenir au latin, ce qui supposerait que l'on invente vite plusieurs milliers de mots. Et garderait-on les déclinaisons ? L'histoire a montré que le latin introduit dans toute l'Europe a créé une élite qui a régné sur des peuples aux langues diverses, lesquels ont dénaturé le latin en une multitude de langues latines. Aujourd'hui, il y a un enseignement pour tous, mais même si l'étude de l'anglais était massivement enseignée dès le plus jeune âge, cela n'empêcherait pas nos générations actuelles d'être en état d'infériorité par rapport à ceux qui sont d'origine anglaise et occupent déjà, chaque jour davantage, des postes de direction en Europe. Ce sentiment de soumission à un modèle étranger, à une pensée unique, me gêne parce que c'est injuste et contraire aux lois démocratiques. L'accepter serait la preuve d'une corruption morale !

Alors quelle solution ? Je pense que la meilleure solution est simplement la résolution proposée par l'O.N.U. et l'U.N.E.S.C.O.: la langue ESPÉRANTO. En effet, elle répond à tous les critères : étant anationale, elle n'est pas porteuse d'une culture hégémonique ; étant à base de racines latines, on peut considérer que c'est le latin moderne ; n'ayant aucune exception grammaticale et phonétique, elle s'apprend très vite. Un an après une décision politique de l'union européenne, tous les Européens pourraient se comprendre à égalité, à condition de présenter un cours de 30 minutes, chaque jour, à l'heure de grande écoute, à la télévision. En attendant, chacun peut apprendre par lui-même, correspondre, lire un des 30 000 ouvrages littéraires en ESPÉRANTO ou simplement se documenter auprès d'une association espérantiste afin de constater l'utilité de cette langue.

 

Ce n'est plus une utopie du début du siècle. Cette langue a plus de 110 ans. Elle est parlée et écrite par environ 6 millions de personnes à travers le monde (nombre donné par l'Encyclopedia Universalis).

Certains lui reprochent d'être artificielle. Elle a été créée par le docteur polonais Zamenhof et mise en service en 1887. Mais, déjà, le problème se posait depuis des siècles et l'écrivain, médecin et humaniste français François RABELAIS (1494-1553) avait écrit : "C'est erreur de dire que nous ayons langage naturel : les langues sont par institution arbitraires et convention des peuples".

Certains lui reprochent de ne pas avoir de passé culturel. C'est faux: l'ESPÉRANTO a le passé culturel de tous les peuples par les ouvrages traduits et ceux écrits directement en ESPÉRANTO et reflétant la culture de chaque auteur.

Certains encore disent que c'est une langue qui va supprimer toutes les autres langues. C'est faux : au contraire, l'ESPÉRANTO n'étant pas la langue d'un pays hégémonique, véhicule toutes les cultures du monde et donc incite à mieux connaître telle ou telle culture et à apprendre la langue de cette culture en plus de la sienne propre. En fait, l'ESPÉRANTO, par sa nature de langue auxiliaire et neutre, préservera toutes les langues nationales et régionales.

Je pense que l'ESPÉRANTO répond aux impératifs demandés à une langue de communication mondiale et, en particulier, pour l'Europe. Le jour où les entreprises commerciales s'apercevront que cette langue évite les erreurs et les frais de traductions, les notices en x langues augmentant d'année en année et comportant souvent des erreurs graves, les difficultés pour enseigner une langue hégémonique complexe, ces entreprises utiliseront l'ESPÉRANTO, comme elles utilisent la numérotation décimale, les poids et mesures internationaux (bien que les anglo-saxons renâclent à les adopter dans tous les domaines), la numérotation binaire pour les ordinateurs.

Et si l'on commençait à parler ESPÉRANTO ? Chaque lettre se prononce et la grammaire est sans exceptions : Mi deziras paroli esperante. Vi komprenas ke ni devas paroli unu komunan lingvon en la tuta Eùropo kaj konservi nian propran nacian lingvon kaj nian propran regionan lingvon. (Vous comprenez que nous devons parler une langue commune dans toute l'Europe et conserver notre propre langue nationale et notre propre langue régionale.)

De plus en plus d'organisations et d'associations internationales utilisent l'ESPÉRANTO qui se développe surtout grâce à la "toile". Des stations de radio émettent quelques heures en ESPÉRANTO : Budapest, Pékin, Rio de Janeiro, Rome, Le Vatican, Varsovie, Vienne, Zagreb, etc.  Mais la pression anglo-saxonne est forte pour influencer les gouvernements en leur faveur et limiter, voire supprimer l'aide publique. Depuis la montée des dictatures au XXe siècle, les espérantistes ont été pourchassés, emprisonnés, massacrés. Cela explique la lenteur de l'expansion de cette langue internationale si pratique et si utile pour les peuples.

L'Homme a toujours cherché plus loin, toujours plus loin, pour le meilleur et malheureusement, pour le pire. Il a conquis toutes les terres et les mers ; il invente sans cesse et maintenant s'élance autour de la terre en attendant d'aller plus loin. Il lui reste surtout à conquérir la paix et le bonheur pour l'ensemble des Terriens. Mais tout ne se fait pas en un jour, ni en sept ! L'ESPÉRANTO a plus de 110 ans d'existence et des milliers de pionniers défrichent à travers le monde ce mode de communication qui pourrait être une solution pour se comprendre entre Européens dans le respect de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et celle des Droits de l'Enfant. Espérons. Esperanto (Celui qui espère).