J'évoquais le 21 mai dernier le lancement à la Baule d'une nouvelle radio locale portant le curieux nom de "Kernews". Mais la Baule n'est pas seulement une station balnéaire réputée. C'est aussi, notamment, une ville de congrès. C'est ainsi que l'on peut y voir, en ce moment, de nombreuses affiches relatives à une conférence sur l'investissement dans le monde entièrement rédigées en ... anglais. Pas la moindre traduction, pas même un seul mot de français, sinon celui de "La Baule", sans doute parce qu'on n'a pas su le traduire en anglais (voir en pièce jointe). Comme si les anglophones étaient en pays conquis.
Comme si les Baulois étaient tous nés dans le Bronx. Une grande première !
Les milieux d'affaires organisateurs de cette conférence se plaçant sous
l'égide de l'Europe, on voit bien, décidément, que leur rêve, après
celui, réalisé, d'une monnaie unique, est dorénavant celui d'une langue
unique, l'anglais bien entendu, qu'ils veulent imposer partout. À croire
qu'ils ne savent pas que la première des corrections (usage
diplomatique) est de s'adresser dans leur langue nationale aux résidents
du pays hôte d'une manifestation internationale, surtout lorsqu'on le
fait en dehors de l'enceinte de la conférence, sur la voie publique.
Mais peut-être ne savent-ils pas, non plus, que le français, qu'ils
veulent pourtant chasser petit à petit, est langue officielle de l'Union
européenne depuis l'origine, c'est-à-dire depuis 50 ans maintenant, très
exactement à parité avec l'anglais, car il n'existe strictement aucun
texte privilégiant celui-ci. Sans doute ne se souviennent-ils pas, non
plus, ils ne sont pas les seuls, qu'aucun des
Dans son très remarquable livre "Pourquoi veulent-ils tuer le français ?" (Albin Michel, 2005), le professeur Bernard Lecherbonnier parle de "ces représentants de l'action publique, chef de l'État, Premier ministre, diplomates, qui n'hésitent pas à s'exprimer en anglais hors de nos frontières dès qu'on leur tend un micro." Il relève, à ce propos, que "la symbolique s'est inversée depuis quelques années au point que ce qui, auparavant - s'exprimer publiquement en anglais -, était considéré comme incompatible avec une fonction de représentation officielle de la France est regardé aujourd'hui comme un signe de modernité. Aussi la nouvelle génération de ministres choisit-elle souvent de parler anglais à l'étranger à l'occasion des points de presse, participations à des conférences, interventions dans des universités, etc.".
Deux ans plus tard, il peut même arriver que ce soit le Premier ministre
en personne qui s'exprime en anglais, sur le territoire français. C'est
ce qu'a fait M. François Fillon, le 29 juin à la Baule, à la fin de
l'allocution qu'il a prononcée lors de la cinquième Conférence mondiale
sur les investissements (voir mon courriel du 29 juin à ce sujet
précisément). Peut-être une première historique, même si cela reste à
vérifier, l'usage constant étant que les plus hautes Le quotidien local Presse Océan a rendu compte, le 30 juin, de cette allocution dans un article intitulé "François Fillon promet un paradis aux entreprises". Surtout un paradis fiscal : "Nous allons lever tous les handicaps que vous subissez ... Aucun grand prélèvement ne sera oublié. Nous examinerons les cotisations sociales, la CSG, la taxe sur les salaires mais aussi la TVA, l'impôt sur le revenu et la taxe professionnelle." En anglais, le Premier ministre a déclaré que la France allait devenir un pays où il est "facile de faire des affaires, où l'on peut se consacrer sur la gestion de son entreprise sans tracasseries ni pression autres que celles liées au marché." Une profession de foi peut-être plus ultralibérale encore que néolibérale, puisqu'elle semble mettre l'État au service des entreprises et des marchés.
Dans un communiqué de presse tout récent, M. le député Jacques Myard,
membre de la majorité gouvernementale, dénonçant vivement l'anglomanie
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