Sujet : La colonisation est arrivée jusqu'à la centrale téléphonique !
Date : 20/05/2004
Envoi de Germain Pirlot : (linguarum-democratia@yahoogroups.com)


   À partir du 1er mai, les opérateurs de la centrale téléphonique de la Commission ont reçu instruction de répondre     uniquement en anglais.

Jusqu'ici, depuis la fondation des institutions européennes, ont répondait en français, par respect au pays d'accueil, et on passait à une autre langue dès que l'interlocuteur en faisait sentir le besoin.

 

 La  mesure de passer à l'anglais ne se justifie pas, elle encourage le monolinguisme, elle discrimine les pays latins qui se trouvent, généralement, plus à leur aise en français, notamment au téléphone, et, en plus, elle constitue une entorse au niveau des relations  avec les citoyens belges et, d'une manière générale, avec le  pays d'accueil. En fait, l'usage du français trouvait sa justification dans le fait qu'il est la langue véhiculaire de Bruxelles, pour l'anglais il n'y a aucune justification, si ce n'est une marque de plus de notre assujettissement.

 

 Il faudrait se concerter sur des actions à entreprendre pour mettre un terme à cette domination qui devient de plus en plus accablante.

 

Anna Maria Campogrande

Anna-Maria.Campogrande@cec.eu.int

 

 

Le 18 mai 2004

J'ai fait l'expérience : c'est en anglais qu'on m'a répondu et en effet la standardiste de la Commission  m'a confirmé que les nouvelles instructions sont de répondre aux usagers en anglais.

C'est clair. L'anglais est la langue que les Institutions se sont choisie pour accueillir le public.

C'est dommage pour toutes les raisons invoquées par Anna-Maria Campogrande

 On aurait pu pourtant proposer aux  usagers un choix à partir d'un disque d'amorce entre, par exemple  FR, EN, DE  (les trois langues de travail)  pour bien  concrétiser, aux yeux du public,  le principe de diversité inscrit partout comme principe premier de l'UE.

Encore un loupé.

 

Claire Goyer

 

 

 

 

Le 19 mai 2004

De tels commentaires, minimalistes, qui acceptent et intègrent la décision prise, à la dérobée, ne servent strictement à rien.

Alors que, les droits fondamentaux de, tous, les citoyens européens sont bafoués.

Le drame est que Claire, comme tant d'autres, ne réalise pas que c'est, justement, le glissement vers le trois langues, arbitraire et non motivé, en l'absence d'une véritable politique linguistique, qui permet aujourd'hui d'aller plus loin et glisser vers la langue unique.

 

           Anna Maria Campogrande

Anna-Maria.Campogrande@cec.eu.int

 

 

 

 

Le 19 mai 2004

D'accord avec Anna Maria, ce n'est pas dommage, c'est radicalement inacceptable. Il est temps d'agir. La campagne électorale doit être l'occasion d'appuyer sur l'accélérateur. À en juger par la qualité des débats électoraux en cours, ce n'est pas gagné. Le "débat" que nous ont proposé hier soir l'UEF (Union européenne des Fédéralistes) et le comité local du personnel de la Commission à Bruxelles, était, malgré toute la bonne volonté des organisateurs, absolument pitoyable: un insupportable chapelet de discours convenus, chaque parti déversant laborieusement sa petite soupe indigeste cachant mal la vacuité des propos; une salle quasiment vide (ce qui, s'agissant d'un public majoritairement francophone et issu du personnel des Institutions, en dit long sur son indifférence et sa démotivation); un silence complice et gêné de tous  les partis présents en réponse aux questions posées sur la préservation de la diversité linguistique et culturelle et les dangers majeurs que court une Europe perçue comme l'allié d'un modèle économique, culturel et linguistique unique.

Mais il faut se battre. Il faut que les associations, observatoires, et tutti quanti, unissent leurs efforts et fassent entendre la voix forte de tous ceux qui veulent que l'Europe se donne les moyens d'assurer le respect à tous les niveaux de la pluralité de ses identités, comme condition de leur dialogue et de la survie même du projet européen. Je proposerai dans les jours qui viennent une lettre ouverte à tous les candidats aux élections, qui pourrait être l'expression de cette voix forte si un maximum d'organisations et de personnes s'y rallient.

 

 

François-P. Nizery
Conseiller pour les questions culturelles
Office de Coopération EuropeAid
Commission européenne
Bureau: J54-5/61
54, rue Joseph II, 1000-Bruxelles
Tél: 02 299 07 78
Courriel : francois.nizery@cec.eu.int

 

 

 

 

 

Le 20 mai 2004

Ce que vous nous dites n'est que la conséquence de la mise en place progressive d'un mécanisme d'imposition de l'anglais à tous les niveaux des diverses sociétés européennes. Ce n'est qu'en valorisant constamment le rôle de l'anglais et en exagérant indûment son utilité que l'on a enrayé jusqu'à présent de puissantes réactions de rejet à son sujet.

Mais, heureusement, on commence à voir de ci de là quelques réactions, chez les jeunes en particulier et cela est très encourageant comme l'exemple nous en a été donné récemment à l'une des universités de Lyon où la direction voulait donner un statut privilégié à l'anglais et forcer son étude auprès de tous les étudiants et cela, bien sûr, au détriment de toutes les autres langues qu'un étudiant, bien légitimement, peut vouloir découvrir et apprendre. J'ai lu un certain nombre de leurs réactions, en grande majorité négatives et dénotant un agacement certain et croissant à l'égard de directives qui vont à l'encontre du libre choix des étudiants.

Ce que le système en définitive essaye de produire est un homme uniforme. Partout, en Europe, les systèmes d'enseignement essayent de définir le profil du lauréat "idéal" équipé de connaissances techniques spécialisées mais désormais incapable de penser pour lui-même, un lauréat idéal qui ne devrait bien connaître qu'une seule langue étrangère, à savoir l'anglais, à travers laquelle il ne pourrait qu'acquérir qu'une seule vision d'un monde délibérément simplifiée, manichéenne et puérile. On veut se préoccuper de la manière dont on pense, dont on se nourrit, dont on se comporte, dont on doit réagir à une nouvelle ou à un film.

Les bureaucrates européens ont depuis longtemps outrepassé leur rôle. La plupart ont absorbé les idées réductrices et uniformisatrices d'une seule nation dont les signes de déclin sont pourtant évidents et qui est de plus en plus en décalage avec la réalité du monde. Ces bureaucrates vieillissants sont totalement figés dans leur manière de penser et dans leur vision du monde. Ils osent parler de diversité alors que, dans leur travail, ils appliquent des principes inverses, probablement sans même s'en rendre compte le plus souvent. Leurs discours sont des jacasseries de perroquets typiques de l'homme uniforme. Il ont engagé contre les peuples d'Europe une guerre bactériologique contre l'esprit. Wilson disait déjà en 1919 à la Conférence de la paix de Paris: "We can force them to our way of thinking !". Cette liberté ultime de penser, on veut nous la retirer. On veut reprogrammer notre tête comme un Européen uniforme, une espèce QUI N'A JAMAIS EXISTÉ.

La variété doit faire partie de notre cadre de vie. Elle nous permettra de survivre dans des conditions changeantes. Elle est la vie elle-même. L'anglais n'est qu'un outil de plus pour nous imposer la manière de pensée d'un peuple décadent où l'utopie et l'illusion règnent en maîtres, un peuple qui rejette la diversité du monde et dont la tragique imbécillité lui faisait imaginer que : "Tous les Irakiens veulent devenir des Américains" (propos de Rumsfeld à propos de la manière dont les Américains seraient accueillis en Irak).

Dès que les gens prendront conscience de ça, je ne donnerai pas cher de l'avenir politique des bureaucrates de Bruxelles.

Charles Durand
charles.durand@auf.org