Sujet :

 L'Humanité contre la ratification du Protocole de Londres

Date :

22/10/2007

Envoi d'Aleks Kadar  (courriel : aleks.kadar(chez)free.fr)     

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

 

Bien ça, même l'Huma défend le français dans cette affaire !

AK

 

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Monde

Bientôt l'anglais obligatoire ?

Brevets et recherche. Le Comité contre le protocole de Londres dénonce le bradage de la langue française par le gouvernement Sarkozy.

Parmi les mauvais coups préparés cet été par le gouvernement Sarkozy, l'attaque contre notre langue nationale est passée la plus inaperçue.

Pourtant, il y a urgence : dès le 26 septembre, l'Assemblée doit examiner à fin de ratification le protocole de Londres. Un texte qui permettra à tous les brevets déposés en anglais d'être applicables en France sans traduction. Un « grave danger pour l'avenir de la langue française dans le domaine scientifique et technique et bien au-delà », dénoncé mardi au cours d'une conférence de presse par le Comité contre le protocole de Londres. Pour son président, le linguiste Claude Hagège, professeur au Collège de France, il s'agit ni plus ni moins, d'un « vaste programme de domination qui revêt le masque de la mondialisation ».

Le comité qu'il préside compte déjà parmi ses membres des dizaines de personnalités prestigieuses (1). Il a pourtant été constitué « à la hâte en juillet, quand on a appris que le gouvernement avait mis la ratification du protocole à l'ordre du jour de l'Assemblée », explique Gil Kressmann, organisateur de la conférence. «En fait, ajoute-t-il, ce protocole date de 2000, il a été signé par Lionel Jospin en 2001, mais le président Chirac avait refusé de le faire ratifier ». Comme c'est d'ailleurs le cas de 17 des 27 pays de l'Union européenne.

Un domaine de plus dans lequel Nicolas Sarkozy pratique la rupture en sacrifiant les intérêts du pays pour se plier totalement à l'imperium américain. Avec la complicité active de ministres comme Bernard Kouchner, pour qui, il le dit et l'écrit, « le français n'est pas indispensable, l'avenir de la francophonie, c'est l'anglais », et de Jean-Pierre Jouyet, son délégué aux Affaires européennes, ex-membre du cabinet de Lionel Jospin.

« Le pire, soulignait hier Christian Derambure, président de la Compagnie nationale des conseils en propriété industrielle, c'est que la mise en œuvre de ce protocole se fera au détriment des PME-PMI et au seul bénéfice des grandes entreprises et des multinationales, qui déposent beaucoup de brevets ».

Ce qui explique qu'il soit soutenu par le MEDEF...

Parmi ceux qui ont beaucoup à y perdre, il y a, bien au-delà des scientifiques et des chercheurs, enjoints non seulement d'écrire mais aussi de penser en anglais, l'ensemble des travailleurs et des salariés, comme le soulignait Jean-Loup Cuisiniez, délégué CFTC d'Axa et membre du Collectif pour le droit de travailler en français en France.

« S'il y a ratification, le monde du travail va passer au tout anglais, dit le syndicaliste. Avec les risques que cela comporte, comme l'a montré l'exemple des irradiés d'Épinal, victimes du fait que le mode d'emploi du logiciel était en anglais ».

C'est le linguiste Bernard Lecherbonnier qui souligne : « À ce rythme, dans vingt ans, on aura un enseignement supérieur en anglais. (...) On a déjà vu disparaître notre édition scientifique, 70 % des communications des chercheurs français sont en anglais. Peut-on écrire en anglais et penser en français ? Non. Sans les mots, il n'y a plus de création française. Si ce protocole est ratifié, nous rejoindrons les pays qui considèrent que la langue, c'est du folklore. Défendre le français, ce n'est pas lutter contre l'anglais, mais défendre toutes les langues avec leur richesse culturelle ».

(1) Voir la liste et les déclarations sur www.comite-contre-le-protocole-londres.eu

Françoise Germain-Robin


 

 

Source : L'Humanité, le 20 septembre 2007

http://www.humanite.fr/2007-09-20_International_Bientot-l-anglais-obligatoire

 

 

 

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