Sujet : Pour une ligue linguistique européenne
Date : 19/02/2006
De :  Marc Favre d'Échallens  (Mfavredechallens@aol.com)

  

Afin de pouvoir se faire une idée du projet de Kurt Gawlitta et de nos amis allemands du Verein Deutsche Sprache relatif à la mise en place d'une ligue linguistique européenne, j'ai traduit en français (avec l'aide de dictionnaires et d'une traducteur automatique) le texte.

La traduction est encore imparfaite, mais je crois qu'il est utile de la diffuser rapidement. J'espère que la traduction ne trahit pas l'auteur - Tradutore tradittore...

 

 Marc Favre d'Échallens

 

 

Übereinkunft für eine Europäische Sprachliga

Entwurf vom 01. Februar 2006

(Verein Deutsche Sprache, Kurt Gawlitta.)

Convention pour une Ligue linguistique européenne

Projet du 1er février 2006

(Verein Deutsche Sprache [association de la langue allemande], Kurt Gawlitta)

(Traduction en français de Marc Favre d’Échallens)

 

 

A) Remarques préliminaires

 

Différentes associations linguistiques en Europe, notamment en France, en Italie et en Allemagne, ont organisé plus étroitement et plus efficacement leur coopération au cours des dernières années. Cela a déjà conduit à de remarquables actions communes :

- Par des réunions entre l’association Défense de la langue française (DLF) et l'association allemande Verein Deutsche Sprache (VDS) à Paris en 2000 et à Chinon en 2005,

- Par des propositions communes concernant le projet de « constitution européenne » en 2003,

- Par un manifeste commun relatif à la journée européenne des langues en septembre 2003,

- Par des réunions informelles du groupe « Lutétia » (2001 - 2003),

- Par la « grande marche des citoyens » en octobre 2005 de Villers-Cotterêts avant l'adoption par l’Unesco de la charte sur la diversité culturelle.

- Par la mise à contribution du réseau des associations germanophones en Europe qui a organisé des réunions communes,

- Par la proposition italienne de créer un Internet commun,

Défense de la langue française avait suggéré de créer une organisation centrale. Cette idée est maintenant reprise par le VDS et aussi par Avenir de la langue française. C’est au VDS que le concept d'une ligue linguistique européenne est présentement examiné.

Une ligue linguistique européenne doit avoir pour conviction commune que la créativité, la modernité et l'autosuffisance des pays d'Europe ne peuvent s’exprimer que dans une diversité linguistique et culturelle effectivement vécue, mais pas dans une langue unique. La ligue linguistique européenne, proposée ici, doit relayer le discours politique des associations sans toutefois créer un nouvel échelon hiérarchique ni limiter l’autonomie des associations (nationales). Autonomie à l’intérieur de la Ligue, mise en œuvre d’une politique extérieure, selon un schéma associatif ; compétences, fonctions, règlement, droits et devoirs mais avec un mode de fonctionnement par consensus qui requiert une coordination continue.

En pratique, cette union doit profiter aux associations faute de quoi cette union s’avérerait inutile.

 

 

B) Projet de texte : Convention pour une ligue linguistique européenne

 

Article 1 – Fondation

 

Les associations linguistiques signataires des pays d'Europe conviennent de la fondation d'une ligue linguistique européenne aux fins de travailler ensemble en confiance à la politique linguistique européenne. La Ligue protège l'autonomie des associations linguistiques signataires au niveau national et européen. La Ligue est neutre politiquement et est indépendante des partis ou fédérations politiques. La ligue linguistique européenne poursuit un idéal, et n’a aucune visée dominatrice.

 

 

Article 2 – Objectifs

 

La ligue linguistique européenne veut contribuer à renforcer et à encourager l'importance des langues nationales européennes dans tous les secteurs de la société, en particulier dans la politique, l'économie, les sciences, les médias, les arts, la littérature et dans la vie quotidienne. La Ligue élabore sa propre politique linguistique en accord avec les associations linguistiques (nationales) et soutient leurs actions.

 

 

Article 3 – Mode de fonctionnement

 

La ligue linguistique européenne poursuit en particulier les objectifs suivants :

a) Recueil et échange des informations utiles à son travail de mise en œuvre de sa politique linguistique,

b) Promotion des publications scientifiques, artistiques et politiques,

c) Préparation et mise en oeuvre d’actions de relations publiques,

d) Établissement d'un réseau commun d’information,

e) Introduction et développement des relations avec les décideurs politiques importants,

f) Sensibilisation des syndicats, des partis, des Administrations, des gouvernements etc. aux mesures politiques nécessaires en faveur de la langue.

Les mesures et les actions décidées doivent être efficaces et tenir compte des moyens pouvant être mis en œuvre par les associations membres. Ces mesures et ces actions ne peuvent pas être mises en oeuvre contre la volonté d'une association membre.

 

 

Article 4 – Secrétariat

 

La ligue linguistique européenne organise un secrétariat. Celui-ci est conduit par un Secrétaire général. Le (premier) Secrétaire général est élu à l’unanimité des comités directeurs des associations fondatrices. Chaque association linguistique peut exiger le remplacement du Secrétaire général, le successeur étant élu à l'unanimité des comités directeurs des associations membres.

 

 

Article 5 - Conseil linguistique européen

 

La ligue linguistique européenne établit un Conseil linguistique européen. Les associations linguistiques membres nomment à ce Conseil des membres qualifiés.

Le Conseil linguistique européen peut publier des recommandations pour la ligue linguistique européenne et les associations linguistiques (nationales). Le Conseil linguistique européen édicte lui-même ses règles de fonctionnement interne qui sont largement informelles. Il peut, pour son fonctionnement, s’appuyer sur le secrétariat.

 

 

Article 6 – Financement

 

Le coût du secrétariat est financé par les contributions volontaires des associations membres sur la base d'une estimation annuelle du Secrétaire général. Le contrôle budgétaire est fait par les trésoriers des associations membres.

 

 

Article 7 - Entrée en vigueur

 

La présente convention entre en vigueur, si au moins trois associations linguistiques d'au moins deux États européens y ont adhéré par l’agrément de leurs organes compétents. D’autres associations linguistiques relevant d’États européens peuvent adhérer. Les adhésions exigent le consentement de toutes les associations membres ; cette unanimité vaut aussi pour les exclusions. Les raisons de l’adhésion et les motivations de l’accord des membres sont déposées au secrétariat. Une association peut se retirer à tout moment.

 

 

Signataires :

Association A, Lieu, date (président ou vice-président)

Association B, Lieu, date

Association C, Lieu, date

etc.

 

 

 

 

C) Remarques relatives aux différents articles :

 

Remarque relative à l'article 1 - Fondation :

 

L’accord concerne des associations aux traditions, aux visées et aux dimensions très différentes. Ici, il faut aussi penser aux associations venant d'autres États et qui pourront plus tard adhérer. La main doit être largement tendue, afin que toutes les associations puissent s’identifier avec l’union (la Ligue). Des décisions à la majorité des membres de la Ligue qui fixeraient une ligne politique pour toutes les associations ne seraient pas appropriées. L’union ne pourra s’instaurer que par le principe du consensus.

Les différentes associations membres agissent politiquement dans le sens de leurs statuts, c‘est à dire, qu'elles essayent d'influencer sur le plan de la langue la politique nationale de leur État et de l'Europe. Elles sont politiquement neutres, dans la mesure où elles ne doivent pas devenir un instrument d'un parti politique ou d'un syndicat ou d’une autre organisation. Cette neutralité est également en vigueur dans la Ligue linguistique européenne.

Remarque relative à l'article 2 - objectifs :

Le champ d’action de la Ligue couvre tous les domaines d’activité de l’État et la société.

La Ligue linguistique européenne tend vers cette exigence, même si ses efforts se concentreront sur des domaines particuliers en considération de la situation du moment.

Les objectifs sont limités aux langues nationales - objectifs compris par pays, même si un pays à plusieurs langues nationales (Belgique). Les langues officielles ou nationales sont des éléments essentiels de l'identité et de la vie des pays et ce dans tous les domaines de la vie de la société. Dans cette fonction, elles sont menacées par des efforts d'introduire à l'intérieur de nos pays respectifs une langue unique obligatoire dans différents secteurs de la société comme l'économie et les sciences. La Ligue ne pourra pas travailler, dans chaque cas, pour toutes les associations membres, mais elle pourra surtout être efficace dans le soutien des différentes associations ou d'un groupe d'associations. La base de l’action de la Ligue est le consensus (l’accord unanime).

 

Remarque relative à l'article 3 - Mode de fonctionnement :

 

Les objectifs énumérés ne sont pas limitatifs. Ils couvrent couvre théoriquement le champ entier de l’activité de la Ligue en développant ce qui peut l’être en fonction des idées et des moyens disponibles.

Il est important qu'aucune action ne soit mise en oeuvre contre la volonté éclairée d'une association afin de sauvegarder la confiance entre les membres. Chaque association membre a ainsi un droit de veto.

Remarque relative à l'article 4 - Secrétariat :

Le présent projet prévoit expressément un système aménagé d'organes et de fonctions afin d’éviter la tendance au développement d'une bureaucratie. Un comité directeur propre, une instance d'orientation à l’image d’un conseil de surveillance et une assemblée des délégués ou membres sont, par conséquent, inutiles. Les associations membres ne souhaitent probablement pas développer un tel dispositif pour la construction de ce projet d’organisation européenne.

L’organisation proposée ici peut donc commencer par être très petite, sans organes autre qu’un responsable pour la période de démarrage.

À l’extérieur, le nom officiel public serait la "Ligue linguistique européenne", un Secrétaire général serait également installé.

À l'intérieur, il s'agirait de mettre simplement en place un poste d'information et de coordination avec les associations. La confiance est accordée (puis renouvelé) au Secrétaire général lors d’une réunion des membres selon le principe de l'unanimité.

 

 

Remarque relative à l'article 5 - Conseil linguistique européen :

 

Les impulsions politiques et les propositions relatives à la Direction de la Ligue ne doivent pas venir seulement du Secrétariat. Un groupe informel de personnes qualifiées sur notre sujet doit travailler afin de produire la substance scientifique et politique nécessaire à la détermination de la politique de la Ligue. Par sa fonction et son mode de fonctionnement, il s’agira d’un conseil consultatif. Ce conseil n’administre pas ni n’agit mais réfléchit et discute dans un style informel. Au besoin, il peut publier des recommandations après accord.

 

 

Remarque relative à l'article 6 - Financement :

 

Des frais peuvent naître sous forme de frais administratifs ou de voyage. Pour la première phase de la discussion, une fixation des quotes-parts ou de montants fixes apparaît peu réaliste.

Dans quelle mesure les associations sont prêtes à mettre des moyens à disposition pour le travail effectué en leurs noms et dans leur intérêt ? Cette question devra être posée lors de la discussion du projet ou au plus tard après que la première phase pratique sera lancée.

 

 

Remarque relative à l'article 7 - entrée en vigueur :

 

Avec trois associations on pourrait commencer le travail, on devrait toutefois être ouvert pour d'autres adhésions et recruter aussi autour. Le principe de consensus doit aussi valoir tant pour des admissions et que pour les exclusions.

On pourrait en venir par exemple à des exclusions, si une association essaye d'utiliser la Ligue linguistique européenne pour ses buts particuliers sans l’accord des autres associations membres.