Difficile d'imaginer que le véhicule dont la photographie ci-jointe montre les inscriptions portées sur le capot est immatriculé en France (dans les Côtes d'Armor, en Bretagne nord) et qu'il est utilisé par une société française. Tel est bien le cas, pourtant, l'entreprise en question s'appelant "Breton Homes" (il est décidément singulier qu'une société de droit français - société à responsabilité limitée (SARL) en l'occurrence - puisse légalement adopter une telle raison sociale, sans même que soit au moins obligatoire la mention d'une traduction en français). Pour en avoir la confirmation, il suffit de se reporter au site WEB de cette entreprise (un curieux méli-mélo d'anglais et de français). On peut y lire par exemple ce qui suit, dans un "français" très approximatif, comme on peut en juger ci-après, peut-être une préfiguration du charabia courant de demain : "Breton Homes est une agence immobilière française affiliée au SNPI Breton Homes ne vendre pas que aux anglais, nous sommes une agence française et nous vendons des maisons sur l'ensemble de la Bretagne. Le mythe veut que nous vendions nos maisons plus chères que les autres agences implantées en Bretagne ! ... Nous impliquons les même frais de notaire et les mêmes frais d'agence que la plupart des autres agences immobilières en Bretagne, si nos prix peuvent vous sembler plus élever, c'est tout simplement qu'il prendre en compte les frais d'agence".
Il s'agit donc d'un réseau d'agences immobilières, de six ou sept
unités, implanté en Bretagne. Depuis d'assez nombreuses années, déjà,
beaucoup d'Anglais achètent des propriétés en France, souvent des
résidences secondaires en milieu rural ou sur le littoral, notamment en
Normandie et en Bretagne. Et cette société espère tout simplement
augmenter son chiffre d'affaires en sacrifiant elle aussi à
l'anglomanie. Mais attention ! On veut bien s'éloigner de la langue « Breton Homes ne vendre pas que aux anglais » (sic). Ce qui montre bien que si les Français en général étaient moins passifs, moins pusillanimes, moins indifférents au sort de leur langue natale, s'ils savaient se rebeller contre son éviction progressive, les commerçants et les milieux d'affaires seraient infiniment plus circonspects en la matière.
Il va de soi, dans cette hypothèse, que les politiques, toujours
soucieux d'être en phase avec l'opinion publique, s'engageraient alors
plus ou moins résolument dans la défense de la langue française. Mais on
est aux antipodes de cette situation, surtout du fait de la nouvelle
génération. Massivement acquise au credo néolibéral qui dénonce toute
mesure protectrice de l'État, mettant l'économie au-dessus de tout, elle
ne voit généralement aucune raison, aucune légitimité, bien au
contraire, pour combattre l'introduction progressive, en France, d'une
langue étrangère dans laquelle elle voit un outil de promotion sociale
Président de l'Institut André Busnel contact@iab.com.fr
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