Sujet : Chanter la honte !
Date : 27/05/2008
De : Les Manants du Roi   (diffusion(chez)lesmanantsduroi.com)  Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez "chez" par "@"

 

Quel combat doit nous unir tous, si ce n’est le combat pour la langue française ? Pouvez-vous, pouvons-nous rester résignés face à une telle forfaiture ?

 Y a-t-il plus grande trahison ? Écrivez, interpellez…

Écrivez à vos élus, à tous vos élus, à votre maire, à vos conseillers… à votre député, à votre sénateur… Interpellez les enseignants de vos enfants !

Où sont-ils, entre parenthèses, les enseignants de nos écoles, de nos lycées, de nos universités ? Ne tiennent-ils pas là un beau sujet de révolte ?

Nos enfants, nos petits-enfants seront-ils condamnés à rêver en anglais ?

Doit-on brûler les œuvres de Ronsard, de Du Bellay, de Villon, de Rimbaud, d’Apollinaire ? Combien longue pourrait être la liste…

 

 

Écrivez, interpellez…

Maître « ès expressions imagées » Claude Duneton nous aide à brandir l’étendard de la révolte. Ne laissons pas la France chanter sa honte à Belgrade…

Henri Peter et Portemont, le 26 avril 2008

 

Quel plus chaleureux porte drapeau pour notre langue que Claude Duneton ?
Né en 1935, instituteur, professeur, comédien (en France comme en Angleterre), il a enseigné l'anglais pendant vingt ans. Et avant d'apprendre l'anglais n’a-t-il pas  dû apprendre le français ? Sa langue maternelle qu’il garde au fond de son cœur est une belle langue occitane qu’il tient de sa famille corrézienne, humble famille paysanne !

 

 

Chanter sur la honte

Le plaisir des mots. Par  Claude Duneton.
Le Figaro Littéraire du jeudi 24 avril 2008

Cette fois-ci  la barrière est franchie, le mur est tombé, la France va pouvoir chanter sa honte. Je rapportai ici il y a deux mois (voir soleil , 21 mars 2008), les vantardises d’un journaliste anglais  qui se réjouissait de ce qu’ enfin les chanteurs français soient en train d’abandonner la langue française au profit de l’anglais avec la bénédiction des gens à la mode. Il manquait à ce renoncement une manifestation hautement symbolique de notre veulerie, elle n’a pas tardé, la voilà. A la prochaine émission d’Eurovision malgré les  protestations de plusieurs personnalités et de toutes les associations de défense de notre langue, la France sera représenté en anglais  par une chanson anglaise, interprétée par un chanteur français.

On me dira, cela n’est qu’un jeu ; oui, mais un jeu, répétons le hautement symbolique de l’identité d’une nation ; un jeu très populaire, un jeu pour les foules, car je ne sache pas que beaucoup d’intellectuels passent leur soirée d’Eurovision devant leurs écrans. Cela confère une gravité accrue à un acte de capitulation. Je sais que mon rapprochement fera hurler ; pour nous qui défendons notre langue, c’est un petit Montoire transporté à l’échelle de la planète qu’on nous offre avec des conséquences infinies.

Par hasard il vient sous les yeux en même temps un livre de Philippe Barthelet paraissant ces jours-ci  « l’olifant », éditions du Rocher ; il dit ceci :  «  la francophonie est en train de rejoindre le cimetière des nobles causes défuntes, Les hommes politiques viendront selon leur coutume, déposer quelques  fleurs de rhétorique »… Encore M. Barthelet ne connaissait-il pas la dernière : la réalité va plus vite que la fiction ?

Il paraît qu’un député de l’Oise a interpellé le Ministre de la Culture - ça alors ! Un seul député. Sur le nombre ! La masse de l’Assemblée ne s’est pas levée en protestation unanime ? Pour qui diable votons-nous alors ? Car l’ironie, c’est que ce sont les décideurs d’une chaîne de télévision qui ont décidé au nom de la nation dans l’obscurité de leurs studios ; un tout petit groupe de gens , qui n’ont pas la moindre idée de la symbolique d’une langue, qui n’ont ni conscience ni honneur à traiter, qui n’ont surtout aucune idée de l’humiliation que vont éprouver des millions de francophones à travers le monde ; car il existe des populations partout sur la planète, qui guettent l’occasion d’entendre le français de France sur leur postes ; des centaines d’entre eux pleureront des vraies larmes d’être ainsi bafoués, méprisés, ridiculisés aussi dans leur attachement à la langue française. Des décideurs bornés, obscurs, en totale irresponsabilité, n’ayant d’autre boussole que leur propre intérêt immédiat- leur salaire ? des pots de vin ? ont résolu de cracher au visage de dizaines de milliers de militants de l’Alliance française qui se battent partout sur les cinq continents pour maintenir l’intérêt  de notre langue et ralentir sa lente déchéance, sans parler des Instituts français et enseignants de lycées à l’étranger, comme tous ceux qui lisent la presse française autour du globe. Cette décision monstrueuse engage la France, car l’ambiguïté de la situation vient de ce pour le monde francophone, c’est la « France » qui lâche la partie, qui insulte leurs efforts à travers « sa » chanson  en anglais, qui se rit d’eux et les invite, en somme, à abandonner le français.

Pour la masse des amoureux de chansons dans notre pays qui ont la naïveté de croire qu’ils participent de loin à l’événement, quelle gifle ! Quelle rebuffade ! Être représenté par une langue qu’ils ne connaissent pas – se sentir infiniment négligeables, des moins que rien payeurs de redevance. Quel cocuage mon Dieu ! Même si ce mot n’est plus à la mode et si l’on doit dire  « cuckold » comme dans Shakespeare, quel vieux cocuage !

À propos de cimetière que se lèvent les fusillés des fossés de Vincennes que l’on accusa d’avoir trahi – et les poilus de tout grade, cohortes fanatiques de fantassins, qui demandent « Pourquoi la France a-elle pris notre jeune vie ? Par mascarade ? Nous avons été sacrifiés à une chienlit ». La honte, lâches adulateurs du fric à tout prix, ils viendront vous tirer par les  pieds la nuit !

 

 

Découvrez le plaisir des mots au travers de l’œuvre de Claude Duneton :

 

 

 

 

 

Source : http://www.lesmanantsduroi.com/articles2/article71453.php