Sujet : J'ai fait un rêve : parler anglais !
Date : 13/03/2006
Envoi de : Germain Pirlot (gepir.apro@pandore.be)

 

 

Voici un  article de Nice Première qui mériterait certainement un point de vue  « contradictoire » pour faire face à l'indigence de l'argumentation qui nous est sans cesse resservie à toutes les sauces. http://www.nice-premiere.com/article.php3?id_article=338

 

26 ans, de longues études avec toujours la langue de Shakespeare au programme entre trois et cinq heures par semaine, et pourtant cet homme souffre. Quelle maladie l’a atteint ? Lorsqu’il doit prononcer quelques phrases en Anglais, un effroyable mutisme l’envahit. Il est gêné, éhonté. Un véritable clash dans sa life.

Demandeur d’emploi avec un cursus fort honorable (maîtrise d’histoire et diplômé d’une École Supérieur) de nombreuses portes se ferment fatalement mais pas injustement. Malgré l’amour que l’on porte à la langue Française, elle ne peut être exclusive. Le rêve d’une France monolingue apporte plus de pensées nauséabondes qui putréfieraient nos libertés, nos valeurs, nos vies. Impossible de l’envisager. Dangereux de l’espérer. Very Dangerous.

Il se pose une question existentielle : "Suis-je définitivement nul en Anglais ?". Il regrette de n’avoir pas toujours été très sérieux dans sa vie de collégien et lycéen. Il ne se sent pourtant pas seul. Il a toujours eu un camarade de classe dans la même galère que lui, prenant un air ahuri lorsque le prof l’interroge en Anglais... Un seul recours, une phrase comme reflex Pavlovien : « I don’t Understand ». Il espère esquiver le bourreau perfide, repousser l’interrogatoire à son voisin ou prier pour qu’un anglophile lève son index salvateur pour réclamer le droit à la parole. Ainsi va la vie d’un mauvais élève. Don’t worry, Don’t be happy... !

Une fois adulte, il regrette qu’un emploi lui soit refusé « because » il ne maîtrise pas le parler des londoniens. Dommage, cruel. Mais normal. Les places sont rudes et les critères pour les obtenir affinés. Avec ses études il pourrait prétendre être cadre en entreprises. Le hic est que celles-ci ne recrutent que des cadres anglophone. « C’est la condition sine qua non. C’est un plus évident surtout ici sur la Côte d’Azur. Nous payons des formations pour les plus anciens employés. Cela coûte de l’argent. Alors pour faire des économies nous avons décidé de ne recruter dorénavant que des cadres parfaitement bilingue voire même trilingue avec l’Italien », confie Jean-François, Directeur des relations humaines dans une entreprise azuréenne. On peut s’en émouvoir, compatir voire être scandalisé mais Jean-François ne fait que son job.

Alors que faire ? L’idéal reste bien entendu de passer quelques mois en Angleterre. On est obligé de pratiquer. La méthode la plus efficace où resurgissent généralement les cours suivis pendant toute la scolarité. Encore faut-il en avoir les moyens et lorsqu’on est en recherche d’emploi cette solution devient obsolète. Mission Impossibeule...

Il reste les cours pour adultes. Notre ami prospecte, reçoit une documentation de Wall Street Institute : « Réussite assurée et on vous rembourse en cas d’échec. Les cours sont personnalisés selon votre niveau et vos besoins et nous nous adaptons à votre emploi du temps ». Offre alléchante, il se laisse tenter (« évaluation gratuite de votre niveau »).

Il se rend avenue Jean Médecin. Après quelques étages de Nice Etoile gravis de façon ascensionnelle, il se retrouve dans des locaux de grand standing. Il s’entretient avec le manager, lui explique son souci très vite compris : « La méthode scolaire n’est pas adaptée. Vous avez quatre heures d’anglais par semaine à 30 par classe et enfin de compte vous prenez très peu la parole surtout si vous n’êtes pas à l’aise. Avec nos méthodes, en 30 heures vous allez plus parler qu’en dix ans de scolarité. » Difficile de nier l’évidence : Wall Street Institute est la référence. Problème : le coût. Il faut compter 3000 € pour une formation complète. Just do it...

D’autres cours pour adulte existent. Ils se multiplient même devant la demande de plus en plus importante. L’ANPE a mis en place des cours de perfectionnement et d’apprentissage. Mais cela reste insuffisant ou inadapté car les besoins varient selon la personne, la recherche d’emploi ou le niveau. Des étudiants ou étudiantes en Anglais, en manque de revenus, donnent des cours mais comme Alexia, diplômé en maîtrise d’Anglais, ils reconnaissent être incompétents : « Je donne des cours pour les collégiens ou lycéens qui n’arrivent pas à suivre les cours d’anglais. Pour les adultes, c’est différent. Cela demande un autre vocabulaire plus spécialisé. Je peux éventuellement venir en accompagnement d’une formation. » Alexia, pour dix euros de l’heure, aide des enfants âgés de 14 à 17 ans. « Je n’étais pas douée en Anglais au collège. J’étais même en difficulté et c’est pour cela que mes parents m’ont offert des cours de soutien », raconte Alexia. Ces cours furent pour elle un déclic, un coup de foudre. Elle flashe pour ce jeune étudiant mancunien : « il était venu pour apprendre le français. Pour se faire de l’argent il donnait des cours d’anglais. Il était beau, charmant. Bref, j’en étais amoureuse comme une groupie. J’avais envie d’apprendre, j’étais beaucoup plus attentive et j’ai appris à aimer communiquer en Anglais. » Une histoire so lovely.

 

L’expérience anecdotique d’Alexia met l’accent sur la recette magique pour devenir Bilingue : aimer échanger en Anglais. C’est ce en quoi l’Éducation Nationale échoue. En Europe, les jeunes Français sont les plus mauvais élèves en Anglais. Et par conséquent les adultes aussi et souvent de manière irrémédiables tellement les lacunes sont laborieuses à combler et rattraper le retard trop onéreux. Alors pour ne pas voir des portes se fermer une fois les études terminées, adolescent il faut prendre conscience de l’importance d’être bilingue. Et si les professeurs ne parviennent pas à provoquer ce « fameux déclic », il faut le chercher ailleurs : des cours particuliers comme Alexia, apprendre des chansons de Robbie Williams et les traduire, draguer des jeunes touristes anglaises au corps hâlés et aux formes exquises se dorant sous le soleil estival azuréen... Question de volonté et de feeling pour une beautiful life.

 

Faites nous partager vos expériences d’amour ou de désamour avec la langue de Shakespeare, de Thatcher ou David Beckham... Peu importe le domaine, tôt ou tard, dans notre vie nous aurons besoin de parler ou comprendre l’Anglais. Les années passeront, et le besoin s’accentuera...

 

Puisqu'il semble aimer les expériences (mais seulement en Anglais avec une majuscule), pourquoi ne pas accéder à sa demande ? 

Venez lui rendre une petite visite pour lui rappeler qu'on n'est pas encore totalement colonisés, il appréciera !

http://www.nice-premiere.com/article.php3?id_article=338

 

Cordialement

 

Wàng

 

 

Quelques réactions : 

 

Après l’éloge d’Annalyse, chanteuse italienne dont le grand mérite est de chanter en anglais, ça continue. Aujourd’hui, voici la découverte d’une "grave maladie" : ne pas parler anglais ! Et pourquoi ne pas parler de celle qui sévit outre-Manche : ne parler ni français ni aucune autre langue étrangère ! Mais bien sûr, pourquoi des peuples d’élite nés supérieurs aux autres, car anglophones de naissance, iraient s’abaisser à apprendre des choses inutiles comme les langues étrangères ?

Ca suffit ! Nous ne sommes pas des êtres inférieurs, ni nous, ni nos voisins européens non anglophones ! Le commerce, la recherche scientifique, etc... peuvent se faire en toute langue, et gagnent d’ailleurs à être plurilingues !

C’est quoi ce délire ? A quoi veulent nous mener ces partisans du tout anglais ? A un monde unipolaire, un grand gouvernement mondial et unique ? À une Union des États Unis d’Amérique et d’Europe ?

Je n’en veux pas, merci bien ! La liberté et la démocratie passent par le multilinguisme avec pour aide une "vraie" langue internationale comme l’espéranto, c'est-à-dire "neutre" langue officielle d’aucun État !

Sophie

 

 

 

Cet article est lamentable. Comme si le British Council avait besoin de publicité gratuite, voici que des journalistes dévoyés enfoncent le clou dans le sens de la manipulation mentale en mettant le doigt là où ça fait mal, en jouant sur le sentiment de culpabilité. L’auteur de cette publicité n’a même pas jugé bon de relever que pendant qu’il accusait ses contemporains de « nuls en anglais »( sur quelle base sérieuse affirme-t-il cela ? au passage, l’anglais est une langue très difficile à apprendre), et de « malades », pendant ce temps les natifs anglophones imposent librement leur vision du monde et leur mentalité de compétition coloniale dans les esprits, tout en se dispensant de l’étude poussée des langues étrangères. Il n’a pas remarqué que pour les anglophones, le fait d’être monolingues ne les rend en aucune façon « nauséabonds » ou coupables de je ne sais quelle xénophobie, mais au contraire les érige en modèles absolus (tolérance, cosmopolitisme, « multilinguisme ») comme la nouvelle ethnie élue devant être singés par tous les mazos de la planète. De toute façon, le jour où ces gens qui défendent le tout anglais se verront refuser des emplois sérieux parce qu’ils ne sont pas native speakers, il leur restera certainement des bottes à cirer, ce qui ma foi peut constituer un combat exaltant quand on en vient à avoir honte de sa propre langue et de sa culture. A quand des articles un peu plus critiques sur Nice Première, qui ne nous enferment pas dans des schémas de pensée de bons petits soumis colonisés ?

Cordialement

wàng

 

 

 

Ce qui manque dans cet article (on devrait dire "publi-article", pour être plus exact), c’est entre autre :
-  si les méthodes d’anglais pullulent de plus en plus, c’est que la langue est loin d’être aussi facile que beaucoup le prétendent ou le croient
-  que les autres langues, c’est de la merde et que ça sert à rien, faut les supprimer, ainsi on comprendrait pourquoi seul l’anglais est bien et utile, et pourquoi il faut dépenser des fortunes pour (espérer) le maîtriser.

Pour se guérir de cette maladie, il faudrait que notre société cesse d’être obsédée par l’anglais, qu’elle cesse de vouloir angliciser la France et le monde, qu’elle prenne conscience que la richesse du monde, c’est la diversité des langues, que pour faire du commerce, ça vaudrait le coup de connaître la langue du client, plutôt que vouloir à tout prix balbutier la langue de Bush et Gates, et que d’autres langues sont plus adaptées pour être langue internationale, comme l’espéranto, la version originale ! (suivre le lien)

Oslo