Sujet :

 L'anglais : une langue qui tue (affaire des irradiés d'Épinal) !

Date :

12/09/2007

Envoi d'Aleks Kadar (courriel : aleks.kadar(chez)free.fr)     

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

 

Un article de Pierre Lance qu'on ne devrait pas trouver sur des sites généralistes, ou de presse généraliste.

AK

 

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L'anglais : une langue qui tue

J’avais fulminé, dans notre N° 584, contre la criminelle négligence avec laquelle on avait, à l’hôpital d’Épinal, soumis des patients cancéreux à des irradiations excessives. On sait aujourd’hui que l’affaire est encore bien plus grave et que les patients surexposés sont beaucoup plus nombreux qu’on l’avait cru (On parle de 700 cas, pour le moment). Autrement dit, je ne fulminais pas assez… Je vais devoir me rattraper, et même étendre ma fulmination à un autre domaine que celui de la radiothérapie.

On se souvient de la cause première de cette mauvaise utilisation d’un appareil extrêmement dangereux : le personnel chargé de la mise en œuvre avait mal compris la notice du logiciel, qui était rédigée en anglais. Il est évident qu’une connaissance même correcte de l’anglais courant est insuffisante pour bien comprendre une notice bourrée de termes techniques et scientifiques.

Je m’étais indigné que les radiothérapeutes (qu’il ne faut pas confondre avec les radiologues, comme me le fit remarquer un lecteur) ne soient pas extrêmement vigilants quant à la précision et l’exactitude des données techniques des instruments dont ils se servent. Or, qui peut croire que ces négligences coupables seraient l’apanage du Centre d’Épinal ? Des incidents du même genre se sont produits à Nancy, Montpellier, Tours, Nice, Toulouse, Amiens, Lyon, Grenoble et à La Pitié-Salpêtrière de Paris. Sans parler de ceux, bien sûr, que l’on n’a pas encore découverts, car les personnels hospitaliers font preuve d’une remarquable discrétion à cet égard. Mme Roselyne Bachelot, Ministre de la Santé, ayant décidé que les citoyens avaient droit à une complète transparence sur ces erreurs et leurs conséquences, on peut s’attendre à ce que le scandale prenne de l’ampleur.

Mais un autre point très important doit être abordé. Dans mon précédent article, je m’étais également indigné qu’une entreprise anglo-saxonne se permette de ne pas faire traduire avec le plus grand soin dans la langue du pays récepteur les notices d’appareils qui sont en fait de redoutables armes nucléaires. Cette désinvolture, en l’occurrence criminelle, est totalement inadmissible et aucun pays ne devrait accepter, lorsqu’il importe des machines de n’importe quelle technique, des notices qui ne soient pas rédigées avec soin dans la langue du pays importateur. Le mondialisme est en marche, c’est un fait. Le statut de l’anglais en tant que langue planétaire des échanges économiques est incontournable et il est inutile de le contester.

En revanche, et précisément parce que ces faits écrasants exigent des garde-fous et des contrepoids, il est indispensable que chaque nation conserve sur son territoire une intransigeance linguistique sans faille. Or, nous assistons à un phénomène aberrant : certaines entreprises étrangères installées en France imposent l’anglais à leurs salariés en communication interne. C’est une véritable colonisation linguistique qu’il faut combattre bec et ongles.

Comme l’a rappelé à maintes reprises le député UMP Jacques Myard, grand défenseur de la langue française, la loi Toubon du 4 août 1994, qui précise l’utilisation du français dans la vie publique, doit être appliquée sans faiblesse.

Il faut à ce sujet saluer l’action de M. Jean-Loup Cuisiniez, syndicaliste CFTC et porte-parole du Collectif : « Pour le droit de travailler en français en France », qui s’est efforcé d’alerter les chefs d’entreprise lors de l’Université d’été du MEDEF en affirmant : « Nous assistons à l’effacement du français en France », où des travailleurs sont parfois confrontés à des instructions en anglais qu’ils ne maîtrisent pas, ce qui entraîne « souffrance, acculturation et problèmes de sécurité ».

Il a en outre mis en garde contre la ratification du protocole de Londres par lequel les États signataires renoncent aux exigences de traduction des brevets dans leur langue nationale, et qui a été approuvé par le gouvernement le 24 août. Or, renoncer à la traduction des brevets, c’est admettre que les documents non traduits soient opposables en justice. Et ceci est inacceptable juridiquement pour une raison simple : la langue est la base même du droit. Aucun texte ne peut engager une personne qui ne maîtrise pas la langue dans laquelle il est écrit. Il ne faut pas que le protocole de Londres soit ratifié par la France !

 

Source : Les4vérités.com, mercredi 12 septembre 2007

http://www.les4verites.com/L-anglais-une-langue-qui-tue-1637.html

 

 

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Lance Pierre -
« Il est indispensable que chaque nation conserve sur son territoire une intransigeance linguistique sans faille. »

 

Euthanasie

Plusieurs patients sont décédés dans d’atroces souffrances à l’hôpital Jean Monnet d’Épinal pour avoir été soumis à des séances de radiothérapie excessive, par suite d’erreurs de manipulation des appareils, erreurs consécutives à une mauvaise compréhension par un radiologue des modes d’emploi des machines rédigés en anglais.

Celui-ci a transmis une information défectueuse à tous ses collègues, dont aucun, apparemment, ne s’est soucié de la vérifier. Les faits se sont déroulés entre mai 2004 et mai 2005 et n’ont été connus que fin 2006, pour finalement défrayer la chronique ces jours-ci, à la suite de 14 plaintes déposées par les familles des victimes.

Cet évènement totalement scandaleux m’amène à poser quelques questions :

- Que doit-on penser d’un constructeur d’appareils de radiologie très coûteux et extrêmement dangereux, qui livre son matériel dans des pays non anglophones avec une notice rédigée en anglais ? N’aurait-il pas les moyens de faire établir pour les pays destinataires une traduction soigneusement vérifiée, pour des machines dispensant des rayons X pouvant être mortels si les dosages ne sont pas soigneusement établis ?

- Que doit-on penser d’établissements hospitaliers qui n’exigent pas de leurs fournisseurs des notices en français ?

- Et que doit-on penser de techniciens français maîtrisant imparfaitement la langue de Shakespeare et qui se contentent d’une compréhension approximative pour soumettre des patients cancéreux à des rayonnements intensifs hautement destructeurs ?

Tout cela est pire que de la négligence : c’est de la pure désinvolture, recouvrant une insouciance coupable et un mépris complet de la souffrance et de la vie des malades, qui viennent en toute confiance naïve remettre leur sort entre les mains de vaniteux irresponsables.

Le rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) sur cette affaire souligne que « les différents maillons de la chaîne sanitaire (...) ont tous successivement lâché » et que « au lieu d’être correctement appréciés, les effets de l’accident ont été constamment minimisés ».

Suite à l’intervention du ministère de la Santé, le service de radiothérapie de l’hôpital a été fermé et les trois principaux responsables ont été « suspendus ». Cela signifie quoi ? Le service ayant été fermé, je vous parie qu’ils sont tout simplement en chômage technique, c’est-à-dire en congé payé. Or, étant donné qu’ils font l’objet de plaintes pour quatre homicides involontaires et qu’en l’occurrence leur « présomption d’innocence » est nulle, ils devraient être en prison dans l’attente du procès.

Ce qui aurait pour effet immédiat d’inciter tous les radiologues de France à vérifier de près leurs appareils et leurs notices. Mais je serais surpris que les mages d’Épinal soient sanctionnés davantage que ne le fut le juge Burgaud.

Au « pays des droits de l’homme », tous sont égaux devant la loi, mais, de toute évidence, certains sont plus égaux que d’autres… Or, tandis que ces médecins meurtriers sont seulement « suspendus », par ailleurs, une doctoresse et une infirmière ont été traînées devant une cour d’assises, parce qu’elles ont abrégé les horribles souffrances d’une patiente cancéreuse en phase terminale qui les suppliait de l’aider à partir vers un monde meilleur.

Approuvées et soutenues par la famille de la décédée, ces femmes compatissantes et courageuses ont été lâchement dénoncées par leur propre directeur. Il est vrai que cette lâcheté n’a d’égale que celle de nos députés qui, à l’unanimité moins trois abstentions, ont voté la criminelle loi Leonetti, qui permet seulement de « laisser mourir » (de faim, de soif ou de souffrance) et non d’aider à mourir, faisant fi de l’immense majorité des citoyens français qui se déclarent favorables à la légalisation de l’euthanasie volontaire (87 %, sondage Sofres de mars 2007).

La doctoresse, qui aurait dû être relaxée avec les félicitations du tribunal, a été condamnée à un an de prison avec sursis « pour le principe ». Sachant qu’une peine avec sursis devient exécutoire s’il y a récidive, la condamnée devra obligatoirement laisser agoniser dans la torture son prochain patient incurable si elle ne veut pas se retrouver au cachot. La Justice immanente voudrait que ce patient se nomme Leonetti.

 

Source : les4verites.com, le mercredi 21 mars 2007

Possibilité de réagir sur :

http://www.les4verites.com/articles/comments.php?articles_id=1637&page=3

 

 

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Réaction de Gérard Pierre :

Durant plus de vingt années, j'ai œuvré pour le compte d'une grande société industrielle française qui considérait ses cadres bilingues comme des curiosités ponctuellement intéressantes. Lorsqu'à la suite de fusions, de regroupements, de rachats, de "joints ventures", "and so on" ... nous nous engouffrâmes dans les transes du modernisme, un vent de stages intensifs d'anglais technique et commercial souffla sur nos têtes et nous fûmes décrétés polyglottes à l'issue de ces pseudo formations dispensées par des organismes autoproclamés « spécialisés ».

C'était le progrès, le vrai sans doute, bien que pour moi cette notion de progrès reste toujours philosophiquement à préciser. Son concept devait dorénavant s'envisager dans la langue de Shakespeare. Nous dûmes renoncer à planifier, à réaliser, à contrôler et à envisager des opérations correctives. Les mots d'ordre devinrent : "Plan, do, ckeck, act ! ...". La maîtrise plus ou moins réelle des anglicismes n'allait pas tarder à devenir un critère de sélection parmi d'autres. Il ne convenait plus d'être un utilisateur, nous étions promus aux rang, grade et prérogatives de "users". Les notes d'instruction devinrent des communications "top down", les réponses s'entendant naturellement "bottom up". On ne rendit plus compte comme auparavant, nous effectuâmes des "reportings". Chacun y alla de son glossaire actualisable et colportable, aussi rapidement repris à son compte que capté, traduit et digéré. L'exercice consista rapidement à balancer les termes les plus récemment entendus dans une conversation en affectant de considérer, l'air faussement détaché, qu'ils étaient pratiqués par tout un chacun depuis des lustres. Si, générations après générations, nos ancêtres passèrent leurs vies à bouter le rosbif hors de France, force était de constater qu'en dépit de la guerre de cent ans, de Waterloo, de Fachoda et de Mers-el-Kébir, la perfide Albion était revenue sournoisement "by the screens of our computers".

J'ai du ainsi endurer des "meetings" réunissant une majorité de Français, quelques Wallons, des Allemands et quelques Espagnols possédant bien notre langue, au cours desquels tout le monde devait s'exprimer en langue anglaise. La moitié de l'information échappait à la majorité des participants alors qu'un constat intelligent aurait permis d'établir que le recours au français aurait mis tout le monde plus à l'aise.

Je n'ai pas cessé, durant toutes ces années, de rappeler à mes alter ego et à nos "category managers" les règles de base du commerce international :

1) - Chacun s'exprime dans sa langue d'origine, oralement, et surtout par écrit.

2) - Charge à chacun de s'assurer les services d'un TRADUCTEUR dont la compétence est OFFICIELLEMENT RECONNUE.

3) - Celui qui prend l'initiative de s'exprimer dans la langue de l'étranger perd tout recours en cas d'erreur d'interprétation car en pratiquant délibérément la langue de l'autre il reconnaît implicitement la maîtriser totalement.

Par conséquent, je ne suis pas choqué qu'un constructeur livre son matériel avec une notice rédigée dans sa langue. Son cœur de métier réside dans sa technicité, comme le cœur de métier d'un traducteur spécialisé réside dans la maîtrise de deux langues. Le véritable problème est qu'on cherche à s'affranchir de la nécessité de recourir aux prestations d'un métier hautement spécialisé, celui de traducteur technique.

Après la seconde guerre mondiale, les campagnes françaises étant dévastées, un fonctionnaire zélé du ministère de l'agriculture s'avisa de commander des milliers de quintaux de blé aux USA, grenier à blé du monde d'alors. Le brillant jeune homme, se targuant de posséder la langue de Shakespeare, passa contrat en langue anglaise et commanda des tonnes de ...... corn, ce qui, dans l'état où sa commande atterrit, signifiait maïs et non pas blé. La France reçut donc les céréales correspondant à cette appellation et interpella la cour internationale de la Haye qui débouta sa requête au motif suivant :

-> En commerce international, chacun s'exprime dans sa langue d'origine et délègue à un traducteur agréé la responsabilité de traduire les réponses qui lui sont adressées. Celui qui prend la responsabilité de s'exprimer dans la langue de l'autre reconnaît de facto qu'il en maîtrise toutes les nuances et en assume toutes les conséquences juridiques.

Les Français les plus âgés se souviennent avoir mangé pendant des mois, à la suite de cela, un assez curieux pain jaune.

Voila pour la règle de base. Pour avoir pratiqué le commerce international pour le compte d'un grand groupe industriel, comment les choses se passent-elles en réalité ?... Tout est dans le rapport de force entre l'acheteur et le vendeur. Grosso modo, on distingue quatre grands types de marché :

1 ) Peu d'acheteurs et beaucoup de vendeurs ( exemple le marché de l'équipement automobile ). C'est l'acheteur qui pèse sur le marché.

2 ) Beaucoup d'acheteurs et peu de vendeurs ( exemple Microsoft ). C'est le vendeur qui pèse sur le marché et la fortune d'un Bill Gate n'est pas accidentelle.

3) Beaucoup d'acheteurs et beaucoup de vendeurs ( exemple, la distribution ) La concurrence devient un régulateur naturel et les deux parties en tirent profit avantageusement.

4) Peu d'acheteurs et peu de vendeur ( exemple, le marché du rail où il n'existe qu'un constructeur français et un client principal qui est la SNCF ) Dans ce cas, et seulement dans ce cas les deux parties ont intérêt à développer un partenariat pour que le marché survive.

Je crains que, dans le cas des appareils de radiothérapie, nous nous trouvions dans le cas n°2 avec un handicap supplémentaire pour le négociateur français, les délais de paiement scandaleux de l'état. Un vendeur d'appareils médicaux me confiait un jour que les prix de vente de ses matériels aux hôpitaux étaient presque doublés, ... motif: nous sommes à la fois les fournisseurs et les banquiers, ... tout a un coût. Par conséquent, il est facile d'imaginer que le constructeur a du négocier la transaction dans l'esprit: " c'est à prendre ou à laisser " . D'autant plus que, si en France les constructeurs sont tenus par une obligation de conseil vis-à-vis de leurs clients, le droit anglo-saxon n'est pas aussi intransigeant. L'acheteur y est réputé techniquement aussi professionnel de la chose achetée que le vendeur l'est de la chose vendue.

À partir de là, l'administration refile le bébé aux praticiens en leur présentant cela comme une fatalité. Tout cet enchaînement d'inconséquences porte un nom: LA NON QUALITÉ, ... qui, de l'avis de nos qualiticiens, dépasse les 40% du budget annuel de l'administration. ...

Vous avez dit « la dette » ? ... tiens, tiens, comme c'est bizarre !

 

Réaction de Lanza :

Le tout anglais est excessivement dangereux dans le sens où il est discriminatoire, dès lors qu'on le comprend ou pas. Il est inenvisageable de penser qu'au 21° siècle, à l'heure où l'on se bat pour réduire les inégalités, on prône l'impérialisme de l'anglais, et que l'on fragilise le tissu économique sous prétexte qu'une langue unique permet de faciliter l'information, alors qu'au contraire, cela met en défaut beaucoup d'entreprises. Et la loi Toubon ? On connaît les effets de sa non application, dans le triste exemple des surriradiés d'Épinal (et du reste de la France) : les logiciels n'étaient pas traduits.

C'est pourquoi je voudrais m'insurger contre la ratification du protocole de Londres qui aurait pour effet, de favoriser les monopoles anglais, avec un dépôt massif de brevets en provenance des États-Unis, des pays asiatiques et de l'Inde, avec une possibilité de placer les entreprises françaises en position de contrefacteurs potentiels, à leur insu, étant donné qu'elles n'auront plus accès à l'information en français. Les conséquences immédiatement sont la suppression « propre » de 2000 emplois de traducteurs et professions dépendantes (secrétaires, professions de la propriété industrielle, etc.) qui ne viendront pas grossir les chiffres du chômage, puisque nous avons eu l'audace de mettre en application le précepte que Monsieur Raymond Barre avait lancé : « Si tous les Français créaient leur emploi, il n'y aurait plus de chômeurs », ce qui n'est plus d'actualité actuellement, alors que l'industrie de la traduction rapporte 50 millions d'euros à la France en provenance des capitaux étrangers (ÉUA, Pays asiatiques).

L'économie que représente la suppression des traductions pour les pays européens, pour un dépôt de 10 ans sur 6 pays, est de 5% (source OEB). Par contre la non réciprocité avec les ÉUA est handicapante pour les entreprises françaises, et personne n'en parle, d'autant que les frais de dépôt de brevet aux ÉUA viennent de doubler, comme par hasard !

 

Réaction de Jérémy :

Dire qu'il est inutile de lutter contre l'hégémonie de l'anglais au niveau international. Quel fatalisme ! La tendance actuelle se poursuivra évidemment tant qu'on n'attaquera pas à la racine le problème : l'anglais n'est pas international, il est anglo-saxon ! Faire de l'anglais la langue internationale amène à une porosité/confusion permanente et croissante entre la sphère « internationale » et « anglo-saxonne ». Quand il faut une justice internationale, un modèle économique international, etc. c'est une justice et un modèle économique à l'anglo-saxonne que l'on met sur pied ! C'est une des conséquences nécessaires et mécaniques de l'utilisation anormale de l'anglais à l'international.

Dans cette joyeuse confusion, il y a des pots cassés, comme les patients de nos hôpitaux (mais pas ceux des hôpitaux anglo-saxons, qui sont mécaniquement épargnés par ces problèmes linguistiques).

Critiquer les conséquences de cette hégémonie tout en refusant de la remettre en cause est stupéfiant. S'interdire tout ambition, c'est se condamner aux mesurettes inefficaces dont on observe aujourd'hui le naufrage : les lois qui ne peuvent pas être appliquées parce qu'elles vont contre la dynamique des choses (c'est cette-dernière qu'il faut infléchir), le multilinguisme au niveau européen, qui est complètement à côté de la plaque et a préparé le terrain à l'anglais en faisant croire qu'on pouvait ne pas répondre à la question de la langue commune, etc.

Ce qu'il faut assurément, c'est une langue commune neutre, par exemple l'Espéranto : ainsi, on n'a pas pris comme monnaie européenne le dollar (et pourtant c'est la monnaie internationale !), on a créé la nôtre ! Le raisonnement pour la langue doit être le même, sauf qu'il s'agit d'une langue commune et pas unique. Cette langue serait le support d'un espace public authentiquement international ou européen; avec l'anglais, aujourd'hui, nous avons un espace public international (et même européen) anglo-saxon.

Dans la même veine, tant qu'on y est, il faut aussi revenir à l'étalon-or parce que l'or est neutre, contrairement au dollar; De Gaulle le demandait déjà en 1965... Toujours ce même problème d'instruments nationalement neutres contre instruments anglo-saxons (ou français, ou chinois, se serait la même chose), ceux-ci entraînant une confusion entre « international » et « anglo-américain ».

Après avoir lu les commentaires des autres internautes, j'ai trois réactions :

1. Contrairement à ce qu'affirme de manière éhontée Annicka, l'anglais n'est absolument pas la langue officielle de l'Union Européenne, qui a 21 langues officielles, dont aucune n'a de statut supérieur parce qu'aucun pays membre n'a à avoir de statut supérieur par rapport aux autres (et surtout pas le Royaume-Uni, qui n'est pas exactement le père de l'Europe...).

2. Je suis stupéfié de voir que certains veulent faire apprendre l'anglais à des millions de gens de par le monde (et en France en particulier), pour éviter aux entreprises multinationales de payer des traducteurs spécialisés ! Est-il économiquement plus efficaces d'embaucher des millions de professeurs d'anglais, ou des milliers de traducteurs, enfin ?! Evidemment, dans la solution la plus raisonnable, le coût est supporté par les entreprises, alors que dans le second, il est supporté par toutes les nations non-anglophones. On comprend mieux pourquoi cette seconde solution est prônée ces temps-ci : elle plaît aux Maîtres du moment. Que certains francophones, notamment, plaident pour cette solution illustre parfaitement deux notions : la notion d'aberration, et celle (plus précisément) de servitude volontaire (cf. La Boétie).

3. Beaucoup de commentateurs qui ont bien cernés les enjeux ne semblent pourtant pas voir que ce qui biaise tout, c'est le fait que la langue internationale soit une langue nationale (l'anglais, langue des nations anglaise, américaine). Les Anglo-saxons doivent-ils eux aussi être bilingues ? Non. Doivent-ils eux-aussi supporter les coûts (énormes à l'échelle de nations) de l'apprentissage poussé d'une langue ? Non. Et en plus ils gagnent de l'argent grâce à cette rente linguistique : on vient les payer pour apprendre leur langue chez eux, quelle aubaine ! Les grandes revues scientifiques internationales sont les leurs, quelle aubaine ! Doivent-ils se résoudre, comme nous, à choisir entre se soumettre à une injustice (celle de l'hégémonie inique d'une langue étrangère) ou voir les entreprises partir à l'étranger ? Non. Comme l'a très bien dit Charles E, l'utilisation de l'anglais à l'international facilite l'installation des entreprises dans les pays anglophones, et donc les enrichit considérablement. Est-il plus facile de devenir tous des Anglophones parfaits, c'est à dire (qu'on le veuille ou non) des Anglo-saxons, ou de changer de langue commune pour en adopter une plus équitable ?

En tout cas, actuellement, nous payons pour être désavantagés, puisque nous payons pour apprendre LEUR langue et donc faire perdurer sa domination (et la leur, du même coup). SERVITUDE VOLONTAIRE

 

Réaction de Sophie :

C'est affolant de voir combien de personnes s'inclinent devant la domination de l'anglais, la renforçant ainsi. Une langue , c'est un dialecte qui possède une armée, une marine, une aviation, dixit le Maréchal Lyautey ! L'anglais est donc le "dialecte" de trois pays très puissants : les États-Unis, la Grande -Bretagne et l'Australie ! En acceptant docilement leur langue, en l'acceptant comme « seule » langue des affaires, de la sciences et des technologies, nous les enrichissons un peu plus, nous renforçons leur puissance économique et militaire ! Eh oui, quand les Ricains s'en vont batailler quelque part dans le monde, nous avons contribué à les financer même si nous nous disons opposés ! Comique, non ?

Je vous cite cet extrait du discours de M. Sarkozy en mars 2007 Caen : 

« L’obsession d’une langue unique au prétexte de l’efficacité est un leurre qui masque les effets de domination de la pensée unique dont la langue unique est l’antichambre. Mais l’efficacité n’est même pas prouvée : la Renaissance où tout le monde s’est mis à penser et à écrire dans sa langue nationale fut plus féconde pour la pensée humaine que les longs siècles de domination exclusive du latin, comme si la créativité était bel et bien inséparable de la diversité.

Nous avons le devoir pour nos enfants, pour l’avenir de la civilisation mondiale, pour la défense d’une certaine idée de l’homme, de promouvoir la langue française. »

Alors, la politique menée par M. Darcos visant à rendre la France bilingue français anglais (on appelle cela de la diglossie, d'ailleurs) est grave et contraire aux idées de notre Président. Car, la meilleure défense syndicale contre l'envahissement de l'anglais est la difficulté de compréhension. Que restera-t-il dans 20 ou 30 ans si on n'arrête pas cette idiotie d'anglais dès le plus jeune âge ? Le prétexte d'incompréhension sera mort ! Tout se fera en anglais et celui qui osera parler en français se fera répondre "Speak White" comme au Québec ! Et entre temps nous aurons dépensé un argent fou afin d'apprendre cette langue difficile malgré sa fausse réputation de facilité, nous aurons appauvri notre langue, nous aurons enrichi et renforcé la puissance des trois puissances anglophones monolingues citées plus haut qui se surnomment elles-mêmes le « Centre du Monde ».

J'approuve Jérémie. Si vraiment le monde a besoin d'une langue de communication, qu'il adopte l'espéranto, langue de personne, donc sans danger de renforcer un pays quelconque (et plus facile à apprendre, je le sais, je l'apprends). Première langue de personne, et seconde langue idéale de tous. Même nos amis anglophones auraient une langue à apprendre, ça les changerait et ça les rendrait plus intelligents. Oh, bien sûr, ils auraient un peu moins de temps pour faire plus de maths, de sciences, de technologies que les autres et ainsi mieux les dominer (surtout quand tout se fait dans leur langue). Quelle tristesse, non ?

 

Réaction de Krokodilo :

J'approuve tous ceux qui ont dit que la France devait enfin être moderne et parler anglais, médecins ou pas. Mais il faut aller plus loin, devenir les plus modernes pour devancer les autres :

- L'anglais n'est pas la langue officielle de l'Union européenne ? Qu'il le devienne. Que l'étiquetage de la nourriture, des jouets et de toutes les marchandises soit en anglais.

- L'anglais n'est pas maîtrisé par les Français ? Qu'on le commence à l'école maternelle, qu'on diffuse tous les films et tous les dessins animés en anglais, en VO, qu'on le rende obligatoire de la maternelle à l'université. Qu'on fasse les études médicales en anglais, comme les Nordiques, ainsi nos médecins sauront lire les notices, et qu'on offre des postes hospitaliers et d'enseignants en priorité aux natifs. Les récalcitrants seront mis à la retraite anticipée.

- Qu'on fasse de l'anglais la deuxième langue nationale de la France, dans un premier temps, puis qu'on supprime complètement toute obligation d'apprendre le français, devenu inutile. Nous serons alors les meilleurs en anglais de tous les Européens.

- Qu'on renvoie dans leurs foyers tous les enseignants de langue devenus inutiles, d'italien (où l'anglais est obligatoire à l'école...), d'espagnol, de russe, d'arabe, de chinois, d'allemand, etc. Quelle source d'économies avec tous ces fonctionnaires en moins ! Et grâce à tous les postes offerts aux anglophones natifs, la France contribuera à résorber le chômage en GB, imaginez comme ce pays nous appréciera. Ébahi par notre succès, le Québec lui aussi tirera un trait sur le français, et deviendra enfin moderne.

- Favoriser par une exonération fiscale tout mariage mixte avec un anglophone afin que le nombre de natifs anglophones augmente sur l'ex-France, rebaptisée New-Britain.

- Les récalcitrants qui persisteront à apprendre le français à leurs enfants, ainsi que tous ceux qui soutiennent l'espéranto, seront incités à déménager dans les zones rurales pour lutter contre la désertification de nos campagnes. Des accords bilatéraux seront négociés avec certains pays, pour proposer à ces rebelles de repeupler le Sahara et faire reverdir quelques déserts. Ainsi seront mieux régulés les flux migratoires, en vérifiant le niveau d'anglais pour les immigrants de New-France.

Beau programme, non ? Mais pas si extravagant qu'il y paraît. Il faut savoir qu'il est déjà partiellement appliqué, puisque l'anglais est quasiment devenu obligatoire à l'école primaire (aucun choix des parents) sans qu'aucun journal ou télé ne s'en émeuve ni n'en parle, sujet tabou... Et qu'il est quasiment devenu lingua franca de l'UE, pourtant officiellement plurilingue et respectant la diversité linguistique de ses habitants.

Blague à part, le besoin d'une langue auxiliaire mondiale est une évidence, comme le signalent nombre de commentaires. Le vrai débat à ouvrir porte sur la légitimité de l'anglais dans ce rôle, et sur le choix de cette langue auxiliaire sur des critères rationnels de temps d'étude/efficacité. Malheureusement, ce sujet est "boycotté". On a vu que le plurilinguisme actuel n'aboutit qu'à l'anglais dominant dans l'UE.

On a d'une part l'anglais, langue très difficile, donc élitiste, nationale et source de nombreuses injustices (financières, scientifiques, politiques), et d'autre part l'espéranto, langue facile, donc démocratique car accessible au plus grand nombre, neutre car non-nationale. Les politiques, par l'odeur de la City alléchés, ont choisi le premier... on se demande pourquoi.
 

 

 

 

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