Sujet : |
La défaite en chantant |
Date : |
28/05/2008 |
De :
Les Manants du Roi (diffusion(chez)lesmanantsduroi.com) Mesure
anti-pourriels : Si vous
voulez écrire à notre correspondant, remplacez
"chez" par "@" |
De la « défaite dans le déshonneur »…
Il nous a fallu attendre longtemps… et souffrir sans compter…
« Good evening Europe » ! Combien de fois
ne l’avons-nous pas entendu…
Une grande Eurovision, l’Eurovision des cuisses agiles, du bruit, de la
fumée aussi et quelques autres artifices. Au bout du compte, le
représentant « français » aura été, dans la novlangue européenne,
dix-neuvième au départ et dix-neuvième à l’arrivée…
En fait dix-huitième ex-æquo avec la Suède… (novlangue aussi pour la
Suède…)
Une grande soirée. Pour tout avouer je ne sais plus depuis combien
d’années je n’avais pas « regardé » ce grand spectacle. Quelque chose
entre un grand casino de Las Vegas et ce qu’étaient les grandes
« boîtes » de nuit de New York ou de la Côte Ouest…
« Regardé » c’est le mot. Un constat : pour entendre et traduire les
quinze chansons qui nous furent hurlées dans la « novlangue », il
fallait avoir les oreilles bien accrochées et l’ouie très fine…
Rassuré sur au moins un point : les meneuses de revue ont toujours une
plastique à la hauteur de leur mission…
Et porter des lunettes noires ne vous donne pas le talent des « Blues
Brothers ».
Des bonnes surprises tout de même et des moments désopilants de
« médiocrité ».
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Bravo à « Bosnia-Herzegovina », un visuel décoiffant et une musique
enlevée. Avouer que je les ai bien aimés… et qu’importe si je ne
comprends pas leur langue ! Bravo de l’avoir tenu dignement sur un joli
« fond » de jeunes mariées qui tricotaient. Bravo !
Frisé la syncope à l’arrivée des « Lettons » en Pirates Walt Disney…
J’aurais aimé pouvoir lire la presse lettone… Triste pour les Lettons.
En Grèce, Zorba s’est noyé de chagrin. Ainsi va la Grèce… Avec le
meilleur effort du monde je n’ai pas réussi à croire qu’en chantant en
novlangue, la Grèce voulait honorer Oscar Wilde…
La Géorgie ? Consternante la Géorgie en cuir noir et « blanc nouveau
monde ». La novlangue lui allait comme un gant de toilette à une vieille
poule.
Les limites du mauvais goût peuvent être toujours repoussées.
L’Azerbaïdjan ? Encore un tout petit effort et le groupe qui le
représentait est bon pour la bande musicale et le visuel du prochain
« Conan le barbare ». « Gothique » en prime…
Une belle démonstration du pays hôte. Touchante Serbie, dans sa langue
et la seyante pudeur de ses représentantes. Nous tirons notre chapeau
bas.
Nos voisins espagnols ? Ils dansent dans leur belle langue…, mais la
langue seule ne fait pas de miracles. Un joli gâchis.
À trop courir
après la « macarena »…
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« Rodolfo Chikilicuatre - Baila
El Chiki Chiki »… |
Les gagnants ? Une prestation sans
faute de la Russie, en regard des « canons » de nos temps difficiles. Et
un grand patineur qui a brisé toutes les glaces… Pied de nez dans la
novlangue…?
Le dix-neuvième candidat est enfin arrivé sur la grande piste.
Deux commentateurs français, qui nous bassinaient depuis le début, en
français, certes, et tentaient de souffler de l’émotion… Le ridicule ne
tue plus depuis des lustres.
Il était enfin là et nous étions curieux. Nous n’avons pas été déçu.
Si ! Nous l’avons été pour les choristes grimées de fausses barbes…
Le « chic » français était étalé sur la piste…
Antoine, l’ancien chanteur Antoine, devrait faire un procès pour
usurpation d’image. Mais nous savons qu’Antoine a de l’humour et bien
d’autres qualités encore.
Une phrase en français. Mais peut-être avons-nous mal entendu ?
Juste un : « Quand l’amour chante en français… « she looks fine » ».
Fermez le ban.
Toutes les déclarations faites les derniers jours précédant ce « Grand
Soir » étaient mensonges et roueries. Sur la petite musique hypocrite
des « vous verrez, il fera moitié-moitié » ou « il fera un effort » la
poudre aux yeux a été jetée sans compter…
À bien réfléchir ce « Quand l’amour
chante en français » était de trop. Il eut mieux valu que notre langue
soit épargnée d’un tel spectacle. Notre langue tout comme l’amour…
Mais au-delà de la défense de notre langue, bien des sujets pourraient
être abordés…
Un résultat donc, à la hauteur des trahisons et des forfaitures de bien
du monde. Président en tête. Ne l’oublions pas.
Portemont, le 27 mai 2008
Remercions la Serbie de la qualité de l’intermède musical grâce au
talent de Goran Bregovic et de ses complices.
Quelques
« Humeurs »
Il préfère Londres à Paris :
Sébastien Tellier, le candidat français qui
représentera la France (?) à l’Eurovision 2008
préfère Londres à Paris, il le dit dans la vidéo, ci-après. Il
s'exprime également sur la pauvreté musicale en France et finit
par déclarer son amour à la chanson anglaise. Il avoue aussi
avoir pris la décision de participer au concours de l’Eurovision
sous l'effet de l' alcool. Bref, nous avons là un
alcoolo, un anglomane, un gars qui préfère Londres à Paris, et
la chanson anglaise à la chanson française et c'est ce
personnage que Mme Mézerette, directrice des jeux et
divertissements sur FR3, a choisi pour nous représenter à
l'Eurovision. Bravo Madame, vous devez avoir un sacré piston, ou
vos directives viennent de plus haut, pour pouvoir travailler
ainsi sans être inquiétée pour la pérennité de votre place !
Voir la vidéo :
http://www.tvblabla.net/eurovision-sebastien-tellier-crache-dans-la-soupe.php
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Chers Maîtres, Messieurs les Conseillers,
La France ne s’est, hélas, pas retirée du concours 2008 de
l’Eurovision, de moins en moins reflet de l’Europe diverse, de
plus en plus reflet de l’uniformisation à l’anglo-américaine.
Ce malgré les demandes pressantes, indignées, de personnalités
et parlementaires de divers bords, sans compter celles de
nombreuses associations, et malgré les commentaires étonnés,
parfois ironiques, de la presse étrangère, où le signal
d’abandon a été bien compris.
Il n’a donc pas été possible, malgré les engagements du
Président en faveur du français et de la Francophonie, de faire
entendre la raison de l’intérêt supérieur du pays à France
Télévision et à sa directrice des jeux et divertissements, dont
le choix tant vanté (ne disait-on pas que le chanteur choisi
allait gagner et « dépoussiérer, ou déringardiser,
l’Eurovision » ?) ne s’est pas révélé très heureux.
Loin du paradis et des étoiles, la chanson « Divine » a valu à
la France d’être classée 19ème dans cette compétition...
Le résultat ne peut qu’illustrer une nouvelle fois la fameuse
formule de Churchill : nous avons préféré le déshonneur à la
fermeté d’un retrait en espérant un bénéfice, bien médiocre au
demeurant compte tenu de la décadence de ce concours ;
nous avons donc eu à la fois le déshonneur et la défaite.
Quelle suite doit être donnée à l’annonce (que nous avons bien
perçue) faite il y a déjà quelques semaines : enlever à
France-Télévision le choix du compétiteur français ? Au bénéfice
de quelle instance encore consciente et garante du nécessaire
respect de ce qu’est la France ?
Albert Salon, ancien Conseiller Culturel et de
Coopération et ancien Ambassadeur, intéressé au maintien du
rayonnement de la France et de sa langue à l’étranger.
Destinataires : Messieurs Henri Guaino, Philippe Péjo,
Jean-Marc Châtaignier et autres…
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Les rideaux sont tombés.
Mais n’hésitez pas à « remercier » les grands décideurs de cette
représentation française…
Et remercier l’équipe de l’A.FR.AV, qui s’est bien battue :
www.francophonie-avenir.com,
ainsi que l’ambassadeur Albert Salon :
albertsalon@noos.fr
Benoît Duteurtre : « Comme le déclare un
critique musical estonien : “Lorsque même les Français
commencent à chanter en anglais, c'est le début de la fin”.
Samedi soir, à Belgrade, a lieu la 53e finale de
l'Eurovision de la chanson. Le représentant de la France
chantera en anglais. Réaction d'un écrivain.
Un soir, après la chute du mur de Berlin, la télévision m'a
transporté dans une grande ville d'Europe du Nord, où des
groupes d'adolescents se déhanchaient sur des rythmes disco.
Leur façon de chanter fièrement dans une sorte d'anglais
semblait traduire le bonheur d'accéder au monde nouveau. Dans
leur futur étoilé, monnaie unique rimerait avec langue unique.
Les temps modernes du concours Eurovision commençaient, et les
Français qui avaient emporté la compétition dans un passé
lointain faisaient soudain figure de ringards, eux dont les
candidats s'attachaient bizarrement à une langue locale,
incompréhensible pour les autres (avec cette arrogance qu'on
leur connaissait également dans la politique étrangère et la
poursuite des essais nucléaires).
Quand j'étais tout petit, le général de Gaulle, à l'Élysée,
défendait bec et ongles l'idée d'Europe des nations. Elle
découlait de cette constatation que le propre de notre Vieux
Continent tient à la fois dans une histoire commune et dans une
diversité de cultures, de langues, de peuples… Le concours de
l'Eurovision première manière illustrait cette idée, selon
laquelle chaque peuple venait défendre un style et un caractère.
L'émission valait ce qu'elle valait ; le symbole était parlant.
Même les Danois chantaient en danois. Quant aux Français, l'idée
d'employer l'anglais leur serait d'autant moins venue à l'esprit
qu'on aimait encore partout la chanson française, celle de Piaf,
Brel, Brassens ou Gainsbourg… Ainsi, l'Eurovision des temps
archaïques ressemblait-elle à l'Europe politique naissante, avec
sa mosaïque de nations et sa richesse de cultures, qui
conduisait les bons élèves à apprendre plutôt l'allemand !
Soyons honnêtes : l'existence d'une langue universelle n'est pas
dépourvue d'avantages. L'essor de l'anglais est profond, ancien,
irrémédiable ; et nos jérémiades devant son usage généralisé
deviendraient satisfaction si le français tenait le même rôle,
comme il le fit dans un passé lointain. Dans cette affaire,
c'est le passage du statut de «dominant» à celui de «dominé» qui
nous irrite, davantage que le principe de la domination. Mais
admettons aussi qu'il y a quelque chose d'étrange à ce que, dans
cette Europe prétendument unie, chaque enfant européen connaisse
de moins en moins les langues de ses voisins (au profit du seul
anglais), et que le dialecte adopté massivement pour
l'unification vienne du pays le moins engagé dans l'Union (le
Royaume-Uni). Dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres,
l'institution européenne ne se montre guère capable de défendre
son originalité : en l'occurrence, celle du plurilinguisme qui
mettrait l'allemand, le français, l'italien et l'espagnol à
égalité. On pourrait s'y attacher dans les lois, dans les
écoles. Cette idée ne semble plus de saison, en un temps où la
«gouvernance» épouse les mouvements au lieu de les réguler,
comme faisait la «politique». L'élargissement de l'Union à des
pays ouvertement atlantistes, la victoire de l'Europe de marché
au détriment de l'Europe des nations vont donc de pair avec
l'adoption spontanée du sabir planétaire. Et, tandis que
l'administration européenne généralise l'usage de
l'anglo-américain, le candidat français, pour la première fois,
poussera le même refrain que les autres au concours de
l'Eurovision. Le coq gaulois se rallie au monde nouveau ; il
n'en partage plus seulement les normes hygiéniques et
commerciales, mais aussi le jargon et l'accent maladroit des
peuples qui ne parlent plus leur langue.
Quand je voyage en Europe, je suis souvent frappé de voir,
devant les hôtels ou les restaurants, trois drapeaux : celui du
pays, celui de l'Union et celui des États-Unis. Comme si nous
avions désormais trois identités : celle de notre naissance,
celle de nos projets et celle de nos rêves. On en prendra la
mesure dans ce divertissement grand public où l'on dirait que
l'Europe ne veut plus illustrer ses différences, ses exotismes,
mais sa joie de contribuer à la mondialisation du
divertissement ! Comme le déclare un critique musical estonien :
«Lorsque même les Français commencent à chanter en anglais,
c'est le début de la fin ». Honneur donc aux Portugais, aux
Turcs ou aux Roumains qui chanteront les belles couleurs de leur
langue, et aux Irlandais qui sauveront notre honneur en
interprétant une partie de leur chanson en français !
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Source :
Les Manants Du Roi :
www.lesmanantsduroi.com, le 28 mai 2008
http://www.lesmanantsduroi.com/articles2/article71469.php
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