Sujet :

À l'Éducation nationale,  bientôt l'anglais avant le français !

Date :

17/09/2009

Envoi d'Aleks Kadar  (courriel : alekska(chez)gmail.com)  

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

 

Un message qui semble TRÈS intéressant. À lire attentivement et à analyser.

Y a-t-il revirement de la position officielle du gouvernement français ? Enfin l'aveu que le vrai objectif n'est pas LM + 2, mais LM + anglais ?
Ou est-ce seulement l'OEP (Observatoire Européen du Plurilinguisme) qui prend conscience de la réalité de la politique linguistique de l'Éducation nationale ?

AK

 

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l'OEP (Observatoire Européen du Plurilinguisme)

Nous nous sommes inquiétés de l'interprétation donnée à certains propos tenus par le président de la République et par Richard Descoing, laissant entendre que vu les difficultés des jeunes à apprendre le français, apprendre une seule langue étrangère, l'anglais bien sûr, était largement suffisant. Au même moment, le Président de la République disait qu'en réalité, pour être au niveau européen, c'était trois langues que nos enfants devaient apprendre : leur langue maternelle plus deux  autres langues vivantes.

Nous avons reçu, après deux accusés réception du Cabinet de Président de la République et du Cabinet du Ministre de l'Éducation nationale, une réponse officielle du Ministère sous la signature de Mme Élisabeth Monlibert, sous-directrice des écoles, des collèges et des lycées généraux et technologiques, qui, à notre grand regret, confirme la première interprétation qu'il fallait donner au propos présidentiel.

Mme Monlibert écrit (cf. l'intégralité du courrier à la fin de ce texte) :

« Depuis 2005, le ministère de l'Éducation nationale a consacré d'importants efforts à l'amélioration de l'enseignement des langues vivantes en France, notamment en mettant en place un plan de rénovation des langues qui préserve la diversité de l'offre linguistique par la mise en place de commissions académiques de langues.»

Nous avons un gouvernement qui se targue d'évaluation et de culture de l'évaluation.

C'est probablement à des fins médiatiques, car il n'applique pas cette culture à lui-même, en effet si l'enseignement des langues vivantes est bien évalué, la diversification réelle et concrète de cet enseignement sur le terrain semble échapper à cette évaluation. Bien sûr, toutes les langues sont représentées sur le territoire français, mais qu'en est-il dans les faits dans telle ou telle école primaire, ici et là, quand les élèves ne peuvent apprendre que l'anglais ? Si une telle évaluation existait, la diversification de l'enseignement des langues serait une priorité éducative, nul doute que la lettre y ferait alors référence.

Il y a donc un discours présidentiel fait pour fixer un certain électorat, un autre discours du ministre, voir nos échanges avec Xavier Darcos , qui neutralise le discours présidentiel, et enfin les dures réalités administratives qui sont la réalité de la réalité, c'est-à-dire l'os qui vous reste à ronger quand vous avez perdu vos illusions.

À la rubrique LANGUES VIVANTES de la circulaire de rentrée en France nous lisons ceci : « Les sections européennes et les sections de langues orientales au collège et au lycée doivent être développées » et, dans le cadre de la « multiplication » des classes de 6ème bilangue, « l'objectif de développer l'apprentissage de l'allemand doit demeurer prioritaire ». Le plan de relance de l'allemand date de 2004. Nous voudrions savoir où nous en sommes réellement. Il paraît que la régression connaît un palier, ce qui est traduit dans le langage à finalité médiatique comme un succès. La circulaire encourage également « l'ouverture européenne et internationale du système éducatif », soulignant qu'à la rentrée 2009, le programme de mobilité internationale « Jules Verne » complétera l'ensemble des programmes européens et français disponibles.

Le gouvernement français ayant beaucoup milité pour la résolution du Conseil Éducation, culture et jeunesse du 21 novembre 2008 qui prévoit la diversification de l'enseignement des langues dès le plus jeune âge, nous avons besoin de savoir où nous en sommes de la diversification de l'enseignement des langues vivantes à l'école primaire. Pour l'anglais, c'est 97 ou 98 % ? Nous admirons les efforts du ministère des affaires étrangères et du ministère français de la culture pour avoir négocié cette résolution remarquable que nous recommandons à nos lecteurs, mais le  Ministère de l'Éducation nationale ne semble pas avoir pris au sérieux ce  texte international, l'aurait-il signé les yeux fermés ?

Autre sujet de réflexion.

Il est dit dans la lettre : « Par ailleurs, lors d'un débat qui s'est tenu au Lycée Champlain de Chennevières-sur-Marne le 8 avril 2009, le président de la République a souligné l'importance de l'enjeu que constitue la maîtrise de plusieurs langues vivantes par les jeunes Français. Dans un contexte mondialisé, il a même indiqué que ce n'était pas deux mais trois langues qu'il faudrait maîtriser. Cependant, face aux difficultés rencontrées par les jeunes en anglais, langue de communication internationale, et en français, il convient de sérier les problèmes et de redéfinir les priorités. On constate que l'imprécision et l'ambigüité que nous avions soulignées dans la formulation présidentielle n'est pas levée dans celle de l'administration : « les difficultés qu'ont les jeunes avec l'anglais et le français ».  L'anglais semble passer avant le français quand il s'agit de jeunes en difficulté, point consternant ou relevant du lapsus, car ils n'ont aucune chance de s'en sortir  y compris en anglais dans les structures scolaires françaises s'ils ne maîtrisent pas d'abord le français, à moins que dans le cas où le français ne serait pas leur langue maternelle, le Ministère n'estime préférable de leur apprendre l'anglais d'abord et le français ensuite, ce qui ouvre d'autres horizons . De plus nous ne savons  toujours pas si sont seuls visés par la restriction présidentielle les jeunes en difficulté, ou si les difficultés en français et en anglais ne sont pas attribuées à tous les jeunes. Certains y verront peut-être une source possible  de diminution des heures d'enseignement et donc d'économies budgétaires.

Nous demandons par conséquent au Ministère de sortir du flou et simplement de fournir ses objectifs sur la diversification de l'enseignement des langues vivantes, les actions qu'il entreprend pour cette diversification et les indicateurs qu'il a mis en place pour mesurer les résultats de son action.

L'Observatoire européen du plurilinguisme

 

Source : OEP, le 17 septembre 2009

http://51959387.fr.strato-hosting.eu/plurilinguisme/index.php?option=com_content&task=view&id=2465&Itemid=26

 

Lettre de Mme Monlibert :

 

 

 

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