Sujet :  Une radio bien de chez nous  !
Date : 21/05/2007
De : Jean-Pierre Busnel   (courriel : contact(chez)iab.com.fr)     Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez "chez" par "@"

 

Une nouvelle radio locale, privée bien entendu, c'est-à-dire commerciale, vient d'être lancée dans la région de la Baule (station balnéaire de Bretagne sud).

Elle porte le très curieux nom de "Kernews" (voir en pièce jointe). Encore une diglossie, mais associant, cette fois, le mot "Ker" (qui veut dire maison en breton) et, comme toujours, comme il se doit, un mot anglais. Surtout pas de français, le commerce en a horreur, il n'en veut pas, ou le moins possible !

 

 

Un double clin d'œil, ici, à la régionalisation, d'une part, à la mondialisation, d'autre part, toutes deux particulièrement prisées dans les milieux du tourisme.

Les gens de publicité et de communication ne font rien par hasard. Les mots, les slogans, les images choisis par eux doivent aller dans le sens des vents culturels et sociaux dominants du moment.

Les créations de nouvelles radios locales sont fort peu courantes désormais, car les fréquences disponibles sont très rares. Elles sont attribuées par le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel), à l'issue d'un appel de candidatures qui n'a lieu que tous les cinq ans. On regrettera que ce CSA, qui a le statut juridique d'une "autorité administrative indépendante", qui a notamment pour mission de veiller au respect de la langue française sur les ondes, ait entériné cette étrange dénomination pour une radio d'expression française. Il disposait pourtant de puissants moyens de négociation, voire de pression, puisqu'il y avait 144 candidats à la reprise de cette fréquence. Une remarque qui vaut aussi pour la municipalité bauloise, très liée à l'opération (les studios de la radio sont installés au 4ème étage de son office du tourisme).

Mais il ne faut certainement pas s'étonner de la passivité de ces administrations publiques. Elle est générale, à tous les niveaux.

L'interminable campagne des élections présidentielles qui vient de s'achever en France a montré que le thème de la défense de la langue française n'était toujours pas admis dans le débat public. Il n'en fut pas question. Au temps de la "médiacratie", ou de la « sondocratie » si l'on préfère, les seuls sujets de société qui valent, qui méritent d'être abordés par les candidats présidentiables, sont ceux qui sont électoralement rentables, ceux qui occupent les "unes" des sondages ou de la presse, ceux qui sont susceptibles de faire du bruit dans les médias. Or, dans ce milieu, dans les sphères politico-médiatiques en général, on semble s'accorder plutôt sur la nécessité de remiser petit à petit la langue nationale aux oubliettes de l'histoire ...

 

Jean-Pierre Busnel
Président de l'Institut André Busnel
contact@iab.com.fr

 

 

J'évoquais le 21 mai dernier la création toute récente d'une nouvelle radio locale dans la région de la Baule : "Kernews".

Je viens de recevoir un courriel du fondateur de cette radio, M. Yannick Urrien, que je porte bien volontiers à votre connaissance (ci-dessous). Je lui fais savoir que j'accepte bien entendu sa gracieuse invitation (en lui faisant aimablement remarquer combien il est bien dommage, décidément, que la loi Toubon du 4 août 1994 ne s'applique ni aux dénominations sociales, ni aux enseignes, ni aux noms commerciaux, ni aux marques de fabrique).

Cette intéressante réponse montre bien qu'il serait sans doute plus facile qu'on ne le croit d'endiguer la vague anglomaniaque. Les appareils commerciaux, qui contribuent pour beaucoup à l'alimenter, seraient, en effet, infiniment plus circonspects s'ils sentaient une opposition quelconque se manifester devant eux. On sait toutefois, hélas, qu'elle peut difficilement émaner des pouvoirs publics et des élites dirigeantes (surtout celles des jeunes générations) qui, au nom
de la modernisation, du primat de l'économie et de la mondialisation, s'accordent plutôt, comme je le disais récemment, sur la nécessité de remiser petit à petit la langue nationale aux oubliettes de l'histoire que sur celle de la défendre. Reste la société civile, c'est-à-dire les Français en général, dont on peut espérer qu'ils manifestent en général un tout autre attachement à l'un des fondements de leur patrimoine culturel. À condition, évidemment, qu'ils aient conscience du danger auquel est exposée leur langue maternelle. Dans son remarquable livre Pourquoi veulent-ils tuer le français ? (Albin Michel, Paris, 2005) le professeur Bernard Lecherbonnier fait observer que lesdits Français ont mis vingt ans pour réagir aux menaces exercées par le progrès sur
leur environnement. S'il leur faut autant de temps pour découvrir la crise linguistique, il sera peut-être un peu tard ...
 

 

Jean-Pierre Busnel
Président de l'Institut André Busnel
contact@iab.com.fr


 

 

Bonjour,

 

Je suis le fondateur de Kernews.

J´apprécie votre combat pour la défense de notre langue mais Kernews est imaginé comme une marque, comme Vivendi est une marque, Publicis peut l´être aussi...

Il s´agissait pour moi de trouver en deux syllabes une marque facilement mémorisable.

Vous avez raison d´être vigilant à l´égard du bon usage de notre langue et je suis prêt à vous laisser la parole lors d´une prochaine émission.

Bien amicalement.

 

Yannick Urrien

http://www.kernews.com/

Tél. : 02 40 60 91 50