Sujet : Débarrassons-nous de ce faux nez qu'est l'anglais
Date : 18/11/2009
Envoi d'Aleks Kadar  (courriel : alekska(chez)gmail.com)   Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez "chez" par "@"

Voici un point de vue sévère sur les Assises du Plurilinguisme tenues à Berlin en juin 2009
http://www.observatoireplurilinguisme.eu/index.php?option=com_content&task=section&id=88888892&Itemid=88888945

Lucide ou trop sévère ?

J'aimerais bien lire un rapport officiel sur ces Assises.

Apparemment y avait du beau monde invité et des interventions intéressantes
http://www.observatoireplurilinguisme.eu/index.php?option=com_content&task=view&id=2207&Itemid=88888945

AK

 

l'Anglais, ce faux-nez de la reproduction des élites

 

Je viens d'assister aux 2e assises européennes du plurilinguisme à Berlin. Il y avait là un parterre de fonctionnaires délégués par leurs administrations, très peu représentatifs de la population et de ses problèmes, dont ces mêmes fonctionnaires n'ont absolument aucune idée.

Comment, en effet, sauraient-ils que les travailleurs reçoivent aujourd'hui des emails de licenciements en anglais, en France en Allemagne ou en Belgique, puisque ces fonctionnaires ne seront jamais licenciés. À entendre certains hurluberlus présents, ce ne serait pourtant pas inutile.

Les plus grands spécialistes des vraies questions linguistiques (dont peu étaient présents) nous ont rappelé ce que tous les autres veulent ignorer : Apprendre une langue, c'est très compliqué, et cela représente un investissement personnel énorme.

Les chercheurs de l'université de Paderborn ont établi qu'il fallait 2000 heures d'apprentissage de l'anglais à un francophone pour parler l'anglais correctement. L'anglais est la langue la plus difficile, non seulement pour les locuteurs de langues romanes (français, italiens, espagnols, roumains, portugais...) comme on le rappelle souvent, mais aussi pour tous les locuteurs de langues ne faisant pas partie du groupe des langues germaniques : Chinois, japonais, coréen, hindi, urdu...

Et on sait pourquoi : 30 sons de voyelles en anglais contre 5 en espagnol ou en japonais (et en espéranto), une impossibilité de savoir comment un mot se prononce en le lisant, et inversement, l'impossibilité de savoir intuitivement écrire un mot qu'on entend, et un triple registre de vocabulaire saxon-danois/franco-normand/latin qui fait que les mots de sens proche ne sont absolument pas reliés (newspaper/journalist...)

Demandez à n'importe quel non-anglophone, même de langue germanique cousine, de prononcer : "coat", "cot" et "caught" et vous vous rendrez compte de la difficulté d'apprentissage de l'anglais et pourquoi très peu d'étrangers le parlent de manière intelligible, et comprennent ceux qui le parlent de manière intelligible (ce qui est plutôt rare...)

J'écoutais le discours de réélection de Mamohand Singh, le premier ministre indien, en anglais : c'était incompréhensible. Pourtant, on nous raconte que l'anglais est la langue officielle de l'Inde. Mais combien d'indiens la parlent correctement ? Certainement pas son Premier ministre en tout cas. 2 à 3% des castes privilégiées, ayant fait leurs études en Angleterre ou aux États-Unis d'Amérique, tout au plus...

2000 heures donc pour apprendre l'anglais alors qu'il n'en faut que 1500 pour l'allemand et 150 pour l'espéranto. Peu de gens ont conscience de ce que 2000 heures représentent, alors voyons un peu :

Les meilleurs programmes d'apprentissage de l'anglais en France comptent 3 heures d'anglais par semaine (j'en avais 2 de mon temps). Il faut donc environ 700 semaines, si on compte les absences des professeurs (et des élèves) pour parler anglais correctement. L'année scolaire française comptant au mieux 35 semaines, cela fait 20 ans. Si l'on veut que nos enfants parlent correctement anglais au Bac, il faut donc qu'ils commencent l'école 2 ans avant leur naissance...Je suis sûr que les hurluberlus universitaires que j'ai entendu lors des assises, qui nous racontent que l'on peut apprendre 6 langues en « intercompréhension » en 150 heures (sic !) ont une méthode infaillible pour apprendre l'anglais aux fœtus, et même aux gamètes...

Pourtant, personne, et pas plus aux assises qu'ailleurs, ne se rend à la conclusion logique que ce raisonnement parfaitement scientifique, basé sur les derniers travaux de recherche en didactique linguistique, implique : ON NE PEUT PAS APPRENDRE DES LANGUES ÉTRANGERES, ET SINGULIÈREMENT L'ANGLAIS, DANS LE SYSTÈME SCOLAIRE.

Le ministre français de l'Éducation, Xavier Darcos lance pourtant une énième réforme de l'apprentissage de l'anglais, parce que son patron, Sarkozy, qui parle 3 mots d'anglais avec un accent de vache espagnole, s'est posé en expert linguistique et de l'éducation et a donc décrété que tous les petits français allaient parler anglais mieux que lui...Nous allons évidemment vers un énième échec. Non seulement il n'y aura pas davantage de petits français qui parleront anglais correctement du fait de ce programme, mais il y aura moins de locuteurs des autres langues (allemand, italien, espagnol, chinois...) dont notre économie a pourtant besoin, parce que le plus grand des ignares linguistiques a ainsi décidé de les sacrifier, à l'instar de son homologue décérébré, qui ne pense qu'avec sa bite, Berlusconi.

L'anglais, ÇA S'APPREND EN IMMERSION dans des familles, en Angleterre ou aux États-Unis d'Amérique, voire d'autres pays anglophones (attention aux accents incompréhensibles, genre sud-africain !). TOUT LE MONDE SAIT CELA !

Alors pourquoi tout le monde - y compris aux assises du multilinguisme - fait-il semblant de croire que l'apprentissage de l'anglais à l'école est possible ?

PARCE QUE LA VERITÉ EST INDICIBLE !

L'apprentissage de l'anglais n'est en fait pas un problème éducatif et on pourrait tout aussi bien fermer toutes les classes d'anglais qui ne servent à rien.

Ce n'est pas non plus, comme on essaie de nous le faire croire, un problème d'identité, qui ferait que les français ou les italiens seraient nuls en langues, et devraient se flageller constamment. NON. Il s'agit en fait et uniquement d'un problème SOCIAL. Ou plutôt un problème de reproduction social : UN SYSTÈME DE REPRODUCTION DES ÉLITES.

Comme les ouvriers n'ont pas les moyens d'envoyer leurs enfants en immersion aux États-Unis d'Amérique ou en Angleterre, la mise en avant de l'anglais est utilisée comme mode de sélection sociale et uniquement cela.

Cela fait 25 ans que je travaille en anglais, pour l'apprentissage duquel j'ai consacré des efforts considérables : Je n'ai jamais vu une réunion efficace en langue anglaise avec des non-anglophones et sans interprètes. C'est une perte de temps totale, voire une contre-production, étant donné le nombre de malentendus induits (on estime à 100 milliards d'euros les pertes des entreprises de l'Union Européenne dues à ce problème) Et je crois que tous ceux qui l'ont expérimenté le savent...

Alors, qu'attendons-nous pour laisser tomber ce faux-nez qu'est l'anglais ?


Sacred Celtic
 

 

Source : sacredceltic.blogspot, le dimanche 21 juin 2009

http://sacredceltic.blogspot.com/2009/06/langlais-ce-faux-nez-de-la-reproduction.html