COMMUNIQUÉ
J'aimerais ci-après vous présenter des arguments en faveur de la non ratification du protocole de Londres qui sont d'ordre économique et que je vois peu mis en avant dans le débat. Chaque année, c'est environ 100000 brevets européen en anglais ou allemand qui sont traduits et déposés à l'INPI. Ce travail génère en moyenne 3000 euros par brevet. Il s'agit donc pour la France d'une entrée correspondante de devises étrangères de 300 millions d'euros par an. Ce montant correspond, si l'on prend un salaire moyen charge comprise de 40000 euros, au financement de 7500 emplois pour la plupart en France...
Pour pouvoir mieux lutter contre la
ratification du Protocole de Londres, nous avons créé une association
afin d’être reçus par les pouvoirs publics.
Cette association, l’ADIF (Association
pour le Droit à l’Information en Français) à pour but la défense et le
rayonnement de la langue française sur le plan national et sur le plan
international, la défense de l’évolution du langage scientifique
français et la défense des intérêts des membres.
N’hésitez pas à diffuser le formulaire
d’adhésion auprès de votre entourage, plus nous aurons d’adhésions, plus
nous serons entendus.
1. Le protocole de Londres Le protocole de Londres est un traité qui vise à supprimer la traduction des brevets d'invention. Il a été signé, en 2001, par une majorité de pays de l'Europe du Nord, mais la plupart des pays latins (Espagne, Portugal, Italie, Grèce) et l'Autriche, entre autres, ont refusé de le signer. À l'origine, quelques multinationales françaises, appuyées par la direction du MEDEF (et non la totalité du MEDEF), ont exercé une pression sur les divers gouvernements successifs, relayant une exigence formulée, il y a une dizaine d'années, par l'Office américain des brevets qui avait déclaré « Il faut que le monde entier comprenne que l'anglais est LA langue en matière de propriété industrielle ». Elles ont trouvé un soutien inespéré en la personne de M. Christian PIERRET, secrétaire d'État à l'Industrie dans le gouvernement de M. Lionel JOSPIN. Le but annoncé était de réduire les coûts de dépôt d'un brevet européen pour augmenter le nombre de dépôts nationaux, le but avoué étant tout simplement que ces multinationales réalisent une économie substantielle. Des institutions (Académie française, Académie des sciences morales et politiques, Délégation générale à la langue française, etc.), des professionnels (Compagnie des conseils en propriété industrielle, Association des professionnels de la traduction des brevets d'invention, Association des informaticiens de langue française, Société française des traducteurs, etc.), des associations de défense de la langue française (Défense de la langue française, Avenir de la langue française, etc.) et de nombreux parlementaires, en juin 2001, ont exprimé des avis défavorables et ont souligné les dangers de ce traité. Cependant, à l'issue d'une « mission de concertation », qui n'avait d'autre objectif que d'entériner une décision prise à l'avance, le gouvernement français a signé le protocole de Londres, acceptant ainsi l'hégémonie de l'anglo-américain en matière de propriété industrielle.
Du fait qu'un brevet européen pourrait, en cas de ratification du protocole de Londres, être déposé en Europe dans l'une des trois langues officielles de l'Office européen des brevets (OEB), à savoir l'anglais, l'allemand et le français, il est manifeste que les brevets seraient alors rédigés exclusivement en langue anglaise. Pour preuve de cette future hégémonie linguistique, certaines multinationales françaises rédigent et déposent déjà leurs brevets en anglais ! La deuxième conséquence inévitable serait le raz de marée de brevets américains et japonais que subirait l'Europe, et la difficulté croissante pour les entreprises françaises à protéger leurs inventions. La troisième conséquence concerne l'accès à l'information des PME-PMI françaises. Le dépôt de brevets pour ces entreprises est actuellement un chemin de croix ; il est vraisemblable que les démarches seraient encore plus compliquées avec des documents rédigés dans une langue étrangère, car il est clair que, au sein des PME-PMI, la langue de travail n'est pas l'anglais et que ces petites entreprises ne disposent pas d'un service interne de traduction. Il apparaît que ce traité, en cas de ratification, serait néfaste aux PME-PMI et n'aboutirait pas à une augmentation du nombre de dépôts nationaux.
Il est donc implicite que des
textes rédigés dans une langue étrangère
auraient force de loi en France, pays dont la
Constitution stipule que « la langue de la
République est le français.... » (Article 2 de la
Constitution).
En cas de ratification de ce traité, le coût de dépôt d'un brevet européen pour un déposant français diminuerait légèrement. Cependant, est-ce vraiment la solution pour augmenter le nombre de dépôts nationaux ?
On peut réellement en douter
quand on sait que : Du point de vue social, on ne peut pas négliger près d'un millier de professionnels de la traduction des brevets (principalement des professionnels libéraux), qui, du jour au lendemain, se retrouveraient sans emploi et sans revenus et dont certains devraient licencier leur personnel. Cela toucherait alors plusieurs dizaines de milliers d'emplois au sein de l'Union européenne. Ce serait la première fois qu'un gouvernement et un parlement, tout en exprimant leur attachement à l'emploi et à la diversité linguistique, sacrifieraient à la fois des forces vives et la langue de leur pays. De plus, le gouvernement précédent avait l'intention de faire traduire les revendications sous maîtrise d'ouvrage de l'INPI (ce qui entraînerait une augmentation du déficit public de la France) par le biais d'appels d'offres européens, aux frais du contribuable français, de quoi satisfaire les déposants étrangers, sans parler du risque que ces traductions soient effectuées au plus bas prix, au détriment de la qualité et de la fiabilité de la traduction.
Le protocole de Londres entérinerait définitivement la mort de la diversité culturelle et linguistique qui a fait (et qui fait encore, mais pour combien de temps ?) la richesse de l'Europe. Le langage scientifique français, qui est actuellement très en pointe dans les divers domaines techniques, disparaîtrait à terme. En effet, une invention ayant, par définition, un caractère novateur, le brevet qui est destiné à la protéger contient presque toujours des mots nouveaux. Renoncer à la traduction des brevets d'invention consisterait à consacrer définitivement l'enrichissement exclusif de l'anglo-américain et à accepter l'appauvrissement des autres langues européennes. Une langue qui n'évolue plus au rythme du progrès technique et scientifique est une langue qui se meurt.
L'avenir des brevets en
Europe est, à plus ou moins long terme, le
brevet communautaire qui devrait être traduit
intégralement au moins dans les trois langues
officielles de l'OEB. Les différents pays
concernés ont cessé toute discussion lors de la
dernière réunion sur le brevet communautaire,
dans le cadre du sommet européen de Laeken, en
raison des questions linguistiques posées par le
protocole de Londres. Il serait impensable de
vouloir à tout prix ratifier ce traité en
compromettant le brevet communautaire qui
devrait régler les vraies difficultés
rencontrées par les petites entreprises
françaises et européennes lors du dépôt d'un
brevet d'invention. L'OEB a trois langues
officielles, l'une d'elles, la langue française,
ne doit pas être sacrifiée au profit des
intérêts financiers de quelques multinationales
!
Merci de signer la pétition :
http://www.lapetition.be/petition.php?petid=217
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