Sujet :

Dernière tentative pour fixer les langues du futur brevet européen

Date :

09/11/2010

Envoi d'Aleks Kadar  (courriel : alekska(chez)gmail.com)

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

Les ministres toujours dans l'impasse par rapport au brevet communautaire [en] [de]

Lors du Conseil « Compétitivité » tenu hier (11 octobre) au Luxembourg, un accord final portant sur le brevet communautaire a semblé impossible à conclure au vu des intérêts nationaux divergents.

Les ministres européens sont toujours divisés en deux groupes. Le premier est mené par la France et l'Allemagne qui soutiennent un système trilingue pour les brevets européens comme l'a proposé la Commission et le second groupe est composé des pays opposés à cette solution, lui préférant un régime unilingue ou multilingue.

La langue utilisée pour soumettre, défendre et diffuser l'information sur un brevet est un élément crucial pour la compétitivité des États. Les chercheurs et les petites et moyennes entreprises (PME) qui ont la possibilité d'utiliser leur langue maternelle pour les brevets sont avantagés par rapports à leurs concurrents parlant d'autres langues.

D'un autre côté, le système actuel qui protège toutes les langues de l'UE donne lieu à une incertitude légale et à des coûts très élevés, rendant les brevets plus compliqués et plus chers en Europe que dans les autres régions industrialisées du monde.

Lors du Conseil « Compétitivité » hier, la Belgique, qui tient actuellement la présidence tournante de l’UE, a souligné que dans le système actuel, une société souhaitant commercialiser le même brevet dans les 27 pays doit débourser environ 25 000 euros en frais administratifs et légaux.

Certains détracteurs avancent que cette situation est relativement peu probable dans la mesure où la plupart des sociétés n'enregistrent leurs brevets que sur des marchés spécifiques. Seules quelques multinationales ont un intérêt à débourser cet argent pour que leur brevet soit exploité dans tous les États membres. Les PME, quant à elles, n'utilisent en général leurs brevets que sur les marchés européens plus importants.

Les conséquences néfastes de cette situation sont doubles, conclut un analyste. Tout d'abord, le concept de marché intérieur est remis en question dans la mesure où la fragmentation entre les marchés nationaux reste la règle. Ensuite, les pays où un brevet n'est pas enregistré sont envahis de produits contrefaits qui sont exporté partout en Europe.

Par exemple, si une société décide d'enregistrer un brevet en Allemagne, en France, au Royaume-Uni et en Italie, les plus grands marchés nationaux, le même brevet serait dépourvu de protection juridique dans tous les autres États membres. Dans ce scénario, si un cargo de produits contrefaits arrive au port d'Anvers en Belgique ou à l'aéroport de Madrid en Espagne, les détenteurs du brevet ne peuvent pas faire respecter leurs droits face à des activités frauduleuses.

Les intérêts nationaux en jeu

Tous les États membres sont conscients de la nécessité de parvenir rapidement à un compromis concernant le brevet européen. C'est dans l'intérêt de tous, mais les moyens de conclure un accord diffèrent grandement concernant la langue de l'introduction des brevets.

La France et l'Allemagne souhaitent conserver le statut privilégié de leurs langues respectives dans le système actuel dirigé par l'Office européen des brevets (OEB), un organe paneuropéen qui ne fait pas partie de l'UE.

La langue « habituellement utilisée dans le domaine de la recherche technologique et des publications internationales » est l'anglais, mais utiliser le français et l'allemand également augmente les coûts et laisse la place à une potentielle incertitude légale.

L'Italie est le plus grand détracteur du régime trilingue. Le ministre en charge du dossier, Andrea Ronchi, a réitéré ses menaces hier au Conseil de l'UE affirmant que Rome n'hésiterait pas à apposer son veto.

L'Espagne est aussi critique et a proposé un système basé sur l'anglais et une seconde langue que les déposants pourraient choisir.

La Pologne aurait aussi exprimé des critiques lors du dernier Conseil. Varsovie est clairement opposée à l'idée d'une solution impliquant un système à cinq langues où l'italien et l'espagnol s'ajouteraient à l'anglais, au français et à l'allemand en tant que langues officielles pour les brevets européens, ce qui laisserait le polonais sur la touche.

La Slovaquie, la République Tchèque et Chypre sont également sceptiques quant à la proposition trilingue de la Commission émise en juillet dernier.

Le commissaire en charge du dossier à l'UE, le Français Michel Barnier, a été accusé de poursuivre ses intérêts nationaux en proposant un système trilingue lors d'une conférence de presse à la fin du Conseil hier.

Deux impératifs

Le compromis proposé par la présidence belge, dont le contenu avait été anticipé par EurActiv, ne fut pas suffisant pour sortir de l'impasse.

« Notre but est de trouver un compromis acceptable avant la fin de notre mandat », a expliqué le ministre belge en charge de ce dossier, Vincent Van Quickenborne, confirmant que le prochain Conseil « Compétitivité » en novembre s'attellerait à trouver un compromis.

M. Van Quickenborne et M. Barnier ont souligné qu'un compromis était toujours possible mais qu'il devrait respecter deux impératifs. L'accord devrait garantir une meilleure certitude légale et diminuer les coûts.

Positions

Le commissaire européen au Marché intérieur, Michel Barnier, a rappelé que le régime actuel « n'était pas suffisamment protecteur et était trop cher ».

Le commissaire européen aux Affaires européennes, Andrea Ronchi, a qualifié le régime trilingue proposé par la Commission, et soutenu de facto par la présidence belge, d' « incompatible ». « Ce régime entrave le marché intérieur. Il est discriminatoire pour les langues et ne réduit pas suffisamment les coûts », a-t-il déclaré à la fin du Conseil.

Le commissaire européen à l'Industrie, l'Italien Antonio Tajani, a affirmé qu'il soutenait la solution du multilinguisme proposant cinq langues au lieu de trois. « Toutefois, à choisir, je préfèrerais une régime trilingue à une régime monolingue », a-t-il ajouté après le Conseil.

 

CALENDRIER :

26 novembre 2010 : Conseil « Compétitivité » de l'UE.

10 décembre 2010 : Conseil « Compétitivité » de l'UE.

 

Source : euractiv.com, le 12 octobre 2010

http://www.euractiv.com/fr/enterprise-jobs/les-ministres-toujours-dans-limpasse-par-rapport-au-brevet-communautaire-news-498719

 

 

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Dernière tentative pour fixer les langues du futur brevet européen

BRUXELLES - Les gouvernements de l'UE vont tenter mercredi de s'entendre sur les langues dans lesquelles doit être traduit le futur brevet européen, ce qui constituerait une importante percée dans ce dossier en chantier depuis dix ans.

L'Italie et l'Espagne bloquent jusqu'ici une décision et certains pays commencent à envisager, faute d'accord, une « coopération renforcée », impliquant seulement une partie de l'UE, selon des sources diplomatiques.

Actuellement, un brevet doit être validé pays par pays, avec à chaque fois une traduction dans la langue nationale concernée.

Il faut compter jusqu'à 20000 euros, dont 14000 euros de traduction, pour valider un brevet dans seulement la moitié des pays de l'UE. Aux États-Unis, environ 1850 euros suffisent.

Vu le coût, certaines entreprises renoncent à protéger leurs inventions dans toute l'UE.

Le brevet européen, proposé par la Commission européenne en 2000, est censé réduire substantiellement les coûts, en centralisant les procédures et diminuant le nombre de traductions.

Les gouvernements ont trouvé un accord de principe en décembre 2009, mais sans résoudre la question de la traduction.

La Commission a proposé en juillet un régime basé sur trois langues : anglais, français et allemand. Le brevet serait enregistré dans l'une des trois et un résumé traduit dans les deux autres, ce qui ramènerait les coûts de traduction à environ 680 euros.

L'idée est soutenue par la majorité des pays, mais l'Espagne et l'Italie exigent toujours que leur langue soit reconnue.

Dans une tentative de compromis, la présidence belge de l'UE a suggéré d'ajouter à titre transitoire une traduction intégrale du brevet, dans une langue de l'UE au choix.

Cela représenterait un surcoût de 1700 euros comparé aux propositions de la Commission.

Mais ces traductions seraient aussi « une contribution précieuse à l'amélioration de la qualité des traductions automatiques », censées à terme fournir une version dans chaque langue de l'UE, selon un document de travail.

Des mesures d'accompagnement, comme le remboursement d'une partie des frais de traduction, sont également prévues.

La Belgique, qui a fait du dossier du brevet une priorité de sa présidence, veut un accord cette année.

« Elle est optimiste pour mercredi, peut-être trop », relève une source diplomatique, selon laquelle les dernières propositions n'ont « pas eu un écho très positif » chez les Italiens et les Espagnols.

Faute d'obtenir l'unanimité, certains pays commencent à envisager en dernier ressort une coopération entre seulement une partie des États de l'UE.

Parmi ces pays figurent notamment les Pays-Bas, la Suède et le Royaume-Uni, selon une autre source diplomatique.

Une coopération renforcée nécessiterait qu'ils soient au moins 9. Jusqu'ici, on n'a eu recours à cette procédure qu'une seule fois dans l'UE, pour faciliter les procédures de divorce des couples binationaux, et avec 14 pays.

Quand bien même un accord serait trouvé mercredi, le dossier du brevet européen serait encore loin d'être bouclé.

Les différentes procédures institutionnelles pour valider les textes pourraient prendre jusque fin 2012. Et la Cour européenne de justice doit encore rendre un avis, fin 2011 ou début 2012, sur la création d'une juridiction européenne de résolution des litiges liés au brevet, qui ne devrait pas être opérationnelle avant 2014.

 

Source : ©AFP, le 09 novembre 2010

 

 

Réaction de Denis Griesmar :

Résumé hautement fantaisiste, qu'il s'agisse du « coût » des traductions (et la traduction n'est pas qu'un coût, c'est aussi une garantie ...), ou de l'actuel régime des langues. L'exigence de traduction a été supprimée par le Protocole de Londres, pour tous les États signataires (dont l'Espagne et l'Italie, qui, elles, défendent leur langue, ne font pas partie). Ne subsistent que quelques misérables pages de « revendications »...

... L'ensemble prétendant se reposer, aujourd'hui, sur des traductions automatiques ( ! ) pour ne pas payer de traducteurs ...

... Lesdites traductions torchons ne servant qu'à créer du contentieux, et à enrichir les avocats d'affaires, beaucoup (BEAUCOUP) plus chers que les traducteurs ... mais dont "personne" ne se plaint des (gras) honoraires ...

...Alors que le véritable problème est que les brevets sont délivrés à la moulinette par un Office Européen des Brevets qui a intérêt à faire du chiffre, et non à examiner sérieusement les demandes de brevet.

Un système dans lequel seuls des brevets véritablement originaux seraient délivrés - et traduits dans les langues des États signataires - serait plus juste et offrirait davantage de garanties ...

... Mais voilà, cela ne permettrait plus aux multinationales d'étouffer leurs concurrents potentiels, non plus que de supprimer la véritable innovation dans l'œuf ...

J'ai dépensé des fleuves d'encre et de paroles, depuis le Parlement européen jusqu'à Porto Alegre, pendant plus longtemps que la Guerre de Troie, pour démontrer tout cela. Je ne vais pas recommencer ...

Le pompon, dans ce texte, est le membre de phrase « La Belgique veut » !

La Belgique ? Une nation ? Un État ? Avec quel gouvernement ? Quel mandat ? De quel peuple ?

Toute cette sinistre farce est éloquente pour qui veut bien la lire.

 

 

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Brevet européen: un nouveau compromis pour sortie de l'impasse

 

La présidence belge a proposé un nouveau compromis sur la création d'un brevet européen, consulté par EurActiv.com. Ce texte pourrait mener à un accord historique, mercredi 10 novembre.

 

La nouvelle proposition (Note de l'A.FR.AV : en anglais  ?) de la présidence belge de l'UE, qui circule parmi les diplomates de européens depuis le 3 novembre, et dont EurActiv.com a obtenu une copie, contient d’importantes avancées par rapport au précédent compromis, inefficace, présenté en octobre. Une réunion du Conseil Compétitivité pourrait aboutir à un accord sur ce nouveau compromis, mercredi 10 novembre.

Si aucune solution n'était trouvée, les ministres en charge des questions de compétitivité discuteront à nouveau sur la question des brevets le 26 novembre et le 10 décembre.

 

Une période de transition à durée indéterminée

Cette nouvelle proposition propose une période de transition avant d'appliquer le brevet européen. Sans cependant préciser de date butoir. Selon certaines sources diplomatiques, cette phase temporaire pourrait durer jusqu’à 15 ans.

Elle est destinée à satisfaire les pays les plus fortement opposés au système de la traduction des brevets en trois langues. Ces Etats sont l’Espagne et l’Italie, et, dans une moindre mesure, la Pologne et le Portugal.

Au cours de cette période transitoire, les traductions des brevets européens ne devront être disponibles qu’en anglais, et non en allemand et en français, les deux autres langues officielles prévues par la proposition de la Commission européenne.

La proposition envisage également une « clause de révision », qui devrait lancer un nouveau débat pour évaluer la situation à la fin de la période de transition. Ceci augmenterait les pouvoirs de négociation des pays qui s’opposent au système trilingue.

 

Une protection juridique accrue en cas de litige

Si la proposition devait faire partie de l’accord final, l’Allemagne et la France perdraient temporairement le privilège d’avoir des brevets traduits dans leurs propres langues. Cependant, les deux langues resteraient juridiquement contraignantes pour le nouveau brevet européen.

Cette proposition pose problème pour les petites et moyennes entreprises (PME) opérant dans d’autres langues que les officielles. Elles risquent de se trouver involontairement en violation des règles sur les brevets et d’être par la suite tenues responsables des dommages causés.

Le texte de compromis propose par conséquent qu’en cas de litige, la personne prétendument en infraction avant d’avoir eu accès à une traduction dans sa propre langue, pourrait ne pas être poursuivie. 

 

Des concessions requises au Royaume-Uni

Un traitement spécial au sein des tribunaux devrait également être envisagé pour les PME, qui n’ont pas les ressources financières des entreprises multinationales, suggère le texte.

Le Royaume-Uni est également prié de faire une petite concession dans le nouveau texte de compromis proposé par les Belges. Durant la période de transition, lorsqu’un brevet est déposé en anglais, celui-ci doit être traduit dans une autre langue officielle de l’UE choisie par les candidats et payée par le système.

 

CALENDRIER :

 

10 novembre 2010 : Conseil Compétitivité extraordinaire dédié aux dispositions de traduction pour le brevet européen.

26 novembre 2010 : Conseil Compétitivité.

10 décembre 2010 : Conseil Compétitivité.

31 décembre 2010 : Fin de la présidence belge de l’UE.

Réseau EurActiv , traduit de l'anglais par EurActiv.com

 

Source : euractiv.fr, le 10 novembre 2010

http://www.euractiv.fr/brevet-europeen-nouveau-compromis-sortie-impasse-article

 

 

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Brevet européen :

Les gouvernements italien et espagnol veulent imposer l'anglais à leurs PME

Les gouvernements italien et espagnol se sont d'abord opposés au projet de compromis proposé par la Commission européenne sur le brevet européen en considérant que pour que les brevets étrangers soient opposables aux petites et moyennes entreprises italiennes et espagnoles, ils devaient être préalablement traduits en italien et en espagnol, ce qui est la situation existante et se comprend.

Or, aujourd'hui, en dépit des efforts de la Commission européenne, les gouvernements italien et espagnol, ne s'embarrassant pas de contradictions, préconisent que l'anglais soit la langue unique des brevets européens.

Rappelons qu'il existe une législation européenne sur les brevets établie en 1973 par la convention de Munich sur la délivrance de brevets européens qui a également créé l'Office européen des brevets. Cette convention vient d'être réformée par le Protocole de Londres afin de réduire l'obligation de traduction du brevet dans toutes les langues des pays membres de l'OEB au stade de la publication. Depuis l'origine du Traité de Berlin, le brevet devait être déposé auprès de l'Office Européen des Brevets dans l'une des trois langues du traité à savoir l'anglais, l'allemand et le français. Au moment de la publication, le brevet devait être traduit dans toutes les langues des pays dans lesquels le demandeur souhaitait que le brevet soit opposable. Avec le Protocole de Londres, lequel est applicable dans tous les pays qui l'ont ratifié, l'obligation de traduction à la publication est limité maintenant aux trois langues du Traité et au résumé (les "revendications"). Toutefois, en cas de litige dans un de ces pays, le demandeur peut exiger du détenteur du brevet qu'il le traduise dans sa langue nationale.

Le Protocole a sans doute des inconvénients, mais il est un compromis qui tente de satisfaire à la fois aux exigences de coût des brevets en Europe et les intérêts des entreprises nationales qui pourraient être mises en cause dans des procès en contrefaçon.

Ce sont ces dispositions que la Commission européenne voulait étendre à un document unique, commun à tous les offices nationaux de brevets, le brevet européen qui serait applicable à tous les pays membres.

Or, la position de l'Italie et de l'Espagne consiste à imposer à leurs propres entreprises, grandes, moyennes et petites, qu'elles déposent leurs brevets en une seule langue, l'anglais. Elle consiste aussi à imposer à leurs entreprises des brevets déposés en une seule langue, publiés en une seule langue et non en trois et non traduite en italien et en espagnol devant les juridictions.

La Commission européenne sous la pression des gouvernements italien et espagnol fait donc machine arrière et envisage à déposer une nouvelle proposition qui consisterait à installer l'anglais comme langue unique du brevet européen dans un provisoire qui aurait vocation à durer, alors que les brevets déposés en allemand et en français représentent 48 % des brevets déposés à l'OEB. 

Cette position, qui ne résistera peut-être pas longtemps, est dépourvue de logique et révèle en revanche les véritables ressorts des positions des gouvernements italiens et espagnols qui sont dirigés d'abord contre les langues allemande et française.

Leur logique appliquée à d'autres contextes devrait les conduire à revendiquer l'anglais comme langue unique de l'Organisation des Nations Unies. Mais l'Espagne, dont la langue est langue officielle de l'ONU (les langues officielles sont l'anglais, le français, l'espagnol, le russe, le chinois et l'arabe) risquerait de ne plus être d'accord.

Notons au passage que l'Italie et l'Espagne ont signé et ratifié, respectivement le 19 février 2007 et le 18 décembre 2006, la convention internationale sur la diversité des expressions culturelles.

Tout ceci manque de cohérence.

 

L'OEP

 

 

Source : plurilinguisme.europe-avenir.com, le 11 novembre 2010

http://plurilinguisme.europe-avenir.com/index.php?option=com_content&task=view&id=4078&Itemid=1

 

Réaction d'Aleks Kadar :

Ce qu'on pouvait craindre de l'Espagne et de l'Italie sur la problème du brevet européen.

La question qui se pose maintenant : l'Allemagne et la France se battront-elles aussi farouchement que l'ont fait les 2 premiers pays contre la nouvelle proposition de langue unique du brevet européen ?

J'ai peur que non. Peut-être est-déjà trop tard et la Commission européenne a déjà adopté cette proposition dite de compromis ?

Il est déplorable que l'anglais soit considéré par Espagne et Italie comme langue par défaut voire comme langue commune de l'UE.

La seule concession demandée au RU : « Le Royaume-Uni est également prié de faire une petite concession dans le nouveau texte de compromis proposé par les Belges. Durant la période de transition, lorsqu’un brevet est déposé en anglais, celui-ci doit être traduit dans une autre langue officielle de l’UE choisie par les candidats et payée par le système. »

 

Réaction de Seán Ó Riain :

Je suis tout a fait d'accord avec Aleks.  Par quelle distorsion de logique peut-on considérer l'utilisation de l'anglais seul comme non-discriminatoire, mais l'utilisation du français et de l'allemand comme discriminatoires?  Les cerveaux sont-ils lavés a un tel point qu'on n'arrive plus a penser logiquement?  Et pourquoi n'ose-t-on même pas penser a l'utilisation d'une langue neutre, qui épargnerait les énormes couts de traduction des brevets (qui nuit actuellement a la compétitivité européenne), et serait vraiment non-discriminatoire?

L'idée d'une langue non-discriminatoire est-elle aussi tabou dans nos sociétés qu'était l'idée de l'économie de marché dans l'Union Soviétique ?


Réaction de Brigitte Laval :

Tout cela est terriblement choquant et triste ! Autant la première démarche de l'Italie et de l'Espagne visant à exiger les brevets dans leurs langues était juste, autant celle-ci est incompréhensible ! Ils se trompent d'ennemi ! Le seul ennemi commun est l'anglo-américain qui veut reléguer toutes les autres langues, les grandes, les petites, au rang de folkloriques ! Sans compter que cette union européenne, qui visait à être une grande puissance indépendante des autres existantes, ne peut, de cette façon, n'être qu'un succursale !

Et ces pays ont des langues latines comme le français ! Ces peuples sont Latins, comme les Français ! Quelle solidarité ! Alors que si le monde latin s'unissait, le monopole de la langue des É-U-A pourrait compter les jours qui lui reste à vivre !

N'oublions pas l'anglais, le vrai, mis en danger lui aussi par ce sabir linguicide !

Nous parlons des brevets, domaine scientifique ! Tout brevet devrait être publié dans la langue du chercheur qui la dépose ! Ca se passait comme ça au début du XXe siècle et les progrès étaient bien plus spectaculaires qu'aujourd'hui ! Puis ce brevet, afin de limiter les frais, devrait être traduit dans une langue tout à fait neutre (car l'anglais ou l'anglo-américain ou le globiche ou toute autre langue simplifiée d'une langue nationale n'est neutre), comme le dit Seàn Ô Riain ! Puis d'après cette version, tous les autres pays retraduiraient dans leurs langues nationales !

J'aimerais bien savoir ce que les citoyens espagnols et italiens pensent réellement de cette prise de position de leurs représentants ?
 

Réaction de Denis Griesmar :

... « Les énormes coûts de traduction » (sic !)

1) Pendant plus de dix ans qu'a duré cette lutte, j'ai toujours été « étonné » des montants astronomiques que l'on imputait à la traduction. À raison de 0,10 euro par mot, et de 250 mots par page, pour 20 pages, faites le calcul ...

Évidemment, on multiplie ce coût par 27, ou 32, ou ... Mais d'abord il faut compter au maximum (n - 1) car le brevet est bien, au départ, rédigé dans une langue, ensuite plusieurs pays partagent la même langue officielle, et enfin l'exigence d'une traduction dans la langue nationale est le minimum qui garantit la souveraineté et la démocratie ...

... tout ce que, précisément, l' « Europe » s'applique à abolir ...

2) Les grandes multinationales pharmaceutiques, qui sont à l'origine du Protocole de Londres, dépensent davantage en publicité qu'en recherche !

Pourquoi faut-il que, sur cette liste, des personnes bien intentionnées continuent à colporter la propagande des multinationales ?

« Nuit à la compétitivité européenne » - Mon œil !

La diversité nuit-elle à la compétitivité ? Vaste sujet ! ...

Oui, les cerveaux sont bien lavés ...

Il faut bien évidemment ajouter que :

3) La plupart des brevets ne sont que de la poudre aux yeux, des "me too", et servent surtout à paralyser la concurrence et les PME. Là où il y a matière à déposer UN brevet, les multinationales en déposent 12 ... ce qui multiplie les « coûts » ... mais c'est là le coût de leur stratégie d'immobilisation de l'adversaire, et lesdites multinationales y trouvent tout de même leur compte ...

Si l'Office Européen des Brevets de Munich faisait son travail, il n'accepterait qu'une proportion bien plus faible des demandes de brevet déposées (il n'en refuse que 4 %). La plupart seraient refusées par défaut de « hauteur inventive » ... Mais voilà, ledit OEB toucherait moins de taxes ... Il a donc intérêt à faire du chiffre ... Et voilà pourquoi votre fille est muette ... ou plutôt voilà pourquoi cet « office », au lieu d'être un « service public européen » (oxymore), n'est qu'une structure de vassalisation au service de ses principaux clients ...

4) La traduction, en général, n'est pas qu'un coût ! Sans remonter à Baudelaire, on sait très bien que ce sont les traductions qui font apparaître des problèmes que l'on ne s'était pas posé au départ et qui évitent parfois des drames, par exemple en matière aéronautique ...

Tout bien considéré, cette affaire doit apparaître au grand jour pour ce qu'elle est : une arnaque, et une Nième tentative pour déposséder les peuples de leur langue, de leur culture, de leur capacité de penser par eux-mêmes ... L'habitude de ne publier qu'en anglais tuant la créativité, et mettant les chercheurs des différents pays à la remorque de programmes décidés ailleurs ...

Tout cela a été dit, et redit, mais nous sommes chez George Orwell, et ce sont ceux qui ont le plus d'argent qui ont le droit d'écrire l'Histoire ... 

 

Réaction d'Aleks Kadar :

Merci M. Griesmar pour toutes ces précisions que vous rechigniez à répéter la dernière fois, il y a quelques jours ( « J'ai dépensé des fleuves d'encre et de paroles, depuis le Parlement européen jusqu'à Porto Alegre, pendant plus longtemps que la Guerre de Troie, pour démontrer tout cela. Je ne vais pas recommencer ... » ), vous voyez qu'elles sont nécessaires puisque nous-mêmes défenseurs du pluri- (voire de l'omnilinguisme) nous laissons influencer par cette propagande européenne selon laquelle « la traduction coûte trop cher ».

Toutes les explications des opposants au protocole de Londres peuvent être trouvées sur quel site ?

Attendons les réactions éventuelles de la France et de l'Allemagne, je crains qu'on n'en entende pas beaucoup parler. 

 

Réaction de Michele Gazzola :

Merci de cet article, qui est en bonne partie faux... La nouvelle proposition de la Commission prévoit un régime provisoire basé sur l'anglais + une autre langue officielle UE pendant 12 ans, avant de passer à un régime trilingue pur. En outre, il n'est pas vrais que 48% des brevets déposés à l'OEB est en allemand ou français. C'est bien le 48% des brevets déposés par les entreprises européennes.... Si on calcule aussi les entreprises japonaises, américaines, coréennes (qui utilisent l'anglais), le pourcentage allemand+français tombe à 25%.

Le point de faiblesse de la position espagnole et italienne est de considérer l'anglais comme langue « neutre » qui met toute le monde au même niveau. Au contraire, elle favorise les entreprises britanniques et américaines.

L'Allemagne et la France de leur côté s'obstinent à interpréter « multilinguisme » comme synonyme d'anglais-français-allemand. C'est pourquoi tous les autres états s'y opposent.

 

Réaction de Denis Griesmar :

Tout le monde n'a pas compris le problème des brevets - certes complexe ! Je l'ai pourtant encore expliqué ici même ... La liste tourne en rond !

Le coût de la traduction est extraordinairement exagéré par les multinationales anglo-saxonnes, pour éliminer les autres langues.

Le brevet est un monopole d'exploitation octroyé par un État (brevet se dit "octrooi", en néerlandais). Ce monopole est accordé en échange de quelque chose - qui est la traduction. Le brevet est une loi qui s'impose aux tiers ; il est donc indispensable qu'il soit traduit dans la langue nationale.

Lorsque la question de la traduction se pose pour une entreprise, elle est déjà très avancée dans le développement de l'invention, et elle a une bonne idée de sa rentabilité. Elle dispose en outre d'un « délai de priorité », qui fait que la traduction compte comme si elle était datée comme le premier dépôt national du brevet. En outre, dans la plupart des cas, il suffit de désigner quelques pays pour bloquer le marché. Avec, par exemple, une rédaction en anglais et quatre traductions (français, allemand, italien, espagnol) on peut déposer dans les pays les plus importants du continent européen et dissuader la concurrence. Lorsque l'entreprise veut en outre exploiter son invention dans un petit pays, comme par exemple la Lituanie, elle fait traduire en lituanien si elle y voit son intérêt. Et la traduction, dont le coût ne s'impute qu'une fois, ne représente pas grand-chose (0,10 euro par mot, pour des pages de 250 mots, si l'on compte en moyenne 15 pages par brevet ... C'est ridicule !)

Les multinationales pharmaceutiques, qui sont à l'origine du Protocole de Londres, dépensent beaucoup plus d'argent en publicité qu'en recherche ! Et la recherche, qui certes coûte cher, ne supporte le coût du brevet qu'en fin de course ; et là-dedans la traduction ne représente qu'une fraction ...

Bref, tout cela n'est qu'un prétexte à une campagne pour éliminer les langues, et il n'est pas besoin d'avoir recours à l'espéranto pour s'apercevoir que les arguments des « pôvres » multinationales sont complètement bidons ...

 

Réaction d'Aleks Kadar :

Pourquoi la Commission européenne n'a-t-elle pas proposé une solution avec 5 langues, en incluant l'espagnol et italien ? Ainsi les plus farouches opposants du tryptique EN-DE-FR auraient été satisfaits.

Et ceux du multilinguisme également.

Est-ce parce que les 5 langues coûtaient déjà bien trop cher à leurs yeux ? Ou bien, de façon plus perverse, les tenants du Brevet européen sont d'accord pour un brevet en anglais surtout + 1 langue optionnelle ou je ne sais quel compromis boiteux a été trouvé ?
 

Réaction de Denis Griesmar :

Tout simplement parce que l'OEB de Munich, comme d'ailleurs la Gross Kommission, ne veulent pas faire de détail, et sont les petits canichesdes  multinationales anglo-saxonnes.

On l'avait bien vu lorsque M. Mario Monti avait monté toute cette histoire de Livre Vert, de Livre Blanc ... pour passer par-dessus la souveraineté des États, et aboutir au Protocole de Londres... C'est ce que j'avais été dénoncer au Parlement Européen à Luxembourg ... lors de la fameuse audition présidée par M. ... Goebbels ...

Ce n'est un secret pour aucun spécialiste de la question que derrière tout cela il y a la puissante American Intellectual Property Law Association, qui réclame depuis longtemps l'unilinguisme anglais dans les brevets à l'échelle mondiale.

Parmi les lobbyistes à surveiller, il faut mentionner le sénateur américain Orrin Hatch, derrière nombre d'initiatives sur cette question ...

Je me souviens encore de l'espèce de brute "redneck" qui était venue au CNIT, à la Défense, éructer - en anglais - que toute cette histoire était ridicule, qu'il fallait tout faire en anglais ... C'était lors de Journées de la Propriété Industrielle en présence de Claude Allègre qui s'était permis d'arriver en retard, après avoir dérangé tout le déroulement du colloque ... qui s'était permis de mentir quant au nombre de manifestants pour la langue française qui étaient descendus dans la rue, entre l'Institut et le Ministère de l'Éducation Nationale ... Ils étaient quelque 1200 ... « 50 », avait dit Allègre ... Et je m'étais levé, sous la voûte du CNIT, pour l'apostropher : « Non, monsieur le Ministre, nous étions 1200 ! »

Et entre temps, les États-Unis ont institué un système de traduction obligatoire en anglais de tous les brevets déposés où que ce soit dans le monde, même si les États-Unis n'y sont pas désignés ! Il s'agit donc bien de constituer une base de données complète en anglais, et, dans le même temps, de détruire la base de données en français, qui existait depuis la Convention !

On voit bien que, là, le coût de la traduction n'est pas un obstacle, surtout s'il est résiduel, pour le petit nombre de brevets ne désignant pas les États-Unis pour la protection, alors que le coût de la traduction en anglais des autres brevets est supporté par les déposants ...

Mais avec le Protocole de Londres, tout le monde est peu ou prou dissuadé de déposer quoi que ce soit dans une autre langue que l'anglais ...

Et, ne nous y trompons pas, derrière les brevets, il y a les marques, puis les AMM (Autorisations de Mise sur le Marché) de médicaments, puis, quoi ? Les appels d'offres ? Les manuels d'enseignement supérieur  ?

On voit qu'au bout du processus, tout le monde est dépossédé de sa langue... Alors, s'il vous plaît, ne parlons pas d'espéranto : c'est complètement à côté de la plaque !

Naturellement, tout cela aboutit à museler les peuples, et par exemple à détruire toute originalité dans la recherche scientifique ... Vous aurez sans doute vu passer l'article du Pr Truchot sur l'imbécillité qu'il y a à organiser dans tous les pays un enseignement supérieur en anglais.

Pour revenir aux brevets, j'avais, au nom de la SFT (Société Française des Traducteurs), proposé la solution à 5 langues ... également défendue par la CNCPI (Compagnie Nationale des Conseils en Propriété Industrielle). Cette solution évitait de rompre la solidarité latine, et représentait un moindre mal.

Mais d'ailleurs, « solution » à quoi ? Au « problème » du multilinguisme ? À celui de l'atroce « coût » de la traduction pour les multinationales (voir ci-dessus) ?

Il est évident que si l'on part de l'idée qu'il y a « problème », on aboutit à la recherche d'une « solution globale » : c'est ainsi que s'appelait la première version du Protocole de Londres ... Traduisons en allemand : "Endlösung" ... der Französischen Frage ?

Sans oublier que derrière cette histoire de Protocole de Londres, il y a le Dr François Sarkozy ... et Mr Oliver Sarkozy.

Tout est toujours trop cher pour des gens qui sont prêts à vendre Père et Mère pour augmenter leur taux de profit marginal (sans compter les bénéfices géopolitiques de l'élimination de concurrents).

On se dit que seule la complexité apparente de la question empêche les peuples de voir qu'ils sont bernés.

Je trouve qu'ils sont bien patients. Jusqu'à quand ? Quousque tandem abutere patientia nostra ? ...

 

Réaction d'Aleks Kadar :

Nous sommes d'accord, tant que tous les pays, dont la France, sont prêts à brader, sacrifier leur langue que les pays seront à genou, même à plat ventre devant le tout-anglais, il est sûr que l'espéranto, outil - parmi d'autres ! - de libération linguistique, ne les intéressera pas. C'est la fable du loup et du chien (?)

Ce processus de soumission au tout-anglais se déroule parfaitement, suivant le principe de la grenouille plongée dans un bain dont la température augmente progressivement (l'anglicisation croissante) ce qui explique en partie le manque de réaction.

Un autre facteur important étant la goût de servitude volontaire très développé dans notre pays et dans beaucoup d'autres. Le « pouvoir doux » (Soft Power) est un autre élément à prendre en compte. Quelle douce domination que cet ordre anglo-étatsunien, quand on est dans son camp.

 

Réaction de Denis Griesmar :

En effet, il convient de relire les classiques, dont le « Discours de la servitude volontaire » d'Étienne de La Boétie. Mais ma petite pique contre l'espéranto (suite à la lecture d'un message rédigé comme un catéchisme, et qui n'abordait en rien les problèmes) n'est qu'un à-côté de cette histoire :

Il ne s'agit plus de savoir si oui ou non une langue artificielle neutre favoriserait, ou non, les contacts pacifiques entre les peuples. La question n'est pas (n'est plus) là !

Il s'agirait enfin de se rendre compte que chaque peuple est agressé chez lui, et qu'il n'a plus droit à sa langue, à la langue de la Nation, celle qui réunit les citoyens, parce qu'un Empire extérieur - même et surtout s'il est sur le déclin, ce qui le rend plus dangereux - a décidé de poursuivre une politique d'extermination : après les Amérindiens, les Mexicains, les Francophones d'Amérique, les Hispano-Américains, les Philippins ... les Vietnamiens, les Irakiens, les Afghans... et, jointe à tout cela, une politique d'ethnocide et de linguicide généralisé ...

Nous n'avons pas besoin de rêveurs, mais de résistants !

 

Réaction de Robert Leleu :

Et pour coordonner cette résistance commune entre ces peuples de langues différentes.....allez-vous utiliser l'anglais? Car vos propos en français resteront lettre morte à tout jamais, le français n'ayant pas plus de droits à devenir international que l'anglais ?

L'anglais a, lui quelques raisons (du plus fort) d'y parvenir. La seule langue qui ait le droit....à votre avis ?

 

Réaction de Denis Griesmar :

Pas du tout ! J'ai conçu, et écrit, en anglais (oui ! ) un texte de résistance, expliquant que ce genre de texte (le brevet), qui a des caractéristiques non seulement linguistiques, mais aussi scientifiques et techniques, et surtout juridiques (car il s'applique aux tiers, et a des conséquences sur tous - chacun peut être amené, dans son métier ou dans sa vie quotidienne, à utiliser des produits susceptibles de faire l'objet de procès en contrefaçon) ... que ce genre de texte, donc, doit par nature, être accessible à tous les citoyens, donc dans la langue du pays.

J'ai écrit ce texte d'un point de vue de citoyen convenant à chaque pays, et demandé à des collègues traducteurs d'en donner une version dans chaque langue. C'est ainsi que ce texte (que je n'ai plus sous la main, car j'ai changé d'ordinateur, de domicile ... ) existe en anglais, français, allemand, italien, espagnol, portugais, néerlandais, suédois, danois, tchèque, polonais, hongrois, russe ... Seul le grec manque à l'appel (une collègue ayant refusé de faire - gratuitement, certes - ce travail, pour des raisons incompréhensibles et absurdes).

Et cette initiative a été saluée par la FIT (Fédération Internationale des Traducteurs). Et cette résistance a duré plus de dix ans ... jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy ...

Naturellement, la presse, et les médias en général, ne s'y sont pas intéressés ...

Je ne suis pas totalement opposé à l'usage de l'espéranto, à titre auxiliaire, mais ce qui me semble important, c'est que cette offensive prive chacun, dans son propre pays, de l'usage de sa langue, et que c'est l'accessibilité à la totalité des aspects du monde dans chaque langue nationale qui me semble importante.

Et aussi la possibilité d'expression dans une langue héritée et vivante. Car si je défends la langue de Molière, je défends aussi celles de Dante, de Cervantès, de Goethe, de Strindberg, etc.

 

Réaction de Robert Leleu :

Si l'on admet que les « nécessités ? » de la communication doivent trouver des moyens, faut-il rester dans le laisser-faire actuel dont on voit qu'il conduit à l'utilisation d'une langue naturelle dominante, dont l'appétit des hommes (au moins une partie) pour une communication directe conduit à renforcer la dominance ? Faut-il une résistance inflexible ? ou bien une tactique d'art martial, flexible et contrattaquant.

Je crois qu'il y a là un défi pour les associations de défense des langues naturelles, (je suis à « Défense de la Langue Française » depuis plus de 40 ans...). Actuellement ce défi ne fait pas l'objet d'une discussion interne dans ces associations, il y a plutôt une divergence d'une association à l'autre ; et de toutes manières ces associations restent relativement confidentielles dans la vie culturelle.

 

Réaction de Denis Griesmar :

1) Sur un point très important (la langue de l'enseignement), avez-vous lu le texte du Pr Truchot ? Je pourrais éventuellement le communiquer, à condition d'avoir une adresse électronique où le transférer, et je crois qu'il serait bon qu'il soit diffusé sur la liste (en texte seul, sans les images de l'article).

2) L'utilisation de la langue dominante, et cela sous une forme très dégradée, le "globish", qui nuit à la créativité de chacun, ne doit rien au « laissez faire », mais tout à une stratégie agressive mûrement réfléchie. Il convient d'en prendre conscience avant de la combattre.

3) En France, les Associations ALF (Avenir de la Langue Française) et DLF (Défense de la Langue Française) (et même quelques autres, comme l'Asselaf, l'Afrav, et Courriel, la dernière née, celle-ci marquée à gauche) s'entendent sur l'essentiel, notamment sur des actions communes, par exemple par le biais de la structure « Droit de comprendre », qui fait des procès aux contrevenants les plus flagrants à la loi Toubon ... laquelle est aujourd'hui menacée par une offensive « bobo » (Richard Descoings, directeur de « Sciences Po », et Cie ...)

4) Une visite par exemple sur le site d'ALF permet de voir qu'une réflexion approfondie est menée sur tous ces sujets. Certes, les moyens manquent pour s'opposer à l'offensive des multinationales, mais le public, qui sous-estime l'ampleur de cette offensive, est néanmoins spontanément disposé à soutenir les Associations, même si, malheureusement, cela va rarement jusqu'à un engagement actif (Il faut dire que la dégradation des conditions de vie rend la réflexion et l'action plus difficiles)

5) Sur le plan international, les Associations françaises, avec des syndicats français, sont à l'origine d'un regroupement réunissant des participants italiens, allemands, québécois ... ce qui s'est traduit par deux réunions à l'Assemblée Nationale française, et par la création du Groupe du 9 mars (dont le président est Lapo Orlandi). J'ai même traduit en anglais son texte fondateur, ainsi qu'une lettre aux institutions européennes.

6) Si ces Associations semblent relativement confidentielles, c'est que la presse et les médias jouent bien leur rôle de désinformation, et que la place est occupée par des linguistes conformistes ou bobos (Alain Rey, Henriette Walter, Louis-Jean Calvet) qui surtout ne remettent rien en cause, les journalistes présentant complaisamment les résistants comme des reliques d'un autre âge, désuètes et ridicules.

 

 

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Avancées vers un accord réduit sur le brevet européen

Les négociations pour la création d'un brevet européen ont connu une avancée jeudi avec la prise de position de plusieurs pays, lors d'un Conseil des ministres de l'Industrie, en faveur d'une nouvelle procédure pour contourner l'opposition de l'Espagne et l'Italie. 

L'Espagne et l'Italie bloquent le dossier depuis plusieurs mois par leur refus de voir leurs langues non reconnues dans la future procédure, au profit de l'anglais, de l'allemand et du français. La Grande-Bretagne, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, l'Irlande et la Slovénie ont fait entendre jeudi qu'elle acceptaient de prendre le chemin de la collaboration renforcée, sur base d'un avis juridique qui ne soulèverait pas de problème vis-à-vis du marché unique.

Pour lancer cette procédure de coopération renforcée, neuf États doivent en faire la demande auprès de la Commission européenne. Une proposition pourrait arriver avant le prochain conseil des ministres du 10 décembre. Des observateurs allemands font état d'un accord possible au premier semestre 2011. Actuellement, un brevet en Europe doit être validé pays par pays, avec à chaque fois une traduction dans la langue nationale concernée. Il faut compter jusqu'à 20 000 euros, dont 14 000 euros de traduction, pour valider un brevet dans seulement la moitié des pays de l'UE. Aux États-Unis, environ 1850 euros suffisent. Vu le coût, certaines entreprises renoncent à protéger leurs inventions dans toute l'UE. Ce qui pénalise en particulier les petites et moyennes entreprises.

(RBR)

 

 

Source : rtlinfo.be, le 25 novembre 2010

http://www.rtlinfo.be/info/belgique/politique/755764/avancees-vers-un-accord-reduit-sur-le-brevet-europeen

 

 

Réaction de Denis Griesmar :

 

Toujours le même argumentaire bidon, qui oublie de dire que les « petits » sont aidés par des structures « ad hoc », type ANVAR, et que le coût du brevet n'est pas un obstacle (en tous cas les taxes payées à l'OEB le sont, sur les 20 ans que dure la protection, et pèsent nettement plus lourd).

Ce sont naturellement les multinationales qui poussent à la roue ; ce sont elles que j'ai eues en face de moi au Parlement européen, et non le professeur Nimbus sorti de son grenier ...

Les canards sans tête continuent d'avancer, alors qu'on voit où nous conduit le soi-disant « libéralisme », qui est en fait la spoliation des peuples par des monopoles privés (qui sont d'invraisemblables tyrannies)...
 

 

 

 

 

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