Sujet : Les É.-U.A. et le littérature
Date : 13/10/2003
De : Germain Pirlot  (courriel : gepir.apro(chez)pandora.be)  Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez "chez" par "@"


« Les détours de Babel » par Natalie LEVISALLES, 9 oct. 2003

 

http://www.liberation.fr/page.php?Article=148152#top

 

La moitié des traductions mondiales se fait à partir de l'anglais, alors que les Américains ne consacrent que 3% de leur production aux livres étrangers. Enquête à l'occasion de la Foire de Francfort.

 

Extraits :

Aux États-Unis d'Amérique, sur 134 000 livres publiés chaque année, on n'y compte pas plus de 300 traductions littéraires (romans et poésie). Et encore, une bonne partie de ces traductions n'est pas publiée chez les éditeurs «commerciaux», mais dans les presses universitaires.

Au moment où s'ouvre à Francfort une Foire du livre qui est le rendez-vous mondial des professionnels de l'édition, un endroit où se rencontrent les cultures et où s'échangent les livres publiés dans le monde entier, il est intéressant de savoir que 50 % des traductions (tous pays compris) se font à partir de l'anglais, et 3 % seulement vers l'anglais. Pourquoi les Américains traduisent-ils si peu ? La première raison, évidente, c'est que l'anglais est la langue de la communication internationale, la langue de la culture américaine qui, rappelle Georges Borchardt, agent littéraire installé à New York depuis cinquante ans, « des boissons gazeuses à la musique, a conquis le monde ».

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Il est intéressant de savoir quels livres, finalement, sont traduits, et par quelles voies ils entrent dans le système éditorial américain. Premier élément, c'est le français (suivi par l'allemand, puis l'espagnol) qui est aux États-Unis la langue à partir de laquelle se font les plus nombreuses traductions. Ce qu'on découvre ensuite, c'est que, dans ces groupes réunissant des dizaines de maisons d'édition, il n'existe pas un seul département, ni même un seul éditeur, en charge de la littérature étrangère, mais seulement quelques éditeurs qui, ayant d'autres fonctions, publient de temps à autre un livre étranger. On apprend aussi que très peu parlent une langue étrangère et que parler une langue étrangère n'est jamais une raison pour être embauché. 

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En même temps, l'allergie locale à ce qui est étranger est telle que même les auteurs britanniques sont traduits en américain, explique Robert Baensch. « Pas Shakespeare, pas les Irlandais non plus parce qu'on aime leur côté typique, mais la plupart des romans venus de Grande-Bretagne sont édités et les britannicismes enlevés ».

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Georges Borchardt qui, en cinquante ans, a vendu plus de 2 000 traductions françaises, remarque qu' « il est difficile de ne pas faire le lien entre l'incompréhension des Américains à l'égard de ce qui ce passe dans le monde et ces 3 % de traductions ». Un chiffre qui a peu de chances d'augmenter dans un marché en récession : le nombre de livres publiés cette année aux États-Unis d' Amérique a diminué de 1 %. Même les presses universitaires, qui ont longtemps été un refuge pour les essais et romans étrangers, sont en train de faire machine arrière.