Films français et pub de l'anglais !
En gros, je défendrais le film pour son aspect « proximité avec l'armée de terre » française, mais ce qui m'a choqué, c'est l'usage constant de l'anglais par les militaires et journalistes français à l'étranger, ici, en Afghanistan. À croire que le français est devenu totalement inutile à l'étranger, une langue morte.
La journaliste française, interprétée par Diane Kruger, interroge en anglais une jeune Afghane, qui parle un excellent anglais. Le chef taliban parle lui aussi un excellent anglais. Il faut dire (ouf !) qu'il a étudié pendant 7 ans à Cambridge, comme le lui rappelle la journaliste française.
Le comble du ridicule, c'est quand, à un moment donné, le chef taliban dit à un de ses hommes « j'en ai assez de parler dans notre langue, parle-moi en anglais » ! Un chef taliban ! Depuis quand les talibans parlent entre eux la langue de leur grand ennemi ?
Partant de là, la pratique linguistique dans ce film m'incite à poser la question : Tout film français se déroulant à l'étranger en est-il réduit à être un véhicule de propagande du tout-anglais ?
On trouve d'autres exemples dans des
films récents :
« On choisit pas sa famille » (en
Thaïlande), « Bienvenue à bord »
(croisière), « Hollywoo » où Florence Foresti et Jamel
Debbouze parlent "Globish"
aux ÉUA, sans sous-titres, bien sûr *, « Le cochon de Gaza
» (Israël-Palestine,
l'anglais est la langue
de communication entre les 2 peuples,
« Or noir » (le nouveau Jean-Jacques
Annaud, qui semble être tourné
entièrement en anglais, se déroulant
dans un pays arabique).
* Il est d'ailleurs à noter que les
dialogues en anglais sont de moins en
moins
sous-titrés, dans les films français.
AK
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Bande-annonce film Hollywoo,
qui montre bien le degré
d'auto-anglicisation des gens de cinéma
français :
Autre exemple, le film « RTT » du même réalisateur :
http://www.youtube.com/watch?v=9T8z_HWaylo
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Bande-annonce
du film « Or noir », dont la VO est une
VA (version en anglais)
avec l'acteur du Prophète devant
s'exprimer en anglais pour parler à des
Arabes
(interprétés par des Étatsuniens) :
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Stéphane Rybojad, réalisateur de Forces
spéciales :
« En France, on a vrai problème avec le
treillis »
Descendu par la critique, le
réalisateur de Forces spéciales
se défend d'avoir fait un film
de propagande pour l'armée.
Explications.
« Un
manichéisme rebutant », « un nanar
assez inouï », « un clip pour les
forces armées », « un navet »... Le
premier long-métrage de Stéphane
Rybojad, avec Benoît Magimel, Diane
Kruger et Djimon Hounsou, est sorti
mercredi dernier et s’est fait
massacrer par la critique. Son
réalisateur, Stéphane Rybojad, a dû
mobiliser les troupes sur
Facebook (près de 10 000 fans
sur sa page très… spéciale) et les
convaincre que son film ne méritait
pas tout cela.
Alors,
« Forces spéciales », brûlot
militariste cocardier, film sincère
d'un amoureux du documentaire, pub
pour l'Armée de terre, bouc
émissaire des critiques
germanopratins ? Rybojad s'explique.
Ça commence bien ! Quand tu dis ça,
c'est une sacrée simplification de
mon CV. Sur 120 reportages, j'en ai
fait trois sur les forces spéciales.
J'ai fait quinze court-métrages,
autant de clips et de pubs... Depuis
le début, je veux faire de la
fiction. Et j’ai fait des reportages
sur la cybercriminalité, les
narcotrafiquants… Pas que sur
l'armée. Et il se trouve que mes
documentaires sur les militaires ont
eu trois « T » dans Télérama. Comme
si les journalistes télé étaient
finalement plus ouverts… Mais c'est
quand même désagréable de se faire
attaquer par des journalistes qui
n'ont jamais dépassé le 7e
arrondissement.
Tu penses vraiment que tu te fais
attaquer injustement ?
On a travaillé à mort la véracité à
l'image, et on s’est fait bastonner
sur cette même véracité ! Alors,
désolé, mais je ne suis pas d'accord
; surtout quand les attaques
viennent de pinpins qui n'ont jamais
dépassé le périph'.
Ce qui t’est reproché, c’est le
manque de réalisme et…
Wow ! Renseignez-vous un peu ! On
n'a pas tourné un plan en studio.
J'ai envoyé des gens à Kaboul
chercher des fringues, j'ai tourné
sur la frontière afghane, au
Tadjikistan, pour coller au plus
près de la réalité ; j'ai pas envie
d'entendre des couillons me dire que
je fais n'importe quoi. Qu'on
m'attaque sur l'histoire qui est
débile, que j'ai filmé avec les
pieds, que j'ai fait mon montage au
sécateur, c'est leur droit de
critiques de cinéma. Mais des
journalistes me disaient :
« pourquoi vous n'avez pas tourné au
Maroc ? C'est pareil ! ». C'est
blessant, et ça montre qu'ils ne
connaissent pas le truc : au Maroc,
ce sont des Arabes. Au Tadjikistan
et en Afghanistan, ce ne sont pas
des Arabes. Pour vous, ils se
ressemblent peut-être, mais il y
autant de différences entre un
Afghan et un Marocain qu'entre un
Suédois et un Espagnol. Ces
amalgames me gonflent, surtout de la
part de gens bien-pensants. Je n'ai
pas fait n'importe quoi : ceux qui
connaissent un peu le terrain, les
grands reporteurs comme les
militaires, quand ils voient le
film, ils disent « Merde ! Comment
tu as fait ? ». On a vraiment
tourné à Kaboul : personne n'a amené
(Note de l'Afrav : apporté)
une caméra de 35mm là-bas depuis les
années 70. Évidemment qu'il y a des
montées épiques des passages de film
d'aventures, je n'ai pas prétendu
faire un huis-clos dans un bureau.
Mais c’est le paradoxe du film.
D'un côté, tu prétends faire du
réalisme et de l'autre tu multiplies
des passages bourrés de clichés…
Ah oui ? Tu penses à quoi, par
exemple ?
La scène où trois des héros se
retournent face à quinze barbus, ils
les descendent tous. Sans se faire
toucher ? Et en terrain découvert ?
Tu as parlé avec des militaires ? Tu
sais comment ils bossent ? Moi, oui.
Les techniques utilisées dans le
film ont été mises au point avec des
commandos d'élite. Le plus du plus,
la crème de la crème. Cette tactique
s'appelle l'effet « boule de feu »,
ils le font comme ça en vrai. On les
a vus faire. Oui, ils sont debout,
ils avancent, ils se mettent en
ligne - comme à l'époque
napoléonienne - pour faire baisser
la tête des mecs d'en face et ils ne cèdent pas.
Ça peut paraître super
cliché comme tu dis, ou super
hollywoodien : pour moi, c'est le
contraire. C’est justement
anti-hollywoodien. Les chiffres
officiels des Forces spéciales,
c'est un mec pour dix talibans. J'y
suis pour rien, c'est les chiffres.
Ils tirent 800 cartouches par jour
pour s'entraîner : c'est normal
qu'ils les touchent. C'est la
réalité des opérations en
Afghanistan. Et j'estime que je fais
mourir suffisamment de personnages.
Mais les blagues pourries des
héros, c’est pas très réaliste, ça…
On me dit que c'est ridicule de
faire marrer les héros au milieu
d'un échange de tirs. C'est normal :
dans le cinéma français, les héros
ont l'habitude d'avoir les sourcils
baissés. Dès que tu joues un flic ou
un gangster (Note de l'Afrav :
bandit), tu dois avoir l'air
très inquiet. Dans la réalité, ces
mecs-là, ils font leur travail. Ils
dorment dans les hélicos, comme
s'ils prenaient le métro. Alors
blaguer au combat, ça leur permet de
décompresser. Si j'avais fait les
mêmes héros en armure, je crois pas
qu'on m'aurait accusé de tout ça. Je
crois qu'en France, on a un vrai
problème avec le treillis.
Un problème avec le treillis ? Tu
veux dire que ton film est politique
?
J'irai même au-delà. Pour moi, c'est
un débat national : pourquoi
certaines personnes détestent autant
les institutions ? On vote pour un
président, qui décide ou pas
d'envoyer des soldats là-bas : on
est donc aussi responsables quand
ils rentrent les deux pieds devant
dans un sac plastique. Que tu sois
militariste ou pas, de gauche de
droite, de haut de bas, on s'en
fout, c'est un autre débat. À partir
du moment où tu es Français, tu es
citoyen et tu votes. Tu as pris la
décision indirectement d'envoyer des
couillons là-bas, marcher dans des
cailloux.
Mais ce qu’on voit dans Forces
Spéciales, c’est d’abord un
blockbuster (note de l'Afrav :
une superproduction) rutilant(e)…
Désolé ! Le sujet de mon film, c'est
l'humanité qui surgit quand des
hommes et des femmes se retrouvent
isolés dans une situation de merde.
On aurait préféré sans doute que je
mette en scène des méchants
militaires qui tuent des villageois
et torturent des enfants dans un
village afghan ? Et bien non, il n'y
en a pas. On n'est plus dans les
années 60 ou dans la guerre
d'Algérie.
Tu as situé ton film dans le
conflit afghan, un conflit
contemporain. Ce n'est pas innocent.
Je suis un amoureux de Kessel, j'ai
tripé (Note de l'Afrav : eu un coup
de cœur, tilté) sur l'Afghanistan quand
j'avais seize ans, je rêvais
d'aventures et ce pays est encore
plein d'aventures. À la fin des
années 90, l'Afghanistan est un pays
tenu par les Talibans, pas de jeux
pour les enfants, pas d'école pour
les petites filles, pas de travail
pour les femmes, pas de cinéma, pas
de musique, les livres ont été
brûlés... C'était l'ère de
l'inquisition, puissance 10. Tout le
monde demandait à la communauté
internationale d'agir. Aujourd'hui,
à Kaboul, je l'ai vu de mes yeux,
les petites filles sont retournées à
l'école. Alors, pour ou contre
l'engagement là-bas ? Je suis père
de famille, j'ai quatre gosses : je
suis pour que les petites filles
retournent à l'école. Voilà.
Tu étais entouré par des
militaires sur le plateau et…
…Il y avait plusieurs conseillers
militaires sur le film, du
Commandement des opérations
spéciales, dont un dans le
casting (Note de l'Afrav :
audition) :
Marius. 22 ans d'opérations ! On a
fait un reportage sur lui, en 2004,
à l'école des Bérets verts. On peut
le voir sur YouTube. Globalement, ça
a fait plus d'audience que
Bienvenue chez les Ch'tis,
on doit être à 20 millions de
spectateurs... Ca montre bien
l'esprit que j'admire chez ces
militaires : l'esprit du frère
d'armes. Dans notre monde
individualiste, ça fait du bien.
Attends, ce que je voulais dire,
c’est que pour certains, Forces
Spéciales ressemble à un joli
clip pour l’armée… Un film de
« propagande ».
Ça a été mon erreur principale.
Penser que le cinéma avait cette
liberté de ton, qu'en France on
avait le droit de raconter ce qu'on
veut. Le polar est dans la culture
française : est-ce qu'à chaque
sortie de film policier, que ce soit
un Olivier Marchal, on va dire que
c'est de la propagande pour le
Ministère de l'intérieur ? Je ne
crois pas, même si la police va
gagner en recrutement potentiel,
quand tu présentes bien les flics.
Au cinéma, tu peux parler de
médecins, de cordonniers... pourquoi
pas des militaires ? On a peur de
faire des films sur les militaires.
Quand tu me dis que j'ai fait un
clip de propagande pour l'armée, ce
n'est pas moi que ça blesse, mais
les Français qui partent à l'autre
bout du monde - certains y laissent
même leur vie. Il faut attendre que
six ou sept meurent d'un coup pour
avoir des obsèques nationales. La
plupart meurent dans l'indifférence.
Merde ! Ca mérite un sujet de
cinéma, non ?
Comment peux-tu avoir une liberté
de ton, alors que ton film a été
aidé (notamment en terme de moyens)
par l'armée ?
Je te rassure : ça n'a pas coûté un
euro au contribuable. En fait, je me
suis greffé au planning (Note
Afrav : au calendrier) des
militaires. Le gros des moyens se
trouve dans la séquence du début,
avec ses cinq hélicos des Forces
spéciales à l'image. Ce n'est pas
parce que tu as un feu vert du
Ministère que c'est open bar
(Note de l'Afrav : tout gratuit), que tu
arrives et que tu commandes ce que
tu veux. Non. C'est toi qui dois
venir à eux avec ton équipe. Tu dois
vraiment t'intégrer à leur programme
: avec toi ou sans toi, ils vont
voler, faire leur entraînement à
l'assaut... Après, au Tadjikistan,
il n'y a pas d'armée française. On a
dû chercher les moyens militaires à
Djibouti. Mon film est un film de
guerre actuel avec de vrais
militaires dans l'équipe, dans toute
l'histoire du cinéma français, il
n'y en a jamais eu.
Tu ne vas pas nous empêcher de
nous interroger sur l'engagement de
l'armée…
Tu veux dire que le film doit être à
charge ? Pourquoi toujours parler
des trains qui arrivent en retard ?
Mais merde ! C'est un problème
français : toujours trouver des
sujets à charge. On n'a pas reproché
à Polisse de ne pas mettre en scène
des flics pédophiles ! Pourquoi un
militaire au cinéma doit être un mec
sanguinaire, un mec qui n'a rien à
foutre là ? Dans la réalité, les
militaires sont des professionnels,
des mecs qui s'engagent. Et toi,
quand tu te retrouves couillon comme
un touriste pris dans une situation
de merde à l'autre bout du monde, en
Afrique ou en Afghanistan, tu es
bien content qu'une équipe des
Forces spéciales vienne te chercher.
Ayez au moins un peu de respect pour
ces gens-là. Le jour où vous aurez
besoin d'eux, vous allez prier pour
qu'ils viennent vous chercher.
Impossible de ne pas penser à
L'Ordre et la morale de
Kassovitz, qui sort deux semaines
après ton film. Lui, justement
propose une vision plus critique de
l'armée…
Je vois pas pourquoi on nous a
opposé. Il n'en n'a vraiment pas
besoin, vu qu'il a fait cinq films.
J’ai été déçu que Kassovitz en
profité pour me tacler en interview,
en disant que je faisais joujou avec
des porte-avions atomiques. Bon,
j'ai dépassé ça, mais j'ai tout de
même deux choses à lui dire : primo,
les images de porte-avions ont été
tournées en 2004, quand le Charles de Gaulle faisait
Toulon-Brest pour le 60e
anniversaire du Débarquement, donc
je n'ai pas fait joujou avec eux.
Enfin, on dit « porte-avions
nucléaire », et pas « atomique ».
Tu es vraiment en colère ? Tu en
veux vraiment aux critiques ?
Vous ne pouvez pas avoir autant de
mépris pour le public. En majorité,
les gens vont voir Iron Man. C'est
la réalité, il faut l'accepter. Il
faut arrêter de cracher sur les
films populaires. Je suis un
Parisien, soi-disant intellectuel de
gauche, juif de surcroît, et
j'arrive dans l'univers de l'armée,
où il n'y a soi-disant que des gros
cons et des fachos. J'y ai passé du
temps et j'ai découvert des valeurs
humaines. On peut massacrer le film
autant qu'on veut, je m'en fous,
mais ne massacrez pas les valeurs
humaines.
Source :
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Réactions :
Je trouve que le réalisateur se défend
très bien dans cet entretien.
On ne peut pas attaquer le film pour sa
proximité avec l'Armée de terre.
Habituellement on entend moins les gens
dirent cela pour les films US.
La grosse critique à faire au film est
d'ordre linguistique. Il montre que les
Français se sont totalement aplatis
devant le tout-anglais. Pour eux, hors
de France, la langue française n'existe
pas, ils ne communiquent qu'en anglais avec des Afghans (et
avec les Serbes) !
Si c'est pour faire ça, on ne voit pas
trop l'intérêt de faire un film
français,
contentons-nous des films US. Rappelons
que le cinéma, c'est une arme
de propagande culturelle, de « pouvoir
doux » ("soft power").
Il sert à valoriser un modèle culturel.
Ici, on voit, malheureusement,
que les Français sont des vassaux des
forces US. Ils font la même guerre,
parlent la même langue. Félicitations
aux familles de l'équipe du film,
qui les ont « supportés » pendant le
tournage, d'après le générique !
En français, on dit « soutenir » ! sauf
s'ils étaient vraiment pénibles et ...
insupportables.
AK