Sujet : Faire payer les anglophones
Date : 13/04/2005
Envoi de : Germain Pirlot (gepir.apro@pandora.be)


Faire payer les anglophones
 
Dans une allocution prononcée le 27 mars à Boulogne-sur-Mer lors des cérémonies qui ont marqué le centenaire du premier congrès mondial d’espéranto, tenu en 1905 dans cette ville, M. Claude Piron, ancien traducteur à l’ONU et à l’OMS, ancien professeur à l’Université de Genève et auteur de l’ouvrage "Le défi des langues – Du gâchis au bon sens" (L’Harmattan, 1994), a fait une proposition qui n’est pas passée inaperçue. Soulignant les avantages considérables que les anglophones tirent de la position de leur langue dans le monde et l’énorme charge financière que l’enseignement de l’anglais fait peser sur les contribuables de plus de 200 pays, il a proposé que les États de langue anglaise financent, fût-ce en partie, l’enseignement de leur langue dans le reste du monde. Les heures que, dans les pays non anglophones, des millions de jeunes consacrent à l’apprentissage de l’anglais sont disponibles à leurs homologues anglo-saxons pour se perfectionner en science et en technique : il y a là un manquement aux règles de la concurrence et au principe de l'égalité des chances. En outre, les moyens financiers investis dans la formation linguistique ne débouchent, pour le reste du monde, que sur une position d’infériorité dans tout échange et toute négociation avec des personnes de langue anglaise.
Dans la société néolibérale où nous vivons, un avantage se paie. La Grande-Bretagne encaisse chaque année 700 millions de livres sterling du fait des séjours linguistiques et le président du British Council n'a pas hésité à déclarer : « Notre langue nous rapporte plus que le pétrole de la Mer du Nord ». Il serait juste que les contribuables de langue anglaise, dispensés par leur seule naissance des investissements intellectuels et financiers qu’ils imposent au reste du monde, contribuent au financement de l’effort déployé par tous les autres peuples pour les rejoindre sur le terrain linguistique. Ne serait-ce pas une transposition bienvenue du principe du pollueur payeur ?
Cette proposition provocante n’empêche pas son auteur de préconiser une alternative autrement plus équitable, plus économique et plus rapide à mettre en oeuvre, qu’il a pu tester et comparer avec d’autres solutions palliatives durant sa carrière de fonctionnaire international plurilingue : la langue internationale espéranto.


Cette conférence en espéranto de Claude Piron peut maintenant être lue sur :


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